Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Le blues des journalistes
Des journalistes qui ont la gueule de bois, c’est un peu la démocratie qui trinque. C’est pour évaluer ce lien entre démocratie et qualité de l’information que le cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques professionnels, a mené une longue enquête sur le travail réel des journalistes français. L’étude présente un journaliste travailleur en «auxiliaire de la démocratie», mais également un travailleur fatigué, précarisé inquiet et bousculé.
Précarité, stress, fatigue, charge de travail, déclin de la personnalité journalistique, sensationnalisme, uniformisation du discours médiatique. Les journalistes ont le blues, le moral à zéro. Déjà confrontés à une profonde défiance, les voilà fragilisés par une série de bouleversements, technologiques et professionnels.
S’ajoute, ces derniers temps, une ère du soupçon pour des médias perçus comme complotistes. Se pose déjà là une première contradiction, d’un côté une profession qui se sent fragilisée alors qu’elle est perçue comme manipulatrice, donc toute puissante. Inépuisable questionnement du pouvoir réel des journalistes, premier pouvoir ou bruit de fond de nos sociétés modernes. La profession doute d’elle-même.
Il y a comme un sentiment de malaise derrière tout ça, notamment les nombreuses questions posées par l’affaire Strauss-Kahn à une profession imperméable à l’autocritique. Révolutions arabes, guerre en Libye, Fukushima, assassinat de Ben Laden, arrestation de DSK, depuis le début de l’année les événements de portée internationale, sinon historique, se succèdent à un rythme effréné. Un événement chasse l’autre. La machine à informer tourne à plein régime, parfois à vide et échappent surtout à ceux qui la font. Beaucoup de «live», beaucoup de bruit - médiatique -, de commentaires, de désinformations qui détériorent le jugement. On sait ce qu’il se passe, mais on n’y comprend rien.
Et que valent la multiplication des enquêtes, des révélations toutes plus exclusives les unes que les autres quand l’évidence ne saute même pas aux yeux des mieux informés ? Que savait-on vraiment sur celui qui devait présider aux destinées suprêmes du pays ? Elever au rang de candidat idéal, élu par la nomenklatura et dont les médias n’ont pas voulu savoir ou n’ont n’a pas voulu faire savoir les faiblesses. «On ne parvient plus à distinguer entre les publicitaires, les hommes de loi, les journalistes : on ne voit plus que les réseaux de l'argent», cruel constat formulé par Jacques Julliard dans Marianne. Une solidarité de classe et une presse orpheline qui affichera sa consternation à la une un lundi matin : «l’autoportrait d’une presse en plein désarroi face à la disparition de son candidat préféré», comme le dira le chercheur en histoire visuelle André Gunthert.
Le journaliste, travailleur auxiliaire de la démocratie
«Le journalisme au sens classique n'existe plus. Il y a du bruit médiatique et le journaliste n'est plus guère qu'un amplificateur. On assiste à un très fort déclin du journalisme et de la personnalité journalistique. C'était un métier qui se caractérisait par des individualités très fortes. Le journalisme politique, en particulier, était constitué de figures, d'analystes, de voix, de commentateurs bien identifiés. On les aimait ou on les détestait, mais ils existaient. Aujourd'hui, le journalisme est devenu anonyme, très nombriliste, consacrant de moins en moins de place à l’international. La télévision a donné la définition d'une certaine information : sensationnelle, émotionnelle, consensuelle. Consciemment, et plus encore inconsciemment, tous les autres médias se sont alignés sur cet étalon. Ce qui donne l'impression que les journalistes disent tous la même chose. La montée des médias s'accompagne de la disparition du journalisme.» Le diagnostic est brutal, sans concessions, formulé par Marcel Gauchet dans une interview à L’Express en novembre 2009.
