48 policiers se sont suicidés en 2006

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superuser
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48 policiers se sont suicidés en 2006

Message par superuser »

Le Figaro a écrit :Quarante-huit agents ont mis fin à leurs jours en 2006. Au lendemain des émeutes urbaines, les demandes d'aide psy ont explosé.

Béatrice était officier de police dans l'une des plus prestigieuses brigades du Quai des Orfèvres. Le 21 janvier dernier, à la veille du pot annuel de son service, cette jeune femme d'une trentaine d'années s'est approchée de la Seine. Elle s'est déshabillée, a soigneusement plié ses vêtements, posé dessus sa carte professionnelle et s'est jetée dans une eau à 7 degrés pour ne plus jamais réapparaître. Une semaine plus tard, Jean-Claude, la cinquantaine, enquêteur chevronné d'un groupe de répression du banditisme de la banlieue parisienne, père de deux enfants, se donnait également la mort. L'émotion est encore grande dans ces deux services.

En France, la police déplore en moyenne près d'un suicide par semaine. Quarante-huit agents se sont donné la mort en 2006, soit treize de plus qu'en 2005. La "grande maison", pudique, n'aime guère évoquer ce sujet. Mais elle s'est dotée d'une unité dédiée au traitement des bleus à l'âme de ses fonctionnaires : le Service de soutien psychologique opérationnel (SSPO). Né de la volonté d'Éliane Theillaumas, une psychologue clinicienne que rien ne raccrochait à la police, il a été créé en 1996. Cette année-là, pour le seul mois de février, dix policiers venaient de mettre fin à leurs jours. "Ce fut un choc", se souvient-elle. Son service emploie aujourd'hui 53 psychologues qualifiés. Le nombre de ses consultations est passé de 11.000 à 13.000 l'an dernier (+ 21 %).

Prise en charge immédiate

Et le traumatisme des émeutes n'a pas peu compté. Les assistances psychologiques auprès des groupes de policiers qui désiraient parler des incidents pour évacuer le stress accumulé ont augmenté de 167 % au lendemain des événements. On dénombrait aussi une dizaine de suicides pour le seul mois de janvier 2006, sans qu'un lien puisse être formellement établi avec le contexte des violences urbaines.

"Il ne faut pas se méprendre sur les chiffres, prévient-on à la direction générale de la police nationale. Ce n'est pas parce que la police consulte plus qu'elle va moins bien."
"Au contraire, explique un directeur régional de la police judiciaire. Avant, quand un fonctionnaire faisait une dépression, ce problème remontait rarement à la hiérarchie et le chef de service se contentait d'offrir trois à quatre jours de repos à l'intéressé, sans pouvoir proposer une solution de fond. Aujourd'hui, avec le SSPO, le chef se sent mieux épaulé."

Les suicides sont aussi interprétés comme des signes de faillite pour les services concernés et ne manquent pas d'alimenter la guerre des polices. "La prise en charge immédiate des équipes par des psychologues permet de mieux comprendre ce qui a pu se passer, en dehors de toute polémique", se félicite un commissaire de la Sécurité publique.

"Le taux de suicide dans la police n'est pas supérieur à la moyenne nationale, assure Éliane Theillaumas. Mais l'acte est plus spectaculaire chez les policiers en raison de l'utilisation de leur arme de service", sept fois sur dix.

"Au-delà de ces cas extrêmes, le moral des troupes reste bon", assure Jean-Claude Delage, le patron du syndicat Alliance. "D'ailleurs, le taux d'absentéisme diminue", constate la chef du SSPO. Selon elle, il y aura toujours de la désillusion chez certains jeunes policiers qui se faisaient une idée fausse du métier, notamment à travers la télévision. Ce spleen ne serait pas propre aux affectations en banlieue.

Il y a aussi le cas fréquent du policier usé par ses années de service souffrant d'un manque de reconnaissance. "Quand l'un d'eux me fait la confidence qu'il veut en finir, confie-t-elle dans son bureau du front de Seine, il ne quitte pas cette pièce sans que j'appelle son chef de service pour un désarmement."
victorine83

Message par victorine83 »

"Au-delà de ces cas extrêmes, le moral des troupes reste bon", assure Jean-Claude Delage, le patron du syndicat Alliance.
Le syndicat Alliance est sarkozyste et il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il minimise les faits. Il vient d'ailleurs de perdre les élections contre l'UNSA.
Sans casque, ni bouclier : témoignage d’un ex-officier de police

Regarde à vue - Dimanche 23 avril 2006

Parce que la répression syndicale touche tous les milieux et qu’il convient tout particulièrement de museler ceux qui occupent des postes clés comme dans la police, un témoignage contre les catégorisations faciles, les analyses simplificatrices qui s’adressent à toutes et à tous. Un témoignage qui éclaire aussi sur une des réalités de l’application des politiques sécuritaires mises en oeuvre par les derniers gouvernements.

