Faut-il nourrir les pauvres ?
Faut-il nourrir les pauvres ?
"« Faut-il nourrir les pauvres ? » la question a de quoi surprendre, pourtant cette interrogation se pose constamment dans les œuvres fondatrices des économistes depuis le XVIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle, puis dans les positions contemporaines des théoriciens du libéralisme dont le lien avec le discours passé n’est que trop évident.
Naturellement à chaque époque on traite la question différemment mais la réponse demeure invariablement la même : les pauvres doivent « se prendre en charge » à quelques exceptions près1. La plupart des pauvres sont considérés comme étant des pauvres par calcul, des pauvres par imprudence, des pauvres par oisiveté alors que l’on minore les causes économiques de la pauvreté jusqu’à la fin du XIXe siècle. La pauvreté est donc considérée comme étant liée au comportement de l’individu et secourir les pauvres amplifierait le phénomène.
Une diversité de politiques, pour la plupart punitives, sont mises en place pour tester la réalité des besoins. En parallèle, nous trouvons des politiques de pain à bon marché (non ciblées mais vivement contestées par les libéraux), plus rarement des mesures économiques généreuses, et beaucoup plus souvent un encouragement à la charité privée et une politique de mise en place de structures destinées à apporter un secours alimentaire épisodique mais stigmatisant.
Si, à la fin du XIXe siècle, on commence à prendre en compte les réalités économiques comme facteur explicatif du chômage massif et donc de la pauvreté, la thématique aujourd’hui du chômage volontaire tend à montrer que la rupture avec le passé n’est pas consommée, bien au contraire ! Elle nous renvoie à l’idée du « mauvais » pauvre. Aussi nourrir les pauvres ne doit-il encore relever le plus souvent que d’un acte de pure charité chrétienne ou laïque !"
article complet et source
Naturellement à chaque époque on traite la question différemment mais la réponse demeure invariablement la même : les pauvres doivent « se prendre en charge » à quelques exceptions près1. La plupart des pauvres sont considérés comme étant des pauvres par calcul, des pauvres par imprudence, des pauvres par oisiveté alors que l’on minore les causes économiques de la pauvreté jusqu’à la fin du XIXe siècle. La pauvreté est donc considérée comme étant liée au comportement de l’individu et secourir les pauvres amplifierait le phénomène.
Une diversité de politiques, pour la plupart punitives, sont mises en place pour tester la réalité des besoins. En parallèle, nous trouvons des politiques de pain à bon marché (non ciblées mais vivement contestées par les libéraux), plus rarement des mesures économiques généreuses, et beaucoup plus souvent un encouragement à la charité privée et une politique de mise en place de structures destinées à apporter un secours alimentaire épisodique mais stigmatisant.
Si, à la fin du XIXe siècle, on commence à prendre en compte les réalités économiques comme facteur explicatif du chômage massif et donc de la pauvreté, la thématique aujourd’hui du chômage volontaire tend à montrer que la rupture avec le passé n’est pas consommée, bien au contraire ! Elle nous renvoie à l’idée du « mauvais » pauvre. Aussi nourrir les pauvres ne doit-il encore relever le plus souvent que d’un acte de pure charité chrétienne ou laïque !"
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Dans le n°2 du journal Le Plan B (critique des médias et enquêtes sociales), il y avait le démontage d'un article du Monde odieux du 4.3.06 intitulé "La malnutrition représente un coût économique élevé", qui portait sur un rapport de la banque mondiale ("Repositionning nutrition as central to development. A strategie for large-scale action" (2006). Je cite un passage :
"... L'amoindrissement de 1 % de la taille d'un individu du fait d'une malnutrition équivaut à une perte de productivité de 1,4 %, explique la Banque Mondiale, qui estime que le potentiel de revenu pour la vie est grevé de 10 % par ces handicaps. Pour les pays les plus touchés, réduire l'anémie accroit la productivité des adultes de 5 % à 17 %, ce qui conduit à une augmentation du PIB de 2 %."