Des journalistes qui ont la gueule de bois, c’est un peu la démocratie qui trinque. C’est justement pour évaluer ce lien entre démocratie et qualité de l’information que le cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques professionnels, a mené une longue enquête sur le travail réel des journalistes français. Cette étude confirme que de méchants virus rongent ce métier dans lequel même les plus chevronnés se sentent désormais mal à l’aise. Une radiographie dans laquelle chaque membre de cette profession aux multiples visages peut se retrouver, «par identification ou par répulsion», selon les rédacteurs du rapport, dans les tendances relevées. «Je ne m’épanouis plus intellectuellement. On enquête de moins en moins. On réfléchit de moins en moins», confesse l’un des 1.070 journalistes qui ont répondu à un questionnaire adressé à quelque 7.000 détenteurs de la carte de presse. C’est une étrange défaite, en effet, qui envahit les hommes de presse. «La profession dans son entier, écrivent les auteurs du rapport, se sent en situation de fragilité.»
L’étude présente un journaliste travailleur en «auxiliaire de la démocratie», mais également un «travailleur fatigué, inquiet et bousculé» qui «permet de distinguer en arrière plan, le paysage d’une démocratie en plein bouleversement» à travers trois ruptures profondes qui constituent autant de menaces.
Une évolution de la consommation de l’information dont le lecteur est toujours une proie fuyante sans qu’il soit possible de distinguer si celui-ci est en recherche d’une autre information, demande un autre traitement de cette information, ou recherche seulement une manière différente de la consommer. «Cette modification du comportement du lectorat est perçue comme la principale menace, puisque les recettes (soit directes, soit publicitaires) dépendent de sa fidélité. Dans la presse écrite, ces transformations sont menaçantes pour 62% des journalistes contre 40% en radio et 32% en télévision», selon Technologia.
Cette évolution implique un certain nombre de conséquences : perte d’indépendance, pression des annonceurs, et surtout les «journalistes nous ont avoués, pour la plupart, avoir dû renoncer à certains sujets», que ce soit en raison de la ligne éditoriale imposée, ou encore tout simplement par la pratique de l’autocensure. Cette pratique s’est beaucoup développée ces dernières années, résultant notamment de menaces sur l’emploi. Après quelques conseils, quelques réprimandes qui peuvent être adressées à d’autres, quelques sanctions, voire des licenciements, le journaliste peut en venir à «se museler lui-même».
La pression d’ordre économique pèse sur la profession, donnant parfois sa consistance au concept de «journalisme de marché». Avec les limites que contient aussi sa critique systématique, féroce et souvent simpliste. Aujourd’hui c’est bien plus de sous-financement dont souffre la presse que d’une abondance de capitaux sonnants et trébuchants qui permettraient notamment son développement technologique. Mais c’est une autre question…
Une profession bousculée et précarisée
L’autre évolution tient à la dégradation des conditions de travail. Sans entamer leur attachement à leur métier ni présenter les journalistes, exagérément, en soutiers de l’information. Il n’empêche, les mots «fatigue», «vitesse», «charge de travail», «santé» et surtout le «stress» reviennent majoritairement dans les témoignages de l’enquête. De quoi pondérer le sentiment d’appartenance à une profession fantasmée valorisante et enrichissante.
Par ailleurs, même si le métier reste encore relativement stable, le recours de plus en plus important aux pigistes montre que la profession externalise une grande part de sa flexibilité.
La grande majorité (93%) des journalistes, ayant répondu au questionnaire, possède une carte de presse. Plus de deux tiers des répondants travaillent en CDI et près d’un tiers évolue dans une situation professionnelle précaire (CDD, pige ou autre), même si le journaliste pigiste est censé détenir un contrat de travail.
Le constat est partagé outre-manche : salaires en chute libre, malaise dans les rédactions, «le journalisme cesse d’être une carrière viable pour toute personne âgée de plus de 30 ans», constatait un journaliste du Guardian sur son blog. Au-delà des conditions de travail, la qualité s’en trouvera affectée.
Le journalisme, un certain art de l'information utile
La troisième rupture est technologique, encore plus déstabilisante qu’elle a lieu à l’intérieur même du métier de journaliste «avec l’irruption de l’internet et du web social, les journalistes ne sont plus les seuls à traiter l’information et ne la traitent plus de la même manière». L’expansion de l’information sur internet par l’arrivée de nouvelles techniques, met en concurrence les journalistes avec des citoyens plus ou moins avertis qui parasitent, court-circuitent voire alimentent leur rôle de médiateur de l’information. Tout un chacun peut s’improviser «journaliste» et déclencher un buzz sur le Net qui revient en boomerang dans les rédactions. Les journalistes se sentent dépossédés par cette intrusion manifeste dans l’exercice de leur profession qui accélère le rythme de travail, et dégrade, par ailleurs, la qualité de l’information.
