Les actionnaires de Suez veulent qu'on leur donne du fric !

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Modérateurs : superuser, Yves

victorine83

Le Monde - Dupont-Aignan censuré !!!

Message par victorine83 »

Interview

« Le copinage des milieux d’affaires l’emporte sur l’intérêt national »

Le Monde - Propos recueillis par Patrick Roger
mercredi 6 septembre 2006

L’interview donnée au Monde par Nicolas DUPONT-AIGNAN le lundi 4 septembre 2006 et qui devait paraître le mercredi 6 septembre a été censurée.

Retrouvez l’intégralité de l’interview :

Le Monde : Pourquoi refusez-vous toujours d’approuver le projet de fusion entre Gaz de France et Suez ?

Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne : Plus je creuse le dossier, moins je comprends l’intérêt de cette fusion. Je ne peux l’expliquer que par la volonté d’utiliser la puissance publique pour voler au secours de Suez. Une fois de plus, j’ai l’impression que le copinage des milieux d’affaires l’emporte sur l’intérêt national.

Les garanties apportées par le gouvernement ne vous paraissent pas suffisantes ?

Elles ne sont pas seulement insuffisantes, elles sont illusoires. On nous dit qu’il faut une fusion pour éviter une OPA sur Suez : mais le nouvel ensemble avec GDF sera opéable. On nous dit que le gigantisme est nécessaire pour mieux négocier l’approvisionnement. Or celui-ci dépend essentiellement d’accords d’Etat à Etat. De surcroît, l’activité « distribution gaz » de Suez ne représente que seulement 25 % de celle de GDF ! Cette fusion ne changerait pas fondamentalement l’échelle du groupe ainsi constitué. La seule fusion de poids serait entre EDF et GDF. On nous dit que cela va stabiliser les tarifs. C’est l’inverse : ce projet de loi s’inscrit dans la politique européenne de l’énergie qui vise précisément à abolir les tarifs réglementés. Après leur maintien transitoire, l’alignement par le haut sur des prix européens bien plus élevés sera facilité par le changement de statut de GDF. On nous dit qu’il n’y a pas d’autre solution. C’est faux. D’autres scénarios existent mais sont écartés par avance : que ce soit la prise de participations croisées entre Suez et GDF permettant de garder une majorité du capital de GDF à la puissance publique ou que ce soit la fusion entre GDF et les filiales énergie de Suez.

Le Parlement ne doit-il pas être le lieu de ce débat ?

Si justement, pour démasquer ce double langage destiné à forcer la main des parlementaires de la majorité et qui aboutira au démantèlement d’un de nos atouts majeurs dans la mondialisation. Il est stupéfiant de casser un outil comme EDF-GDF qui, fruit de l’effort de tous les Français, a offert à la France une électricité bon-marché et permettait une synergie gaz-électricité que tous recherchent aujourd’hui. Pourquoi détruire ce qui marche et que nous envient même les pays les plus libéraux, y compris les Etats-Unis ? Uniquement pour obéir au dogme de la concurrence alors que le double défi de l’énergie et de la réduction de l’effet de serre, au cœur des enjeux du XXIe siècle, exige l’intervention de la puissance publique. Arrêtons de faire croire que les marchés boursiers qui raisonnent à quinze jours permettront de relever des défis à 50 ans.

A vos yeux, le gouvernement commet une erreur ?

En 2004, je m’étais abstenu sur l’ouverture du capital d’EDF et GDF car j’avais cru en la parole de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac de ne pas privatiser. Comment demander aux Français de respecter la classe politique si les dirigeants de l’Etat n’ont plus de parole ? Une fois de plus, la majorité se prend les pieds dans le tapis en faisant un cadeau politique à la gauche, alors même que Lionel Jospin a signé avec Jacques Chirac à Barcelone le premier acte de la dérégulation. En effet le PS, s’il demande à raison la fusion de GDF et EDF, n’en tire pas toutes les conséquences, se refusant à remettre en cause cette politique européenne néfaste à nos intérêts.

http://www.nda2007.fr/spip.php?article380
Allez comprendre pourquoi cet interview a été censuré... :?
superuser
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Privatisation GDF : il y a de l'espoir !

Message par superuser »

Un communiqué de la C6R :
La privatisation du Gaz de France n'est pas une fatalité !

