Abus sur les indemnités de licenciement par les Assedic

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Modérateurs : superuser, Yves

Juicyfruit67

Abus sur les indemnités de licenciement par les Assedic

Message par Juicyfruit67 »

Quand on lit le règlement des Assedic à propos des indemnités de licenciement (téléchargement : http://info.assedic.fr/unijuridis/trava ... lACh06.pdf ), on trouve dans l'article 29-§2 quelque chose qui dit que les indemnités de licenciement perçues en trop sont converties en jours différés.
Traduction : si l'entreprise qui t'a licencié t'a versé plus que ce que lui impose la loi, de toutes façons, les Assedic font ce qu'il faut pour que tu n'en vois pas la couleur si tu restes suffisamment longtemps sans emploi (ce qui arrive quand on prend un coup de massue). D'où l'intérêt de l'indemnité de licenciement... Essayez maintenant d'en chercher le sens, vu du côté de nos institutions.

Pourtant le Code du travail, par l'article L122-9, impose une indemnité de licenciement si vous avez passé plus de deux ans dans votre entreprise. Dans son esprit, la perte d'un emploi est donc bien un préjudice, si je ne m'abuse.

Alors en quoi l'importance de la réparation de ce préjudice intéresserait-il les ASSEDIC ? Si les entreprises vous versent plus que les indemnités légales, c'est bien parce que les tribunaux sont en général assez sévères quand ils sanctionnent les employeurs fautifs.

Je trouve ce dispositif abusif : comme si la réparation par l'employeur de la perte d'un emploi était un luxe d'agrément anormal venant en supplément des allocations (pour lesquelles on a été obligé de cotiser).

Pire encore : si vous faites une transaction amiable afin d'éviter d'aller aux prud'hommes (ce qui peut impliquer que le motif du licenciement peut être retenu comme abusif), le montant de celle-ci est également converti en jours différés.
Dans mon cas, il y a eu harcèlement moral et vol d'effets personnels pendant mon arrêt maladie.
Les ASSEDIC s'en foutent et ne te versent pas d'allocation pour autant de jours différés correspondants.

J'avais convenu avec mon ex employeur que cette transaction devait également servir à financer une aide à la recherche d'emploi. J'ai demandé des devis mais je n'ai jamais pu en honorer un seul, parce que ces ASSEDIC en ont profité pour différer le versement de l'ARE. J'ai donc dû me débrouiller tout seul.
Grâce aux ASSEDIC, je n'ai rien perçu pendant plus de 5 mois, et j'ai cotisé plus de 10 ans... Pour une protection obligatoire organisée d'une manière indigne.

Franchement, je trouve ce paragraphe du règlement ASSEDIC dégueulasse car il est profondément injuste et incivique. Quand on voit ce dispositif, cela n'incite-t-il pas à ne pas aller aux prud'hommes, à se payer un avocat et emmerder la justice pour obtenir une réparation qui pour le coup ne sera pas, elle, repompée derrière en jours différés par ces fichues Assedic ?

J'ai écrit aux ASSEDIC, pas de réponse. A un syndicat, pareil.
Un député m'a répondu et la question sera posée à l'assemblée nationale.

J'aimerais savoir si beaucoup de personnes ont connu la même chose que moi. Et si certains pensent comme moi que c'est injuste, que doit-on faire pour que ce règlement injuste change ? Car pour moi, il y a quelque chose à changer dans ce règlement, qui de mon point de vue doit certainement toucher un paquet de gens, sans que personne ne râle...
Monolecte

Message par Monolecte »

S'il n'y avait que cela d'inique...
Tout le système de gestion/assurance du chômage est devenu totalement inique.

Il faut accumuler de plus en plus de conditions très restrictives pour prétendre à des droits de plus en plus réduits et sans cesse remis en question. Chaque jour, on doit faire la preuve qu'on est un bon connard de chômeur.
Mais qui se préoccupe de savoir si le mec qui t'as foutu dehors est un bon connard de patron?
Personne!