«Médias sans médiateurs», «journalisme sans journalistes», ni «prédétermination du surmoi d’un journal» comme disait Schneidermann. Internet abolit les médiations. C’est cela qui lui vaut son succès et provoque l’angoisse de la profession déchue de son exclusivité au «bon à tirer», l’imprimatur suprême. Un journalisme démocratique, un contre pouvoir au quatrième pouvoir, ou une forme régressive de la pratique journalistique ?
Peur sur la presse. Et peur dans la presse où s’installe le même pessimisme que dans l’ensemble de la société française. Car dans ce constat, c’est la notion même de «média» qui est ici remise en cause. Nerveuse, la corporation s’en inquiète, et à bon droit, dans un secteur en crise à la croisée des chemins, d’un espace public soumis à une reconfiguration accélérée, où la précarité s’impose comme une norme et pour les plus jeunes un droit d’entrée dans la profession. Et le pire est sans doute à venir…
Jusqu’à des temps récents, le journaliste dominait en principe l’événement pour le décortiquer, l’analyser, le comprendre. A présent, comme le constate le journaliste Hervé Brusini dans son livre Copie conforme, «l’événement est maître du jeu». Menacer dans son utilité, c'est dans la singularité de son propos que le journalisme trouvera son issue. Ce que démontre le «tous journalistes» est précisément, a contrario, qu'il y a un vrai métier de journaliste, à redéfinir car il faudra de plus en plus de professionnels pour s'y retrouver dans la masse des événements.
D’où la nécessité impérative d’en revenir au journalisme tel que le concevait Orwell : une méthode singulière pour accéder au monde faite de distance critique et d'expérience concrète. Un certain art de l'information utile.
http://www.marianne2.fr/Le-blues-des-jo ... 06860.html
L'étude du cabinet Technologia en pdf => http://www.marianne2.fr/attachment/62280/
Des journalistes qui ont la gueule de bois, c’est un peu la démocratie qui trinque. C’est pour évaluer ce lien entre démocratie et qualité de l’information que le cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques professionnels, a mené une longue enquête sur le travail réel des journalistes français. L’étude présente un journaliste travailleur en «auxiliaire de la démocratie», mais également un travailleur fatigué, précarisé inquiet et bousculé.
Précarité, stress, fatigue, charge de travail, déclin de la personnalité journalistique, sensationnalisme, uniformisation du discours médiatique. Les journalistes ont le blues, le moral à zéro. Déjà confrontés à une profonde défiance, les voilà fragilisés par une série de bouleversements, technologiques et professionnels.
S’ajoute, ces derniers temps, une ère du soupçon pour des médias perçus comme complotistes. Se pose déjà là une première contradiction, d’un côté une profession qui se sent fragilisée alors qu’elle est perçue comme manipulatrice, donc toute puissante. Inépuisable questionnement du pouvoir réel des journalistes, premier pouvoir ou bruit de fond de nos sociétés modernes. La profession doute d’elle-même.
Il y a comme un sentiment de malaise derrière tout ça, notamment les nombreuses questions posées par l’affaire Strauss-Kahn à une profession imperméable à l’autocritique. Révolutions arabes, guerre en Libye, Fukushima, assassinat de Ben Laden, arrestation de DSK, depuis le début de l’année les événements de portée internationale, sinon historique, se succèdent à un rythme effréné. Un événement chasse l’autre. La machine à informer tourne à plein régime, parfois à vide et échappent surtout à ceux qui la font. Beaucoup de «live», beaucoup de bruit - médiatique -, de commentaires, de désinformations qui détériorent le jugement. On sait ce qu’il se passe, mais on n’y comprend rien.
