La rentrée du conseiller ANPE révolté

Vos témoignages & réflexions sur Pôle Emploi, les formations proposées aux demandeurs d'emploi, les cabinets de recrutement ou les sites-emploi sont les bienvenus !

Modérateurs : superuser, Yves

libegafra

La rentrée du conseiller ANPE révolté

Message par libegafra »

Pas le moral

C'est un comble, ça devrait être la personne privée d'emploi qui devrait être démoralisée.
Mais ce week-end, c'est bien moi qui n'avait pas le moral.

Bien sûr, un certain nombre de ceux que j'ai "en portefeuille" sont contents d'être suivis, et qu'ils aient un soutien, une aide, un repère dans la jungle de la recherche d'emploi.

Mais j'ai pensé à ceux qui ne VEULENT PAS être suivi mensuellement, ceux qui souhaitent souffler un peu avant de repartir dans cette jungle.
Ils doivent supporter mes convocations, mes relances, mes menaces de radiation.
Si je me mets à la place d'une personne privée d'emploi, je peux être considéré comme un harceleur professionnel.

Tout ça alors que le marché de l'emploi se dégrade, et que les seuls à subir la pression de l'ANPE sont les privés d'emploi.
Les employeurs, il faut continuer de leur cirer les pompes pour récupérer des offres parfois pourries (une heure par semaine en cdi, si, si je l'ai vu !).
Nous sommes 30.000 à travailler à l'ANPE.
Il y n'y a même pas 1400 inspecteurs et contrôleurs du travail en France.
Cherchez l'erreur.

Allez, j'aime quand même mon boulot.
On travaille aussi sur le projet, on tente de motiver les privés d'emploi.

Mais je dois dire que je dois être sacrément vigilant pour ne pas tomber dans le piège des "objectifs", et de la "toute-puissance".
On a une telle pression... Qu'elle finit bien par retomber sur les privés d'emploi.

C'est dramatique, mais les personnes privées d'emploi sont sous tutelle !
S'ils ne recherchent pas assez, on leur sucre leurs alllocs'.
Dans quel monde vivons nous ?

Je voudrais tant que les personne privées d'emploi ne viennent que s'ils en ont envie. Mon boulot serait tellement plus valorisant !

Vivement que la révolte gronde...
Antoine
Messages : 619
Inscription : 28 oct. 2004

Re: La rentrée du conseiller ANPE révolté

Message par Antoine »

.
Dernière modification par Antoine le 18 avr. 2009, modifié 1 fois.
tristesir

Message par tristesir »

Franchement relativisons... 1 entretien par mois cela me semble un minimum si tu veux assurer un suivi d'une recherche d'emploi.
J'ai l'impression d'être en liberté surveillée et d'aller signer tous les mois au commissariat de police sociale de mon district.

L'entretien n'est pas qu'une formalité pour certains.
L'objectif de la personne qui me reçoit à l'ANPE est simple: me pousser à postuler sur des contrats aidés CAE/contrat d'avenir. Ce que je ne souhaite pas: dans six mois, j'en serai au même point et je serai six mois plus vieux ce qui à mon âge n'est pas un avantage mais un handicap.

Qu'est ce qui se passe si t'es démoralisé sans en être venu à la TS (tentative de suicide) pour prouver ton état de santé psychologique et que pendant un mois tu as une baisse de régime au niveau de la recherche d'emploi?

Comment va le prendre le conseiller ANPE si tu ne lui fournis pas un justificatif médical? Couic?

Demain, j'ai rendez-vous pour mon suivi mensuel et franchement comme je sais que cela va mal se passer (pression pour me faire accepter un contrat pourri et/ou BCA ) cela me pourrit ma soirée peut-être aussi même ma nuit.
Dernière modification par tristesir le 08 sept. 2008, modifié 1 fois.
maguy

Message par maguy »

1 entretien par mois cela me semble un minimum si tu veux assurer un suivi d'une recherche d'emploi. Personnellement je ne vois pas revenir au PAP et son pseudo suivi semestriel !
Quand je vois le "suivi" de mon agent, je me marre doucement.

L'erreur à mon avis est de faire un "suivi uniprix" pour tout le monde. Si le suivi consiste à voir la liste des entreprises auxquelles j'ai répondu et noté ensuite "sans réponse à telle date", je n'y vois aucune utilité sauf deux heures de metro (et deux tickets) et quelques heures perdues.

Certains DE ont certainement besoin de se sentir soutenus, d'avoir des pistes mais de grâce qu'on fiche la paix aux gens parfaitement autonomes, capables d'aller sur le site anpe.fr et de faire le tri. Pour beaucoup cela ne rime à rien.
Si je n'ai rien trouvé le matin, l'annonce miracle a peu de chance de s'y trouver l'après-midi.

Il serait plutôt judicieux de se concentrer sur ceux qui en ont besoin.

Je pense aussi aux personnes de province ou en zone rurale qui doivent demander à quelqu'un de les emmener en voiture ou même payer un taxi.

