Monolecte a écrit :Bref, on nous prépare un monde sans hommes et on fait chier les gens qui ne trouvent pas de travail dans un monde dont la seule logique est de détruire de l'emploi!
C'est exactement cette contradiction inhérente du capitalisme dont parle Robert Kurz. Comme le moteur d'une voiture a besoin de carburant pour fonctionner, des gens qui travaillent sont le "carburant" du capitalisme. Dans la concurrence éternelle de l'économie du marché (mondial), le capitalisme optimise son moteur sans relâche en produitsant toujours plus avec toujours moins de "carburant" - les gens qui travaillent. C'est même son objectif majeur, son idéologie. (Une deuxième façon "d'optimiser" le moteur est "le carburant" pas cher) Mais pour acheter les produits qui sont fabriqués on a besoin d'argent, que l'on n'obtient qu'en travaillant. Une partie de l'argent de consommation est investi pour optimiser encore plus le moteur du capitalisme, donc soit encore moins de gens qui travaillent soit des gens qui travaillent pour moins (d'argent). Ayant moins (ou pas) d'argent ils consomment moins ou ne consomment plus. Voilà un moteur qui s'optimise jusqu'à sa propre déstruction. (On va se retrouver avec plein plein de produits à consommer que presque personne ne pourra plus se permettre d'acheter)
C'est une façon un peu simpliste de résumer la thèse de Robert Kurz dans son livre complexe "Das Weltkapital" (le capital du monde), mais je la trouve intéressante et pas sans fondement.
En tout cas il en résulte que espérer de retrouver du plein emploi dans la société est vain, même absurde. Il faut inventer d'autres façons de vivre et de fonctionner en société. Viser le sens de sa vie d'homme ou de femme sur la seule et unique valeur de travail (comme le fait par exemple Sarkozy - et il est loin d'être le seul) paraît dans cette vision obsolète.
Je pense que les changements qui vont s'imposer aux sociétés sont tellement vertigineux, que la plupart des dirigéants et dirigés préfèrent un refoulement massif et généralisé au lieu d'affronter, réfléchir, préparer et accompagner ces changements. Ce système qui va droit dans le mur est encore considéré comme une sorte de religion à laquelle il faut croire à tout prix. Mais nombre de molécules de ce carburant dont le moteur n'a plus besoin ont perdu la foi.
Excusez-moi si je m'éloigne du sujet, mais ce sont des réflexions qui m'occupent intensément. J'ai l'impression que cela fait un moment que je "pressens" cette vision sans avoir pu la préciser jusqu'à présent (donc je suis content d'avoir trouvé un auteur qui exprime mille fois mieux ce que je ressens comme un malaise profond en moi, et qui a fait une étude détaillée dessus), mais ça fait un bon moment que j'ai perdu la foi, ou au moins l'envie de vouloir faire partie d'un système que je considère absurde, obsolète et perdant. En même temps je suis bien obligé de vivre dedans, n'étant qu'un petit molécule insignifiant de ce carburant dont le moteur n'a plus besoin.
Cette aussi une des raisons pour lesquelles je n'ai plus envie qu'on me sorte encore plus de mesures et contraintes pour me "réinsérer" dans un système que je rejette sur le fond. C'est comme si je n'ai pas envie d'investir dans un projet que je vois condamné d'avance, qui ne m'intéresse pas et duquel je me suis séparé intérieurement depuis longtemps.
Cela ne signifie pas du tout que je n'aie pas envie de donner quelque chose à la société dans laquelle je vis, mais je considère que je suis beaucoup plus efficace si c'est moi qui décide mon mode de vie, mes occupations et mes engagements de m'impliquer dans la société. Ce ne sera pas avec un enième plan de contrôles et de contraintes qu'on va réussir à me faire adhérer à des choses qui ne me correspondent pas.