La crise dans le couple Sarkozy-Merkel

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Modérateurs : superuser, Yves

diety

La crise dans le couple Sarkozy-Merkel

Message par diety »

Parmi les présidents des pays européens, le président de la France occupe une position particulière, car il a un pouvoir quasi monarchique. Il est juridiquement et politiquement intouchable, il est le premier commandant de l'armée, il donne des ordres aux ministres, il peut congédier le premier ministre, il nomme les préfets, lui seul activera le bouton de l'arme nucléaire, il nomme le corps diplomatique, et s'il le souhaite, il choisit le directeur de la Comédie Française. Le président Sarkozy s'est habitué dans un temps record à son pouvoir, et de son visage s'échappe parfois l'expression d'un homme euphorique, grisé que l'on est tenté d'attribuer à son épanouissement narcissique dû au pouvoir suprême. Ses ministres sont en garde-à-vous devant lui, Fillon "attend le feu vert" du président de la république pour la réforme des régimes spéciaux de retraite, Sarkozy fait tout, décide tout et donne des ordres.

Mais pour exercer un pouvoir exceptionnel avec sagesse, il faut un caractère exceptionnel si on ne veut pas perdre le sens de la réalité. Et la réalité est que Sarkozy n'est pas le président de tous les pays d'Europe. Lors d'une rencontre européenne avec des ministres de finances à Bruxelles, rencontre qui date de juillet de cette année, le ministre allemand Peter Steinbrück a montré un comportement envers Sarkozy, qu'aucun ministre français n'aurait osé montrer : Steinbrück l'a critiqué, et de surcroît sans retenue. "Sarkozy ferait mieux de tenir ses engagements qu'il avait pris avec ses partenaires européens au lieu de distribuer des cadeaux en hauteur de dizaines de milliards d'euros à ses électeurs". Ç'en est trop - Sarkozy explose : "Qu'est-ce qui vous prend de me parler sur ce ton ?"

Depuis cet incident, Steinbrück est un chiffon rouge pour le taureau français. Mais il y a pire ! La (jusque-là) chère Angela, bisou à droite à gauche à droite, a osé ne pas réprimander publiquement son ministre Steinbrück pour cette attaque "impertinente" contre son homologue français. Offense impardonnable. L'harmonie du couple franco-allemand est désormais dérangée. Un connaisseur de l'Allemagne, membre d'UMP (pas nommé par la presse), confirme que Merkel énerve de plus en plus le président Sarkozy. Déjà l'affaire des infirmières bulgares que Sarkozy s'est appropriée dans les médias, a agacé la chancellerie allemande. "Sarkozy est un carotteur hors pair", a dit Jean-Louis Missika, professeur en communication politique à Paris. "Mais cette stratégie est risquée, un jour il devra en payer le prix politique".

Un autre exemple de "carottage" est une lettre sur fond de crise immobilière aux États-Unis, que Sarkozy a adressé à Merkel, dans laquelle il demande de thématiser la transparence du marché des finances lors du sommet G8. Encore un coup médiatique réussi : la proposition sarkozienne fait les gros titres dans le monde entier. Le fait que Merkel, qui a fait la même proposition quelques mois auparavant, est passé discrètement sous le tapis.

Il est évident que les caractères de Sarkozy et de Merkel sont incompatibles. L'un autoritaire, avide de briller dans les médias, dépourvu de patience, hyperactif, l'autre agissant avec pondération, appliquée et soucieuse de ne pas froisser ses partenaires politiques.

Sarkozy continue sa course solitaire. Sans aucune concertation avec d'autres pays, il envoie un candidat français pour la présidence vacante du FMI. Dans l'affaire d'Airbus, Sarkozy tente de mettre les partenaires allemands devant les faits accomplis. Sans aucune concertation avec un autre pays européen, il passe un accord pour livrer un réacteur nucléaire à la Libye. Dans la presse allemande on peut lire que l'on sait désormais qu'il y a un homme politique imprévisible à Paris qui tire les ficelles. Sarkozy deviendrait un problème sérieux. Cette liste pourrait continuer, et Sarkozy se fiche éperdument des opinions de ses partenaires en Europe.

A Paris certaines voix disent que Sarkozy ne souhaite qu'une chose : supplanter Merkel, qui préside le conseil européen, sur la scène politique internationale. Lors d'une visite que Merkel a rendue au successeur de Tony Blair, Gordon Brown, un membre de la presse allemande avouait que Merkel voulait marquer une certaine distance à Sarkozy. Est-ce que le roi de l'Élysée va capter le signal ?

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maguy

Message par maguy »

On sait que ce n'est pas la tasse de thé de notre président, mais devrait méditer à froid :

L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit
Aristote

On a entendu tous les qualificatifs possibles, hyperactivité, boulimie, hystérie même.

Citation de "manière de voir 82" (le Monde diplo de août-septembre 2005) qui parlait de Hitler et des Allemands qui vécurent dans un état d'urgence permanent pendant 12 ans. Dans le tourbillon des évènements, ils perdirent toute notion d'équilibre et de mesure

Il évoluait tel un funambule dilettante qui ne parvient à garder l'équilibre que grâce à des mouvements de balancier de plus en plus amples, de plus en plus rapides, puis précipités et vains, et qui finit, inévitablement par chuter.
.

C'est cette fuite en avant désordonnée, ce brouillon de gouvernance qui distribue les bons points comme les coups de bâton, ce cynisme, ces mensonges qui me font bouillir. :evil:

Et la honte, non pas d'être française mais d'avoir un président qui donne une telle image de nous à l'étranger.

C'est grave de cracher sur les Allemands, c'est même une faute.
superuser
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Message par superuser »

Moi, j'adoooôôôre !

:lol: :lol: :lol:

Merci Diety pour cette traduction.
superuser
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Message par superuser »

La version d'Arrêt sur Images (le site) sur cette affaire :

http://arretsurimages.net/

Rubrique à droite "Nos dernières vidéos" => chronique de Maja Neskovic

L'AFP vient seulement de publier l'histoire alors que Libération avait été le seul à en parler le 12 juillet dernier...
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