L'école du mépris

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Modérateurs : superuser, Yves

maguy

L'école du mépris

Message par maguy »

Je viens de tomber sur cette perle sur les leçons de morale et de civisme du passé que le ministre veut réintroduire dans les programmes des enfants.

En effet, tout un programme afin de formater dès l'enfance les futures générations, hallucinant :

À l’heure où le ministre Xavier Darcos tente de réintroduire dans les programmes scolaires des cours de morale et de civisme, il n’est pas inutile de démystifier ce que furent en réalité ces enseignements dans le passé. Or, deux auteurs se sont penchés sur de vieux manuels d’instruction civique [1], et le résultat est accablant.

L’éducation civique apparaît en effet comme une école de la servitude : les manuels ne cessent de célébrer la patience, la prudence, la modestie et la discrétion, tandis que tout ce qui ressemble à de la résistance, de la révolte ou de la revendication se trouve stigmatisé comme de la vanité, de l’outrecuidance ou de la sauvagerie.


Morceux choisis :

"Maxime : la connaissance des devoirs est plus utile au bonheur que celle des droits "

"Le bonheur ne consiste pas à demander beaucoup, mais à se contenter de ce qu’on a"

"Acceptons joyeusement la médiocrité, qui ne nous prive que du superflu et nous libère du souci des grandes richesses."

"Le devoir nous ordonne de nous résigner ; si une mère perd son enfant unique, qu’elle s’intéresse à des enfants orphelins ou abandonnés : il n’en manque pas."

"Certaines femmes s’achètent deux robes par an quand une seule pourrait leur durer deux ans."

"Je serai toujours simple et modeste"

"Je ne serai ni jaloux, ni envieux"

"Je ne dirai du mal de personne ; je ne serai ni médisant ni calomniateur ; je serai sagement discret. Je serai reconnaissant envers tous mes bienfaiteurs."

"Je n’irai, plus tard, ni au café perdre ma santé, ni aux courses perdre mon argent, ni au cinéma perdre mon temps à voir des films policiers dont les héros sont des voleurs et des assassins (...)"


Finalement, des jeunes paysans du début du siècle aux "sauvageons" d’aujourd’hui, l’objectif non avoué de l’éducation civique semble rester le même : policer et discipliner la jeunesse. Il est bon de se rappeler que cette morale de l’obéissance, que tant d’intellectuels ou de professeurs semblent aujourd’hui regretter, a formé dans les années 1900-1940 moins de citoyens responsables que de sujets dociles et de fonctionnaires zélés. Ne l’oublions pas : Maurice Papon, ce champion du "service de l’État", ainsi que tous les hauts fonctionnaires qui ont collaboré à la politique raciste du gouvernement de Vichy, étaient les meilleurs élèves de cette école républicaine qui apprenait avant tout à obéir.

En fait, cette école n’apprenait pas seulement à obéir. Elle apprenait aussi à mépriser. En effet, on ne comprend pas la permanence des préjugés, du racisme, du sexisme ou du mépris de classe, si l’on ne prête pas attention à ce relais décisif qu’a été l’école. Relais sans doute plus redoutable que la littérature et les illustrés du type Tintin au Congo, dans la mesure où c’est une parole investie d’une très forte autorité qui transmettait les stéréotypes : la parole du maître. Autres morceaux choisis :

"Les ouvriers affectent trop souvent des manières grossières, un langage incorrect et malséant, un laisser-aller, une négligence, une malpropreté même, qui choquent."

"Je citerai encore une cause de la condition misérable de beaucoup d’ouvriers : c’est la paresse, "le péché auquel nous nous laissons aller le plus facilement". Combien y en a-t-il qui, travaillant faiblement et à contre-coeur, ne font rien de bon, mettent deux heures pour exécuter l’ouvrage d’une seule, reculent devant les difficultés qui devraient les animer, restent pauvres par leur faute, et condamnent ainsi leur famille à l’ignorance et à la misère !"

"À son mari, la femme doit assurer le bien-être matériel et moral. Elle saura faire en sorte que rien ne lui manque : linge et vêtements bien entretenus et prêt à temps ; repas servis exactement et préparés en tenant compte de ses goûts et de sa santé."

"Quels que soient ses dons intellectuels ou artistiques, une femme peut faire plus, elle ne peut faire mieux que fonder un foyer ; aussi fera-t-elle sagement d’y demeurer si la nécessité ne l’oblige pas à travailler au dehors. Restez chez vous, vous aurez choisi la meilleure part."

"La meilleure amie des jeunes filles, qui est-ce ? Voulez-vous que je vous le dise ? Eh bien.. c’est l’aiguille. - Comment ! l’aiguille à coudre ? - Oui ! à coudre, à broder, même à tricoter."

"Il est vrai que, s’ils ne sont guère que le tiers de l’humanité, les Blancs, par l’ascendant de leur intelligence supérieure, par leur morale plus élevée, par leurs religions plus pures et plus nobles, par leur esprit d’invention aussi, et par la force de leurs armes perfectionnées, de leurs machines plus savantes, les Blancs sont les rois de l’Univers."