Il y eut une époque, lorsque je n'avais pas internet de trouver des annonces par le biais du minitel ou du journal et je pouvais répondre par fax. C'est fini et j'avais investi 1200€ pour changer le matos ce qui est énorme en ASS et en vivant à Paris.

Je n'aime pas être suivie et n'ai nul besoin de leurs conseils éculés puisqu'il n'y aura jamais de solution au fait que j'ai bientôt 54 ans.

En fait, je remonte surtout le moral de mon agent...
romain23

Message par romain23 »

L'objectif de la personne qui me reçoit à l'ANPE est simple: me pousser à postuler sur des contrats aidés CAE/contrat d'avenir. (quote triste sir)

Encore faut-il , que , meme sur des contrats d'avenir ou des CAE on accepte de te recruter!Sur un poste de veilleur de nuit en CAE, quand il y a 80 pers, il y a aussi concurrence!
Monolecte

Message par Monolecte »

Si c'est chiant, le suivi : dans mon cas, c'était 140 km A/R à mes frais, tout ça pour remplir une fiche pourrie avec une vingtaine d'autres péquins, avant d'avoir droit à mon contrôle de 5-10 mn maxi, parce que trop de monde qui attend et pas assez pour recevoir. Suivi : 0. Pas d'offre ou de piste, juste des presta pourries à fourguer, alors que pendant ce temps, mes préoccupations étaient de survivre, de monter un projet (parce qu'à un moment t'as bien compris que le salariat, même si ça te plaisait, c'est fini pour toi!), de nouer des contacts et de trouver une porte de sortie honorable.
Qu'est-ce qu'il pouvait m'aider l'autre gars, avec ses 5 minutes/mois, sa fiche A4 recto qui était censé résumer ma vie, mon œuvre et ses objectifs chiffrés pour aller remplir le énième stage CV et Internet, voire alphabétisation dont je n'avais rien à cirer?

PERTE DE TEMPS ET D'ÉNERGIE.
Et peur de l'arbitraire qui te tombe sur le coin de la gueule.
Fatalement!
Devoir se battre un mois ou deux pour faire rétablir des droits qui n'auraient jamais dus être amputés.
Se noyer dans des démarches absurdes qui ne servent qu'à justifier l'existence de structures inadaptées... voire inutiles...

La seule fois où j'ai demandé une presta en fonction de mes besoins (un bilan de compétence pour construire un profil métier à la place d'un profil compétences qui ne rentrait dans aucune case d'un petit cerveau de recruteur), on m'a dit que j'étais totalement autonome dans mes démarches et que l'ANPE ne pouvais rien faire pour moi... sauf continuer à me faire chier tous les mois + les convocs collectives pour garnir une session de recrutement avec des employeurs que devaient avoir l'impression de pouvoir faire leur marché.

Alors, faut pas me parler du suivi ANPE! :evil:
tristesir

Message par tristesir »

Et le suivi mensuel me rappelle cruellement que lorsque j'ai eu besoin d'aide quand j'étais (presque) fonctionnaire (après avoir passé et réussi un concours) , il n'y avait personne pour m'aider sérieusement.

Je me suis retrouvé seul, démuni à travailler pour l'Etat qui privilégiait le contrôle sur le soutien et l'aide. Il y avait un déséquilibre manifeste, de mon point de vue, entre ces deux impératifs qui étaient exécutés, en outre, par les mêmes personnes.

Et maintenant, quelques années plus tard, je me retrouve toujours contrôlé mais dans le seul but de me faire rentrer dans une case sans que personne ne se soucie de savoir ce que je veux et de ce que je ne veux pas. Pour moi, il s'agit d'une punition, d'une humiliation de plus et rien d'autre. Chaque mois, je vais me retrouver face à face avec une personne qui va me rappeler que je ne vaux pas plus qu'un sous-contrat d'esclave-bouche-trou et que tous les efforts faits dans le passé de formation je peux m'asseoir dessus ils sont désormais sans utilité.

Si on m'avait aidé réellement, quand c'était nécessaire, je pressens que je n'en serais pas là où j'en suis au niveau de l'emploi.

S'il y avait un emploi de rameur sur une galère en CAE/Cav la personne qui me reçoit à l'ANPE me l'aurait sans doute proposé depuis longtemps et se serait empressée de m'en faire l'article et m'expliquer que ce serait une bonne façon de renouer avec l'emploi (qu'en fait je n'ai jamais vraiment quitté, et cette personne le sait parfaitement mais cela ne l'a pas empêché de me tenir ce discours qu'elle doit servir à tous les gens qui sont DE de longue durée je suppose)

Récemment, j'ai l'impression qu'on m'a fait parvenir des offres d'emploi sous contrat CAE/Cav dans un endroit où j'ai sans doute travaillé dans le passé. (pas pour le même emploi).

