Une employée mise à pied à cause d'une pince à cheveux

[Invité]

Oui mais, Maguy, il faut beaucoup de force d'âme pour arriver à vivre avec l'ASS, et arriver à s'épanouir quand même comme Sophie en gérant bénévolement un forum tout en écrivant de très bons articles, .
Moi quand je vivais avec l'ASS je me sentais prisonnière de mon indigence, j'avais toujours peur que ma carte de paiement soit refusée à la caisse, même en me privant de tout, de plus en plus, et ça ne suffisait jamais, les sanctions bancaires me dévoraient le tiers de l'ASS. J'étais vraiment mal.
On n'est pas riche avec un salaire d'ouvrière en intérim, l'avenir n'est pas assuré mais on peut faire de petits projets, (le premier pour moi a été d'avoir enfin l'eau chaude).
C'est assez nul, c'est sûr, que ma vie dépende de la consommation par les autres de mauvais produits alimentaires, je ne peux pas dire que j'en sois fière...

[anya]

C'est triste.

[Invité]

Triste, non, la vie n'est pas triste, ça dépend comment on la regarde, en-dehors de graves problèmes personnels bien sûr.
Je suis à égalité avec bien d'autres personnes, à l'usine, dont on ne parle jamais dans les media, le genre d'usine qui produit les seuls aliments pas chers que peut s'offrir un chômeur ou un travailleur pauvre.
Ce qui est abominable, ou minable tout court, c'est qu'on exploite encore plus, et qu'on remplace par des machines encore plus, des ouvriers qui produisent pour pas cher, pour que ce soit encore moins cher, pour arriver à vendre quand même à des travailleurs pauvres et des chômeurs de plus en plus nombreux. C'est une spirale descendante.

Moi je suis pour la décroissance : si demain tous les clients boycottent les produits d'usine pas bons pas chers, tant mieux. Peut-être qu'alors on verra s'ouvrir de nouvelles boîtes plus petites, plus variées, produisant des aliments préparés avec soin, employant plus de gens, détruisant moins leur santé.

[anya]

Personnellement je trouve la vie et le monde qu'on nous impose tristes, peut-être parce que je suis décroissante aussi.
Et crois moi, le boycott général relève de l'utopie pour des raisons bien simples.
Ensuite, peut-être que ça dépend de la manière dont tu vois les choses mais quand tu n'as aucune raison de te réjouir, tu est bien forcé de trouver au mieux les choses tristes ou pire désespérantes. Cela ne dépend pas que de toi. Bien entendu on peut aussi suspendre tout jugemet et se contenter de dire "c'est comme ça, c'est la vie", que ce soit pour l'accident de Fukushima ou tout autre chose. On le peut.

(le premier pour moi a été d'avoir enfin l'eau chaude).

Pour moi c'est triste dans un pays prétendument développé et en l'an 2013.

C'est assez nul, c'est sûr, que ma vie dépende de la consommation par les autres de mauvais produits alimentaires, je ne peux pas dire que j'en sois fière...

Pour moi, c'est triste aussi et prouve une fois encore que nous marchons sur la tête. Ensuite, on peut intérpréter les mots de manière bien différente et se réjouir de tout même des choses les plus graves. Pourquoi pas ?

[Invité]

Je ne m'en réjouis pas, Anya, mais mon travail n'est qu'une petite partie de ma vie ; j'essaie juste de gagner de quoi vivre, le reste du temps je bricole, je jardine, je lis, je papote ou je me promène... et j'actuchomise aussi.
On en parlait ces jours derniers : on ne peut tout attendre de l'action collective, on vit aussi sa vie personnelle, on essaie de se débrouiller, d'agir un tant soit peu à son niveau. Je peux acheter des légumes bio à un tout petit producteur local grâce à l'argent que j'ai gagné à l'usine, par exemple.

Je relativise beaucoup aussi parce que je sais comment vivaient les gens par ici il y a 50 ans, et parce que je sais comment vivent les roumains à notre époque.
Ça n'exclut pas de manifester, de voter et de s'exprimer, d'ailleurs, mais ça m'empêche de me plaindre.