Un discours "syndical" qui restera dans les annales

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superuser
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Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par superuser »

Visez un peu le discours prononcé mercredi 2 novembre par Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES (Confédération européenne des syndicats), devant le Président Sarkozy lors de la réunion de travail avec les représentants syndicaux du "Labour 20" ou L20, dans le cadre de la préparation du G20 à l'Elysée :


« Monsieur le Président,

Nous espérons que l’Europe pèsera de tout son poids dans le G20. La synchronisation des politiques d’austérité n’est cependant pas un bon exemple à donner au monde.

Je suis en contact permanent avec les syndicats grecs; ils me demandent de répéter que le régime imposé à la Grèce a mené à la récession et au chaos. Il faut en tirer les leçons. Il y a un prix à payer pour un programme tel que celui imposé à la Grèce. Si le gouvernement grec appelle à un referendum, nous respectons bien sûr, sa décision. Tout cela nous conforte dans l’idée qu’il faut une autre politique qui relance la croissance et l’emploi. Nous avons demandé un nouveau plan Marshall s’appuyant sur une solidarité économique au sein de l’UE, avec, par exemple l’émission d’euro-obligations.

Malheureusement, les spéculateurs de tout bord encouragent l’instabilité et en retirent des masses d’argent. Ils défient la démocratie et éludent l’impôt. En même temps les inégalités de revenus augmentent. Les salaires des travailleurs européens sont à la baisse. Les salaires sont le moteur de l’économie. Ce moteur cale.

Si les Traités devaient être revus, la CES inclinerait, comme elle l’a toujours fait, en faveur de l’Europe et contre un retour au nombrilisme national.
Mais notre soutien ne peut être considéré comme inconditionnel. L’Europe que nous voulons est faite de solidarité et de progrès social.

Nous sommes opposés au protectionnisme. Nous ne voulons pas d’une répétition des années 1930. Nous nous inquiétons d’en être aujourd’hui réduits à quémander. Si les perspectives avancées par le dernier sommet sont mises en place la Chine pourrait être un partenaire pour apporter des fonds supplémentaires. Mais, en matière monétaire comme commerciale, un vrai dialogue ne peut pas se construire sur de fausses bases : le G20 doit demander que les autorités chinoises – comme d’ailleurs celles d’autres pays - appliquent des normes de travail décentes pour pouvoir prétendre au statut d’économie de marché. Les autorités chinoises doivent également accepter de mettre en question le problème que leur politique monétaire pose à l’équilibre des échanges.

Le communiqué du Conseil européen du 20 octobre annonce que "la dimension sociale de la mondialisation doit être renforcée". C’est bien. Nous souhaiterions entendre des propositions plus concrètes et être consultés à ce sujet.

Nous devons aussi penser à nous-mêmes. La CES est extrêmement inquiète des attaques contre les droits syndicaux en Europe, menées par la Troïka dans les pays en difficulté comme la Grèce et l’Italie, mais aussi par des gouvernements opportunistes en dehors de la zone euro, comme en Hongrie, en République tchèque et en Slovaquie, qui détruisent les droits syndicaux, mettent à mal les structures de négociations collectives et tournent en ridicule le dialogue social. Ce n’est pas au G20 de débattre de nos problèmes internes. Nous laverons notre linge sale en famille mais il est clair que nous ne renoncerons pas.

Je conclus sur deux notes positives.

Nous représentons toujours le plus grand marché au monde. Nombreux sont ceux qui veulent investir ici et profiter de notre marché. Pour progresser il faut investir dans formation et renforcer les efforts en matière de recherche et développement. Nous saluons le fait que la Commission a inscrit la taxe sur les transactions financières à l’agenda européen, sans attendre une improbable harmonie internationale.

