Le mythe du faux malade

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Modérateurs : superuser, Yves

maguy

Le mythe du faux malade

Message par maguy »

Encore des tire aux flans :roll:

Une disposition dont je n'avais pas entendue parler.

Vu sur Politis

Extrait

Elle est pourtant d’une grande simplicité : à ce jour, quand un employeur complète le salaire d’un de ses employés en arrêt maladie, il peut le faire contrôler par un médecin de son choix. En fait, il sous-traite avec une entreprise de médecins contrôleurs. Si le médecin juge que l’arrêt est injustifié, l’employeur ne complète pas le salaire, et le salarié passe pour un tire-au-flanc. L’assurance-maladie est seule habilitée à suspendre les indemnités journalières. Il existe une possibilité pour l’assuré de contester la décision, et le médecin qui a établi l’arrêt maladie peut être sollicité pour avis.

Avec le nouveau dispositif, ce médecin contrôleur désigné par le patron pourra suspendre la totalité des indemnités journalières


Ha-llu-ci-nant :evil:
Pili

Message par Pili »

Bonjour,

Dans la même veine, ce qui se trâme en allemage
"Des médecins sont amenés à signaler des malades qui “portent la responsabilité de leur maladie“. Les dessous de l'allemagne

:arrow: Petit commentaire pour Diety, c'est déjà à priori en route en France
maguy

Message par maguy »

Je me souviens qu'il y a une vingtaine d'années en Allemagne, un ministre avait déjà proposé une "surtaxe" pour les gens trop gros...

Comme je crois que c'était à l'époque le gros chou qui était chancelier (Kohl) c'était risible. :lol: L'idée avant été abandonnée.

Déjà qu'on nous demande pour une mutuelle la taille et le poids en France, c'est limite.

Alors résumons : on ne peut plus manger (OGM et autres m... de conservateurs) plus boire (trop de sucres dans les sodas, alcool) plus faire de sports (dangers de blessures ou de handicap) on ne peut plus fumer, on ne peut plus b...r (risques de MST)

Alors poussons le résonnement à l'absurde, mesdames arrêtez de faire des bébés, il y a toujours un risque à l'accouchement ou pendant la grossesse.

Ne sortez pas par temps de gel, de neige ou de pluie, ça glisse.

Et surtout arrêtez de bosser, cela entraine des accidents du travail, du stress. :P

Ah, oui, aussi arrêtons de faire le ménage ou la cuisine, la plupart des accidents arrivent à la maison, pfffffffff :evil:
maguy

Message par maguy »

Je voulais rajouter une chose concernant l'article que Pili a mis en ligne, allez lire les commentaires, très très bons, qui développent la théorie du bouc émissaire.

Z'ont pas de trolls, les veinards :wink:
tristesir

Message par tristesir »

Les trolls sont une mesure indirecte du nombre de gens qui fréquentent un site 8)

Dans la masse de gens qui fréquente Actu' , il y'a forcément des petits rigolos pas drôles qui ont envie de vomir leur haine (leur patron ou leur conjoint leur feraient ils des misères?)
tristesir

Message par tristesir »

Effectivement le commentaire qui suit l'article mis en lien est passionnant:

.../...J’aimerais évoquer ici les travaux de l’anthropologue René Girard. Il a particulièrement publié sur le thème du bouc émissaire. Je ne peux exposer ici toute sa théorie, mais j’aimerais, de manière résumée, exposer certains éléments à mon avis tout à fait éclairants pour ce qui se passe ici.

Toute société, en période de crise, se replie sur un “mécanisme de défense” stéréotypé, le bouc émissaire. Ce repli n’est pas fatal, mais il est le “mode de défense” le plus facile. Mode de défense contre quoi ?

Toute société a une tendance à “fonctionner” autour d’une image qu’elle a d’elle-même, image idéalisée et qui ne correspond pas à la réalité. Cette image idéalisée construit les représentations des individus qui la composent. ces représentations sont, en quelque sorte, le “reflet” des structures de cette société. Tout cela semble peut-être abstrait, je vais donc donner un exemple…

Dans nos sociétés occidentale, par exemple, le travail est devenu une valeur cardinale. Selon la morale sociale la plus répandue, tout le monde doit travailler, et ceux qui ne le font pas sont blâmables.

Or,nos sociétés ne fournissent plus de postes de travail en nombre suffisant pour tous. Il y a donc une contradiction entre la représentation conformiste de la société et la réalité objective.

