Salaires plafonnés : le hit des patrons perdants

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superuser
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Salaires plafonnés : le hit des patrons perdants

Message par superuser »

Le PS veut plafonner les salaires des dirigeants d'entreprises dont l'Etat est actionnaire : ils ne pourraient pas gagner plus de vingt fois plus que leurs salariés les moins bien payés. Eco89 a fait le calcul...

En se basant sur le Smic mensuel et en prenant en compte un 13e mois, le plafond serait fixé à 354.900 euros par an.
Quel est le patron qui a le plus à craindre une victoire du PS en 2012 ?

Le classement des perdants

Les entreprises entièrement publiques ne sont pas directement concernées : le salaire du président de la SNCF, par exemple, est inférieur au plafond prévu. Le PS vise plutôt douze entreprises cotées en Bourse sur lesquelles l'Etat actionnaire a moins de prise.

Pour évaluer les dégâts pour les patrons concernés, nous avons soustrait le maximum prévu par le PS (354.900 euros) aux rémunérations totales (salaire fixe et bonus) annoncées dans les derniers rapports annuels de ces entreprises. Attention, ça fait mal :

1. Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez : -2 985 835 euros (-89%)
2. Louis Gallois, président d'EADS : -2 277 600 euros (-86%)
3. Jean-François Cirelli, directeur général de GDF Suez : -1 709 719 euros (-82%)
4. Henri Proglio, PDG d'EDF : -1 249 920 euros (-77%)
5. Stéphane Richard, PDG de France Télécom : -1 233 092 euros (-77%)
6. Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran : -1 051 394 euros (-74%)
7. Pierre Mariani, président du comité de direction de Dexia : -953 433 euros (-72%)
8. Carlos Ghosn, PDG de Renault : -887 755 euros (-71%)
9. Anne Lauvergeon, présidente d'Areva : -715 136 euros (-66%)
10. Gilles Benoist, directeur général de CNP Assurances : -671 923 euros (-65%)
11. Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France : -545 100 euros (-60%)
12. Pierre Graff, président d'Aéroports de Paris : -415 100 euros (-53%)
13. Luc Vigneron, PDG de Thales : -386 300 euros (-52%)
14. Edmond Alphandery, président du conseil d'administration de CNP Assurances : -95 343 euros (-21%)
15. Francis Mer, président du conseil de surveillance de Safran : -93 078 euros (-20%)

Ce classement fournit surtout un ordre de grandeur. Par définition, la part variable de la rémunération peut évoluer : Gérard Mestrallet ne touchera pas forcément autant de bonus l'année prochaine et perdra peut-être sa première place.

Surprise : le PDG de Renault s'en tire mieux que ses petits camarades. D'abord, parce que Carlos Ghosn n'a pas touché de bonus pour 2009 (en contrepartie d'une aide financière de l'Etat) ni pour 2010 (il y a renoncé pour se faire pardonner sa gestion calamiteuse de la pseudo-affaire d'espionnage chez Renault). Surtout, parce qu'il ne révèle que sa rémunération en France : Carlos Ghosn est aussi le patron du japonais Nissan et, tout compris, sa rémunération atteindrait en fait 8 millions d'euros.

Est-ce vraiment possible ?

Pour les entreprises 100% publiques, comme la SNCF ou La Poste, c'est facile. La rémunération des dirigeants est contrôlée directement par le gouvernement en vertu d'un décret remontant à 1953.

Pour les entreprises cotées, c'est plus compliqué. Selon le code du commerce, c'est au conseil d'administration de fixer la rémunération du "big boss", et à lui seul. Que faire, alors, lorsque l'Etat est minoritaire au capital ? Difficile d'imaginer que les autres administrateurs accepteront de bon cœur d'imposer au PDG ce salaire plafonné. Il faudra donc passer par la loi pour priver les conseils d'administration de cette prérogative et pour définir le montant maximum des salaires.

Cela promet aussi quelques migraines au ministre de l'Economie. EADS est un groupe franco-allemand et la banque Dexia franco-belge : pourra-t-on imposer un salaire plafonné dans ces entreprises internationales ?

