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Les économistes, qu'ils soient libéraux comme Patrick Artus où keynésiens comme Liêm Hoang-Ngoc s'accordent à dire que les profits réalisés ces vingt dernières années par les entreprises françaises ont favorisé les détenteurs de capitaux. Pendant que les salaires stagnaient, les banques, les petits actionnaires où les grands fonds de pensions ont capté une bonne part des bénéfices sous forme de dividendes. « En 1984, la part des salaires représentait 70% de la valeur ajoutée. Elle est tombée à 60% en 1996 et est remontée autour de 63% aujourd'hui. Ce qui fait que 85% des profits aujourd'hui sont redistribués sous forme de dividendes », résume Liêm Hoang-Ngoc, un économiste proche du courant Nouveau parti socialiste. Pour Patrick Artus, cette « déformation » du partage entre les revenus du travail et du capital a surtout eu pour conséquence de réduire les investissements dans le secteur industriel et des nouvelles technologies. En exigeant des taux de rentabilité à deux chiffres, les fonds de pension anglo-saxons -propriétaires à 45% des entreprises du CAC 40- reportent le risque financier sur les entreprises cotées. Ces dernières externalisent alors leurs activités coûteuses en main-d'œuvre vers des PME, qui à leur tour multiplient les contrats précaires et modèrent les salaires faute de visibilité. « Le théorème de Schmidt : "les profits d'hier sont les investissements d'aujourd'hui, qui sont les emplois de demain" est totalement faux. La vérité, c'est que les profits sont l'épargne d'aujourd'hui et le chômage de demain », accuse Liêm Hoang-Ngoc.
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Le mur de l'argent
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