Toi, t'es un parasite. L'argent que tu as cotisé toutes ces années est parti dans le sable. En face, on a filé 65 milliards d'euros aux entreprises... et quoi? Rien, nada. Pas de contrôle, pas de preuves à apporter, rien, de l'argent dans le sable et toujours plus de chômeurs sur le trottoir!

Quant à tes indemnités, c'est la règle depuis fort longtemps : le fric de ton licenciement ne doit en aucun cas te servir à rebondir, à tenter quelque chose, comme monter ton activité ou financer ta reconversion. Non tu dois juste survivre dessus chichement jusqu'à ce que tu n'ais plus rien!
superuser
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Message par superuser »

Si ça peut te donner une idée de ce que va devenir notre système d'assurance chômage... Je pense que tu sais que l'UNEDIC, c'est "les partenaires sociaux" à savoir 5 organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC) et 3 patronales (Medef, UPA, CGPME). Notre sort est entre leurs mains et les associations de défense des chômeurs, malgré leurs vives protestations, n'ont pas droit de cité dans les négociations ou l'élaboration de ce que tu dénonces plus haut.

Et après, M. et Mme Michu vont s'imaginer que les chômeurs sont des profiteurs et des privilégiés alors que nous sommes avant tout des citoyens de seconde zone.

Que proposes-tu ?
Invité

Abus sur les indemnités de licenciement par les Assedic

Message par Invité »

Juicyfruit67 a écrit :... Et si certains pensent comme moi que c'est injuste, que doit-on faire pour que ce règlement injuste change ? Car pour moi, il y a quelque chose à changer dans ce règlement, qui de mon point de vue doit certainement toucher un paquet de gens, sans que personne ne râle...
Beaucoup de gens ne sont pas contents mais ils ne passent pas/peuvent pas passer au journal de 20h pour manifester leur mécontentement. La question n'est pas que doit-on faire mais plutot qu'est ce qu'on peut faire pour arrêter ce cassage de droit social mis en place depuis 2002 et qui risque de passer à une vitesse supérieure si jamais ...Car les Français n'ont encore rien vu, le pire est à venir.
St-Dumortier

Message par St-Dumortier »

Bonjour,

Le pire est à venir ....et à suivre,
car c'est toute la politique générale qui est accés sur le principe décrit par monolecte:
tu dois juste survivre dessus chichement jusqu'à ce que tu n'ais plus rien!
Derrière l'assurance chômage il y a les aides sociales avec les projets d'AUI (allocation unique d'insertion) qui lorgnent déjà vers le patrimoine foncier des futurs allocataires.
La santé, n'en parlons pas, bientôt à part des génériques en auto-médication dans les discounts, il n'y aura rien d'accessible hors mutuelle et assurance privées.
Les éconocroques, ils cherchent pas aprés parcqu'ils savent bien que ça va fondre tout seul !
Le loyer des propriétaires sera pompé obligatoirement et prioritairement par les Conseils Généraux (comme les charges)

Reste qu'une fois lessivé et sans droit au travail obligatoire, ou plus "malchanceux au grand loto de l'emploi",
lessivé donc,
ya risque de péter les plombs !

Là encore, avec la loi "protection juridique du majeur" en cours de discussion, fini l'aide de l'état.
D'office à charge de la famille (sans contrôle, ni financement) et s'il n'y a pas de famille possible l'état ... mais bien sûr aux frais du majeur protégé !

:roll:
Et aprés quand t'es mort dans la rue ?

- "y'a une asso de bénévoles qui te ramasse ...."
- " :?: "
-"Bein oui, tu comprends l'état il a plus le temps là ...
et puis ça coûte ....
tous ces mecs qui sont pas foutu de souscrire un contrat obsèques .....
comme y dit letas : "ça plombe le commerce équitable."
Juicyfruit67

Message par Juicyfruit67 »

superuser a écrit :Si ça peut te donner une idée de ce que va devenir notre système d'assurance chômage... Je pense que tu sais que l'UNEDIC, c'est "les partenaires sociaux" à savoir 5 organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC) et 3 patronales (Medef, UPA, CGPME). Notre sort est entre leurs mains et les associations de défense des chômeurs, malgré leurs vives protestations, n'ont pas droit de cité dans les négociations ou l'élaboration de ce que tu dénonces plus haut.

