Mensonge! La croissance n'assure pas des emplois décents

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Florence

Mensonge! La croissance n'assure pas des emplois décents

Message par Florence »

La polémique récurrente sur la véracité des chiffres du chômage en France occulte plusieurs autres questions liées au travail.
Dont celle de la "qualité" des emplois. Un emploi de qualité permet de vivre de son travail. Vivre c'est se loger, se nourir et se vêtir, mais également construire son existence et celle de sa famille. Pour cela, il convient que les rémunérations soient adaptées à la réalité des coûts des biens et services dont l'individu ne peut se passer.
C'est la définition d'un emploi décent.
Le Bureau International du Travail n'est guère optimiste en cette matière (voir ci-dessous).

Le chômage dans le monde
Le rapport annuel publié le 24 janvier par le Bureau international du travail (BIT) sur le chômage dans le monde souligne que « quand bien même cette forte croissance devrait perdurer en 2007, de sérieuses inquiétudes demeurent quant aux perspectives de création d’emplois décents et de réduction du nombre de travailleurs pauvres ». En effet, malgré une progression du produit intérieur brut (PIB) mondial estimée à 4,9%, le taux de chômage est resté quasiment inchangé par rapport à 2005, s’établissant à 6,3%, soit 195,2 millions de demandeurs d’emplois à travers le monde. Depuis dix ans, on assiste à un recul de la proportion de la population de 15 ans et plus, ayant un emploi qui passe à 61,4% en 2006, soit 1,2% de moins qu’en 1996. Au niveau sectoriel, et pour la première fois, la part du secteur des services dans l’emploi est passée à 40%, dépassant ainsi le secteur agricole (38,7%), suivi de l’industrie (21,3%).
(Le Monde, p 14, Maguy Day, 26/01/2007)

Source : Newsletter Cadremploi n°265 du 30 janvier 2007.

Un discours politico-économique fondé sur la croissance comme source d'amélioration de la qualité de vie des citoyens est un leurre.
Le grand jeu pour la domination du monde et la captation des richesses auxquels se livrent les très grandes entreprises a comme conséquence la paupérisation des humains à grande échelle.
Grâce à la dispersion, aux jeux personnels de pouvoir et au manque de courage des politiques, l'indécence sociale a encore de beaux jours devant elle.
superuser
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Message par superuser »

Bonjour Florence, et bienvenue !

Le sujet a déjà été abordé ICI et ...

Peu de choses à en dire, sinon que c'est consternant et que ce n'est pas fini !
Eschyle

La "croissance" ne crée pas d'emplois

Message par Eschyle »

Comme cela est bien expliqué ici
http://travail-chomage.site.voila.fr/ancien/mythes.htm,
en dehors d'un contexte bien particulier, la "croissance" ne crée pas d'emplois.

Depuis plus de quarante ans le chômage n'a cessé d'augmenter, excepté pour de rares périodes. En 1964 la France comptait 251 400 chômeurs, au sens du Bureau International du Travail (BIT) et en moyenne annuelle, pour 19 709 600 personnes actives occupées (ayant un emploi).

En 1992, pour une croissance de la valeur ajoutée de 1,17 %, l'emploi a diminué de 136 100 (-179 700 en emplois réels, du fait d'une forte progression de l'emploi à temps partiel) alors qu'en 1991, pour une croissance voisine (1,10 %), l'emploi a augmenté de 45 500 (+67 100 emplois réels).

En 1994, pour une croissance forte de 2,75 %, l'emploi a diminué de 8 900 (-95 600 emplois réels) car la productivité a augmenté davantage (2,79 %) pour une durée annuelle identique du travail. En 1995, avec une croissance plus faible (2,10 %) de la production, l'emploi a augmenté de 268 000 (+201 600 en réel, forte augmentation du temps partiel) car la productivité a très peu augmenté (0,88 %) pour la même durée du travail.


Au début des années 70, la croissance était sensiblement supérieure à celle d'aujourd'hui. De 1970 à 1974, en quatre ans, la valeur ajoutée a progressé de 18,83 % et la productivité de 19,15 %, valeur légèrement supérieure. Si l'emploi a cependant progressé de 742 000, soit 3,60 %, c'est que la durée annuelle du travail a diminué de 3,73 % (de 1821 à 1753 heures). Le chômage a malgré tout augmenté car la population active progressait plus vite que la création d'emplois.

Ce n'est donc pas une forte "croissance" qui crée de l'emploi mais une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité, comme pour les années 1988-89 (1,5 %) et dans une moindre mesure 1987 et 1990, ou une forte diminution de la durée du travail, comme entre 1970 et 1974.

Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits). Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée. Autrement dit, l'emploi (population occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.

En 1994, malgré une croissance importante de la production (2,75 %), 8 900 emplois ont été perdus. La perte d'emplois réels est de 95 600 du fait de l'augmentation de 219 200 des emplois à temps partiel.

Exemple : prenons 100 personnes construisant 100 maisons en une année. Si 105 maisons sont construites l'année suivante, soit :
- la productivité n'a pas changé et il faut embaucher 5 personnes de plus pour faire 5 % de travail en plus,
- la productivité a augmenté de 5 % (autant que la production) et les 100 personnes suffisent à effectuer cette production supplémentaire,
- la productivité a augmenté de 10 % et les 100 personnes pourraient produire 110 maisons - mais comme seulement 105 sont achetées, l'employeur n'aura besoin que de 95 personnes pour produire 105 maisons (95,45 personnes) et 5 personnes seront licenciées.
C'est ce qui se passe dans la vraie vie.
Florence

Message par Florence »

Bonjour,

Merci Eschyle pour la démo de la vraie vie.
Blague à part, je suggère de poster ton texte un peu partout pour améliorer la compréhension du mécanisme.

Mon post initial était mal titré et lancé dans un mouvement d'humeur.
C'est plutôt la notion d'emploi décent qui avait retenu mon attention.
Parce que, sous couvert de lutter contre le chômage, la tendance lourde va vers l'obligation qui sera faite aux chômeurs d'accepter des emplois indécents.

Par ailleurs, plus de 192 millions de chômeurs officiellement recensés dans le monde, cela laisse un goût amer.
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