Enquête sur la santé des personnes au chômage

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Modérateurs : superuser, Yves

victorine83

Message par victorine83 »

Pourtant, la dépression n'est pas l'apanage des faibles. Reconnaître qu'on va mal, se regarder dans la glace et faire en sorte de guérir est au contraire une force.
Comme c'est bien dit et lorsque j'ai décidé de soigner ma dépression, j'ai toujours considéré que je faisais preuve de courage car je me devais de me remettre en condition pour continuer à assumer mes responsabilités familiales. Je me devais également de préserver mes enfants afin qu'ils pâtissent le moins possible de la situation et qu'ils aient le droit d'avoir une maman sereine pour s'occuper d'eux, ce qui n'a pas toujours été le cas pendant ces longues années de périples.

Quant aux hommes, certains feraient mieux de consulter plutôt que de copiner avec la bouteille pour traiter leur dépression. J'ai rencontré plus d'hommes dépressifs que de femmes dépressives et je ne crois absolument pas qu'un homme soit plus armé pour résister qu'une femme. J'ai même l'impression que c'est l'inverse.
superuser
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Message par superuser »

Tout déni de réalité est une bombe à retardement. Plus on se voile la face, pire c'est. Plus on garde le mal en soi, plus ça risque un jour d'exploser.

Mais je le redis : actuellement, pour traiter la souffrance psychologique liée au chômage, il n'y a pas de créneau adapté. C'est dramatique : ou on s'engage dans une thérapie classique plus ou moins longue qui demande du temps et de l'argent, ou on se la garde sur l'oreille car il n'y a rien de ponctuellement concret (soutien en CMP - centre médico psychologique, gratuit et bas de gamme - ou autre "ASI" - appui social individualisé -, c'est du pipeau !).

Or les personnes au chômage qui souffrent de leur situation ont besoin d'un soutien immédiat qu'elles ne peuvent pas trouver.
Pas forcément besoin de retomber en enfance ! Même si le problème est insoluble (car le psy ne remplace pas l'emploi digne de ce nom dont on les prive), au moins une écoute active et orientée sur ce ressenti de l'échec social est à inventer. Il faudrait aussi développer des thérapies de groupe, des ateliers de théâtre, des activités créatives pour sortir de soi toute l'angoisse accumulée. Ça devrait faire partie de ce qu'on appelle "l'accompagnement des chômeurs".

En voilà une idée à développer, au lieu de se faire du blé sur la misère des chômeurs avec des accompagnements bidons ou autres ateliers occupationnels qui tournent exclusivement autour de l'emploi. Quand on a perdu toute confiance, avant de se remettre à chercher du boulot, il faut en retrouver le sens et l'envie. Comment voulez-vous qu'un chômeur dépressif ait la capacité de "se vendre" correctement à un employeur ?
C'est un constat majeur, totalement éludé par l'ANPE et ceux qui nous contrôlent.

De la même façon que toute souffrance est considérée comme une honte et peine à être reconnue dans nos sociétés. On en parle pour faire joli, et c'est tout. La preuve : les notions de harcèlement moral ou de souffrance au travail sont récentes, et encore abordées du bout des lèvres par nos institutions.
Monolecte

Message par Monolecte »

Toute perte d'emploi devrait se traduire par la mise en place d'une cellule de soutien psychologique.

Ben non, je ne rigole pas.

La perte d'un emploi, dans une société qui le sacralise d'une main tout en le détruisant de l'autre, cela revient à une amputation psychique, à une sorte de deuil !

Quand à la dépression, c'est une maladie liée à des défaillances sur certains types de neurotransmetteurs et ça n'a rien à voir avec "se laisser aller". Bref, un vrai truc qui se soigne, et pas forcément en bourant les gens de médocs.
superuser
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Message par superuser »

La perte d'un emploi, dans une société qui le sacralise d'une main tout en le détruisant de l'autre...
Exact, et c'est complètement SCHIZO !!! Ça me fait penser au chômeur qui doit respirer la misère quand il va réclamer quelque chose, mais doit sembler flambant neuf quand il va à un entretien d'embauche. N'est-ce pas notre société qui pond des "schizophrènes" ? (même si la schizophrénie est, à la base, une maladie du cerveau reconnue comme telle…)

Si la dépression est une maladie liée à des "défaillances sur certains types de neurotransmetteurs", cela signifie-t-il que le dépressif aurait déjà dans son cerveau des prédispositions naturelles à ce type de défaillances ? J'ai pourtant connu des gens absolument pas sujets à la mélancolie, et qui sont tombés brutalement en dépression...

En bref : est-ce que ces défaillances peuvent surgir subitement (alors on dit "péter un câble" ou "se prendre un pêt'au casque"), ou y a-t-il des prédispositions ? Est-ce ponctuel, ou génétique ?

Notre monde n'est-il déjà pas fou, fou, fou ?
superuser
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humour noir

Message par superuser »

Voila.fr a écrit :Rhône: circulation des trains grandes lignes perturbée à cause d'un suicide

La circulation des trains grandes lignes transitant par Lyon restait très perturbée samedi soir, avec des retards de 20 minutes à trois heures, à la suite d'un suicide sur les voies, a-t-on appris auprès des pompiers, de la police et de la SNCF.