Et après, M. et Mme Michu vont s'imaginer que les chômeurs sont des profiteurs et des privilégiés alors que nous sommes avant tout des citoyens de seconde zone.

Que proposes-tu ?

En lisant ta réponse, je vois qu'on en est au même point : comment se faire entendre ?
Le gros souci est que les chômeurs n'ont pas à proprement dit de représentation légitime au niveau national. Je crois qu'il n'y a guère que la CGT qui a pris conscience de la nécessité de représenter les personnes touchées par le chômage.
C'est une démarche civique courageuse, car il faut bien financer cette représentation. Je me demande comment les autres associations de chômeurs font pour se financer.
Si c'est par d'autres chômeurs, je trouve que c'est un peu gênant, déjà qu'on est en difficulté. Malgré les réductions d'impôts qui viennent pour celles qui sont reconnues d'utilité publique. Car pour moi, les chômeurs sont trop nombreux pour entrer dans la catégorie des petites associations locales.

Je propose deux options :
1°/ donner la possibilité à un chômeur d'adhérer gratuitement à un syndicat. L'adhésion n'étant valable que pendant la durée du chômage. Le syndicat en question ferait ensuite valoir une subvention à l'état au pro-rata de ces adhésions enregistrées comme étant celles de personnes inscrites aux ASSEDIC.

2°/ Ou alors on libéralise l'assurance chômage (j'ai d'ailleurs trouvé une assurance qui propose des allocations bien plus performantes que les ASSEDIC au regard du coût des cotisations). Au moins, ça permettra à chacun d'avoir le choix de savoir pour quoi on cotise, et d'exercer un pouvoir réel via la concurrence.

La représentativité des chômeurs est de toutes façons une question de démocratie : vu le nombre, il est impensable que les chômeurs ne soient pas représentés pour voter les décisions de l'UNEDIC.
C'est un peu dans cette démarche que je me suis adressé à un député de ma région.

Je voudrais remercier les créateurs de ce site, que j'ai trouvé le plus pondéré parmi le reste. Le chômeur n'est en principe qu'une étoile filante, il doit finir par retrouver un travail (en majorité je pense). Il ne peut donc pas s'investir durablement dans une association représentant les chômeurs. L'existence de forums où l'on peut s'exprimer répond au besoin d'être entendu quand on est un chômeur éphémère. Il n'y a pour l'instant pas mieux comme instrument démocratique.

Mais je repose ma question : as-tu une idée du nombre de ceux comme moi ceux qui ont été licencié pour motif individuel ? Et qui ont donc eu ce problème de jours différés ?
Ma question est importante car je pense que les acteurs légitimes de l'UNEDIC tablent sur le côté éphémère du statut de toutes ces personnes pour se défiler. A mon avis, je pense que nous sommes le plus grand nombre en proportion des chômeurs.
St-Dumortier

Message par St-Dumortier »

Bonjour,
Ou alors on libéralise l'assurance chômage (j'ai d'ailleurs trouvé une assurance qui propose des allocations bien plus performantes que les ASSEDIC au regard du coût des cotisations). Au moins, ça permettra à chacun d'avoir le choix de savoir pour quoi on cotise, et d'exercer un pouvoir réel via la concurrence.
Il serait intêrressant de pouvoir comparer.
Mais en règle générale, je me demande si nous ne tomberions pas dans les travers de l'assurance (auto ou autre), c'est à dire que quand vous devenez un "risque" trop important, la prime augmente en conséquence.
A terme, vous pouvez même être exclu du système d'assurance.

Le problème dans l'application de ce système à la perte d'emploi, c'est que vous ne pouvez rien faire en prévention du risque.
Par exemple, quand vous êtes cambriolé, encore faut-il qu'il y ait effraction pour être remboursé !
Normal direz vous que de ne pas laisser sa porte ouverte en comptant sur l'assurance.
mais en cas de licenciement et en supposant que vous ayez un peu trop "ouvert votre g...le" et pris quelques avertissements dans les mois qui précèdent ...,
Cela sera-t-il considéré comme un défaut de précautions préalable ?