Et nous vous sommes reconnaissants pour votre soutien et celui de la chancelière Merkel. Il y a bien entendu des questions spécifiques à résoudre, notamment les taux différenciés avancés pour les transactions "ordinaires" par rapport à ceux des produits dérivés et celle l’utilisation des revenus. Nous y reviendrons. Dans le cadre du G20, nous vous demandons instamment d’insister sur cette question. Et je pense pouvoir dire que tous les collègues autour de cette table seront avec vous à ce sujet. »

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Des réactions :

http://www.politique-actu.com/debat/la- ... on/318988/

http://canaille-le-rouge.over-blog.com/ ... 06690.html
plouculot

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par plouculot »

le discours ,c'est bien la réalité c'est que les salariés ne veulent plus etre syndiqués les syndicats francais ne sont absolument pas représentatif contrairement à certains pays.je rappelle la déduction pour etre encarté dans un syndicat : 66 % des cotisations annuelles versées.
Toutefois, ce total ne peut pas dépasser 1 % de votre revenu brut imposable relevant de la catégorie des traitements, salaires, pensions et rentes viagères à titre gratuit.
la gauche au pouvoir aurait pu porter ce montant à 100 % des cotisations annuelles versées.elle n'a rien fait !

l'impuissance des syndicats francais est démontrée pour le passage de la retraite à 62 et 67 ans par un gouvernement de droite !
Leila

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par Leila »

Les syndicats, j'ai perdu confiance.
Il y a quelques mois, lorsque j'ai eu un souci avec un employeur, j'ai contacté 3 syndicats par mail en exposant ma situation, 1 seul m'a répondu.
Pour les autres, apparemment , on ne donne de conseils que si l'on a versé son obole avant.
Il y a plus de 10 ans de ça, j'avais juste eu à contacter 1 syndicat qui m'avait donné de bons conseils que j'ai appliqué, j'ai ensuite versé ma cotisation sans qu'aucune demande de leur part n'est été faite. J'ai conservé mon adhésion à ce même syndicat les années suivantes , toute la durée du temps où je suis restée dans l'organisme qui m'employait alors.
Dernière modification par Leila le 04 nov. 2011, modifié 1 fois.
maguy

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par maguy »

Pour les autres apparemment , on ne donne de conseil que si l'on a versé son obole avant.
Pour la CGC je confirme et cela date d'une quinzaine d'années.

En fait, en cas de problème avec un employeur, il faut contacter un conseiller syndical (CGT est pas mal) qui figure sur les listes officielles affichées la mairie du lieu de travail. Normalement, il vous conseille et vous accompagne au besoin gratuitement.
tristesir

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par tristesir »

Je ne vois pas ce que vous reprochez à ce discours 8)
C'est le discours attendu d'un syndicalisme qui accompagne le capitalisme et qui prétend cogérer ce système. Dont la philosophie est simple: si les riches se portent bien, on peut espérer obtenir des miettes du gâteau. :D
superuser
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Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par superuser »

tristesir a écrit :la philosophie est simple: si les riches se portent bien, on peut espérer obtenir des miettes du gâteau. :D
C'est tout à fait ça. :D
Les syndicats croient toujours en la théorie du ruissellement ou trickle-down...
Drumond

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par Drumond »

J'apporte mon caillou à l'édifice en ce qui concerne les syndicats...

J'ai travaillé pour une société qui ne voulait pas de syndicats en son sein. Malgré tout, j'ai été me syndiquer (à un moment très critique pour ma situation professionnelle). J'ai payé mes cotisations, j'ai été réglo. Par la suite ma situation, s'est améliorée (par une chance folle). J'ai absolument tenu à répercuter mes hausses de salaire sur mes cotisations. Par la suite, j'ai été licencié.

J'ai contacté mon syndicat; rien!!! mails, téléphone, rien!! Je n'étais pas recontacté, ils s'en foutaient royalement! Au final, j'ai décidé d'agir par mes propres moyens et suis parti en justice sur mes propres deniers. Le syndicat m'a fait perdre 6 mois de rappel de salaire!! Effectivement, à la date de la saisine du CPH on peut demander 5 ans de rappel de salaire... Comme le syndicat ne répondait pas 6 mois après mon licenciement...

Au final et malgré tout je ne suis pas en colère et ne leur en veux pas; d'abord parce-que je suis adepte de dictons comme: "aide-toi et le ciel t'aidera", "on n'est jamais mieux servi que par soi-même"... Ayant pris l'habitude de me défendre seul et de ne compter que sur moi ou sur ma famille, je me suis syndiqué que parce-que "c'est comme ça que ça se fait", et que c'est en quelque sorte la procédure.
Ensuite malgré tout, je suppose qu'ils sont quand même en mesure d'aider des personnes dans une situation plus préoccupante que la mienne, donc je n'ai pas le cœur à contester ou à médire sur eux.