Peu après 16H00, un homme, dont l'identité reste inconnue, s'est jeté sous un TGV à hauteur de la gare de Saint-Priest (Rhône), a expliqué la police.

La circulation, interrompue à 16H20 sur la voie concernée, a été rétablie à 18H40 après l'intervention des secours, a précisé la SNCF sur son site internet. Pour autant, le trafic restait très perturbé avec une trentaine de trains grandes lignes à destination de Marseille, Bruxelles, Lille, Rennes, Grenoble, Poitiers, Metz, Le Havre, Bordeaux, Genève, Nantes, Perpignan et Paris enregistrant des retards allant de 20 minutes à trois heures. Certains trains ont dû également emprunter un autre itinéraire afin de contourner ce secteur, selon la SNCF.
Peut-être un chômeur qui n'a pas pu aller au ski cette année et qui n'a même pas touché la prime de Noël...
dblosse

La dépression n'est pas l'apanage des "faibles"…

Message par dblosse »

Tu as tout à fait raison dans presque tout ce que tu dis Sophie, aucun homme n'est à l'abri d'une baisse de régime.

Mais faut-il prendre ça au tragique pour autant ?

Je ne crois pas et c'est pourquoi dans ces moments ou l'angoisse me guête, je préfère prendre une certaine distance et du temps par rapport à ce qui crée ce problème pour le digérer, le supporter et faire en sorte qu'il me rende plus fort plutôt que de me détruire.

J'avoue avoir mal digéré ma fin de contrat il y a 3 mois, mais ce n'est pas la première fois et je vais pas passer ma vie la dessus.

C'est sur sur le coup ça fait chier, mais quand on le sait....la thérapie est deja commencée.

David
tristesir

Message par tristesir »

Peut-être un chômeur qui n'a pas pu aller au ski cette année et qui n'a même pas touché la prime de Noël...
C'est dommage que les services publics ne s'interessent à lui maintenant qu il est éparpillé sur 10km de voie de chemin de fer. 8)
edwin29

Message par edwin29 »

Je reste persuadée qu'en vécu de chômage ce sont les hommes qui morflent le plus, mais ils ont l'habitude de faire bonne figure : faut continuer à en imposer, faut pas en parler, faut surtout pas dévoiler ses failles. Résultat : certains se rendent malades grâce à cette méthode Coué qui, même si elle est virile, est un remède inefficace et parfois une bombe à retardement.
c'est quand même un sacré cliché :roll:

je suis un homme, anti-macho, pronnant la parité depuis toujours, qui se soigne par le rire (surtout envers la "virilité" que j'associe toujours au moyen-age) plutot que par le bistro, qui meprise la tauromachie, la chasse etc... et qui se promene sans complexe avec son etiquette de rmiste sur le front.
j'ai des failles et suis le premier à en parler, car j'assume et deteste plus que tout le mensonge, l'hypocrisie.
et je pense être suffisament fort pour m'éviter toute forme de depression. je sais pas je suis peut-etre né ainsi, mais je travaille ca depuis de nombreuse année, c'est une question de caractère et je crois les vendeurs de meubles aussi "psy" que les "psy", ca doit aider :wink:
St-Dumortier

Message par St-Dumortier »

Bonjour,

Disons que c'est un cliché qui commence à palir ... :wink:
Mais on voit encore bien les personnages. :lol:
superuser
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Message par superuser »

Edwin,
Ou tu es très "moi-je moi-je", ou tu te sens visé. :lol:


David,
Je ne prends pas "tout ça" au "tragique" : je rentre tout simplement dans les détails, car ils existent. Pourquoi les éluder ?


Bises :wink:


PS : t'as vu, Victo, quand on parle à fond de la dépression, ça dérange toujours quelques hommes. :?
victorine83

Message par victorine83 »

PS : t'as vu, Victo, quand on parle à fond de la dépression, ça dérange toujours quelques hommes.
Morte de rire, Sophie ! :lol:

La dépression, c'est connu, c'est un truc de bonne femme.

Un homme, c'est fort, c'est costaud, mais j'aimerais comprendre pourquoi un homme croit toujours qu'il va mourir quand il est malade. :lol:
Monolecte

Message par Monolecte »

D'après ce que j'ai pu lire sur la dépression, on ne sait toujours pas grand-chose. Il semblerait qu'il y ait une prédisposition génétique, c'est à dire que chaque personne arrive avec une prédisposition de résistance aux accidents de la vie + ou - élevée. Comme toujours, rien n'est déterminé et les premières années de la vie, l'environnement social, familial, affectif, renforcent les mécanismes de résistance au stress psychique ou les diminuent. Il semblerait aussi que la dépression, plus qu'une maladie, soit un mécanisme de défense face à "une surdose" de stress. Il peut y avoir usure psychique suite à un petit stress mauvais en continu (comme le harcèlement moral au boulot) ou rupture psychique suite à un stress intense (ce que l'on appelle les accidents de vie : deuil, violence).

