"Complément d'enquête" recherche…

[Yves]

Slt,

L'émission Complément d'Enquête (France2) recherche des témoignages de Chômeuses et Chômeurs qui, au fil des années, ont appris malgré eux à gérer la crise, la précarité, les incertitudes…

En fait, la démarche de la journaliste qui nous a contactés me semble très intéressante.

Elle veut expliquer comment on passe de la révolte (d'être au chômage, de ne pas trouver de travail…), à la gestion d'une crise (pénurie de moyens et de perspectives) dont on sait qu'on ne sortira pas ou alors pas avant des années.

Un sentiment que bcp partagent ici sur Actuchomage.

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Il n'y a aucune urgence (pour une fois).

Cette Journaliste travaille sur un sujet de fond, avec du temps devant elle. Elle élabore petit à petit son sujet et, sans doute, s'inspirera-t-elle de nos réflexions et témoignages… 

Le but n'est pas de montrer la galère au quotidien (pour se loger, pour se nourrir…) mais de s'intéresser à cette vague de fond qui fait passer des milliers, des centaines de milliers d'individus, de l'espérance à la résignation face à une situation qui, pour bcp d'entre nous, a peu de chances d'évoluer dans le bon sens.

Face à cette impasse, comment envisager l'avenir ?

Si vous êtes intéressés, contactez-moi. Je vous mettrai en relation avec la journaliste :

Yves - Un animateur du site
contact@actuchomage.org

[faribole]

je dirais : méfiance.

j'ai une amie qui a bossé pour cette émission.
Journaliste très sympas, ouverts, avenants, et résultat déplorable en matière de contenu journalistique.
Emission racoleuse, raccourcis incessants, propos tronqués.

je ne dis pas que ce sera forcément le cas cette fois !
mais ça l'a été dans un passé récent. Semblerait que la censure finale édulcore, au mieux, ratiboise le plus souvent, le propos.

[Invité]

Le problème avec les journalistes c'est qu'on ne sait jamais ce qu'ils vont conserver de l'enregistrement, et qu'on n'est pas convié à donner son avis avant la projection.
Du coup en effet ils peuvent faire passer un tout autre message que celui que l'on croyait faire passer.

[octus]

Après 30 ans de chômage de masse , il y a encore des reportages a faire ?? Des choses à découvrir ?
Moi j'invite un journaliste a vivre quelques mois avec le rmi , une sorte de "vis ma vie" ou de telerealité

[maguy]

Le but n'est pas de montrer la galère au quotidien (pour se loger, pour se nourrir…) mais de s'intéresser à cette vague de fond qui fait passer des milliers, des centaines de milliers d'individus, de l'espérance à la résignation face à une situation qui, pour bcp d'entre nous, a peu de chances d'évoluer dans le bon sens.

Ca me gêne un peu.

Qu'on se passe de pathos me va bien. Mais qu'en est-il de ce reportage ? Montrer au bon peuple que des centaines de milliers de personnes (sans compter les familles) ont perdu tout espoir et se résignent à être des assistés ?

Moi j'invite un journaliste a vivre quelques mois avec le rmi

Justement Octus, ce n'est pas le propos, d'ailleurs on en a vu suffisamment de ces reportages bidonnés, où le chômeur est forcément crade, dans un intérieur pas soigné, s'exprime mal, etc

On peut s'être résigné à vivre de presque rien, mais on peut aussi conserver sa colère intacte.

Naan, il y a un truc qui m'échappe, je sens le plan un peu vicieux justement en période pré-électorale.

[Yves]

Le thème du "Complément d'Enquête" en cours de conception est "les précarités", si j'ai bien compris, avec un volet spécialement dédié à l'enracinement et à l'amplification de cette précarisation (dans les grandes lignes).

Après, comme d'habitude, il faut se méfier, rester vigilant, car les journalistes ceci et la télévision cela… 

On est d'accord et nous avons cessé, ici, de jouer "l'agence de casting" pour Journalistes en quête de témoignages de Chômeuses et Chômeurs, alors que nous sommes très régulièrement sollicités.