Et que valent la multiplication des enquêtes, des révélations toutes plus exclusives les unes que les autres quand l’évidence ne saute même pas aux yeux des mieux informés ? Que savait-on vraiment sur celui qui devait présider aux destinées suprêmes du pays ? Elever au rang de candidat idéal, élu par la nomenklatura et dont les médias n’ont pas voulu savoir ou n’ont n’a pas voulu faire savoir les faiblesses. «On ne parvient plus à distinguer entre les publicitaires, les hommes de loi, les journalistes : on ne voit plus que les réseaux de l'argent», cruel constat formulé par Jacques Julliard dans Marianne. Une solidarité de classe et une presse orpheline qui affichera sa consternation à la une un lundi matin : «l’autoportrait d’une presse en plein désarroi face à la disparition de son candidat préféré», comme le dira le chercheur en histoire visuelle André Gunthert.
Le journaliste, travailleur auxiliaire de la démocratie
«Le journalisme au sens classique n'existe plus. Il y a du bruit médiatique et le journaliste n'est plus guère qu'un amplificateur. On assiste à un très fort déclin du journalisme et de la personnalité journalistique. C'était un métier qui se caractérisait par des individualités très fortes. Le journalisme politique, en particulier, était constitué de figures, d'analystes, de voix, de commentateurs bien identifiés. On les aimait ou on les détestait, mais ils existaient. Aujourd'hui, le journalisme est devenu anonyme, très nombriliste, consacrant de moins en moins de place à l’international. La télévision a donné la définition d'une certaine information : sensationnelle, émotionnelle, consensuelle. Consciemment, et plus encore inconsciemment, tous les autres médias se sont alignés sur cet étalon. Ce qui donne l'impression que les journalistes disent tous la même chose. La montée des médias s'accompagne de la disparition du journalisme.» Le diagnostic est brutal, sans concessions, formulé par Marcel Gauchet dans une interview à L’Express en novembre 2009.
Des journalistes qui ont la gueule de bois, c’est un peu la démocratie qui trinque. C’est justement pour évaluer ce lien entre démocratie et qualité de l’information que le cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques professionnels, a mené une longue enquête sur le travail réel des journalistes français. Cette étude confirme que de méchants virus rongent ce métier dans lequel même les plus chevronnés se sentent désormais mal à l’aise. Une radiographie dans laquelle chaque membre de cette profession aux multiples visages peut se retrouver, «par identification ou par répulsion», selon les rédacteurs du rapport, dans les tendances relevées. «Je ne m’épanouis plus intellectuellement. On enquête de moins en moins. On réfléchit de moins en moins», confesse l’un des 1.070 journalistes qui ont répondu à un questionnaire adressé à quelque 7.000 détenteurs de la carte de presse. C’est une étrange défaite, en effet, qui envahit les hommes de presse. «La profession dans son entier, écrivent les auteurs du rapport, se sent en situation de fragilité.»
L’étude présente un journaliste travailleur en «auxiliaire de la démocratie», mais également un «travailleur fatigué, inquiet et bousculé» qui «permet de distinguer en arrière plan, le paysage d’une démocratie en plein bouleversement» à travers trois ruptures profondes qui constituent autant de menaces.
Une évolution de la consommation de l’information dont le lecteur est toujours une proie fuyante sans qu’il soit possible de distinguer si celui-ci est en recherche d’une autre information, demande un autre traitement de cette information, ou recherche seulement une manière différente de la consommer. «Cette modification du comportement du lectorat est perçue comme la principale menace, puisque les recettes (soit directes, soit publicitaires) dépendent de sa fidélité. Dans la presse écrite, ces transformations sont menaçantes pour 62% des journalistes contre 40% en radio et 32% en télévision», selon Technologia.
Cette évolution implique un certain nombre de conséquences : perte d’indépendance, pression des annonceurs, et surtout les «journalistes nous ont avoués, pour la plupart, avoir dû renoncer à certains sujets», que ce soit en raison de la ligne éditoriale imposée, ou encore tout simplement par la pratique de l’autocensure. Cette pratique s’est beaucoup développée ces dernières années, résultant notamment de menaces sur l’emploi. Après quelques conseils, quelques réprimandes qui peuvent être adressées à d’autres, quelques sanctions, voire des licenciements, le journaliste peut en venir à «se museler lui-même».