:wink: Voyez vous ce que je veux dire ?
Confier l'assurance chômage à des entreprises à but lucratif c'est bien,
mais si cela avait été fait avant, aujourd'hui nous serions miséreux (bien plus) ou l'entreprise aurait déposé le bilan ...

Pour moi le chômage est affaire de société, pas de commerce, et encore moins du "commerce de prophéties" qu'est l'assurance.
superuser
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Message par superuser »

1°/ donner la possibilité à un chômeur d'adhérer gratuitement à un syndicat.
Autant faudrait-il que les syndicats l'acceptent. Ouvrir leurs portes et leurs compétences aux chômeurs et aux précaires reste le cadet de leurs soucis, sauf rare exception (la CGT).
Mais je repose ma question : as-tu une idée du nombre de ceux comme moi ceux qui ont été licencié pour motif individuel ? Et qui ont donc eu ce problème de jours différés ?
Pour te répondre partiellement : aujourd'hui, 76% des licenciements sont pour "motifs personnel" - fautes, insuffisance professionnelle ou inaptitude - et 24% économiques. Dans ces 76%, peu bénéficient de conditions de départ avantageuses (les meilleurs arrangements concernent davantage les cadres que les employés et ouvriers).
Juicyfruit67

Message par Juicyfruit67 »

Pour te répondre partiellement : aujourd'hui, 76% des licenciements sont pour "motifs personnel" - fautes, insuffisance professionnelle ou inaptitude - et 24% économiques. Dans ces 76%, peu bénéficient de conditions de départ avantageuses (les meilleurs arrangements concernent davantage les cadres que les employés et ouvriers).
Merci d'avoir répondu.

A St-Dumortier, je réponds qu'il a raison à propos de mon idée d'assurance privée (on la met au placard !). Mais le concept d'assurance de complément aux ASSEDIC reste quand même une voie très intéressante lorsqu'on est en activité, et que je recommanderais (comme allocation, les ASSEDIC ne vous garantiront de toutes façons jamais le salaire que vous aviez).

Je suis ingénieur (d'une grande école par dessus le marché) et effectivement tous les licenciements que j'ai connus l'étaient pour motif personnel (jamais de faute grave).
En 1994, mon premier salaire a été le RMI.
Dans l'esprit de votre article en lien, j'ai subi en 1996 chez PSA-CITROEN une contrainte à la démission (mais je ne connaissais pas la loi à l'époque pour contester).
J'ai donné et je commence à en avoir assez.

A propos de cette idée d'adhésion gratuite :
les syndicats se plaignent de ne pas être suffisamment représentés. Cette adhésion gratuite est au contraire un formidable vivier de recrutement pour eux : c'est celui qui est passé par la case chômage qui sait combien il est important d'être protégé. Et quand on trouve la société injuste, de militer dans ces syndicats. Et si les marketings font bien des offres d'abonnements gratuits pendant 3 mois et payants après, c'est que ça marche pour fidéliser un client : alors pourquoi pas la même chose en proposant à un chômeur d'adhérer pour se défendre contre les injustices (qui a plus le temps pour militer d'ailleurs) ?
Si la CGT a fait le pas, c'est parce qu'ils sont vraiment militants et moins bêtes que les autres. Peut-être les autres sont-ils encore un peu mous ou pas mûrs sur le sujet.
Quoique j'ai vu quelque part que la CFDT a récemment convenu de rendez-vous réguliers avec actuchômage (les chômeurs semblent donc aussi les intéresser).
Je dirais aussi qu'à force d'essayer de maintenir la tête des chômeurs sous l'eau, on sème aussi les germes de la révolte (l'histoire ne dément pas ce processus). Quand ils ont fini de pousser, il est alors trop tard.
Si cette idée d'adhésion gratuite, subventionnée par l'état (car il faut aussi une conscience politique) vous plait, alors défendons-là ! Trouvons les arguments positifs pour la vendre à qui de droit ! Ou alors il y a peut-être d'autres solutions auxquelles vous avez déjà réfléchi et que vous n'avez pas le temps d'exposer ici ?