C'est un peu comme le nouveau discours d'Augustin Legrand des Enfants de Don quichotte, qui n'a pas trouvé d'autres moyens pour faire réagir un peu la population que de dire que c'est moins rentable de laisser les gens tomber dans la misère puis de les en sortir, que de faire de la prévention pour éviter que les gens tombent dans la misère. C'est également le même raisonnement du gouvernement pour réduire les dépenses de la Sécu : pour réduire les dépenses de soins, réduisons le nombre de malades en faisant de la prévention.
L'argent est Roi, et conditionne la vie entière de milliards de personnes. La logique folle et absurde de la comptabilité financière régie nos vies de A à Z. Y compris votre retour à l'emploi. Alors, voulez-vous vraiment retrouver du travail, ou préférez-vous continuer à dépendre des fluctuations économiques ?
"... L'amoindrissement de 1 % de la taille d'un individu du fait d'une malnutrition équivaut à une perte de productivité de 1,4 %, explique la Banque Mondiale, qui estime que le potentiel de revenu pour la vie est grevé de 10 % par ces handicaps. Pour les pays les plus touchés, réduire l'anémie accroit la productivité des adultes de 5 % à 17 %, ce qui conduit à une augmentation du PIB de 2 %."
C'est un peu comme le nouveau discours d'Augustin Legrand des Enfants de Don quichotte, qui n'a pas trouvé d'autres moyens pour faire réagir un peu la population que de dire que c'est moins rentable de laisser les gens tomber dans la misère puis de les en sortir, que de faire de la prévention pour éviter que les gens tombent dans la misère. C'est également le même raisonnement du gouvernement pour réduire les dépenses de la Sécu : pour réduire les dépenses de soins, réduisons le nombre de malades en faisant de la prévention.
L'argent est Roi, et conditionne la vie entière de milliards de personnes. La logique folle et absurde de la comptabilité financière régie nos vies de A à Z. Y compris votre retour à l'emploi. Alors, voulez-vous vraiment retrouver du travail, ou préférez-vous continuer à dépendre des fluctuations économiques ?
Dernière modification par renaud21 le 22 déc. 2008, modifié 1 fois.
Ou je n'ai pas bien compris, ou cette question est posée comme si nous, chômeurs ou salariés, y pouvions quelque chose. Cet état d'esprit consistant à faire croire que nous serions un minimum maîtres ou responsables de la situation a le don de m'horripiler...Alors, voulez-vous vraiment retrouver du travail, ou préférez-vous continuer à dépendre des fluctuations économiques ?
Emploi et "fluctuations économiques" sont mêlés : pour retrouver du travail, autant faut-il qu'il y en ait; et des "fluctuations" du système libéral (que nous, salariés et chômeurs, ne maîtrisons pas) dépend la création d'emplois en quantité et en qualité.
Alors si je comprend bien, selon toi on ne peut absolument pas changer le système actuel. Mais alors, à quoi servent les luttes pour la défense des chômeurs : uniquement obtenir ou préserver les indemnités et aides diverses accordées aux chômeurs, et c'est tout ? Et le pire, c'est que c'est l'impression que me donnent les mouvements de défense des chômeurs : réclamer uniquement des "protections" pour les chômeurs. Les créations supplémentaires d'emplois, on s'en fout royal.
Non, on ne peut pas changer le système. Sauf si… on l'explose.
Car tout est lié.
Créations d'emplois dignes de ce nom = plus de masse salariale et plus de protection sociale => le rapport de force est en faveur du salariat.
Chômage et précarité = moins de coût du travail, moins de masse salariale et de protection sociale => le rapport de force est en faveur du patronat et de ses sbires, riches financiers et autres spéculateurs.
Oui, hélas : les luttes des chômeurs, comme les luttes syndicales, se contentent de limiter les dégâts. Le rapport de force nous est défavorable depuis trente ans. C'est ça, le système capitaliste !
