Stages : du progrès ?

[superuser]

Patronat et syndicats ont signé un accord instaurant un délai de carence afin d'empêcher le remplacement immédiat d'un stagiaire par un autre sur un même poste de travail. Le texte doit ensuite être adopté par le Parlement.

C'est un texte qualifié de modeste mais qui augure quand même de réels changements au sein des entreprises. Le patronat, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont signé mardi un accord sur "l'accès des jeunes aux formations en alternance et aux stages", troisième volet de négociations sur l'emploi des jeunes. Or, la partie consacrée au stage prévoit un "délai de carence" entre l'accueil de deux stagiaires sur un même poste. Une mesure réclamée depuis longtemps par les associations d'étudiants mais rejetée jusque là, notamment en 2004 où le gouvernement craignait que la mesure ne dissuade les employeurs de former des stagiaires.

"Ce qu'il vient de se passer n'est pas anodin, même si l'on aurait pu aller plus loin, confirme Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, qui espère que la mesure sera approuvée lors du vote de la loi sur l'apprentissage et l'emploi des jeunes. "On va faire ce qu'il faut pour convaincre les parlementaires", assure-t-il.

Bien que défini comme "une période de formation pratique complémentaire à la formation académique", le stage se substitue souvent à d'authentiques postes de travail. L'accord signé par les partenaires sociaux devrait empêcher à termes que les stagiaires ne se relayent indéfiniment pour remplacer un salarié à peu de frais. Le délai de carence sera égal au tiers de la durée du stage, alors que le patronat ne proposait qu'un cinquième. Après un stage de six mois par exemple, un employeur ne pourra faire travailler un autre stagiaire sur le même poste pendant deux mois.

Vocation pédagogique du stage

"C'est très positif, se félicite aussi Guillaume, de Génération précaire. Permettre de remplacer un stagiaire par un autre sur un même poste était la preuve évidente que l'on détournait la vocation pédagogique du stage." Pour ce porte-parole du collectif, cette mesure "réaffirme l'idée que le stage sert à former un jeune et non à se substituer à un poste permanent. Elle va mettre une pression sur certains managers qui avaient pris l'habitude de prolonger les stages ou de les renouveler, demandant parfois aux stagiaires de former leurs successeurs".

Le texte prévoit aussi une limitation à six mois par an de la durée des stages dans une même entreprise et la fin des stages hors-cursus. Les syndicats ont regretté qu'aucune amélioration ne soit apportée en matière de gratification et l'absence d'avancée que la protection sociale -chômage et retraite- des stagiaires. Génération précaire réclame toujours une limitation du nombre d’"apprenants" à 10% des effectifs pour lutter contre les abus.

Déceptions sur le volet de l'alternance

L'accord prévoit aussi un taux annuel de progression de 10% des contrats en alternance par les branches professionnelles. Alors que le quota obligatoire d'alternants dans les entreprises de plus de 250 salariés doit passer à 4% sous peine de pénalités, le respect de cet objectif par l'ensemble de la branche permettrait aux entreprises moins "vertueuses" d'éviter la sanction. Un arrangement qui fait du texte un "accord bla bla", "raté", et qui "va permettre aux grandes entreprises de s'exonérer de la disposition du 4%", a déploré Force Ouvrière.

http://lexpansion.lexpress.fr/jeune-dip ... 56724.html

[Hermine]

J'ai peut être tendance à voir le mal partout, mais

sur un même poste de travail

me semble être la porte ouverte à... aucun changement. Il suffit de définir suffisamment de postes de travail différents pour un même boulot, non ? Dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit, c'est pas exactement la tendance pour les contrats proposés aux jeunes qui cherchent désespérément une première expérience (je parle en connaissance de cause !)

[superuser]

Tu as raison.

[Invité]

J'ai peut être tendance à voir le mal partout, mais ...

Non je pense comme vous. Pour éviter qu'on ne bidouille la fiche de poste, il faudrait un contrôle auprès du stagiaire (qu'est-ce qu'il y a dans le descriptif et qu'est-ce que vous faites concrètement ?). Difficile à mettre en place, et le stagiaire qui espère toujours être recruté avec un vrai contrat n'osera rien dire.
Retrouver les stagiaires après coup pour prouver la mauvaise foi de l'employeur, ça me paraît difficile.

Par contre, obliger la boîte à embaucher le stagiaire si l'employeur n'a aucun fait objectif à lui reprocher, à l'issue d'une entrevue entre stagiaire, employeur et inspecteur du travail, par exemple ?
Je rêve...

[Hermine]

il faudrait un contrôle auprès du stagiaire (qu'est-ce qu'il y a dans le descriptif et qu'est-ce que vous faites concrètement ?). Difficile à mettre en place, et le stagiaire qui espère toujours être recruté avec un vrai contrat n'osera rien dire.

Théoriquement c'est le cas des stages avec convention, il y a un référent de la formation qui vérifie le descriptif et qui doit faire le point avec le stagiaire. Mais effectivement, avec l'espoir d'une embauche, on fait vachement moins la fine bouche J'ai fait un stage non rémunéré de 2 mois lors de mes études alors que c'était interdit par mon école (le fait de ne pas être rémunéré) en maquillant un peu la convention parce que j'avais un CDD derrière !

[Invité]

Théoriquement c'est le cas des stages avec convention, il y a un référent de la formation qui vérifie le descriptif et qui doit faire le point avec le stagiaire.

Oui mais ce référent est lié à un organisme de formation. Il faudrait un type tout à fait extérieur, qui suive les mêmes boîtes sur des années, afin d'être capable de détecter les abus.

[cassopolis]

En fait il faudrait une base de données, quand l'employeur embauche un stagiaire, il le déclare sur cette base, controlée par l'inspection du travail je sais c'est utopique, . C'est comme toutes ces administrations qui embauchent des stagiaires pendant des longs mois sur des postes

[Maxerem]

C'est fou d'en arriver là !

Il y a 30 ou 40 ans, certaines boites avaient des stagiaires,en permanence. Et ce n'étaient pas des abus, au contraire! Les stagiaires des écoles techniques se relayaient : une section faisant le 1er semestre de l'année, l'autre section le 2nd, et certains comme moi, sans stage obligatoire, allaient y passer 3 mois l'été.
Je précise que les stages étaient intéressants, formateurs pour l'étudiant et apportaient du sang neuf au bureau d'étude qui les accueillait volontiers ... La paye était celle d'un technicien débutant, avec cotisations et tout : j'ai validé 4 trimestres comme ça. On n'envoyait même pas de CV, on se présentait pour relayer le copain ...

C'était en France, dans les années 70 ....

Sans vouloir comparer, mes fils sont à l'étranger - pour des stages volontaires de qualité - avec indemnité correcte et logement payé. Ils ont trouvé facilement alors qu'ils n'avaient trouvé que des stages nuls ou alors "d'exploitation " en France.

Pour ceux qui ont des jeunes qui cherchent à se former, n'hésitez pas : les Pays Bas, la Suède, même l'Allemagne, c'est apparemment encore possible la-bas , et ils apprendront l'Anglais et bien d'autres choses!