En tous cas, je ne peux pas admettre que dans cette société on puisse cautionner un règlement UNEDIC dont au moins un dispositif touche énormément de monde dans une véritable injustice, et qu'on ne dise rien ! Nous sommes nombreux à subir la loi des indemnités de licenciement transformées en jours différés, nos voix comptent !
Je ne suis pas persuadé que les seuls cadres soient des privilégiés par rapport aux indemnités légales. Les employés et ouvriers n'hésitent pas non plus à aller aux prud'hommes.
Or tu sais qu'un prud'homme gagné génère des sanctions sévères contre les entreprises, et très avantageuses pour le plaignant. C'est donc un argument de poids pour obtenir plus que les indemnités légales.
Dans mon cas, je n'ai rien négocié pour ces indemnités, c'est mon ex-employeur qui me les a données d'office. Les entreprises savent donc ce qu'un procès leur coûte et n'hésitent pas à donner un peu plus que les indemnités légales, surtout quand elles se sentent fautives (à vous lire, ce qui semble être souvent le cas)...

Dans l'esprit de ces échanges, puis-je suggérer aux animateurs du site de créer une rubrique avec des propositions concrètes que vous souhaitez défendre auprès des institutions concernées ? Avec pour chacun des thèmes la possibilité de réagir et d'enrichir ces propositions, selon les idées des internautes et formalisées au fil de l'eau suivant les convictions dans lesquelles vous souhaitez inscrire votre action (un peu comme le principe des contributions à wikipedia).
superuser
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Message par superuser »

le concept d'assurance de complément aux ASSEDIC reste quand même une voie très intéressante
Mais injuste. C'est un truc de riche : c'est celui qui pourra se l'offrir qui sera le mieux couvert, comme pour les mutuelles complémentaires...
Non : résolument, c'est le règlement de l'Unedic, concocté par des partenaires sociaux dont les représentants n'ont jamais connu le chômage, qui est à revoir. Mais ça, ça fait longtemps qu'on le dit, et de plus "puissants" ou mieux placés que nous aussi... En vain. La gestion de l'Unedic est un exemple de corporatisme tout puissant.
Quoique j'ai vu quelque part que la CFDT a récemment convenu de rendez-vous réguliers avec actuchômage
Non, il s'agit du MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires).

Attention : Actuchomage (association APNÉE) n'est pas une association de défense des chômeurs. Si les quatre associations de défense des chômeurs officielles n'ont déjà que peu de légitimité aux yeux des gestionnaires de l'Unedic, nous n'en avons carrément aucune. De plus, contrairement à AC!, au MNCP, à l'APEIS ou à la CGT-Chômeurs, nous n'avons que 2 ans et demi d'existence et aucun moyen financier.
Surtout, notre vocation première est avant tout informative : il s'agit de décortiquer, puis d'expliquer au plus grand nombre ce qu'est le chômage pour déculpabiliser et faire prendre conscience. Nous souhaitions, en démarrant notre activité, donner une autre dimension à la militance classique par le biais de la diffusion de savoir et d'idées, premier terreau de l'initiative militante. Et nous avons choisi l'outil internet pour faire passer nos messages car il est aussi efficace que peu onéreux.

Notre noyau dur (actif) est composé de 3 personnes, autour desquelles gravitent des contributions ponctuelles plus ou moins régulières. Même si nous commençons à bénéficier d'une certaine reconnaissance, c'est tout récent et encore insuffisant pour peser vraiment sur quoi que ce soit.

Pour mettre tes idées en application, il faudrait que nous allions rencontrer un par un les responsables de tous les syndicats (s'ils daignent nous recevoir… déjà qu'il faut leur courir après pour avoir une interview). Et nous ne sommes que deux pour faire tout ça.
Je ne suis pas persuadé que les seuls cadres soient des privilégiés par rapport aux indemnités légales. Les employés et ouvriers n'hésitent pas non plus à aller aux prud'hommes.
Oui, les employés et ouvriers vont plus volontiers aux Prud'hommes, car - entre autres - ils se font davantage arnaquer sur leurs indemnités de licenciement que les cadres.
Et les employés et ouvriers n'ont pas la même surprise que tu as eu avec les délais de carence de l'Assedic, puisque ce qu'ils touchent en partant n'a rien de remarquable.
Juicyfruit67