Car tout est lié.
Créations d'emplois dignes de ce nom = plus de masse salariale et plus de protection sociale => le rapport de force est en faveur du salariat.
Chômage et précarité = moins de coût du travail, moins de masse salariale et de protection sociale => le rapport de force est en faveur du patronat et de ses sbires, riches financiers et autres spéculateurs.
Oui, hélas : les luttes des chômeurs, comme les luttes syndicales, se contentent de limiter les dégâts. Le rapport de force nous est défavorable depuis trente ans. C'est ça, le système capitaliste !
Oui, hélas : les luttes des chômeurs, comme les luttes syndicales, se contentent de limiter les dégâts. Le rapport de force nous est défavorable depuis trente ans. C'est ça, le système capitaliste !(quote super user)
Voici venir l'orage! Voici l'eclair qui luit!
( je crois que ça va gronder! et spontanément! et ce ne sera ni la CGT , ni les forces liès au patronat qui controleront le mouvement! Laissons passer les fètes!)
Voici venir l'orage! Voici l'eclair qui luit!
( je crois que ça va gronder! et spontanément! et ce ne sera ni la CGT , ni les forces liès au patronat qui controleront le mouvement! Laissons passer les fètes!)
De nos jours, il devient difficile d'avoir un revenu et un emploi en même temps. On peut le regretter, mais le nier serait mentir.
La priorité des gens est de se nourrir et d'avoir un toit sur la tête, et travailler n'assure même plus ce minimum de nos jours.
En fait, le travail n'a jamais assuré ce minimum, sauf dans la période d'après guerre, pendant les "30 glorieuses", pour un grand nombre de gens.
Nous sommes revenus à ce que doit être le salariat pour le patronat et le grand capital: des millions d'êtres humains soumis à la loi du marché qui décide de ceux qui vont vivre et ceux qui vont mourir.
La priorité des gens est de se nourrir et d'avoir un toit sur la tête, et travailler n'assure même plus ce minimum de nos jours.
En fait, le travail n'a jamais assuré ce minimum, sauf dans la période d'après guerre, pendant les "30 glorieuses", pour un grand nombre de gens.
Nous sommes revenus à ce que doit être le salariat pour le patronat et le grand capital: des millions d'êtres humains soumis à la loi du marché qui décide de ceux qui vont vivre et ceux qui vont mourir.
Pas vraiment à l'après-guerre, je dois apporter un bemol. D'abord, les bâtiments détruits par les bombardements, puis les rapatriés de nos ex-colonies, d'où ces barres monstrueuses et inhumaines construites dans l'urgence.En fait, le travail n'a jamais assuré ce minimum, sauf dans la période d'après guerre, pendant les "30 glorieuses", pour un grand nombre de gens.
On trouvait plus facilement un travail qu'un appartement.
Lorsque nous sommes revenus de Lorraine, tout ce que mes parents ont pu trouver a été deux-pièces à la mode d'avant : 14m2 pour 6 personnes avec WC à la turque sur le palier, à moitié en sous-sol dans la cuisine. Nous y sommes restés 4 ans. Je m'en souviens encore, même si j'étais petite, l'espace me paraissait plus grand.
Pour le reste tu as malheureusement raison

Beaucoup de gens vivaient à l'hötel je pense, par manque de logements.Je m'en souviens encore, même si j'étais petite, l'espace me paraissait plus grand.
2009 sera le retour vers le passé grâce à Mr Sarkozy et ses amis patrons.
En entrant dans le XXIème siècle, personne ne vous a dit que c'était le retour vers le XIXème siècle, le paradis retrouvé des patrons.