La pression d’ordre économique pèse sur la profession, donnant parfois sa consistance au concept de «journalisme de marché». Avec les limites que contient aussi sa critique systématique, féroce et souvent simpliste. Aujourd’hui c’est bien plus de sous-financement dont souffre la presse que d’une abondance de capitaux sonnants et trébuchants qui permettraient notamment son développement technologique. Mais c’est une autre question…
Une profession bousculée et précarisée
L’autre évolution tient à la dégradation des conditions de travail. Sans entamer leur attachement à leur métier ni présenter les journalistes, exagérément, en soutiers de l’information. Il n’empêche, les mots «fatigue», «vitesse», «charge de travail», «santé» et surtout le «stress» reviennent majoritairement dans les témoignages de l’enquête. De quoi pondérer le sentiment d’appartenance à une profession fantasmée valorisante et enrichissante.
Par ailleurs, même si le métier reste encore relativement stable, le recours de plus en plus important aux pigistes montre que la profession externalise une grande part de sa flexibilité.
La grande majorité (93%) des journalistes, ayant répondu au questionnaire, possède une carte de presse. Plus de deux tiers des répondants travaillent en CDI et près d’un tiers évolue dans une situation professionnelle précaire (CDD, pige ou autre), même si le journaliste pigiste est censé détenir un contrat de travail.
Le constat est partagé outre-manche : salaires en chute libre, malaise dans les rédactions, «le journalisme cesse d’être une carrière viable pour toute personne âgée de plus de 30 ans», constatait un journaliste du Guardian sur son blog. Au-delà des conditions de travail, la qualité s’en trouvera affectée.
Le journalisme, un certain art de l'information utile
La troisième rupture est technologique, encore plus déstabilisante qu’elle a lieu à l’intérieur même du métier de journaliste «avec l’irruption de l’internet et du web social, les journalistes ne sont plus les seuls à traiter l’information et ne la traitent plus de la même manière». L’expansion de l’information sur internet par l’arrivée de nouvelles techniques, met en concurrence les journalistes avec des citoyens plus ou moins avertis qui parasitent, court-circuitent voire alimentent leur rôle de médiateur de l’information. Tout un chacun peut s’improviser «journaliste» et déclencher un buzz sur le Net qui revient en boomerang dans les rédactions. Les journalistes se sentent dépossédés par cette intrusion manifeste dans l’exercice de leur profession qui accélère le rythme de travail, et dégrade, par ailleurs, la qualité de l’information.
«Médias sans médiateurs», «journalisme sans journalistes», ni «prédétermination du surmoi d’un journal» comme disait Schneidermann. Internet abolit les médiations. C’est cela qui lui vaut son succès et provoque l’angoisse de la profession déchue de son exclusivité au «bon à tirer», l’imprimatur suprême. Un journalisme démocratique, un contre pouvoir au quatrième pouvoir, ou une forme régressive de la pratique journalistique ?
Peur sur la presse. Et peur dans la presse où s’installe le même pessimisme que dans l’ensemble de la société française. Car dans ce constat, c’est la notion même de «média» qui est ici remise en cause. Nerveuse, la corporation s’en inquiète, et à bon droit, dans un secteur en crise à la croisée des chemins, d’un espace public soumis à une reconfiguration accélérée, où la précarité s’impose comme une norme et pour les plus jeunes un droit d’entrée dans la profession. Et le pire est sans doute à venir…
Jusqu’à des temps récents, le journaliste dominait en principe l’événement pour le décortiquer, l’analyser, le comprendre. A présent, comme le constate le journaliste Hervé Brusini dans son livre Copie conforme, «l’événement est maître du jeu». Menacer dans son utilité, c'est dans la singularité de son propos que le journalisme trouvera son issue. Ce que démontre le «tous journalistes» est précisément, a contrario, qu'il y a un vrai métier de journaliste, à redéfinir car il faudra de plus en plus de professionnels pour s'y retrouver dans la masse des événements.
