<<Robert le paresseux>>

Réagir sur l'actualité ou la vie quotidienne, faire part de son humeur, lancer un débat... Ce forum généraliste est dédié à tous les thèmes qui vous préoccupent (en dehors des Dossiers ci-dessous).

Modérateurs : superuser, Yves

monique24

Re: les chomeurs heureux

Message par monique24 »

mais "travailleur pauvre avec enfants", c'est une condition assez nulle
quasi plus d'alloc logement, 0 aide, des frais de cantines exorbitants pour manger de la m....e, frais de pétrole considérables, etc...

tiens ça faisait longtemps que j'avais pas fait ma pleureuse excuse-moi, je sors

je ne veux pas comparer nos galères, juste te dire qu'en bossant précaire, c'est guère mieux
Faribole

Je trouve qu'on fait suffisamment les petits soldats pour de temps à autre pleurer un bon coup, ça soulage les sinus!
De mon côté, j'oscille entre travailleur pauvre et chômeuse depuis une bonne quinzaine d'années, quand mon gamin était petit, je ne pouvais littéralement pas aller travailler, je m'en sortais mieux avec les ASS qu'en allant bosser, vu les frais que cela entraînait au niveau de la garde de mon fils + frais d'essence + frais de voiture etc....et les salaires proposés.
Alors c'est sur que la précarité te force à voir la vie d'une autre manière et à se dépouiller de bcp de choses inutiles, la première fois que l'on voit le système de l'extérieur, ça fait drôle mais surtout, ça donne pas vraiment envie d'y retourner. Mais quand même, c'est pas une sinécure, je me dis qu'il y aussi des gens qui s'étaient super adaptés aux camps de concentration, et qui en ont ramené des leçons de vie extraordinaires mais ... de plus en plus souvent, je pense qu'on peut aussi apprendre dans la joie, la sérénité, que la souffrance n'est pas obligatoire pour ouvrir les yeux. D'ailleurs, mon pote Alexandre Jollien le dit bien, "justifier la souffrance, c'est de la maltraitance".

Voilà, moi j'en ai marre de trouver mille bonnes raisons finalement assez cruelles d'accepter ma situation, je veux VIVRE, quarante années de crise-guerre, CA SUFFIT, je me sens usée jusqu'à la corde, et quand je vois ce qui m'attend, franchement j'ai plus le courage de l'affronter.

Et puis, d'avoir des parents riches n'est pas une garantie, les miens,sans payer l'ISF quand même, ne m'ont jamais aidée, je suis partie de la maison à 18 ans avec deux cartons et c'est tout. Le reste, c'est "t'es majeure, tu te démerdes". plonk.
J'arrête, je deviens aigre.
faribole

Re: les chomeurs heureux

Message par faribole »

"J'arrête, je deviens aigre."
oh ben non, je trouve pas. tu es lucide et tu te racontes. 2 qualités rares de nos jours :wink:
Anouchka

Re: les chomeurs heureux

Message par Anouchka »

Tout d'abord bonjour à tous!
Je suis nouvelle sur ce forum et comme j'aime bien mettre mon grain de sel dans les conversations, je me permets de répondre (en plus cette réponse fera aussi une sorte de présentation).

J'ai tenté pendant longtemps d'être heureuse dans ma précarité.
J'ai d'abord été élevée dans une famille modeste (comme on dit).J'ai toujours mangé à ma faim et j'avais un toit sur la tête. Néanmoins, pas de vacances, jamais de resto, pas de vêtements de marque ou de Nutella dans les placards, des fins de mois (aux environs du 10 comme dirait Coluche) difficiles, des parents stressés, j'avais bien conscience de notre niveau de vie même si je ne m'en plaignais pas.
Mes parents se sont sacrifiés pour qu'on puisse faire des études. Aucun discours du genre "si tu travailles pas à l'école tu seras caissière comme maman" mais plutôt "si tu as des diplômes et que tu veux être caissière, tu pourras. Mais si tu veux faire autre chose, tu pourras aussi. Ce qu'on veut, c'est que vous ayez le choix".
Alors parcours "classique": lycée général, Bac L (parce que 2 de moyenne en Maths ça marche pas pour la filière S ni même ES). Entrée en Fac parce que pas trop sûre de ce que je veux faire, 1ere année foireuse, abandon, 2e tentative qui s'avère la bonne.
Études de sociologie qui me plaisent vraiment. Je ne m'inquiète pas encore trop des débouchés même si on me demande sans cesse "ça te donnera quoi tes études plus tard?".
Pendant toutes ces années (7 au total car Maîtrise en 2 ans) j'enchaîne les ptits boulots. Je travaille tous les week ends, les jours fériés et tard le soir. je gagne misérablement environ 200 euros par mois. Mes parents me paient une partie du loyer (l'autre partie j'ai les APL) de mon "studio" (ma groote sombre dans laquelle j'ai toujours froid). Je ne sors pas avec mes amis étudiants: on se retrouve les uns chez les autres ça coûte moins cher. Je ne fais que 2 repas par jour. Les fringues? des friperies ou des fins de série.Les meubles? de la récup en famille ou dans les vides grenier. Pas d'ordi, pas d'internet, une télé 36 cm qui ne reçoit que 3 chaînes (de toutes façons, pas le temps de regarder). Noëls et anniversaires? Pour moi je demande de l'argent et pour les autres, je "fabrique" des cadeaux personnalisés.
Bref, j'approfondis le système D appris en famille.
Et pendant tout ce temps je me dis:
-1) le système D c'est bien. Moi qui ne suis pas habituée à l'argent, si un jour je suis dans la m****, je ne serai pas dépourvue et je saurai réagir
-2) tout ce que tu fais c'est pour la bonne cause. Tiens le coup, après tu auras un diplôme, un bon boulot et certainement un bon salaire. Tu repenseras à tout ça avec le sourire.