La décision n°2006-543 DC rendue par le Conseil constitutionnel le 30 novembre dernier est, à bien des égards, une décision importante, juridiquement, politiquement et, serait-on tenté d'écrire, institutionnellement.

Saisi par les députés et sénateurs de l'opposition les 13 et 14 novembre 2006, les «Sages» de la rue Montpensier devaient se prononcer sur la conformité à la Constitution des dispositions du projet de loi relatif au secteur de l'énergie adopté le 8 novembre.
On sait que ce texte, dont la discussion avait été inscrite en urgence à l'ordre du jour de la session extraordinaire du Parlement dès le début du mois de septembre dernier, n'a pour objectif que de permettre la fusion entre ce qui est encore aujourd'hui une société nationale, Gaz de France (GDF), et le conglomérat franco-belge, Suez, au nom d'un «patriotisme économique» érigé par Dominique de Villepin en nouvel horizon de la politique industrielle de la France.

On ne reviendra pas sur l'épisode de la discussion de la loi du 9 août 2004 : ce texte avait déjà pour objectif de privatiser le statut d'EDF et de GDF en les transformant en sociétés commerciales et en rendant possible leur introduction en bourse par la vente de 30% de leur capital par l'Etat, jusqu'alors actionnaire unique. Or le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie de l'époque, un certain Nicolas Sarkozy, s'était engagé, au nom du Gouvernement, à ce que la participation de la Nation au capital des deux entreprises publiques ne descendent jamais en dessous de 70%.

Moins de deux ans après, la droite revenait donc sur sa parole, et après un débat parlementaire homérique, le projet de loi était adopté il y a moins d'un mois.

Mais voilà qu'aujourd'hui, au travers d'une réserve d'interprétation, le Conseil constitutionnel rappelle à l'UMP qu'aucune majorité ne peut imposer à la Nation le bradage de ses services publics «à la hussarde», qui plus est, ajoutera-t-on, au nom d'intérêts industriels dont on perçoit mal le caractère réellement «patriotique»...

Ainsi, en premier lieu, la décision du 30 novembre réaffirme avec force que la Constitution, aux termes du neuvième alinéa du Préambule de 1946, rend obligatoire la «collectivisation» des services publics nationaux et des monopoles de fait. Et si le Conseil constate que, du fait de la transposition de la directive du 26 juin 2003 organisant le marché intérieur du gaz naturel qu'opère le projet de loi en cause, GDF perdra son caractère de service public national à compter du 1er juillet 2007, jusqu'à cette date, l'entreprise reste en situation de monopole pour fournir du gaz naturel aux particuliers. Dès lors, son capital doit rester majoritairement la propriété de l'Etat jusqu'à l'extinction de ces missions exclusives de service public.

Autrement dit, le Gouvernement entrerait en contradiction avec la Constitution s'il décidait de permettre la fusion de GDF avec Suez avant le 1er juillet prochain, opération qui entraînera la dilution de la participation de l'Etat au capital du futur groupe et, donc, la privatisation du Gaz de France.

Par cette décision, le Conseil constitutionnel énonce que :

• Juridiquement, la notion de «service public national» a encore une portée réelle, constitutionnellement garantie : aucun gouvernement et aucune majorité ne peuvent donc s'affranchir du respect des principes économiques et sociaux «particulièrement nécessaires à notre temps» affirmés par le Préambule de 1946 pour mettre en œuvre leur action.

• Politiquement, il appartiendra au président de la République élu en mai prochain et à la majorité parlementaire qui sortira des urnes au mois de juin 2007 de juger de la pertinence de la privatisation de GDF, qui plus est dans le cadre de la fusion avec Suez : en effet, alors que la transposition des directives communautaires entraîne bien la perte de la qualité de «service public national» pour les opérateurs historiques d'électricité et de gaz, rien n'empêche l'Etat de conserver une part majoritaire de leur capital au nom de l'intérêt général.

• Institutionnellement, enfin, le contrôle de constitutionnalité joue un rôle essentiel de régulation de l'action des pouvoirs publics, ce en quoi cette décision s'inscrit en parfaite continuité avec celle du 16 janvier 1982, qui encadra étroitement, sans les empêcher, les nationalisations votées par la nouvelle majorité de gauche.

Décidément, au-delà de sa première lecture, cette décision est importante.

Julien Collette
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