D’où la nécessité impérative d’en revenir au journalisme tel que le concevait Orwell : une méthode singulière pour accéder au monde faite de distance critique et d'expérience concrète. Un certain art de l'information utile.
http://www.marianne2.fr/Le-blues-des-jo ... 06860.html
L'étude du cabinet Technologia en pdf => http://www.marianne2.fr/attachment/62280/
Re: Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
C'est de l'humour de journaliste?Le journaliste, travailleur auxiliaire de la démocratie

Quand tu vois le matin presque tous les gens lire tous le même journal gratuit dans un wagon de métro tu as des craintes sur l'avenir du journalisme.
Re: Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Les métiers du journalisme évoluent. Ils sont pris dans la tourmente de l'instantanéité, du Web, de la profusion d'infos disparates, de la vidéo, de la précarité, de la concurrence…
Mais aujourd'hui, les gens ne sont pas plus mal informés qu'ils ne l'étaient il y a 40 ou 50 ans quand 25 millions de personnes regardaient le même journal télévisé.
Eh oui, fut un temps (pas si lointain que ça finalement) où il n'y avait qu'une seule chaîne de télévision en France et 4 radios périphériques. Pas une de plus !
Les sources d'infos se sont diversifiées. Aujourd'hui, le public est libre d'écouter France Inter ou Radio Libertaire pendant une heure le matin, lire L'Huma dans la matinée, regarder BFM TV à midi, consulter des revues de presse Internet, acheter Le Monde en fin d'après-midi, et Le Canard Enchaîné le mercredi, écouter le flash d'Europe1 à 19h00 ou lire Métro dans les transports en commun…
J'en passe.
Peu à peu, le public apprend à s'informer par lui-même, sans passer par les "grands-messes" de l'info (notamment les JT de 20h00 de TF1 et France2) qui, jadis, réunissaient la quasi totalité de la population.
++++++
Les journalistes, c'est comme les Chômeurs (d'ailleurs bcp de journalistes le sont… chômeurs ou précaires). Il faut pas tous les mettre dans le même panier.
Si vous prenez Le Canard Enchaîné, ce sont - aussi - des Journalistes qui le rédigent. Des sites comme Médiapart, Rue89… itou. Des sites plus alternatifs comme Bastamag.net, même chose.
Et d'ailleurs - entre parenthèses - il n'est pas certain qu'Actuchomage existe sur la toile s'il n'avait été imaginé… par un journaliste.
Car la diffusion de l'information ne s'improvise pas non plus.
Le temps où des milliers de personnes jouaient aux "apprentis journalistes" sur leurs blogs est révolu.
Si cette profession - le journalisme - est entachée par de nombreuses pratiques contestables, disons que toutes les métiers ont leurs brebis galeuses, même chez les médecins ou les magistrats dont les missions sont encadrées par des Ordres et des Codes de déontologie pointilleux.
Enfin, pour finir, beaucoup de journalistes exercent leur activité dans une grande précarité. Nombre d'entre eux sont "pigistes", donc payés à la tâche, au niveau du Smic ou très en deçà parfois.
Comme souvent, l'amalgame est fait entre les tâcherons, les petites mains d'une profession, et ses élites que l'on peut - non sans raison parfois, souvent - soupçonner de collusion, de copinage, avec les élites économiques et politiques.
Il revient à chacune et chacun de faire son choix dans la masse d'informations disponibles.
Un Journaliste - au chômage non indemnisé - Président d'Actuchomage
À propos de précarité des Journalistes, relire notre article "Journalistes, Droits d’Auteur, Agessa : Un exemple de précarisation institutionnalisée".
http://www.actuchomage.org/201012151352 ... lisee.html
Mais aujourd'hui, les gens ne sont pas plus mal informés qu'ils ne l'étaient il y a 40 ou 50 ans quand 25 millions de personnes regardaient le même journal télévisé.
Eh oui, fut un temps (pas si lointain que ça finalement) où il n'y avait qu'une seule chaîne de télévision en France et 4 radios périphériques. Pas une de plus !
Les sources d'infos se sont diversifiées. Aujourd'hui, le public est libre d'écouter France Inter ou Radio Libertaire pendant une heure le matin, lire L'Huma dans la matinée, regarder BFM TV à midi, consulter des revues de presse Internet, acheter Le Monde en fin d'après-midi, et Le Canard Enchaîné le mercredi, écouter le flash d'Europe1 à 19h00 ou lire Métro dans les transports en commun…
J'en passe.
