Un peu d'air…

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Modérateurs : superuser, Yves

auxi

Un peu d'air…

Message par auxi »

Bonjour !

Dans l'océan de contre-vérités matraquées à longueur de temps à propos des chômeurs par les médias-qui-mentent, j'ai respiré avec délices cette bouffée d'air frais, et ne résiste pas à l'envie de vous la faire partager.

Sévice du travail obligatoire

Le plus délirant dans l'affaire, c'est qu'ils en parlent sérieusement. Dans les salons gouvernementaux, entre gens sensés et raisonnables. Leur obsession : appliquer la promesse électorale de Sarkozy selon laquelle ces flemmards de chômeurs ne pourront plus refuser deux boulots de suite, sans quoi ils seront virés de l'Anpe et des Assedic, et des statistiques. Et donc définir ce qu'est un emploi "acceptable", une offre "valable", "raisonnable".
Et déjà des pistes merveilleuses s'ouvrent. Un emploi "acceptable", ce sera un emploi moins bien payé que le précédent. Le chômeur devra "accepter" 80 % de ce qu'il touchait avant. Formidable, non ? Tout augmente, le prix du logement et des aliments et de l'essence et du gaz, le salaire de Sarkozy et les bénefs des entreprises du CAC 40 et les parachutes dorés, tous nos dirigeants ne cessent d'invoquer la croissance et prétendent nous faire "gagner plus", et les seuls qui doivent accepter la décroissance de leurs revenus, ce sont les chômeurs. Des sous-hommes, au fond.
Une autre idée qu'elle est belle : un emploi est acceptable s'il se trouve à pas plus de deux heures, ou d'une heure, ou de trente kilomètres, c'est encore flou, du domicile du chômeur. À pied, à cheval, en bagnole, qu'il y ait ou non des transports en commun, que le chômeur se débrouille, qu'il paie l'essence, ça fera marcher l'industrie automobile et les affaires et la croissance du CO2 !
Mais le plus admirable, l'idée sous-jacente qu'il s'agit de faire avaler après l'avoir rendue présentable à coup de bla-bla et d'enfumage, et de formulations selon lesquelles cet emploi devra être "compatible avec la formation" du chômeur, tu parles, c'est de l'obliger à accepter un boulot qui n'ait rien à voir avec son parcours, ses compétences, son histoire personnelle. Il faut être " flexible", non ? Mobile. S'adapter. Ne pas s'accrocher bêtement à ce qu'on sait faire, à ce qu'on aime faire, à ce qu'on a envie de faire. Voilà à quoi mène l'éloge chaque jour martelé de la liberté des affaires : au travail obligatoire. Plus le marché se veut libre, plus il a besoin d'hommes serviles.
Mais le problème des serfs, c'est qu'en général ils détestent leur servitude. Et leur patron. Et le boulot qu'on leur impose. Alors ils cherchent à se venger de leur condition. Les aide-cuistots pissent dans la soupe au potiron. Les bonnes piquent dans le tiroir de la patronne. Les manœuvres cochonnent les finitions. Certains rêvent de révolution. Absentéisme, arrêt-maladie, rapines : les hommes au rabais font du travail au rabais. Même les sales boulots peuvent se faire salement, c'est bien connu. Et ce seront évidemment des sales boulots qu'on ordonnera aux chômeurs de trouver "acceptables". On l'avait déjà dit ici, quand Sarkozy avait lancé cette idée de petit caporal ("le Canard", 21/02/07) : non seulement les chômeurs sont déjà soumis à des contrôles sévères (le nombre annuel des radiations en fait foi), mais ils sont aussi déjà sanctionnés en cas de refus d'emplois correspondant à leur formation. En rajouter, c'est ajouter de l'humiliation. Humiliez, humiliez, il en restera toujours quelque chose…

Jean-Luc Porquet


Source : Le Canard enchaîné, 14 / 05 / 08 – Typo d'origine


À appliquer en cas de janpierpernite aigüe, de parisotisme chronique et d'addiction medefo-sarkozienne sévère.
maguy

Message par maguy »

Excellent, merci :lol: :lol: :lol: :lol:

Ca fait du bien :wink:
tristesir

Message par tristesir »

J'enrichis ma phraséologie:

Après: <<à mauvais salaire, mauvais travail>>
et <<les patrons font semblant de nous payer, faisons semblant de travailler>>,
j'ai bien noté le:
<<Même les sales boulots peuvent se faire salement>>

Je vois que l'idée de saboter son propre travail, payé salement, fait son petit bonhomme de chemin.
auxi

Message par auxi »

Si je suis astreint au STO, le taulier ne sera pas déçu du voyage ! J'arriverai - si je viens - quand ça me chantera, n'en ficherai pas une rame, et n'hésiterai pas un instant à saboter, déteriorer, détruire tout ce qui me tombera sous la main. Quand à mes relations avec les salariés, elles seront aussi exécrables que possible. Je peux être très, très, très désagréable…

CONTRE LE STO, PISSONS DANS LA SOUPE !
Monolecte

Message par Monolecte »

Si tu agis de manière aussi ostentatoire, tu seras éventuellement accusé d'être démissionnaire (se voit pour des abandons de poste requalifiés en démission, afin de te sucrer tous tes droits.) et tu l'auras doublement dans l'os.

Non, le sabotage au sens premier, c'est justement tout très bien faire... très très très bien. En respectant toutes les procédures à la lettre et en bossant à un rythme... tout aussi convenable.
diety

Message par diety »

C'est la "grève du zèle" ?

(Application minutieuse des moindres consignes et règlements de façon à paralyser complètement le déroulement du travail.)
tristesir

Message par tristesir »

Non, le sabotage au sens premier, c'est justement tout très bien faire
Le sabotage est de faire semblant de travailler, de rester dans la masse et de détruire son travail insidieusement en essayant d'éviter d'être soupçonné.

Le saboteur, une fois identifié sera soumis à une sanction bien entendu.
Le sabotage n'a rien à voir avec la paresse, c'est une action réfléchie de protestation.

Penser à Pénélope, la femme d'Ulysse, forcée de défaire la nuit, le travail sur sa tapisserie fait en journée, pour éviter de devoir choisir un prétendant8)

Le sabotage est peu pratiqué parce que la plupart des gens essaient de trouver du sens dans leur travail voire même en fabriquer.
Détruire ce qu'on vient de faire, ne contribue pas à cette création de sens.
auxi

Message par auxi »

D'accord, je me calme, je fais plus simple et plus confortable :

je travaille à mon rythme naturel

8) 8) 8) 8)
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