C'est semble-t-il une ultime tentative de normalisation, de lissage, d'atténuation de la moindre aspérité pour, comme dans un ultime effort désespéré, rendre les exclus du marché de l'emploi conformes à un standard, y compris et surtout dans leur apparence. C'est un jeu de faux semblants. Il faut faire semblant pour pouvoir aller s'abreuver au mirage du retour à l'emploi. C'est faire comme "si". C'est enfantin. "Et alors, tu te déguiserais en super wonder woman, et on dirait que je serais la coiffeuse, et après tu ferais l'esthéticienne, et on dirait que tu aurais un rendez vous avec Big Boss, que quand il te verrait, il tirerait une langue jusqu'au sol, et qu'il te signerait immédiatement un contrat et qu'il te couvrirait de pognon".superuser a écrit : Jusqu'au bout et tout le temps, on te fait chier avec des conneries. La tyrannie de la mode, la tyrannie des apparences, la tyrannie des convenances, n'importe quelle contrainte/lubie sociétale fait l'affaire : ce qui compte, c'est de foutre la pression à tout le monde, que chacun ait au dessus de la tête sa petite épée de Damoclès, ce petit inconfort, cette petite incertitude qui te fait douter de toi de manière contre-productive.
Ça pourrait être drôle, si c'était pour de rire.
Ce qui est vrai, c'est que l'on va jusqu'à atteindre le dernier rempart, le moi-peau, jusqu'à vouloir le modeler.
J'ai aimé le mot "tyrannie", que vous avez employé. Il me parait juste. Je ne nie pas qu'il y a certainement des personnes qui lentement, insidieusement, ont renoncé à prendre soin d'elles-mêmes. Là, dans ces séances de relooking, c'est le fin fond de l'exploitation de la détresse. Un ou une amie attentionnée, avec chaleur et adresse, peut redonner du baume au cœur au moins aussi efficacement, avec bienveillance et générosité.
L'écueil majeur de ce type d'initiative c'est encore et toujours renforcer la culpabilité individuelle: c'est de votre faute, c'est vous le problème. Et naturellement, les réalités économiques et sociales n'y sont pour rien. C'est un grand classique, joué et rejoué. Et l'on continue! Hélas. C'est bien triste. Il y a malheureusement toujours des gens qui tomberont dans la trappe. Et ce, des deux côtés du guichet. Les relookeuses ont très certainement le sentiment de faire une bonne action, au service des autres. Et la roue tourne, et les hamsters pédalent.