Aujourd'hui, ce n'est pas le même contexte. Généralement nous sommes sollicités pour répondre à l'urgence d'un JT de 20h00 sur l'augmentation des chiffres du chômage.

Là, la nana a l'air de vouloir construire un sujet à partir d'un ressenti collectif. Un peu comme ce à quoi nous avons participé pour France5 : la série de reportages (très réussis) sur les Maladies du Chômage.

Car, non !, tous les journalistes ne salopent pas le boulot. Il nous est arrivé parfois d'apprécier le résultat (même si c'est de plus en plus rare).

Comme d'habitude, nous on fait passer le message. Les intéressé-E-s me contactent. Les "plus que réservés" s'abstiendront.

La démarche m'apparaît intéressante car la journaliste en est au stade de la réflexion.

À l'heure où je vous écris, elle ne cherche pas (encore) à faire témoigner devant la caméra.

Juste à discuter… 

[plouculot]

c'est pas les chomeurs qui manquent,j'apporterais un bémol,dans les grandes aglomérations les chomeurs sont anonymes,nous en province on est montré du doigt,pourtant on aimeraient bien crier notre haine de ce systéme qui privilégie les élites et leurs progénitures pour les emplois.réchauffer la soupe des difficultées des chomeurs humiliés,je trouve ca critiquable,il faudrait mieux faire une enquéte sur la distribution des emplois disponibles et inaccessible pour le chomeur lambda,faire pleurer des larmes de crocodile sur la situation des chomeurs c'est facile !

[maguy]

ans les grandes aglomérations les chomeurs sont anonymes,nous en province on est montré du doigt,pourtant on aimeraient bien crier notre haine de ce systéme

On a toujours l'impression que c'est plus facile pour "les autres" que l'herbe est plus verte ailleurs. C'est bien entendu une erreur.
Même en ville, il y a la famille, les voisins, les institutions qui ne nous loupent pas non plus. D'ailleurs, ceux qui me montraient du doigt ont cessé depuis longtemps. N'oublie pas les loyers très chers pour des "revenus" identiques et l'impossibilité d'aller au maraicher du coin, etc.

J'ai encore récemment remis les pendules à l'heure auprès d'une (jeune) retraitée qui ne comprenait rien à ces "chômeurs professionnels". Je l'ai fait gentiment, patiemment (ça m'arrive) et lui ai rappelé qu'elle faisait partie des "privilégiés" et lui demandaient en quoi les autres avaient démérité et devaient travailler jusqu'à au moins 62 ans pour avoir une retraite amputée, quand ils sont virés à 40 ans.

Et encore, on parle de boulots dans un bureau chauffé, pas des gens du BTP par exemple qui sont complètement cassés.

avec un volet spécialement dédié à l'enracinement et à l'amplification de cette précarisation (dans les grandes lignes).

On s'enracine dans la précarisation car on n'a pas le choix, autant le faire le moins mal possible pour préserver au moins notre toit sur la tête, oui c'est parfois trivial le chômage de longue durée.
On sait tous ici que l'amplification est voulue afin de maintenir de façon constante une épée de Damoclès sur la tête du salarié qui aurait l'idée saugrenue de vouloir protester.

[tristesir]

nous en province on est montré du doigt

Vous n'êtes pas encore montré du bout du fusil?

[Yves]

Suite… 

Le phénomène "d'enracinement de la précarité" s'accentue.

C'est peut-être le principal enseignement que nous pouvons tirer de 8 ans d'actions militantes sur Internet, et plus particulièrement sur ces forums (qui comptent plus de 4.000 inscrits même si peu d'entre eux s'y expriment).

Dans les années 2003, 2004, 2005, on sentait (lisait) beaucoup de révolte de la part des personnes frappées par le chômage qu'elles espéraient à "durée déterminée".

Nombre de nos Ami-E-s sont passés du CDD (Chômage à durée déterminée) au CDI (Chômage à durée indéterminée).

