décrochage du Smic ? Millions / milliards

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Modérateurs : superuser, Yves

lionel.a

décrochage du Smic ? Millions / milliards

Message par lionel.a »

Bonjour,
Sans vouloir raviver de nombreux débats, cette nouvelle d'une possible non indexation du smic sur le coût de la vie a des arguments surprenants :
Un Smic « trop élevé » [...] coûterait cher en allégements de charges accordées aux entreprises (20 millions d'euros par an).
(source Ouest France)


Millions, milliards, on ne sait plus comparer.
Eh ! Pourtant, c'est simple : quand c'est le paquet fiscal (15), c'est en "milliards", quand ça coûte aux entreprises (20), c'est en millions.

Pendant 1000 ans, on pourrait appliquer cet "allègement de charge qui coûte cher aux entreprises" pour atteindre le montant accordé par le gouvernement en seulement un an au titre du paquet fiscal...

--lionel
superuser
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Message par superuser »

Ouest-France se plante grave : ce n'est pas 20 millions mais bien 20 milliards d'euros par an (lire par exemple ici)

Le total des allègements et exonérations de "charges" pour 2008 a été budgetisé à 32 milliards : LIRE ICI…

Et, chaque année, c'est quelque 60 milliards d'euros d'aides publiques diverses et variées que l'Etat verse aux entreprises : LIRE LÀ…
tristesir

Message par tristesir »

Avec l'inflation qui explose le SMIC devrait augmenter au mois de mai.
Sur une certaine radio d'information, l'annonce de l'augmentation du SMIC était annoncée comme si c'était une grande nouvelle, un grand cadeau qu'on faisait aux employés au SMIC, 21 euros supplémentaire parait il !

Ils avaient beau expliquer juste quelques minutes avant que l'inflation sur un an était supérieure à 3% et que le SMIC allait être augmenté lui d'un peu plus de 2% mais il y'avait ce ton triomphant dans la voix du journaliste qui annonçait la nouvelle.

Mais j'attends encore l'explication sur le fait que si l'inflation est plus forte que l'augmentation du SMIC, le salarié au SMIC voit à terme son pouvoir d'achat (le pouvoir d'achat de son maigre salaire plus précisément) baisser et non pas augmenter.

Est-ce encore possible de trouver un journaliste qui fait correctement son travail?
maguy

Message par maguy »

Est-ce encore possible de trouver un journaliste qui fait correctement son travail?
Peut-être le journaliste payé au SMIC :P
lionel.a

Message par lionel.a »

:D (Maguy.)

Merci pour la correction millions/milliards. Mea culpa, mais ça montre qu'à mille fois près, on n'a pas de vraie notion de ce que sont les grands chiffres... [c'est très très grave]
(là encore débat maintes fois ressassé)

Au passage, bonne chance à Martin Hirsch pour dépasser les centaines de millions d'euros
maguy

Le SMIC à la trappe ?

Message par maguy »

Un rapport officiel veut casser le salaire minimum

Dans un rapport que le Conseil d’analyse économique n’a pas encore publié, mais que l’on peut télécharger sur le site de Mediapart, trois économistes, Pierre Cahuc, Gilbert Cette et André Zylberberg, recommandent au gouvernement de remettre en cause les règles d’indexation du salaire minimum.

C’est la charge la plus violente qui ait jamais été menée contre le Smic. Dans un rapport, encore confidentiel, dont Mediapart a obtenu une copie dans une version préliminaire en date du 18 mars (document PDF de 1 Mo que l’on peut télécharger), trois économistes siégeant au Conseil d’analyse économique (CAE), Pierre Cahuc (chargé de mission au Crest-Insee et professeur à l’Ecole Polytechnique), Gilbert Cette (économiste à la Banque de France) et André Zylberberg (directeur de recherche au CNRS) proposent de modifier radicalement les règles actuelles d’indexation du salaire minimum.

Intitulée « Smic, revenu minimum et coût du travail : quelle articulation pour combiner justice sociale, incitation au travail et compétitivité ? », cette étude risque d’attiser une vive controverse, qui couve déjà depuis que le gouvernement a lui-même fait savoir, en décembre 2007, qu’il réfléchissait à modifier les règles actuelles du jeu et qu’il était demandeur de suggestions.

En se saisissant de ce dossier, les membres du CAE (une assemblée d’une trentaine d’économistes de différentes sensibilités, chargée d’éclairer le Premier ministre sur les grandes questions économiques) savaient, certes, qu’ils avançaient en terrain politiquement sensible.

Des débats qui ont eu lieu, le 18 mars, dans cette enceinte autour du rapport des trois économistes, rien n’a filtré dans la presse. Et des consignes très strictes ont été données à tous les membres du CAE pour qu’ils ne diffusent pas le fameux document. Une fois qu’on l’a lu, on comprend mieux pourquoi : sur le fond, ce rapport se distingue par sa radicalité.

Tout au long de leur étude (85 pages), les auteurs multiplient les critiques contre le salaire minimum. Estimant qu’il « couvre en France une proportion de salariés plus importante que dans les autres pays de l’OCDE » et déplorant qu’il soit « fixé par voie légale, de manière uniforme », ils font ce constat central : « Le salaire minimum n’est pas un instrument efficace de lutte contre les inégalités. »

« L’idée selon laquelle le salaire minimum réduit les inégalités à un coût moindre pour la société que des politiques fiscales distributives (qui prélèvent des impôts et versent des prestations sociales) est erronée. En réalité, la politique du salaire minimum légal uniforme et élevé comprime la distribution des salaires et contribue à réduire le dialogue social, sans grande efficacité pour lutter contre la pauvreté », écrivent-ils.

De ce constat, qui ne manquera sans doute pas d’être discuté et récusé par d’autres chercheurs, les trois économistes tirent des propositions, elles aussi, radicales. D’abord, ils reprennent à leur compte une proposition déjà formulée le 6 février 2008 par le Conseil d’orientation pour l’emploi (un autre organisme consultatif regroupant des experts, mais aussi les partenaires sociaux) visant à la création d’une commission d’experts indépendants chargée de suivre les évolutions du salaire minimum et de faire des recommandations à la puissance publique.

Mais les trois économistes vont beaucoup plus loin. Ils suggèrent de modifier les règles d’indexation. Actuellement, l’obligation légale est que le salaire minimum soit revalorisé au 1er juillet de chaque année du montant de l’inflation, plus de la moitié des gains de pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier (SHBO). Le gouvernement a par ailleurs la faculté d’accroître un peu cette revalorisation (par exemple en prenant en compte non pas 50% mais 100% du SHBO) : c’est ce que l’on appelle communément un « coup de pouce ».

Clin d’œil de l’histoire : si ce rapport sur le SMIC peut être très favorablement accueilli par le patronat et les milieux de droite les plus libéraux, il n’en a pas moins été co-rédigé par un économiste de la Banque de France, Gilbert Cette, réputé de gauche, qui a aussi été l’un des experts consultés par Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle.

Reste une inconnue – et elle est de taille : quelle suite le gouvernement voudra-t-il donner à ces recommandations ?

Officiellement, donc rien est tranché. Et puisque la loi veut que le Smic soit revalorisé sans attendre le rendez-vous habituel du 1er juillet dès que l’inflation atteint 2% depuis la précédente revalorisation. Mais peut-être s’agira-t-il de la dernière revalorisation du Smic suivant les règles anciennes d’indexation !



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