Bonjour,
Je voudrais partager avec vous la conception qu'à Mr Lordon de la crise actuelle.
Il explique plusieurs choses:
La première est que l'explosion de la dette publique n'est pas due aux dépenses inconsidérés de l'état mais au fait qu'il y a eu une crise dans le privé (crise de la finance, des banques qui a fini par toucher l'économie réelle) et que celle-ci ait mécaniquement engendré plus de dépenses (plus de chômeurs à indemniser, moins d'actifs pour payer les inactifs...), et il va même plus loin en disant que c'est la crise d'un certain capitalisme: le capitalisme néo-libéral.
La seconde est qu'il y a eu plusieurs capitalisme, il y a eu celui du 19ème, le fordisme et maintenant le néo-libéralisme. D'ailleurs pour lui le chômage de masse n'est pas le signe d'une crise... il est normal dans le fonctionnement néo-libéral du capitalisme. La crise est un changement d'époque du capitalisme et on peut se poser la question de savoir s'il y a vraiment crise et si nous n'allons pas changer de capitalisme.
La troisième chose est que la mondialisation néo-libérale est le fait de politiques publiques. Par exemple: la loi de déréglementation financière (mi-80), l'acte unique européen de concurrence libre et non faussée signée en 84... Ce que dit Lordon, c'est que malgré le foutoir dans lequel on est et qui est dû à 3 décennies de politique néo-libérale, on continue, de façon tout à fait paradoxale, à faire encore plus de politique néo-libérale pour soi-disant sortir de la crise. Mais pour lui on ne sais pas s'il y a crise, parce qu'on ne sait pas finalement, si changement il va y avoir.
La quatrième est qu'il s'est formé une oligarchie, détachée du reste du corps social, qui a la plus haute conscience de soi, ce sont des gens qui se reconnaissent des intérêts communs et qui sont capables d'entrer dans des stratégies communes pour défendre des intérêts communs. Il n'y a plus comme au temps de Marx, une classe du capital et une classe du travail, car aujourd'hui il y a un gradient d'implication passionnelle dans le travail, de fait une partie de ces salariés est acquis à la cause du capital (les cadres). Et donc, le bloc travail étant désunis, il n'y a plus la même opposition au bloc capital.
Mais bien que le capital joue sur l'implication passionnelle de l'individu dans l'entreprise (à travers la réussite sociale), il maltraite ces individus comme jamais car ils sont soumis à des objectifs impossibles à réaliser faute de moyens, ce qui engendre énormément de violence dans l'entreprise. Ils ont peur (chômage). Lordon pense qu'à force de maltraiter les cadres, le capital risque de perdre des alliés. Il espère de ces voeux que ça va amener les gens à bouger.
Pour finir, il donne les raisons pour lesquelles il fallait sauver les banques (mais pas à n'importe quel prix). Si une banque trop grosse faisait faillite elle entraînerait beaucoup d'autres derrière elle. Et l'économie se paralyserait, puisqu'il n'y aurait plus aucun moyens de payements valables. Mais il aurait été impératif, vu le côté vital des moyens de payements et l'incapacité des acteurs privés de gérer la chose correctement, de ne pas laisser ce rôle à ces acteurs privés. Donc dé-privatisation, mais avec l'idée que tout ne doit pas être au mains de l'état... Il fallait aussi fermer "le terrain de jeux".
Si les changements ne se font pas c'est que au niveau politique c'est vérolé à coeur. Cette oligarchie, passe aussi bien par la finance, par les médias que par la politique. Exemple: le secrétaire général adjoint de l'Elysée, viens de la banque Rotchild. Les élites politiques sont maqués à la finance, il ne faut rien attendre d'eux. Donc le changement doit venir d'en bas.
http://www.ventscontraires.net/article. ... _?_#6.html
Lordon fait parti des économistes atterrés:
http://www.atterres.org/users/flordon