Dès lors, il y a fondamentalement deux façons de régler ce décalage entre les représentations et la réalité. La façon qui semble la plus évidente consiste à constater que les cadres sociaux
sont inaptes à produire ce qu’ils prétendent réaliser, donc qu’il faut réformer les représentations (les chômeurs ne sont pas des fainéants, c’est la société qui est injuste - selon ses propres normes-, ce qui est prouvé par le fait qu’il y a des millions de personnes touchées par le sous-emploi, ce qui exclut les causes individuelles).

Mais en fait, c’est l’autre façon de régler la contradiction qui est, pour l’esprit humain, la plus facile. cette autre façon consiste à nier le problème social pour le rejeter sur des individus tenus pour responsables, les boucs émissaires. Cela donne ce discours : (je reprends l’exemple du chômage) “Si les chômeurs n’étaient pas des fainéants, ils trouveraient du boulot”.

Cette pensée, que je nommerai “conformiste” (car elle présuppose d’office que ses représentations sont conformes à la réalité objective, sans accepter de les critiquer), congédie toute contradiction grâce à trois dispositifs rhétoriques, tous aisément repérables :
- Un; le sophisme. Une affirmation (A) s’appuie sur une affirmation (B) qui, à son tour, s’appuie sur (A), ce qui clôt le raisonnement et permet de résoudre toutes les contradictions. Exemples:
Discours de l’”employabilité” : “On est employable (A), la preuve, on a un emploi (B), et on a cet emploi car on est employable (A)”.
Proverbe typiquement conformiste, qui est un peu la “matrice” de ce type de discours :
“Quand on veut (A), on peut (B)”. Ce qui peut bien sûr donner « On est malade (A) parce qu’on l’a bien cherché (B) ».
- Figure deux, la fausse dialectique. Derrière ces grands mots se cache une structure de discours relativement simple. Un discours est tenu sur le monde, mettons celui-ci : “Si on punit plus sévèrement les délinquants, il y aura moins de violences”. Or, la réalité contredit ce discours (depuis 5 ans qu’on applique en France des politiques répressives, les actes violents augmentent de façon inédite dans l’histoire des statistiques de délinquance). La contradiction sera résolue en l’imputant à un obstacle qui sera franchi si on va encore plus loin dans la logique, ce qui donne ce discours : “Si la politique répressive n’a que des mauvais résultats, c’est parce qu’on a pas encore été assez répressif. Quand on le sera pleinement, elle marchera bien”. Evidemment, cette structure de discours permet, là encore, d’avoir toujours raison (c’est précisément le sens de toute pensée conformiste).
-Figure trois, l’appel à la “nature” du bouc émissaire. Un individu, ou un groupe d’individus, est déclaré responsable d’un phénomène social, et sa responsabilité est la conséquence d’une “nature” qui lui est propre. Exemple : “Ceux qui n’ont pas de boulot sont des fainéants”. La société est juste, sans ces brebis galeuses, le problème du sous-emploi n’existerait pas. Dans le discours sur la délinquance, cette nature est “attestée” par le fait que le criminel soit un “récidiviste”. Si on analyse jusqu’au bout, s’il récidive, c’est précisément que la punition ne l’a pas dissuadé ou amendé, donc que le discours sécuritaire avoue son échec. Mais justement, la désignation d’un bouc émissaire permet d’éviter la contradiction : si des personnages naturellement mauvais n’existaient pas, la politique sécuritaire serait efficace.

Tout discours conformiste repose sur ces 3 formes stéréotypées de discours, qui sont facilement repérables.

Le bouc émissaire permet donc d’expliquer toutes les contradictions
des représentations conformistes, en désignant des causes, des coupables, à ces contradictions.

Or, les coupables désignés sont en général porteurs de stigmates, ils ont une particularité physique ou sociale qui en fait des marginaux. Dans le cas décrit ici, il est absolument passionnant (et en rien lié au hasard) que les “malades responsables” désignés en premier lieu soient ceux qui portent un piercing.

Le “piercing” cristallise l’angoisse des représentations conformiste à mon avis pour deux raisons :
-un, il est un stigmate physique qui inquiète et désigne à la vindicte (car l’esprit conformiste est en quête de la moindre différence qui permette de désigner des coupables à tous les maux)
- deux, il concerne la frontière entre le “dedans” et le “dehors” qui est précisément celle qui angoisse le plus les représentations conformistes. Le piercing est fantasmatiquement un corps étranger qui pénètre “à l’intérieur” du corps tout comme tout problème social est une sorte d’”impureté” qui s’introduit dans le corps social pour le menacer.

Je terminerai cette tentative d’éclaircissement (...)
(lisez la suite en suivant le lien)
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