Une idée neuve, vraiment ?

Le PS aurait-il volé l'idée à Jean-Luc Mélenchon ? En octobre 2010, celui-ci avait déjà évoqué un plafonnement des salaires dans les mêmes proportions : «Jamais d'écart plus grand que de 1 à 20 entre le plus petit salaire et le plus grand dans une entreprise». Sa proposition était un peu plus radicale. Il visait toutes les entreprises – pas seulement celles dont l'Etat est actionnaire – et prévoyait aussi un «revenu maximum» de 320 000 euros par an, un plafond encore moins élevé que celui du PS.

A moins que ce ne soit Jean-Luc Mélenchon qui ait volé l'idée aux socialistes. Le PS semble l'avoir oublié, mais il avait déjà adopté exactement la même mesure en avril 2010, dans sa «Convention nationale sur le nouveau modèle économique, social et écologique» : «Nous proposons qu'au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20.»

En revanche, dans cette «convention» de 2010 comme dans ce qui a fuité du programme pour 2012, le PS n'évoque pas la question qui fâche : que deviendrait l'argent économisé en plafonnant le salaire de ces patrons ?

Cette année, par exemple, GDF-Suez aurait économisé près de 3 millions d'euros en plafonnant la rémunération de Gérard Mestrallet. A qui devrait profiter cette petite fortune ?
- Aux actionnaires (en dividendes),
- au personnel (avec une hausse des salaires),
- à l'entreprise (avec de nouveaux investissements),
- aux clients (en dispensant le groupe d'augmenter ses tarifs) ?

http://eco.rue89.com/2011/04/04/salaire ... lus-198472
superuser
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Il faut revenir à des niveaux économiquement justifiables

Message par superuser »

Guillaume Duval (Alternatives économiques) juge que la proposition du Parti socialiste de limiter les hauts salaires dans les entreprises aidées par l'Etat va dans le bon sens mais reste "extraordinairement timide". Interview.

Le Parti socialiste présente son projet pour 2012. Il prévoit notamment de plafonner les salaires des dirigeants d'entreprises où l'Etat est présent en imposant un écart maximal de 1 à 20 entre les salaires. Qu'en pensez-vous ?

Que c'est une proposition bien timide. Dans la grande majorité des pays développés il existe des salaires minimum. C'est le cas en France et dans 21 des 27 pays de l'Union européenne mais aussi aux Etats-Unis, en Chine… On s'est rendu compte en effet que le marché du travail, laissé à lui-même, aboutissait à des salaires qui ne permettaient pas de vivre.

Mais pour l'instant il n'existe pas de mécanisme similaire pour les hauts salaires.

Non. Mais pendant la crise, tant Barack Obama que le gouvernement allemand avaient déjà plafonné les salaires des dirigeants des entreprises aidées par l'Etat, ce qui n'avait pas été le cas en France. Sur le fond, la même logique vaut pourtant pour le haut de la hiérarchie que pour les bas salaires : laissés à eux-mêmes, les mécanismes de marché ne permettent visiblement pas de déboucher sur des salaires correspondant à des niveaux acceptables socialement et justifiables économiquement. Au titre de 2009, année où leurs rémunérations ont été exceptionnellement basses, un patron du CAC 40 a touché en moyenne 3,06 millions d'euros soit 173 Smic, et 7 d'entre eux ont touché plus de 240 Smic annuels. Qui peut croire sérieusement qu'une seule personne puisse créer plus de richesses que 240 autres, quelles que soient son intelligence et sa capacité de travail ? On assiste purement et simplement à de la prédation : les dirigeants profitent de leur position de force dans le système institutionnel des grandes entreprises pour s'attribuer des revenus excessivement élevés.