Généralement, lorsque la résistance au stress d'une personne arrive près de ses limites, il y a différents paliers de signes annonciateurs : les maladies psychosomatiques, maladies de peau, mal de dos, etc. les maladies psychosomatiques sont des signaux de détresse d'un organisme surmené, l'indication qu'il faut lâcher du lest et prendre le temps de se reposer.

Dans notre société hyperproductive, les phases de repos, pourtant totalement nécessaires, sont très mal vues : même les vacances doivent être actives, aujourd'hui (bande de bites! :roll: ). Donc, on prend des médocs et on maintient la pression.

Donc, contrairement au corps médical (et sur-pharmacisé), j'ai tendance à penser que la dépression est moins une maladie qu'il faut soigner à tout prix et surtout avec beaucoup de psychotropes que l'extrême mesure conservatoire d'un organisme épuisé dont le propriétaire est resté sourd à tous les signaux.
Une dépression place son sujet hors la vie, le met en retrait du gros des activités physiques et psychiques de la vie quotidienne, peut aussi développer un édredon de torpeur entre le sujet et une réalité qui est devenue brusquement insupportable.
Pour moi et quelques trop rares spécialistes, la dépression devrait se traiter par du repos à haute dose, l'abandon de l'ensemble des responsabilités sociales, du temps et bien sûr de la parole. Les psychotropes ne devraient avoir pour tâche que d'accompagner le repos en gommant les effets secondaires les plus délétères de cette mise au repos forcé, puisque l'aspect mélancolique du truc peut amener des tendances suicidaires.

Seulement, voilà, notre monde qui bouge et qui produit n'a pas de temps pour le repos des hommes et des âmes. Faut blinder le mec pour qu'il soit sur pied le plus rapidement possible et qu'il reprenne le collier. Donc il prend des pilules du bonheur et retourne épuiser la carcasse dans le pogo de la vie moderne.
Jusqu'à ce qu'il casse définitivement. Et qu'on le jette. Car nous n'avons pas plus de considération pour nos jouets cassés que pour nous-mêmes. Je pense qu'il doit y avoir beaucoup de gens qui ont poussé la machine au-delà de ses limites au RMI et en ASS...

Je pense aussi qu'il n'y a pas de hasard.
Ce n'est pas par hasard que le pays le plus productif du monde est aussi celui qui consomme le plus de psychotropes.
Ce n'est pas par hasard que plus nous assimilons le repos à la paresse, plus le nombre de dépressions explose dans notre société.
Le culte de la performance marche sur le corps et l'esprit brisés de ceux qui ne peuvent plus soutenir la cadence. La dépression est souvent le dernier refuge avant la mort pour ceux qui n'en peuvent plus.

Nous pourrions pourtant juste réapprendre à nous respecter nous-mêmes. À nous reposer. À faire la sieste.
Mais voilà, les dépressions, avec leur batterie de médecins, de maisons de repos, de médicaments coûteux et de laboratoires avides de profit, cela produit du PIB.
Alors qu'un mec qui fait la sieste pour recharger ses batteries...
edwin29

Message par edwin29 »

Edwin,
Ou tu es très "moi-je moi-je", ou tu te sens visé.
la vie n'est pas si simple, et tu la souvent dit toi-même non ?...
PS : t'as vu, Victo, quand on parle à fond de la dépression, ça dérange toujours quelques hommes.
en tous ca smoi je ne me sent pas visé, au contraire j'en parle ainsi parceque je suis heureux de ne pas être a ce jour passé par là.
et monolecte me conforte aussi ci-dessus car j'ai toujours eu mon rythme, je sais prendre du repos et encore pire ; j'adore les moments de paresse, de vrai paresse hein, les matinée, parfois en semaine ou j'ai envie de rien foutre et ou je fou rien. sans jamais culpabilisé, c'est ma vie et c'est pas aux autres de la gérer pour moi. c'est peut-etre aussi mon caractere qui m'evite tout cela.

j'avoue qu'une chose est tres dure, c'est face à d'autre en depression, car je ne nie pas son existence, j'ai seulement du mal à comprendre qu'une personne ne puisse pas surmonter ca d'elle même.
Monolecte

Message par Monolecte »

edwin29 a écrit :j'ai seulement du mal à comprendre qu'une personne ne puisse pas surmonter ca d'elle même.
Une dépression n'est pas une déprime, c'est un état indépendant de la volonté de celui qui est est atteint, puisqu'en gros, ça fonctionne en inhibant la volonté de celui qui est touché.
Ne pas pouvoir vouloir, c'est aussi être contraint au repos.

Bref, ce discours m'exaspère. Dirais-tu : fait chier celui-là avec son cancer, l'a k'a se bouger le fion et ça ira mieux! ?
Le dépressif est rendu physiquement incapable de faire (inhibition des neurotransmetteurs), il n'est responsable de rien d'autre que de n'avoir pu se reposer de son propre chef quand c'était encore possible.

Le dépressif peut se remettre de lui-même s'il est entouré, épaulé, et exhonéré des tâches quotidiennes. Pendant un temps indéterminé. Celui de la guérison!
edwin29

Message par edwin29 »

bon, j'insiste pas. c'est vrai que j'y connais pas grand chose.
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