Il y avait surtout énormément de bidonvilles en RP.Beaucoup de gens vivaient à l'hötel je pense, par manque de logements
On est quelques uns à l'avoir compris. Beaucoup n'ont pas digéré les avancées sociales obtenues en 36 ou 45. Bande de revanchards, hargneux, haineux qui s'accrochent comme oncle Picsou à leur coffre-fort, pourtant aucun coffre-fort n'a jamais suivi un cercueilEn entrant dans le XXIème siècle, personne ne vous a dit que c'était le retour vers le XIXème siècle, le paradis retrouvé des patrons

Tout le monde a encore bien trop à perdre pour pouvoir imaginer un rapport de force suffisant pour pouvoir faire "bouger" les choses...
Paradoxalement, la droite avec sarkozy est en train d'opérer sur le plan social et sur le plan des valeurs morales, progressistes ou sur le plan des droits de l'homme tout court un recul sans précédent.
la gauche ne s'est pas débarrassé de l'impasse de la gestion sociale du libéralisme, et en france "l'extreme gauche" doit faire ses preuves de sa bonne foi... (j'ai un peu de doutes je l'avoue) mais surtout de ses compétences.
politicien, c'est un "metier" hélas...
déjà, un rassemblement des forces progressistes est nécessaire
je pense moi qu'il est tout a fait possible d'imaginer une alternative au système capitaliste sans revenir forcément à un système totalitaire .
le capitalisme est de toute façon en lui même un système totalitaire.
il faut que la gauche dans son ensemble emboite le pas.
Paradoxalement, la droite avec sarkozy est en train d'opérer sur le plan social et sur le plan des valeurs morales, progressistes ou sur le plan des droits de l'homme tout court un recul sans précédent.
la gauche ne s'est pas débarrassé de l'impasse de la gestion sociale du libéralisme, et en france "l'extreme gauche" doit faire ses preuves de sa bonne foi... (j'ai un peu de doutes je l'avoue) mais surtout de ses compétences.
politicien, c'est un "metier" hélas...
déjà, un rassemblement des forces progressistes est nécessaire
je pense moi qu'il est tout a fait possible d'imaginer une alternative au système capitaliste sans revenir forcément à un système totalitaire .
le capitalisme est de toute façon en lui même un système totalitaire.
il faut que la gauche dans son ensemble emboite le pas.
"Tout le monde a encore bien trop à perdre pour pouvoir imaginer un rapport de force suffisant pour pouvoir faire "bouger" les choses..." : je pense également la même chose : même si la précarité s'étend, il n'y a à mon avis pas assez de pauvreté pour provoquer une révolte sérieuse.
"déjà, un rassemblement des forces progressistes est nécessaire" : -> http://lafederation.org/
"je pense moi qu'il est tout a fait possible d'imaginer une alternative au système capitaliste sans revenir forcément à un système totalitaire." : moi aussi. Une partie de la population semble avoir compris que l'on ne veut pas lancer un système totalitaire qui ferait plein de morts comme dans le passé. Mais par contre, ils pensent toujours qu'un système de collectivité à l'échelle nationale conduirait à la pauvreté extrême pour tous ! c'est dingue ça ! Ils oublient qu'entre 1917 et aujourd'hui, il y a eu un sacré progrès technique ! Enfin à mon avis, beaucoup de personnes n'aiment pas la gauche pour sa démagogie (tout comme moi). Et bien soit ! changeons-là !
"déjà, un rassemblement des forces progressistes est nécessaire" : -> http://lafederation.org/
"je pense moi qu'il est tout a fait possible d'imaginer une alternative au système capitaliste sans revenir forcément à un système totalitaire." : moi aussi. Une partie de la population semble avoir compris que l'on ne veut pas lancer un système totalitaire qui ferait plein de morts comme dans le passé. Mais par contre, ils pensent toujours qu'un système de collectivité à l'échelle nationale conduirait à la pauvreté extrême pour tous ! c'est dingue ça ! Ils oublient qu'entre 1917 et aujourd'hui, il y a eu un sacré progrès technique ! Enfin à mon avis, beaucoup de personnes n'aiment pas la gauche pour sa démagogie (tout comme moi). Et bien soit ! changeons-là !