Par contre ce qui m'a rendu extrêmement furieux et qui me terrifie (et le mot n'est pas faible) jusqu'à maintenant, c'est que si à l'époque j'avais décidé d'entraîner des collègues avec moi (certains avaient confiance en moi et m'auraient peut-être suivi), ils auraient été tous licenciés avec pertes et fracas! Le pire c'est que ceux-là ont des obligations, des responsabilités qui les forcent à se faire surexploités. J'aurais eu sur la conscience leur malheur, et çà, c'est horrible.

Ayant une base juridique, je me suis préparé, pris un avocat et suis parti au combat. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ceux qui n'y connaissent rien, ne sont pas au courant des procédures, des subtilités, du temps des procédures, de l'énergie, des particularités du dialogue avec les avocats (c'est quelque chose ça!).

Et dire que quand je travaillais, lorsque j'entendais certains collègues dire qu'ils allaient contacter leur syndicat, prendre un avocat tout en croyant sincèrement qu'après tout irait mieux et plus facilement... je ne pouvais que ressentir une triste et profonde compassion à leur égard.

J'ai tout de même un goût amer en bouche; cette histoire ne me marque pas du fait que j'avais prévu tout un scénario où je faisais tout tout seul, mais voir que c'est mon côté indépendant (individualiste?) qui me permet de retomber sur mes pattes, c'est bizarre.

J'ose seulement espérer que le syndicat sera vraiment plus utile à d'autres (c'est pour ça que je ne donne aucunes précisions...). Par contre, mention spéciale et admirative à la CGT qui a su me donner des infos très utiles (que même les avocats n'ont pas su/voulu relever), et ce même si je n'étais pas syndiqué chez eux. Ils m'ont reçu, m'ont accordé près de 2 heures alors qu'ils étaient visiblement débordés et ont répondu à toutes mes questions avec patience et calme. J'avoue que mon côté indépendant en a pris un coup...
stm_artin

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par stm_artin »

On peut dire que ça commence à prendre une dimension européenne intéressante. On reste cependant sur une ligne centre-gauche, proche du pse fortement marquée par la culture de la croissance.
On peut comprendre qu'il est délicat actuellement, quand on veut rester crédible auprés d'une opinion publique de masse sous influence idéologique relativement droitière, de rompre avec cette logique économique de la création d'emploi.

Par contre, les remerciement à Sarkozy et à Merkel me semblent un peu limite. J'espere au moins que ce communiqué aura été rédigé avant la dérive de ces derniers sur le cas grecque.

Enfin, les syndicats restent les syndicats et cette allocution vérifie bien que ce ne sont pas des asso de chomeurs. Ils défendent avant tout les intérets des travailleurs. On sait que le volet chomage est problèmatique pour eux et qu'ils ont du mal à se positionner par rapport à ça. J'espere qu'a l'avenir nous pourrons faire valoir le fait qu'un chomeur équivaut à un travailleur d'autant plus que le travail à temps partiel explose...

PS, j'aimerais bien qu'elle me file 2 3 numéros de portable grecque :lol:
Hector

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par Hector »

Elle est bien gentille cette dame mais avant de réclamer une augmentation des salaires pour tous les travailleurs de la zone euro ( intention on ne peut plus louable ), il faudrait déjà obtenir leur uniformisation et accessoirement une convergence des intérêts or rien que ça, on en est très loin.

http://www.journaldunet.com/management/ ... smic.shtml
Invité

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par Invité »

Uniformisation du SMIC, c'est impossible avant longtemps. Le niveau du SMIC va de pair avec le coût de la vie dans le pays, qui va avec le niveau des infrastructures, de la productivité etc...

Il est intéressant ce tableau comparatif des SMIC (lien dans le post ci-dessus). J'ai des amis roumains en Bretagne, le salaire actuel du mari c'est exactement 10 fois le SMIC roumain. Alors qu'il travaille un nombre d'heures d'un tiers en moins.
Il faut tout de même relativiser : en Roumanie il gagnait environ 5 fois le SMIC roumain.
En France il y a beaucoup de gens qui sont au SMIC, et y restent.

