Jean-Pierre Chevènement et le PS

Vous pouvez poster ici vos articles de presse, communiqués, bons plans, etc... et réagir à ceux des autres.

Modérateurs : superuser, Yves

victorine83

Jean-Pierre Chevènement et le PS

Message par victorine83 »

Entretien avec Jean-Pierre Chevènement

Extraits :
Quelles sont les raisons de votre ralliement à la candidature de Ségolène Royal ?

... Le MRC et le PS ont en commun une histoire, mais aussi un contentieux, portant notamment sur l’Europe.
À bien des égards, celui-ci a été tranché par le peuple français, le 29 mai 2005, qui s’est prononcé contre le projet de Constitution européenne. Cette contradiction est motrice à partir du moment où, dans le texte de l’accord politique, il n’est plus question de ratification du texte rejeté, et où la réorientation économique de l’Europe est posée en termes clairs, via l’instauration d’un gouvernement économique de la zone euro et la réforme des statuts de la Banque centrale européenne (BCE). Nous considérons que les conditions sont réunies pour une campagne commune. Nous avons pris soin, avec Ségolène Royal, puis François Hollande, d’améliorer le texte, à partir d’une mouture élaborée entre nos deux partis dès le mois de juin. Après une suspension de plusieurs mois, les négociations ont repris la semaine dernière pour aboutir à cet accord.
[...] J’ai donc choisi de privilégier cette dynamique dès lors que notre accord portait aussi sur des points essentiels à nos yeux, tels que la politique industrielle et énergétique, la République et ses valeurs, la sécurité, la laïcité, l’égalité devant la loi, y compris en Corse, l’accès de tous à la citoyenneté… La discussion a été serrée sur le problème des institutions. Nous souhaitons, en effet, que la responsabilité soit clairement située dans l’État. Le texte élaboré est convenable.
Enfin, la dernière partie du texte touche à la politique extérieure et à la défense. Elle nous satisfait pleinement dans la mesure où nous refusons ensemble une justice internationale à deux vitesses et où nous nous déclarons favorables à une réorientation de notre politique extérieure en direction du Sud et notamment de l’Afrique, autour du principe de co-développement.
[...]Et que l’Europe doit se construire à partir des peuples pour retrouver le sol ferme de la démocratie qui vit dans les nations et renouer le lien entre nos concitoyens et les centres de décision qui aujourd’hui leur échappent. Ce débat n’est sans doute pas clos.
Ségolène Royal saura, j’en suis sûr, provoquer le rassemblement unitaire de la gauche. Ceux qui se disent anti-libéraux éprouvent les plus grandes difficultés à trouver un accord. Notre entente leur offre une perspective positive dans la mesure où ils peuvent voir en moi, bien que républicain, un représentant incontestable et conséquent de l’antilibéralisme.

Quels sont les termes de cet accord ?

Il comprend trois volets essentiels. La relance économique et la lutte contre le chômage à travers la réorientation de l’Europe, d’abord. La République relevée, ensuite, et la voix retrouvée de la France en Europe et dans le monde. Un volet électoral, enfin...

Vous évoquez les délocalisations. Ne vont-elles pas jouer un rôle déterminant dans cette campagne ?

C’est même le principal problème. Dans la mondialisation actuelle, nous nous retrouvons coincés entre, d’une part, les États-Unis, avec le privilège du dollar qui permet aux Américains de drainer 80 % de l’épargne mondiale et, d’autre part, la montée des pays émergents à très bas salaires qui n’ont pas de système de sécurité sociale et ne reconnaissent pas la liberté syndicale. Si leur développement est légitime, il doit tenir davantage compte des besoins de leur population. Raison pour laquelle nous devons concevoir le progrès social à l’échelle de la planète, sans pour autant nous laisser enfermer dans un étau entre la Chine et les États-Unis. L’Europe doit s’organiser et se défendre. Une clause défensive anti-dumping social, qui figure dans notre accord sur le modèle d’une clause américaine analogue parfaitement reconnue par l’OMC, serait utile, au même titre qu’une politique de change offensive. Le problème monétaire est fondamental, même s’il est difficile à faire comprendre. Au nom d’une concurrence faussée, l’Europe s’est privée de toute espèce de protection. Il est temps de remettre les pendules à l’heure, en y mettant de la volonté politique et de fortes convictions. Ce qui suppose de susciter le débat non seulement en France mais dans toute l’Europe sur la nécessaire réorientation de la construction européenne.