"Petits Kabyles, fils de vaincus, ne maudissez pas vos vainqueurs : vous n’êtes les sujets d’aucun homme, vous faites partie de la France qui veut votre bien."

"Ces Canaques sont donc bien méchants ? - Ce sont des sauvages, voilà tout. Ils auraient grand besoin d’être civilisés. Malheureusement, ils préfèrent vivre à l’écart."

"Quand la République de 1848 a aboli l’esclavage dans nos colonies, elle leur porta un coup terrible. Les nègres quittèrent en foule les plantations et se livrèrent avec volupté à leur paresse naturelle."

"Supprimer les frontières ? Mais aussitôt la France se couvrirait d’un ramassis d’étrangers, avides de fouler son sol sacré, de respirer son air vivifiant, de jouir de son climat, de ses richesses, de l’exploiter dans le plus mauvais sens du mot. Et lorsque tous ces vampires exotiques l’auraient saignée à blanc, sucée jusqu’aux moelles, la fraternité des peuples se traduirait par des étreintes mortelles, des luttes effroyables, des calamités que l’imagination n’ose concevoir. Ce serait du propre, en vérité !"


Ce type de propos a fort heureusement disparu des manuels scolaires. L’enseignement de l’histoire aussi s’est réformé, mais de manière très insuffisante [2] De plus, ce qui s’est construit en un siècle ne peut être supprimé aussi simplement : il faudrait pour cela un véritable travail de déconstruction. Or, aujourd’hui, non seulement ce travail de déconstruction n’est pas à l’ordre du jour, mais le risque est plutôt, avec le retour de l’éducation civique – et désormais de la morale – à l’école primaire, puis au collège et au lycée, de voir réapparaître, sous couvert de "civisme" et de "laïcité", un catéchisme républicain qui n’apprend qu’à obéir et mépriser.


Ben, mes aieux :roll: :roll:


source
tristesir

Message par tristesir »

"Je n’irai, plus tard, ni au café perdre ma santé, ni aux courses perdre mon argent, ni au cinéma perdre mon temps à voir des films policiers dont les héros sont des voleurs et des assassins (...)"
Si on enseigne cette morale, les cafetiers et le PMU vont être furieux. 8)
En outre, s'il veut mettre sur la paille les médecins et surtout les laboratoires pharmaceutiques il va recueillir beaucoup d'inimitié 8)

Et l'auteur de cette phrase a semble t'il, une très mauvaise image de la police car dans un film policier, il y'a aussi des...policiers 8)


Quand j'étais enfant ce qu'on m'enseignait:
-Ne pas dépenser son argent de façon mal à propos
-Ne pas avoir de dettes (qui paye ses dettes s'enrichit !)

Mais il est bien connu qu'appliquer ces principes engendre un comportement qui est nuisible à la <<croissance économique>>.

Un bon citoyen est celui qui dépense beaucoup et qui est criblé de dettes
(Il faut qu'il puisse rembourser bien sûr, mais s'il le fait sur des années, pas de soucis, il engraisse les banques grâce aux intérêts)
maguy

Message par maguy »

J'avais lu l'été dernier "le tour de France de deux enfants", tout emprunt de bons sentiments, de bondieuseries :?

Le côté éducatif était mis en exergue par le fait que les enfants traversent toute la France, découvrent des paysages, végétations et faunes divers et que les gens qui les accueillent leur expliquent leurs différents métiers.

C'était plutôt pas mal fait, mais un chapitre m'a fait sursauter. Ils arrivent chez un explorateur qui est allé partout. Après les dessins d'animaux exotiques, il y a un autre dessin montrant les trois types principaux d'humains, et décrivant leurs différences apparentes. Et ensuite, je lis "que la race blanche est la plus parfaite" car blabla... :roll:

Un livre pour enfants que l'on peut encore trouver dans les bibliothèques ou que l'on a hérité de ses grands-parents !

Ma mère m'a donné récemment un prix d'une de ses soeurs ainées (oui, j'ai aussi connu, pour les meilleurs élèves un livre joliment enrubanné que l'on reçoit sur l'estrade :lol: )

Il date de 1937 et s'intitule "la parfaite ménagère" oups :lol:

Titres des chapitres :
- l'habitation
-l'alimentation
-vêtements et linge
- hygiène et soins
-économie ménagère
- les usages, réceptions et fêtes

C'est carrément un livre sur les codes et usages de l'époque, les femmes à leur place, dans leur cuisine et le plumeau à la main. Mais il ne manque pas de conseils de pur bon sens que l'on a souvent oubliés aujourd'hui.

Je n'ai pas tout lu, mais je suis sûre qu'il y a un chapitre sur ce que l'on porter pour aller à la messe :lol:
foufouille

Message par foufouille »

les changement seront mineur. juste une reformulation a la sauce moderne
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