Peu à peu, le public apprend à s'informer par lui-même, sans passer par les "grands-messes" de l'info (notamment les JT de 20h00 de TF1 et France2) qui, jadis, réunissaient la quasi totalité de la population.
++++++
Les journalistes, c'est comme les Chômeurs (d'ailleurs bcp de journalistes le sont… chômeurs ou précaires). Il faut pas tous les mettre dans le même panier.
Si vous prenez Le Canard Enchaîné, ce sont - aussi - des Journalistes qui le rédigent. Des sites comme Médiapart, Rue89… itou. Des sites plus alternatifs comme Bastamag.net, même chose.
Et d'ailleurs - entre parenthèses - il n'est pas certain qu'Actuchomage existe sur la toile s'il n'avait été imaginé… par un journaliste.
Car la diffusion de l'information ne s'improvise pas non plus.
Le temps où des milliers de personnes jouaient aux "apprentis journalistes" sur leurs blogs est révolu.
Si cette profession - le journalisme - est entachée par de nombreuses pratiques contestables, disons que toutes les métiers ont leurs brebis galeuses, même chez les médecins ou les magistrats dont les missions sont encadrées par des Ordres et des Codes de déontologie pointilleux.
Enfin, pour finir, beaucoup de journalistes exercent leur activité dans une grande précarité. Nombre d'entre eux sont "pigistes", donc payés à la tâche, au niveau du Smic ou très en deçà parfois.
Comme souvent, l'amalgame est fait entre les tâcherons, les petites mains d'une profession, et ses élites que l'on peut - non sans raison parfois, souvent - soupçonner de collusion, de copinage, avec les élites économiques et politiques.
Il revient à chacune et chacun de faire son choix dans la masse d'informations disponibles.
Un Journaliste - au chômage non indemnisé - Président d'Actuchomage
À propos de précarité des Journalistes, relire notre article "Journalistes, Droits d’Auteur, Agessa : Un exemple de précarisation institutionnalisée".
http://www.actuchomage.org/201012151352 ... lisee.html
Re: Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Blog? C'est quoi un blog? Ah oui, un truc qui était tendance il y a ... 5 ansLe temps où des milliers de personnes jouaient aux "apprentis journalistes" sur leurs blogs est révolu.

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La "liberté" de la presse
Et ça existe depuis Napoléon !
Extrait :
article complet et source
Dans l'article, ils ont oublié de citer comme indépendants (car aussi sans pub) des journaux comme le Monde Diplomatique et Que Choisir.
Extrait :
Lors d’un banquet donné en son honneur à l’occasion de son départ à la retraite le 25 septembre 1880, John Swinton, rédacteur au New York Times, déclarait : « Chacun, ici présent ce soir, sait que la presse indépendante n’existe pas. Vous le savez aussi bien que moi. Il n’y en a pas un parmi vous qui oserait publier ses vraies opinions, et s’il le faisait, vous savez d’avance qu’elles ne seraient jamais imprimées. [...] Nous sommes les outils et les vassaux d’hommes riches qui commandent derrière la scène. Nous sommes leurs pantins : ils tirent les ficelles et nous dansons. Notre temps, nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété de ces hommes. Nous sommes des prostitués intellectuels. »
article complet et source
Dans l'article, ils ont oublié de citer comme indépendants (car aussi sans pub) des journaux comme le Monde Diplomatique et Que Choisir.
Re: Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Il y a de la pub dans le monde diplo' (je viens de finir de lire le numéro de juinDans l'article, ils ont oublié de citer comme indépendants (car aussi sans pub) des journaux comme le Monde Diplomatique et Que Choisir.

Re: Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Je ne l'ai pas encore ouvertIl y a de la pub dans le monde diplo' (je viens de finir de lire le numéro de juin

Les seules pubs que je vois en général sont pour des livres ou leur magazine "manière de voir", en tout cas c'est discret.
Re: Le «journalisme de marché», ou le déclin d'un métier
Il y a tout de même une dizaine de pub !Les seules pubs que je vois en général sont pour des livres ou leur magazine "manière de voir", en tout cas c'est discret.