En 2006, 2007, 2008, l'expression de la révolte s'est estompée. Les forumeurs d'Actuchomage ont surtout échangé sur leurs conditions de vie, sur la façon de se la simplifier (autant que possible), sur les tracasseries du quotidien… 

À partir de 2008, bcp se sont dits qu'ils étaient installés dans une "crise" durable. Certains pensent aujourd'hui qu'ils ne sortiront plus de la précarité, les années passant et la situation étant ce qu'elle est.

Nombre d'entre nous sont donc passés de la Révolte à la "Gestion" de leur précarité (difficultés). Même si au fond d'eux, ils restent profondément révoltés.

Cette démonstration est sans doute trop schématique, trop réductrice. Cependant, les commentaires postés sur les articles publiés et les centaines d'interventions déposées sur nos forums constituent un bon baromètre de l'état d'esprit de nos lectrices et lecteurs. Incontestablement.

Le contenu des interventions a évolué et cette évolution confirme l'enracinement dans la précarité dans les modes de vie et dans les esprits.

Il y a encore pas si longtemps, bcp pensaient qu'ils avaient encore la possibilité de voir leur situation évoluer (favorablement). Aujourd'hui, pour bcp, c'est compromis, définitivement compromis plus on avance en âge.

C'est ce phénomène qui est - malheureusement - intéressant à évaluer.

Certes, ici, il touche - dirons-nous - les plus de 40/45 ans (qui constituent la majorité de nos lecteurs).

Mais ailleurs, notamment dans la mouvance des Indigné-E-s, ce sont les 20/30 ans qui expriment le même ressenti : l'absence de perspectives.

La Révolte est toujours là (chez les expérimentés et chez les jeunes), mais c'est l'impuissance qui domine.

C'est l'impuissance qui l'emporte. Et ce phénomène est très inquiétant.

[octus]

Pour beaucoup ce serait une émission comme "rendez vous en terre inconnue" , venir partager une boite de conserve avec une tranche de pain de mie..
Non plus sérieusement , les emissions tv sur la précarité c'est très souvent des gens qui vivent en pavillon et qui ont 2000 à 3000 euros par mois et qui s'en sortent pas , moi je pourrais leur donner de précieux conseils !!
J'ai même écouté chez bourdin sur rmc des personnes qui venaient se plaindre qu'ils n'y arrivaient pas avec 6000 euros/ mois , ça a duré 1 heure , je me suis demandé si c'était pas une émission gag !!

[maguy]

les emissions tv sur la précarité c'est très souvent des gens qui vivent en pavillon et qui ont 2000 à 3000 euros par mois et qui s'en sortent pas

Oui, cela existe aussi, mais le peu que j'ai eu la patience de regarder montrait surtout des gens vraiment incultes, crades, s'exprimant mal etc, bref le genre d'image que le brave travailleur s'attend à trouver chez un pauvre, ou un plus pauvre que lui, histoire de lui dire que lui "est mieux", puisque c'est un travailleur.

Les émissions sont surtout faites (ou contrefaites) pour plaire au plus grand nombre, pas pour leur donner à réfléchir.

[superuser]

Elle veut expliquer comment on passe de la révolte (d'être au chômage, de ne pas trouver de travail…) à la gestion d'une crise (pénurie de moyens et de perspectives) dont on sait qu'on ne sortira pas ou alors pas avant des années.

La gestion de crise n'éteint pas la révolte.

Le but n'est pas de montrer la galère au quotidien (pour se loger, pour se nourrir…) mais de s'intéresser à cette vague de fond qui fait passer des milliers, des centaines de milliers d'individus, de l'espérance à la résignation face à une situation qui, pour bcp d'entre nous, a peu de chances d'évoluer dans le bon sens.

Si elle cherche des résignés ici, elle se trompe d'adresse.

[maguy]

Si elle cherche des résignés ici, elle se trompe d'adresse.

Je suis un peu mal à l'aise avec ce qu'elle veut préparer comme émission (ou ce que j'en comprends), j'ai l'impression qu'elle cherche des résignés à l'assistanat, histoire de conforter certaines idées circulant librement à l'heure actuelle.

[carl]

A propos de résignés, un bon article intitulé : « Il y a longtemps qu’on n’espère plus

http://yahoo.bondyblog.fr/201111220127/ ... us-%c2%bb/