Blèriot a écrit :Il n'y a pas de liberté d'expression, on ne vote pas, et une poignée de gens décide pour tout le monde, si si il y a bien du communisme en Chine.
Pas d'accord. Entendons-nous sur les mots.
D'un point de vue philosophique, le communisme est un idéal de société égalitaire où la propriété privée et les classes sociales sont abolies. C'est la forme radicale du socialisme (le vrai). Dans le
Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels, le communisme est décrit comme une alternative au capitalisme et «une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous». Donc, à la base, le communisme est un humanisme.
Comme le pense Alain Badiou, ce concept n'a jamais vraiment été expérimenté sur terre, les "régimes" dits "communistes" ayant existé ou existant encore s'étant rapidement détournés de cet idéal pour virer au totalitarisme. Selon lui, l'idée communiste s'est heurtée à la nature humaine qui n'est pas assez mature, émancipée et responsable pour le mettre en œuvre (on peut, d'ailleurs, dire la même chose de l'idéal anarchiste qui reste, lui aussi, une utopie). A chaque fois, les phases de transition nécessaires pour y aboutir ont manqué : elles ont été court-circuitées.
Jusqu'à présent, l'idéal communiste a été systématiquement dévoyé et, dans le langage, on amalgame communisme et dictature (comme on amalgame anarchie et chaos). Pourtant, comme je l'ai souvent dit ici, les "régimes" dits "communistes" n'ont pas l'exclusivité du totalitarisme. Il y a toutes sortes de dictatures et j'estime personnellement qu'elles ne sont ni "de gauche" ni "de droite" : une dictature est une dictature, point. Une dictature est la rencontre entre un peuple particulièrement affaibli et/ou décérébré avec un psychopathe qui, accompagné de ses sbires, va totalement le soumettre.
Pour aller plus loin, je dirais même que, dernier un vernis de "démocratie" 100% hypocrite, le capitalisme est une forme de dictature (on le voit aujourd'hui). En Chine, "on ne vote pas et une poignée de gens décide pour tout le monde", dis-tu : n'est-ce pas la définition de l'UE ? La dictature, c'est "Ferme ta gueule" et la démocratie, c'est "Cause toujours", disait Woody Allen.
Le problème, c'est la nature humaine, capable du meilleur et surtout du pire. Je ressors ici ma métaphore de la masse gélatineuse : d'un côté, une poignée de gens bien intentionnés qui tirent les choses vers le haut; à l'opposé, quelques individus malfaisants qui les tirent vers le bas; et au milieu, une masse gélatineuse d'indécis/faibles/suiveurs/ignares qui bloblote et penche d'un côté ou de l'autre, au gré des tiraillements entre les deux extrémités. Le jour où cette masse gélatineuse aura conscience d'elle-même, cessera de blobloter connement et deviendra responsable, on évitera peut-être bien des catastrophes. Mais j'ai peu d'espoir dans le genre humain...
Voilà à quoi je rêve en attendant Godot :
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