St-Dumortier a écrit :Dorénavant il ne faut plus dire : "je suis suivi par l'anpe", il faut dire : "je suis poussé par l'anpe".
Je propose de remplacer
"accompagnement individuel" par
"poussement individuel"
Sarkozy n'a pas la culture de la culture. Sauf :
la culture du chiffre. Réduire la complexité de la réalité à quelques chiffres, ça c'est son dada.
La feuille de route de l'Elysée à Christine Albanel inquiète les professionnels de la culture
Dans une lettre que Sarkozy a adréssée au ministre de la culture, Madame Albanel, on trouve un interventionisme que l'on se demande pourquoi le président ne fait pas tout de suite lui-même la programmation des scènes nationales, tant qu'il y est. Les autres sont des incapables, on l'apprend tous les jours. Entre autre, Sarko impose à Madame Albanel
"l'obligation de résultats". Interrogée par les médias, Madame Albanel est bien embarassée et ne peut répondre. Ô comme je la comprends. Elle n'a pas
"toutes les réponses en main". Pas étonnant, il n'y a pas grand' chose à répondre, car ce qu'il y aurait à dire la mettrait sur un siège éjectable. Et dans l'autre cas, elle doit la fermer.
Réaction de Jean-Louis Martinelli, metteur en scène et directeur du Théâtre des Amandiers à Nanterre :
"Fais plus, développe les publics, et bien sûr avec moins de moyens." Une conséquence logique de cette "obligation de résultat" serait donc des "salles combles, et que des salles combles" ? Du genre Jean-Marie Bigard qui remplit le Stade de France, par exemple ? Jonny qui allume le feu, un peu de Mozart, du Molière à la Comédie Française, Taxi 4, de l'art qui se vend bien quoi.
"Vous exigerez de chaque structure subventionnée qu'elle rende compte de son action et de la popularité de ses interventions, vous leur fixerez des obligations de résultats et vous empêcherez la reconduction automatique des aides et des subventions". Cela sousentend que les structures artistiques subventionnées jusque là n'aurait pas rendu compte de leurs activités ? C'est une abération - ils le font depuis toujours. En revanche cela ne sousentend pas, mais dit assez clairement :
L'art subventionné qui ne rentre pas du fric ne sera plus subventionné. Que le théâtre, la danse, le spectacle vivant passe par l'expérimentation, c'est même la condition inhérente de l'art. Ne pas toujours savoir où on va, poser des questions, interroger la société même si ce n'est pas agréable, c'est de cela que l'art est concerné et pourquoi il a sa raison d'être. Si on sait d'avance que le spectacle va superbien marcher, on n'aurait pas besoin de subventions. Justement. Mais expliquez cela à un croyant pratiquant de chiffres, c'est impossible. Le Président de la République ne va pas s'encombrer avec de telles considérations. Il faut des résultats, et c'est tout.
Du chiffre dans le chômage. Moins de chômeurs (indemnisés et présents dans les statistiques). Du chiffre dans la croissance.
(Il n'y a pas un ministre de la croissance dans le coin à qui je peux imposer une obligation de résultat, et qui je peux casser si la croissance n'est pas au rendez-vois ?) Du chiffre partout, et que ça saute. Du chiffre dans la culture. Elle est bien, celle-là.
La lettre continue:
"Il faut étudier la possibilité pour les opérateurs publics d'aliéner des oeuvres (d'art) de leurs collections, sans compromettre naturellement le patrimoine de la Nation".
Cette réforme concerne les FRAC (Fonds régionaux d'art contemporain, en grande partie subventionnés par l'Etat), qui achètent et collectionnent des oeuvres d'art contemporain.
Traduction: Il faut vendre les oeuvres d'art. Faute de croissance suffisante, et pour financer les cadeaux à qui ont sait, il faut vider les caves et les greniers. Ben oui. Et les directeurs des FRAC qui essaient en vain depuis deux ans de dialoguer avec l'Etat, ne savent pas trop quoi dire non plus. Pourtant c'est simple. Ne dites rien, vendez les trucs qui ne servent à rien. De toute façon c'est des trucs à quoi on n'y comprend rien, vendez-les, et chers, mais vendez pas trop quand-même. Faites du chiffre. C'est simple, non ?