Ce témoignage a été tourné à la suite d’une rencontre. Lors d’une de ces conférences sur la politique sécuritaire et ses dérives. Vers la fin, un homme s’est levé. Il a déclaré qu’il venait de quitter la police, que la plupart des dérives que l’on venait d’évoquer n’était pas le fruit du hasard mais bien le résultat d’une politique élaborée au plus haut niveau et transmise, ensuite, de manière pyramidale à travers la hiérarchie policière. Il avait réussi à s’en sortir, au prix d’un changement de carrière complet, là où la plupart de ses collègues avait fini par plier l’échine ou par « craquer ». Des mois, des années de lutte, pour ne pas se faire broyer administrativement et humainement par un système d’autant plus puissant qu’il a quasiment éliminé toutes formes de contestation en son sein.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les liens suivants :

http://www.sudeducation.org/article165.html
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 305,0.html
http://www.liberation.fr/page.php ?Article=324984



Ce témoignage est divisé en cinq parties.


L’introduction.

http://regardeavue.com/videos/sans%20ca ... _intro.avi

La Récupération des Statistiques

Un analyse du fonctionnement des statistiques policières et de la manière dont elles sont récupérées à des fins politiques. Une explication de texte sur les crimes « rentables » et sur les dérives que ce système engendre, notamment l’entretien d’un climat de peur et de danger, propice à tous les excès.

http://regardeavue.com/videos/sans%20ca ... tiques.avi


Mise au pas.

A travers les différentes lois qui ont modifié l’organisation de la police, c’est un changement de pouvoir qui s’est opéré et il ne va pas dans le sens de la justice, avec la multiplication des BACs, le fossé qui se creuse entre la police et la population... Et au final, que peut faire un policier révolté par ces dérives quand « il est plus dangereux (...) de désobéir à son chef qu’à la loi » ?

http://regardeavue.com/videos/sans%20ca ... au_pas.avi


Et la justice ?

Clairement, il ne s’agit pas de faire respecter la loi, mais bien de harceler une frange population clairement identifiée. Derrière, c’est une justice expéditive qui se met en place où des pressions sont exercées sur les magistrats, au mépris des règles fondamentales du droit, pour qu’ils marchent dans le même sens que la police. Il ne s’agit plus d’« une séparation des pouvoirs mais [d’] une division du travail » au sein d’une machine à punir stupide et aveugle.

http://regardeavue.com/videos/sans%20ca ... ustice.avi


Une omerta ?

Plusieurs voix se sont élevées, au sein même de la police, pour tenter de faire prendre conscience de la dérive progressive. Elles ont été violemment réprimées. On ignore bien souvent les pressions diverses auxquelles peut être soumis un fonctionnaire de police, elles sont d’autant plus brutales qu’il s’agit d’un sujet sensible et électoralement juteux.

http://regardeavue.com/videos/sans%20ca ... omerta.avi


http://videobaseproject.net/video81.html
Dernière modification par victorine83 le 26 févr. 2007, modifié 1 fois.
diety

Message par diety »

Vidéos très instructives (vive l'ADSL), cet interview de l'ex-policier!
Merci, Victorine.
victorine83

Message par victorine83 »

Oui, Diety, tu as raison car ce témoignage montre le fondement même de la société que Sarkozy veut nous imposer.

J'avais ce dossier bien au chaud tellement il est, à mon avis, crucial sur la politique sarkozienne.

Après l'article que Sophie nous a mis en ligne, je ne pouvais plus attendre mais je regrette vraiment que ces infos n'aient pas la lisibilité qu'elles méritent dans une file dont le titre permettrait leur visibilité à partir de l'index du forum "vos infos".

Je lance un appel à la modé car les suicides de ces policiers sont les prémisses de la société de demain si Sarkozy est élu.

On va tomber comme des mouches !

Rendez-vous compte... 48 agents ont mis fin à leurs jours en 2006, c'est pratiquement un agent qui se suicide par semaine dans la police dirigée par N. Sarkozy.

Qu'est-ce que cela va donner dans la société de demain avec Sarkozy à la plus haute fonction de l'Etat ?

Ca fait peur...
diety

Message par diety »

C'est vraiment terrifiant, et j'ai du mal à rester correct, mais je fais cet effort pour la bonne cause.
Ce témoignage devrait se trouver à la une des infos. Si ce policier qui témoigne doit démissionner pour avoir la parole libre, cela donnent une petite idée des pression qui doivent exister dans ce métier, je lui crois sur parole les harcèlements, et même de la part des syndicats, incroyable. Entre une "obligation de réserve" et "la mise au placard/harcèlement" il devrait y avoir une marge dans l'expression de son opinion ou simplement de l'information des faits, non? 48 agents suicidés, je ne connaissais pas ce chiffre, mais je comprends mieux maintenant.
Et on sent l'expérience, quand le ex-policier témoigne, il sait de quoi il parle.

Quand j'entends qu'il vaut mieux suivre les ordres du chef même si ils sortent du cadre de la loi, là aussi je ne croyais pas à mes oreilles... Mais bon cet ex-flic n'est qu'un "sale gauchiste" n'est-ce pas. Il a très biein expliqué les structures hiérarchiques pour économiser du fric et en même temps avoir un maximum de pouvoir.

En même temps, quand on voit les magouilles aux chiffres de chômage pour l'idéologie sakroborlo, la cloture du bec à l'Insée, rien d'étonnant que ces manipluations existent aussi dans d'autres services publiques. Là je préfère même Chirac à Sarkozy.

C'est pas très rassurant tout ça...
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