Cet accord marque-t-il la réconciliation de la gauche du oui et du non ?

Sur le papier, oui. Nous sommes même convenus qu’un éventuel traité institutionnel pourrait comporter des dispositions qui ne posent pas de problème de fond, par exemple la désignation d’un président du Conseil européen pour une durée de deux ans et demi, renouvelable, ou pour lesquelles un accord entre partis pourrait intervenir. Ainsi, les Allemands souhaitent la prise en compte de données démographiques dans les votes au Conseil. Ce que nous pourrions accepter s’ils décidaient, en contrepartie, de revenir sur les statuts de la BCE qu’ils nous ont imposés en 1991. Ce système est néfaste. C’est aux dirigeants politiques, démocratiquement élus, comme l’a rappelé Ségolène Royal à Porto, et non à Jean-Claude Trichet, de définir la politique de change. Nous demandons l’alignement de la BCE sur le statut du Federal Reserve Board américain et une « policy mix » au service de la croissance et de l’emploi pour faire reculer chômage et précarité.
Des accords comparables ont été conclus dans le passé entre le PS et le MDC – réforme des statuts de la BCE, en 1999 –, sans qu’aucune initiative ait jamais été prise pour les faire appliquer. C’est pourquoi nous restons vigilants. Pour autant, nous entendons contribuer positivement à une dynamique de victoire qui permettra enfin le passage à l’acte.

Vous avez été ministre de l’Intérieur, au même titre que Nicolas Sarkozy. Quelles différences fondamentales opposent la gauche et la droite sur le terrain de l’insécurité ?

Sarkozy est dangereux pour la sécurité des Français. Les agressions contre les personnes et les policiers n’ont jamais été aussi nombreuses. En 2003, il a vidé de ses effectifs et de sa substance la police de proximité que j’avais créée en 2000. Police citoyenne territorialisée avec des commissariats de secteurs et agissant en partenariat avec tous les acteurs de la sécurité. Certains commissariats de secteurs ont été fermés sur le terrain. Je le constate ainsi à Belfort. Cette police connaissait la population et était connue d’elle.
M. Sarkozy a privilégié une police d’intervention qui intervient toujours après que des incidents ont pris une tournure grave. Il a utilisé les forces d’ordre public (CRS-gendarmerie mobile) pour faire des contrôles d’identité systématiques à la périphérie des cités, créant ainsi un climat de tensions inutiles. Il a fait un très mauvais usage des moyens qui lui ont été concédés. Les élections syndicales, marquées par le succès de l’UNSA chez les gardiens de la paix et les gradés et chez les officiers, constituent d’ailleurs une claque pour M. Sarkozy. Un ministre de l’Intérieur doit peser ses mots. Le souci de l’éducation et celui de la sécurité doivent aller de pair. Il ne faut pas opposer la prévention à la répression, qui est nécessaire. Il faut aussi savoir sanctionner les manquements à la règle. L’autorité républicaine, c’est ce que Ségolène Royal appelle l’ordre juste.

Propos recueillis par Thierry Beauvan, Pierre Kanuty et Bruno Tranchant
A mon avis, il est, en effet, indispensable de réformer les statuts de la BCE qui ne fait qu'appliquer le principe du NAIRU et maintient, de ce fait, notre taux de chômage que les politiques font artificiellement baisser par le sous-emploi.
superuser
Messages : 13116
Inscription : 29 juin 2004
Localisation : Paris

Message par superuser »

victorine83

Message par victorine83 »