Message par Juicyfruit67 »

Mea culpa au sujet de la confusion MNCP / Actuchomage, mais enfin, l'important est que la CFDT embraye le mouvement.
Et j'espère que les autres suivront.
Ce qui me parait vraiment intéressant dans votre site, c'est sa pluralité, car on n'a pas forcément tous envie de s'embarquer avec un syndicat dont on a souvent du mal à cerner les doctrines (lequel choisir ?).
Quand je parlais innocemment du financement d'associations pour le droit à la parole des chômeurs, mon analyse était hélas juste... Je mesure votre pouvoir d'action, et je comprends que cela passe par une légitimité à laquelle vous aspirez, mais que vous ne pouvez encore faire valoir. Patience, donc.
Mon avis est que votre raison d'être doit durer, tant que les chômeurs n'auront pas de pouvoir démocratique face aux institutions.

A propos de l'assurance chômage :
Dans ma cotisation, sur 1 Euro versé aux ASSEDIC, mon patron en aura payé 0,60. (ma cotisation aura pesé 3.5% de mon salaire net : c'est peu)
Et mon allocation s'établira à 9 Euros/mois.
Proportionnellement avec l'assurance privée, je vais cotiser 0,2 Euros pour un complément de 2,8 Euros (soit 1.7% en plus de mon salaire, ou encore 25 Euros pour un salaire de 1500 Euros).
Regardez vos anciennes fiches de salaires et vous verrez que cette cotisation privée n'est pas si extraordinaire que ça et je ne suis pas du tout d'accord pour dire que c'est l'apanage des riches. C'est quoi 25 Euros sur 1500 Euros pour se protéger en cas de coup dur ?
Du concret svp, pas d'idéologie.

Maintenant, j'aimerais éclairer la légitimité de mon coup de gueule :
- les indemnités légales ne représentent qu'une somme symbolique : au minimum 1/10 du salaire par année passée.
A la fin, ça fait pas grand chose (5 ans à 1500 Euros, ça fait 750 Euros d'indemnités...).
- les prud'hommes accordent volontiers dans ce cas 6 mois de salaire en indemnités quand le licenciement est abusif : ça fait dans notre cas 9000 Euros (12 fois plus !), exonéré d'impôt.
- l'indemnité est une réparation pour un préjudice subi. Quand on passe devant les tribunaux et qu'on demande une réparation, le préjudice subi doit être prouvé et quantifié. Les sanctions ne sont donc pas des cadeaux du ciel pour les victimes.

Questions :
1°/
pourquoi les ASSEDIC peuvent se permettre de juger qu'une indemnité de licenciement supra légale obtenue à l'amiable est un luxe, comparée à l'indemnité que les tribunaux accordent (et de façon plus conséquente qu'à l'amiable) ? Alors que cette même indemnité a une légitimité réelle par la voie judiciaire ? De même pour la transaction amiable, qui dans mon cas a servi en partie à couvrir des vols d'effets personnels. Vous ne trouvez pas qu'il y a là une injustice criante qui n'a rien d'un luxe et qui touche peut-être la moitié d'entre nous ?
2°/ Trouvez-vous normal qu'un salarié licencié qui obtient difficilement une réparation de son employeur pour un licenciement soit encore pénalisé (souvent à son insu) derrière par les ASSEDIC ? Ca vous amuserait de vous dire que vous allez vous battre pour négocier une rupture à l'amiable et que derrière l'ASSEDIC utilise les résultats de votre combat pour mieux vous enfoncer ?

Si vous croyez qu'il n'y a que les ouvriers qui se font avoir et qui sont les plus à plaindre... Que dire des cadres (qui le sont par leurs études, excusez-les) qui sont souvent l'objet de pressions inhumaines et qui doivent se débrouiller entre le marteau et l'enclume ?
Savez-vous par exemple qu'on m'a contraint à réduire des effectifs contre mon gré ? Ce genre de chose a fini par du harcèlement et de la dépression. Et un licenciement !
Croyez-vous qu'un cadre est plus heureux avec un meilleur salaire ? Ont-ils le temps et de se construire une maison à moindres frais comme un ouvrier le peut ? Ce débat cadres / ouvriers me parait ici bien inapproprié. Balle au centre.
S'il vous plait, pas de discrimination par le statut.
Nous sommes tous acteurs de la société, avec nos moyens.