Le fait est que ces années d'étudiantes m'ont donnée du temps libre. Ce temps libre m'a permis de rencontrer du monde, de nouveaux amis, de vivre des expériences et faire des choses que je n'aurais probablement pas pu faire si j'avais déjà un travail. Donc j'ai longtemps pris ça comme une chance incroyable. Cela m'aidait à ne pas regretter ce choix de parcours.
Parce que les regrets,ils commençaient à se faire dangereusement sentir. A la fin de mes études = chômage. Anpe, rendez-vous, galère, désillusions, remarques désagréables sur ma naïveté et mon manque de réalisme face au monde du travail etc.
Enchaînement de jobs précaires et de période d'inactivité. Toujours pas d'argent, toujours les mêmes problèmes pour payer loyer et factures, toujours pas de vacances. Enfin si, 1 voyage d'une semaine payé avec mes économies et en vendant quelques trucs. Sauf que ça m'a encore plus donner envie de voyager ce qui n'était pas possible.
Résumons pour dire qu'au jour d'aujourd'hui c'est toujours pareil. Je suis sortie de la Fac en 2005 et depuis, je n'ai fait qu'enchaîner les ptits boulots sans avenir. J'ai bien tenté de me reconvertir, de trouver des idées, d'écouter les conseils (jamais les mêmes) des conseillers, des proches, des professionnels. TOUS manquaient aussi de réalisme: une formation de 18 mois payée 300 euros/ par mois (avec un loyer de 350, mais bien sûr...), passer des concours, "repartir à l'école", accepter des stages de 6 mois non rémunérés à l'autre bout de la France....Tient en parlant de ça: "mais ma pauvre, aujourd'hui il faut être mobile": alors je cherche des offres partout et pourtant rien n'y fait. Bref j'ai tenté TOUT ce qui, d'un point de vue aussi bien matériel que financier, était faisable. Pour le reste j'ai eu le culot de dire NON, ce qui n'a fait que renforcer l'idée de certains qui estimaient que "si tu trouve pas de travail c'est de ta faute).

Alors au moment où je vous écris, en passe de rentrer (encore) dans la belle catégorie des chômeurs longue durée (bientôt un an "officiel" d'inscription youpie!) non je ne suis pas heureuse. J'aimerais l'être parce que oui: je peux aller me balader quand il fait beau, rester au lit le matin, lire des tonnes de bouquins, aller boire le café avec une amie qui est en RTT et l'écouter se plaindre de "son boulot de m****" mais force est de constater que je n'ai pas la vie dont j'ai toujours rêvée. Et cette vie rêvée, bien que très loin des aspirations consuméristes classiques, je ne vois comment je pourrais l'avoir.
Je suis tout simplement fatiguée. J'ai l'impression d'avoir passé ma courte vie à me battre, à supporter, dans l'optique de jours meilleurs qui ne viennent toujours pas.
Oh oui je ne suis pas la plus à plaindre. Il y a de nombreux facteurs qui font de moi une fille plutôt chanceuse si je me compare à d'autres. Et bien que je tienne le discours de la "chômeuse qui prend cette situation négative pour en faire quelque chose de positif" (histoire de faire un peu taire les gens) je n'arrive plus à voir quoi que ce soit de joyeux dans tout ça!!
monique24

Re: les chomeurs heureux

Message par monique24 »