M. Chevènement est « en phase » avec Mme Royal qui vient de soutenir la construction du mur israélien contre les Palestiniens
Ce n'est pas ce que j'ai entendu... elle a parlé d'un état palestinien dans un territoire fiable ce qui n'est pas le cas actuellement.
Deux fois démissionnaires du gouvernement pour désaccords politiques profonds, il voulait montrer qu’il n’était pas fait de cette très malléable matière dont on fait les politiciens arrivistes. M. Chevènement a des principes. En 1991, hostile à la guerre du Golfe, il quitte le ministère de la défense et va fonder le MDC, un parti qui ne décollera jamais et que les belfortains goguenards avaient surnommé « le mouvement du coin »
Il faudrait savoir. D'un côté, on nous dit qu'il se vend puis de l'autre qu'il est capable de se retirer quand il n'est plus en phase avec le PS.
Au fil des jours, il soulignait ses convergences avec Mme Royal, sur la sécurité, sur la morale, sur l’ordre « républicain », laissant de côté la question européenne et montant en épingle les critiques de la candidate « socialiste » sur la BCE, critiques bien inoffensives qui sont aussi celles de M. de Villepin...
Et pourtant, je suis tout à fait d'accord avec ses critiques qui remettent en cause le statut de la BCE qui roule pour le capital financier.
Le rapprochement avec Royal n’est donc pas simplement une affaire de répartition des postes mais bien comme M. Chevènement l’indique un rapprochement « de personne à personne ». Car cette posture est aussi celle de Mme Royal : s’émanciper par rapport à la gauche, à son programme - Mme Royal se contrefiche du programme du PS - et chercher « sur l’autre rive » des alliés. D’où la mise en avant du volet sécuritaire et du goût prononcé pour la « morale ». Et du même coup, l’élimination des questions qui fâchent, comme l’Europe ou les revendications sociales
C'est un avis personnel de Denis Collin qui ne se vérifie pas dans ce que j'entends des discours de Ségolène Royal par rapport au programme PS qui sera amélioré d'après ce qu'elle dit.

L'Europe, elle en parle aussi justement pour que la BCE ne mette plus son frein aux politiques de relance économique pour l'emploi.
victorine83

Message par victorine83 »

Convention Nationale du MRC : "Pour la victoire de Ségolène Royal et pour mettre la gauche à la hauteur de ses responsabilités"

Convention Nationale du MRC / Dimanche 10 Décembre 2006

La Convention Nationale du MRC réuni le 10 décembre 2006 à Paris, approuve le projet de déclaration commune du Parti socialiste et du Mouvement républicain et Citoyen.

Elle se réjouit d’y voir reconnues ses principales orientations, défendues avec conviction par Jean-Pierre Chevènement, depuis longtemps et notamment lors de sa campagne électorale. Avec la prise en compte ferme et sans équivoque du vote des Français le 29 mai 2005, une page nouvelle s’ouvre. En affirmant clairement que le projet de constitution européenne rejeté par les Français est caduc et ne sera pas ratifié, il permet d’engager la réorientation de la construction européenne que nous appelons de nos vœux : respect des souverainetés populaires, gouvernement économique de la zone euro, priorité à la croissance et à l’emploi.

La Convention Nationale du MRC souligne la portée des propos de Ségolène Royal, appelant à ce que la politique économique en Europe soit conduite par les représentants des peuples et non par la Banque centrale européenne, ce qui invite à modifier les statuts de la BCE pour lui assigner ses missions : soutenir l’activité et l’emploi. Bien entendu une telle issue implique la mobilisation du monde du travail et de l’opinion publique à l’échelle française et européenne.

Elle se félicite de voir placer les principes républicains au cœur du projet politique : Ecole, citoyenneté, laïcité, unicité de la République, services publics, indépendance de la politique étrangère et de la défense, co-développement. En matière de politique industrielle, de choix énergétiques, de taxe antidumping social pour lutter contre les délocalisations, nos propositions sont prises en compte.

Nous souhaitons qu’une nouvelle période dans les relations avec le Parti socialiste commence ainsi, fondée sur le respect mutuel et le dialogue. Elle permettra - nous l’espérons - de nouer des rapports constructifs : le MRC pourra retrouver de la sorte une représentation parlementaire.

Jean-Pierre Chevènement ayant fait connaître sa position, la Convention Nationale décide d’apporter son soutien à la candidature de Ségolène Royal et de participer activement à la campagne présidentielle. Le MRC se portera ainsi au premier rang du combat : celui de la gauche républicaine contre le libéralisme, l’atlantisme et le communautarisme qu’incarne Nicolas Sarkozy. La montée des périls, la mise en cause des principes fondateurs de la République, la remise en cause des acquis sociaux les plus élémentaires invitent à créer une dynamique dès le premier tour pour faire barrage à la droite et à l’extrême droite.

La Convention Nationale du MRC appelle dès à présent ses responsables et ses militants à se mobiliser pour la victoire de Ségolène Royal et pour mettre la gauche à la hauteur de ses responsabilités.

http://www.mrc-france.org/
Jean-Pierre Chevènement avait fait 5 % en 2002, c'est peut-être peu, mais c'est ce qui nous a conduit à la situation que nous payons fort cher actuellement car le PS n'avait pas suffisamment tenu compte des attentes des français.
Répondre