Là je comprends mieux à quel point ils sont attachés à rester ici, à quel point ils trouvent la vie merveilleuse ici : nos routes en bon état, les gens calmes et polis, la propreté, tout le monde a sa voiture, les logements sont bien propres. Ils ne voient que le beau côté de la France, et ils trouvent qu'on a de la chance, qu'on n'a pas à se plaindre, puisqu'il suffit de travailler pour être très à l'aise, d'autant plus qu'ils ont des habitudes modestes.
Quand je leur dis qu'il y a beaucoup de chômage, beaucoup de misère, que la vie est chère, qu'il a fallu se battre des années pour avoir les congés, les horaires, la protection sociale etc... ils ne le comprennent pas.

En somme on n'est pas loin d'être des enfants gâtés, et puisqu'il y a du boulot à prendre ici, ils le prennent. Et ils le prendront même si on les paye moins : je connais une fille qui est payée moins que ce à quoi elle aurait droit, simplement parce qu'on lui a fait signer un contrat pour un poste de conditionneuse, payé au minimum, alors qu'elle est sur un poste en production normalement mieux payé. Mais que peut-elle faire ? On lui a fait signer son contrat dans un coin de l'atelier ("laisse ton couteau, enlève tes gants et signe là, c'est ton contrat de travail" ; contrat rédigé en français, alors qu'elle ne parle pas un mot de français...)

L'avenir des syndicats avec les travailleurs venus de pays pauvres, je le vois très noir.

L'amitié entre les peuples va peut-être y perdre aussi. Quand on ouvre les frontières, on ouvre aussi les yeux des gens. Tant qu'on n'a pas un niveau de vie équivalent d'un pays à l'autre, le déséquilibre entraîne des frustrations, des jalousies.
Le rééquilibrage va se faire vers le bas. J'entendais hier à la radio que le niveau moyen des salaires baisse et baissera encore au fur et à mesure des nouvelles embauches.
tristesir

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par tristesir »

Uniformisation du SMIC, c'est impossible avant longtemps. Le niveau du SMIC va de pair avec le coût de la vie dans le pays, qui va avec le niveau des infrastructures, de la productivité etc...
Uniformisation vers le bas. 1 euro de l'heure à la chinoise. :mrgreen:
C'est le prochain chantier de ceux qui nous dirigent, supprimer le SMIC.
C'est le moment idéal pour eux de remettre sur la table cette vieille revendication de certains patrons.
Leila

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par Leila »

tristesir a écrit :
Uniformisation du SMIC, c'est impossible avant longtemps. Le niveau du SMIC va de pair avec le coût de la vie dans le pays, qui va avec le niveau des infrastructures, de la productivité etc...
Uniformisation vers le bas. 1 euro de l'heure à la chinoise. :mrgreen:
C'est le prochain chantier de ceux qui nous dirigent, supprimer le SMIC.
C'est le moment idéal pour eux de remettre sur la table cette vieille revendication de certains patrons.
Pas besoin d'aller en Chine.... il suffit d'aller en Allemagne!
Dossier: Le miracle allemand, à quel prix?

Une société à deux vitesses. Pour renforcer sa compétitivité et exporter, l'Allemagne à libéralisé son marché du travail et précipité une part croissante des salariés dans la précarité: absence de salaire minimum, travail à temps partiel, "mini jobs" sans assurance maladie ou petit boulots payés 1 euro de l'heure. Aujourd’hui, près d’un travailleur allemands sur cinq est « pauvre ».

Lire l'article complet:
http://fr.myeurop.info/2011/10/05/la-co ... uvres-3490
Hector

Re: Un discours "syndical" qui restera dans les annales

Message par Hector »

Les jobs à 1 euro faisaient partis du plan Hartz IV, ainsi que moultes réformes de casse sociale mises en place par le socialiste ( sic ! ) Gerhard Schröder entre 2003 et 2005. Ça, vous le saviez peut-être ( article ci-dessus ) mais savez vous que ce plan Hartz IV est également le programme de François Bayrou pour 2012 ? Ce qui le place de fait, comme candidat économiquement le plus à droite de cette campagne.

http://www.gauchemip.org/spip.php?article17462
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