Réduire la pauvreté, c'est possible !

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maguy

Réduire la pauvreté, c'est possible !

Message par maguy »

Réduire la pauvreté, c'est possible !

Christian Chavagneux - L'Economie politique - n°26 - Avril 2005

La France est un pays de pauvreté massive. Que l’on adopte les normes européennes ou que l’on se réfère à l’« Enquête sur les conditions de vie » de l’Insee, la France compte environ 7 millions de pauvres.

Un niveau de pauvreté très élevé lié aux déficiences du marché du travail, qui ne crée pas assez d’emplois et ne distribue pas assez de revenus. Les politiques publiques sont inadaptées pour répondre à cette situation. Mais des solutions existent.

11à 12 % de la population française vit aujourd'hui avec moins de 650 euros par mois. Il serait d'ailleurs plus juste de dire que la France "comptait" 7 millions de pauvres: le dernier état des lieux date de 2001.

Depuis, plusieurs signes, dont la montée du nombre d'allocataires du revenu minimum d'insertion(RMI), suggèrent que la situation s'est nettement aggravée. Signe imparable du je-m'en-foutisme politique -les pauvres ne votent pas-, l'Etat n'a jamais mis les moyens nécessaires pour disposer de statistiques lui permettant d'être informé rapidement du déchirement du tissu social.

Et ce n'est pas tout. Entre chômage, sous-emploi, emplois précaires et emplois peu payés, "c'est très vraisemblablement entre le quart -au moins- et le tiers de la population, soit 15 à 20millions de personnes -7 millions de pauvres et 8 à 12 millions de précaires-, qui, pour une raison ou pour une autre, ont, de façon durable, des conditions de vie marquées du sceau de l'extrême difficulté", constate ici Jacques Rigaudiat.

Une situation "disqualifiante", comme la caractérise le sociologue Serge Paugam, où les pauvres sont nombreux, issus de franges de la population intégrées au marché de l'emploi mais confrontées à des situations de précarité de plus en plus lourdes dans le domaine des revenus, du logement, de la santé et de la participation à la vie sociale.

La pauvreté vient le plus souvent par l'emploi

Comment en est-on arrivé là ? Pour le comprendre, il faut d'abord se débarrasser de l'image des pauvres assimilés aux marginaux croisés dans les grandes villes, dans les transports en commun ou à la sortie des supermarchés. Cela concerne vraisemblablement de l'ordre de 100000 personnes.

Ces "naufragés", décrits par Patrick Declerck (1), sont la part visible d'un iceberg beaucoup plus vaste et beaucoup plus proche de notre vie quotidienne. Ils sont pauvres et précaires parce qu'ils -et surtout elles- ne peuvent obtenir qu'un emploi à temps partiel, ou un emploi à temps plein qui ne dure pas, ou pas d'emploi du tout. Le constat de tous les spécialistes est identique: derrière la montée régulière du chômage, typique des gouvernements de droite des quinze dernières années, c'est la précarité croissante de la condition salariale, toutes tendances politiques confondues, qui nourrit la pauvreté.

Peut-on y faire quelque chose ? Là aussi la réponse est unanime: oui ! Les transferts sociaux répondent déjà, en quelque sorte, au problème: sans le RMI, l'allocation de solidarité spécifique(ASS), l'aide scolaire, etc., ce serait pire. Mais cela ne résout pas la situation. Pourquoi ?


Parce que derrière tous les beaux discours sur la solidarité, nos gouvernants acceptent implicitement -et explicitement, pour certains- deux idées qui, au fond, guident toutes leurs politiques en la matière :


- La première idée énoncée est « que ceux qui sont pauvres le sont parce qu'ils le veulent bien ! » C'est pourquoi il faut indemniser de moins en moins et de moins en moins longtemps les chômeurs, et pourquoi le RMI ne fournit qu'un revenu de survie qui maintient dans la pauvreté plutôt qu'elle ne l'empêche.


- La seconde idée, plus cynique encore, est que « les pauvres se révoltent rarement de nos jours (!!) »

L'exemple des Etats-Unis est à cet égard étonnant. La mort progressive du rêve américain et l'accélération de la dégradation de la situation sociale sous le premier mandat de Bush n'ont pas empêché ce dernier de conquérir facilement un deuxième mandat.