Serrons-nous plutôt les coudes contre les injustices les plus criantes et qui touchent le nombre.

Ne pensez-vous pas qu'il y a sur ce terrain un vrai combat à mener ?
maguy

Abus sur les indemnités de licenciement par les Assedic

Message par maguy »

Croyez-vous qu'un cadre est plus heureux avec un meilleur salaire ?
Heu... oui :P

Dans ces temps lointains où je travaillais encore comme cadre, j'avais bien sûr des pressions par le travail, des horaires très durs, mais c'est un choix aussi. Si on refuse les responsabilités et les pressions on garde son statut d'employé.
Ont-ils le temps et de se construire une maison à moindres frais comme un ouvrier le peut ?
Là je ne comprends pas bien... en quoi un ouvrier paierait moins qu'un cadre ? Sans compter que l'obtention d'un crédit est aussi assujetti aux revenus.

Beaucoup d'Actuchômeurs sont d'anciens cadres.
S'il vous plait, pas de discrimination par le statut
Ici, nous ne faisons pas de discrimination, je crois que tu t'es emballé(e) un peu vite.
Nous sommes tous acteurs de la société, avec nos moyens
Personne n'a dit le contraire. Ne te trompe pas de cible STP !
victorine83

Message par victorine83 »

Mea culpa au sujet de la confusion MNCP / Actuchomage, mais enfin, l'important est que la CFDT embraye le mouvement.
Tant mieux et j'espère que cela va servir pour que la CFDT cesse d'accepter de rogner les droits d'indemnisation des chômeurs en signant systématiquement les conventions UNEDIC dont la dernière a privé des milliers de chômeurs d'indemnités chômage.

Sinon, je suis du même avis que St Dumortier, le chômage est une affaire publique et ne doit pas rentrer dans le domaine privé avec un système d'assurance complémentaire qui, n'en doutons pas, permettra petit à petit au Medef de rogner encore davantage sur l'indemnisation basée sur le système de la solidarité nationale comme c'est déjà le cas avec la sécurité sociale (moins de remboursement donc une parcipation toujours en augmentation des mutuelles à la charges des assurés). Donc Sophie (superuser) a raison quand elle dit que ce système est inégalitaire. De plus, il faut tenir compte de la précarisation des emplois qui ne permettra pas aux salariés de s'assurer correctement. Avec ce principe, nous ferions le jeu du Medef qui tend à la privatisation de tous les services publics avec les dégâts qui en découleront. Donc là, je ne crois pas que nous soyons dans l'idéologie mais bel et bien dans l'anticipation de la direction vers laquelle un tel système nous dirigerait.
Si vous croyez qu'il n'y a que les ouvriers qui se font avoir et qui sont les plus à plaindre... Que dire des cadres (qui le sont par leurs études, excusez-les) qui sont souvent l'objet de pressions inhumaines et qui doivent se débrouiller entre le marteau et l'enclume ?
Là, je suis d'accord, il ne faut pas négliger les conditions de travail de plus en plus dures des cadres qui sont la plupart du temps sur des sièges ejectables. La pression est effectivement de plus en plus inhumaine. De plus, j'ai crû comprendre que les DRH étaient des cadres exécutants contrairement aux autres directeurs qui ont un rôle participatif aux prises de décison dans l'entreprise. Je ne sais pas si c'est partout pareil mais là, c'est un DRH qui en parlait.
A propos de cette idée d'adhésion gratuite :
les syndicats se plaignent de ne pas être suffisamment représentés. Cette adhésion gratuite est au contraire un formidable vivier de recrutement pour eux
Je pense que tu ne connais pas le monde syndical et moi-même, je le connais très peu puisque je me suis syndiquée il y a quelques mois et que je me suis engagée plus avant, il y a seulement deux mois. Dans le syndicalisme, il n'est aucunement question de recrutement (déformation professionnelle ? :wink: ) mais d'un engagement militant.