Cela fait longtemps qu'on dénonce cet état de fait et le Medef a mis en place un code de conduite pour y mettre bon ordre…

Plusieurs mêmes depuis 15 ans, mais force est de constater qu'ils restent sans effet : les rémunérations des patrons ne reviennent pas à des niveaux socialement acceptables. Avant la crise, de tels écarts étaient déjà difficilement tolérables mais ils deviennent insupportables au moment où on demande aux salariés ordinaires de se serrer la ceinture pour rembourser les milliards injectés pour sauver les banques. Ce n'est pas simplement d'ailleurs une question de justice sociale, c'est aussi une affaire d'efficacité économique : comment mobiliser les salariés au sein d'une entreprise quand ils ont - légitimement - le sentiment que leur patron est toujours en train de partir avec la caisse ?

La proposition des socialistes irait donc dans le bon sens…

Oui, mais elle reste extraordinairement timide : pourquoi se limiter aux entreprises où l'Etat est présent dans le capital ? L'intervention de l'Etat sur un tel sujet serait légitime dans toutes les entreprises, comme pour le salaire minimum.

Mais vous allez faire fuir les entreprises…

Pour cette raison on serait obligé en effet de fixer au départ un plafond très élevé. Mais si un pays comme la France prenait une telle initiative, la pression serait, dans le contexte actuel, très forte pour que d'autres adoptent très rapidement des mesures similaires. Par ailleurs on discute actuellement d'un pacte pour l'euro. Celui-ci prévoit notamment une surveillance des salaires pour éviter les dérapages au sein de la zone euro : pourquoi ne pas y inclure aussi un plafonnement commun des salaires des patrons ? Il n'y a aucune raison en effet que les salariés du bas de l'échelle soient les seuls à se serrer la ceinture…

http://www.alternatives-economiques.fr/ ... 53859.html
Maxerem

Re: Salaires plafonnés : le hit des patrons perdants

Message par Maxerem »

superuser a écrit : . Selon le code du commerce, c'est au conseil d'administration de fixer la rémunération du "big boss", et à lui seul......Il faudra donc passer par la loi pour priver les conseils d'administration de cette prérogative et pour définir le montant maximum des salaires.[
C'est le noeud du problème: le conseil d'administration d'une pme comprend les gens impliqués, équipe dirigeante, actionnaires familiaux, le "boss" ne peut pas faire n'importe quoi

Dans un grand groupe coté, le CA ne représente pas vraiment les actionnaires, mais un club de "copains" du boss et chacun est membre du CA de l'autre. Ces "managers" exercent alors une véritable prédation aux dépends de tous les autres participants à l'entreprise :salariés, clients, sous-traitants (surtout les petits), fournisseurs (pensez aux agriculteurs), mais aussi ... les actionnaires ! Combien d'entre eux ont tout perdu alors que les dirigeants aux rémunérations pharamineuses sont partis avec des parachutes dorés.

Avant d'invoquer l'intervention de la loi, pourquoi ne pas donner un pouvoir de contrôle plus important aux actionnaires ?
Dans les faits, c'est ce qui se passe dans une pme, car membres du CA et actionnaires sont un peu les mêmes, contrairement aux grands groupes.

Cette proposition apparait sous la pression de certains actionnaires activistes à chaque nouveau scandale ( Vivendi par ex.) mais elle n'est jamais reprise par le politique . Pourquoi ?
Pourtant, pour adapter la règle du jeu - ancienne - au gigantisme des groupes du CAC, l'intervention du politique par la loi aurait tout son sens .

Mais peut-etre nos politiques sont-ils tout simplement trop ignorants des réalités, parfois quand je lis certaines "propositions" délirantes, je suis dégouté d'aller voter.
patrice-merignac

Re: Salaires plafonnés : le hit des patrons perdants

Message par patrice-merignac »

oui mais qu'en est il de ceux qui sont juste en dessous de ces pdgs qui pourrait pas se chiffrer non pas en dizaine d'€ mais en centaine voir en milliers, enfin nous n'en sommes pas encore la car meme une loi dans notre pays sur ce sujet pourrait être juger anticonstitutionel et cela est pour moi une certitude a 99 % donc le ps avant de mettre cela dans son programme pour aller à la pêche de certain électeur devrait avant tout poser cette question aux juges suprême de notre pays "démocratique" ou un seul mot suffit pour dire l'impossibilité de le faire qu'est "LIBERTE"
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