En France, fonctionnaires et salariés défendant leurs avantages sont les porte-parole de la conflictualité sociale; pas les pauvres, les précaires et les chômeurs. Mais l'extrême droite est au second tour de l'élection présidentielle, la droite arrive trois fois de suite au pouvoir et les partis de gouvernement observent bouche bée les sondages leur renvoyant l'image de l'étranger, l'Europe, comme source de tous nos maux.

La lutte contre la pauvreté réclame une hausse des minima sociaux, des politiques publiques volontaristes de création d'emplois, une taxe sur le travail à temps partiel, des compléments de revenus pour ceux qui y sont contraints et un service public prenant en charge les enfants en dehors de l'école pour permettre aux femmes qui le souhaitent de travailler plus. Ces mesures ne sont pas utopiques. Le rapport de Martin Hirsch sur le sujet, remis au gouvernement à la fin avril, le confirme. Le temps presse.

« La France des travailleurs pauvres » Le dernier ouvrage de Denis Clerc

Denis Clerc est économiste, spécialisé dans l’analyse des politiques sociales. Il a été rapporteur au Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) et président de l’association Economie & Humanisme. Il est aujourd’hui conseiller de la rédaction du mensuel Alternatives économiques, qu’il a créé et longtemps dirigé. Le Livre : « On a longtemps pensé que l’emploi était le remède à la pauvreté. Ce n’est plus le cas. La multiplication des emplois à temps partiel ou des jobs temporaires entrecoupés de périodes de chômage a fait plonger dans la pauvreté nombre de travailleurs et leur famille. Contrairement à ce qui se passait il y a encore une quinzaine d’années, ce n’est plus l’insuffisance d’emplois qui engendre la pauvreté, mais la mauvaise qualité de ceux qui se créent. Dans cette évolution, l’Etat porte une part de responsabilité. En prêtant main-forte à la création d’emplois paupérisants, il a sacrifié la qualité de l’emploi à la quantité et aggravé le problème au lieu de le réduire. Ce que montre cet ouvrage, c’est que cette voie est sans issue et qu’il est urgent de changer de politique. Le contexte nous y pousse : le pays tout entier a besoin d’emplois créateurs de valeur s’il veut faire face aux défis de la mondialisation et du vieillissement. Mais cela suppose un gros effort en matière de formation et de requalification de tous ceux que, aujourd’hui, le marché a marginalisés. Le revenu de solidarité active, utile pour permettre aux actuels travailleurs pauvres de vivre dignement, ne doit pas devenir la dragée enrobant la pilule du mauvais emploi et permettant à ce dernier de se pérenniser. Désormais, à l’aide sociale qui soulage mais enferme, il faut substituer l’investissement social qui vise à donner à chacun les moyens de son autonomie et la maîtrise de son destin. C’est possible, et ce livre explique comment. » Denis Clerc


source
romain23

Message par romain23 »

Une large majorité des Français (60%) juge possible qu’eux-mêmes ou leurs proches se retrouvent un jour sans domicile fixe, selon un sondage réalisé par l’institut TNS Sofres pour le ministère du Logement et de la Ville.


Le chiffre est édifiant. Il a été rendu public ce matin à l’occasion des "Matinales du Ministre", rendez-vous mensuel sous forme de débat autour d’un thème d’actualité. Conscients de la fragilité dans laquelle se trouve la France, les Français se sentent de plus en plus concernés par la précarité. Inquiétude face à l’avenir, inquiétude quant à la perte d’emploi ou de repères dans la société, inquiétude face à la crise de l’immobilier...

Les précisions de Sébastien Baer (1'11")

Autres enseignements de l’étude : les Français méconnaissent la situation des SDF et leur nombre exact, même s’ils estiment que la prise en charge des sans-abris est insuffisante et qu’il existe une réelle urgence à régler ce problème.

Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 1.000 personnes âgées de 18 ans et plus, construit selon la méthode des quotas par entretiens téléphoniques, les 23 et 24 septembre.



Mal logement en France : rapport 2008Sur le site de la Fondation Abbé Pierre
Ministère du Logement

http://www.france-info.com/spip.php?art ... s_theme=12
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