Je m'imaginais revenir, dix ans plus tard, dans cet endroit pour exécuter un sous-contrat jetable de bouche-trou, payé misérablement et peut-être me retrouver au milieu de gens que j'avais eu comme collègues dans le passé alors que j'avais un salaire décent et un vrai emploi
.
Quelle humiliation cela aurait été.

J'ai dû postulé pour être sûr de ne pas être radié. Pas eu de nouvelles de cet employeur depuis et c'est tant mieux !
Merci l'ANPE.
Antoine
Messages : 619
Inscription : 28 oct. 2004

Message par Antoine »

.
Dernière modification par Antoine le 18 avr. 2009, modifié 1 fois.
Antoine
Messages : 619
Inscription : 28 oct. 2004

Message par Antoine »

.
Dernière modification par Antoine le 18 avr. 2009, modifié 1 fois.
maguy

Message par maguy »

Après il y a les cas particuliers qui pour x ou y raisons ne sont pas contents ou pour qui le système n'est pas adapté... tu peux tomber sur un conseiller plus compréhensif ou plus humain
Le vrai problème Antoine, en plus du fait que l'on tombe bien ou mal sur un agent... le vrai problème est la prestation elle-même ! qui est nulle, faite par des gens qui n'ont pas le quart de la moitié de nos compétences et qui se la jouent grrrrrrrrrrand con-seiller.

Voila où ça blesse, ce que j'appelais un traitement uniprix pour tout le monde pareil.

J'en ai fait 4 ou 5 (dont le dernier avorté) j'y allais parfois avec plaisir parce qu'il y avait des gens sympa, mais je n'ai jamais rien appris.
Par contre, il m'est plus souvent arrivé de donner des trucs aux gens.

Mais je ne doute pas que certaines personnes en aient besoin, ou d'atelier CV, mais dès que j'entends "atelier de motivation" déjà je recule, je regimbe, je rue :lol: :lol:
Monolecte

Message par Monolecte »

En apparte...

J'ai un pote postier qui vient de me proposer un deal : je lui fait un atelier CV sur mesure et il me fournit un entretien sur ce qui se passe actuellement à La Poste.

Je vais ouvrir une agence de presta :twisted: viendez les chômeurs, je vais apprendre la résistance!
diety

Message par diety »

Bonjour libegafra, j'apprécie ton témoignage.

Je ne trouve pas que tu exagères. Tu dois sentir le malaise de ceux et celles qui ne veulent pas être suivi, en tout cas pas à ce rythme-là.

Merci.
maguy

Message par maguy »

Je vais ouvrir une agence de presta viendez les chômeurs, je vais apprendre la résistance!
Je veux bien Mono :wink:

Çà changera,quelqu'un qui parle français, qui a connu les affres du chômage et surtout s'en souvient, sympa, marrant dans un joli cadre bucolique au cul des vaches :lol:

Quelqu'un qui sait de quoi il parle, aaaahhhhh :lol:
libegafra

Tous ensemble

Message par libegafra »

Conseiller à l'emploi à l'ANPE, je travaille sur un bassin d'emploi où, si l'on compte les personnes privées d'emploi, les personnes allocataires du RMI et de l'AAH non inscrites à l'ANPE, et les personnes qui sont en sous-emploi (temps partiel subi), on arrive presque à 25 % de la population active.

Je fais quoi, moi ?

Sachant que, même si je demande à chaque privé d'emploi de baisser ses prétentions salariales, d'aller chercher du boulot ailleurs, de se former, de faire des stages, dans un an, il y aura toujours 25 % de la population active locale sans boulot ou en sous-emploi.

Sachant que ce sont toujours les actionnaires qui gagnent à la fin...

Je fais comment, moi ?

Désolé, je vide mon sac, ça fait du bien...
maguy

Message par maguy »

d'aller chercher du boulot ailleurs, de se former, de faire des stages, dans un an, il y aura toujours 25 % de la population active locale sans boulot ou en sous-emploi.
Je comprends ton désarroi libegafra et j'apprécie ton point de vue.

Les envoyer ailleurs sans fric pour déménager, il n'y a même pas d'argent pour un billet de train, alors la double résidence, à condition qu'il trouve quelque chose, cela reste de l'utopie.

Des stages ou des formations, rien non plus.

Ah si les EMT = travail gratos, très intéressant au lieu d'un CDD pour les patrons.

Non seulement il n'y a plus de travail pour tous, les employeurs y compris les plus petits qui il n'y a pas si longtemps avaient encore une attitude de bon chef de famille, sont devenus de vrais rapaces avec une mentalité de pourri, menaces et sanctions à l'appui :evil:

Tu devais penser à autre chose, lorsque tu as passé ton concours :wink:

C'est bien ça le pire, ce changement de mentalité qui fait que chacun épie et jalouse le voisin et le collègue, bravo le matraquage :evil:

Je ne suis pas sûre d'avoir envie de revoir le monde du travail très vite finalement...
Répondre