Pour la gratuité, c'est difficile de l'envisager. Et est-elle souhaitable ? Perso, je ne le pense pas. D'ailleurs, tu dis que 25 €, c'est peu pour une complémentaire chômage... alors, c'est peu aussi pour contribuer au fonctionnement d'un syndicat dont le but est de défenfre les droits des travailleurs et des privés d'emploi ou de lutter pour en acquérir.
Juicyfruit67

Message par Juicyfruit67 »

Pour la gratuité, c'est difficile de l'envisager. Et est-elle souhaitable ? Perso, je ne le pense pas. D'ailleurs, tu dis que 25 €, c'est peu pour une complémentaire chômage... alors, c'est peu aussi pour contribuer au fonctionnement d'un syndicat dont le but est de défendre les droits des travailleurs et des privés d'emploi ou de lutter pour en acquérir.
Après mûre réflexion, je pense finalement que cette idée d'adhésion gratuite ne va que pour ceux qui veulent militer contre l'UNEDIC :
Pour la majorité de ceux qui vont perdre leur job et qui ne sont donc pas syndiqués, les syndicats ne manifestent pas beaucoup d'intérêts. Parce qu'une personne menacée de licenciement qui veut se défendre, ce sont des frais d'avocat qui viennent derrière : pas rentable l'adhésion...
Et même quand tu adhères, l'assistance des syndicats est très limitée (si je me souviens, on te couvre à hauteur de 1000 Euros de frais d'avocat, après, c'est pour ta pomme, 1000 Euros. Et encore 1000 euros si tu vas en appel).
Aujourd'hui, pour se protéger, je ne vois qu'une seule chose : souscrire à une protection juridique. C'est le seul moyen d'être bien couvert pour les frais d'avocat.
Je ne parle pas de l'aide juridictionnelle qui n'est que symbolique pour la plupart de ceux qui ont un salaire.

Pour l'allocation, de toutes façons, il y a un problème : tu ne perçois que 60% de ton salaire avec l'ARE. Pour ceux qui ont de faibles revenus, c'est un vrai drame. Alors ou bien on revalorise l'ARE et autres allocations, ou bien on laisse se mettre en place des assurances privées. Mais on ne peut pas à la fois subir la loi inique de l'UNEDIC sans rien faire, et s'interdire de recourir à une assurance privée en même temps. Il y a urgence !

Ce que je conclue de tous ces échanges :
le seul moyen de militer contre les dispositions injustes de l'UNEDIC, c'est au minimum de s'inscrire sur un site comme actuchomage. Les syndicats n'ont que peu d'intérêt à s'engager dans la défense des chômeurs, à cause des frais de justice aux prud'hommes. Comme le suggère Victorine83, on peut adhérer à un syndicat si on veut militer contre les abus de l'UNEDIC. Mais en attendant, il faut que les voix des chômeurs soient représentées, et que leurs problèmes puissent être portées sur la voie publique de façon concertée sous la forme de revendications, via des représentants nouveaux comme actuchomage. Celui qui veut militer ne peut aujourd'hui le faire qu'en adhérant à un syndicat. C'est triste à dire, mais on est encore trop peu à se rassembler pour espérer quelconque pression efficace contre l'UNEDIC. Faut serrer les fesses en attendant...
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Message par Invité »

Juicyfruit67 a écrit : C'est triste à dire, mais on est encore trop peu à se rassembler pour espérer quelconque pression efficace contre l'UNEDIC. Faut serrer les fesses en attendant...
Trop peu? Si les plus de 2,5 millions de chômeurs et précaires + plus de 1 millions de RMIstes ont assez de jugement pour ne pas voter pour celui qui veut casser tout le droit du travail sous couvert de modernisme, le candidat en questioin n'aura aucune chance de gagner.Ne l'oublions jamais, lors du TCE, tous les médias était pour -et même quelques-uns de ce forum, le NON a pourtant gagné.
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