:) Bienvenue au club Anouchka! votre post est très touchant, mais je ne sais ps trop quoi vous dire :( ....sinon, que de venir sur le forum et le site d'actu chômage provoquent quelque chose de positif, qui donne envie de sourire à la vie même si le monde est à gerber. En tous cas, c'est l'effet que ça me fait et j'en profite pour remercier tous ceux qui y contribuent et plus particulièrement Superuser pour la qualité et la pertinence de ses articles. :D
superuser
Messages : 13116
Inscription : 29 juin 2004
Localisation : Paris

Re: les chomeurs heureux

Message par superuser »

Tenez bon, les filles ! :wink:
bebert

Re: les chomeurs heureux

Message par bebert »

Anouchka, tu as un joli coup de crayon, (de clavier ?) sur la forme, c'est très agréable à lire, sur le fond, tu sembles perdre peu à peu la distance que tu avais avec les évènements, ne laisse pas l'usure te gagner, ne baisse pas les bras, (sauf pour nous écrire) la chance finit par sourire...
lupita83

Re: les chomeurs heureux

Message par lupita83 »

Bonjour Anouchka et bienvenue :P

N'hésite pas à continuer à te servir de ta salière ici, c'est agréable de te lire même si c'est tes propos résonnent profondément en moi, comme un refrain -hélas- bien connu. Tu sembles être une jeune femme sensible, intelligente, et belle, humainement parlant, et c'est un plaisir de faire ta connaissance.

Je comprends que tu ne puisses pas apprécier ta situation telle que tu la racontes, et cela me semble normal de ressentir une telle déception, une telle frustration et d'être vidée, fatiguée de te battre. A la différence de pas mal d'entre nous, tu es jeune et tu débutes ta vie professionnelle, et trouver porte close alors qu'on n'a encore rien pu faire d'intéressant, rien pu prouver à soi-même comme aux autres, c'est dur, c'est même incroyablement violent.
Beaucoup de jeunes se sentent mal comme toi, pour les mêmes raisons...

Nous, les "vieux" :wink: , on peut râler sur le monde du travail, les patrons, le stress, les collègues et rejeter le salariat parce qu'on l'a vécu et qu'on en est revenu (pour certains)..mais à la base il est important de vivre cette expérience pour pouvoir ensuite choisir en connaissance de cause la suite de son parcours.
Et ça, un poste qui te convienne et te permettre d'apprendre et -dans l'idéal- de t'enrichir humainement, tu ne l'as pas encore vécu, il te manque donc une étape importante pour te permettre de te sentir plus accomplie et plus confiante en la vie.
D'ailleurs, tu ne nous a pas dit à quoi ressemblait la vie rêvée dont tu as parlé, si bien sûr tu as envie d'en parler : Que t'imaginais-tu vivre comme vie, quel était ton idéal ?..
RaoulPiconBière

Re: les chomeurs heureux

Message par RaoulPiconBière »

Noëls et anniversaires? Pour moi je demande de l'argent et pour les autres, je "fabrique" des cadeaux personnalisés.
:wink:
Y'a encore un peu de chemin à faire .....

:D courage ! :D
FARA

Re: les chomeurs heureux

Message par FARA »

Je suis enfin heureuse de pouvoir organiser ma vie.
Je vais avoir 55 ans et la fin des droits dans six mois,je ne ma laisse pas rêver que je vais retrouver du travail.
Je vais enfin pouvoir organiser ce passage du licenciement au pôle emploi à la rue.
Je ne vais pas vous dire que je n'avais pas peur mais depuis rien de pire ne pouvais m'arriver une expérience de plus.
Chaque matin j'organise me disant mes papiers pour ma retraite une photo de mes enfants et chaque jour je me détache des choses inutiles.
C'est un peu comme un voyage vivre avec peu.
Il y encore une chose qui me hante comment fera mon dernier enfant majeur et étudiante.
Il me reste donc 4 mois pour faire ce dernier travail organiser la vie de ma fille.
POLE EMPLOI :
Ensuite pour le P PERTE
O OBSCURANTISME
L LAPIDATION
E ECONOMIE

E ECHEC
M MALTRAITANCE
P PARADIS FISCAL
L LAMINE
O OTAGE
I IDENTIFIANT ££
maguy

Re: les chomeurs heureux

Message par maguy »

@FARA
Je ne comprends pas tout, je n'ai nulle envie d'être indiscrète, mais pourquoi parler d'être à la rue ?

Je suis en ASS depuis 10 ans (yeahhhhh en avril !) et je survis dans mon appart (soi-disant social mais avec des augmentations de loyer de l'ordre 50% depuis 5 ans) j'ai 56 ans, je survis dans ma vie, dans ma tête, dans mes idées.

La fin des droits à l'ARE (assurance chômage) ne signifie pas forcément la rue, sinon nous serions quelques millions, très visibles.

La vraie bataille est déjà dans sa tête, nous ne sommes pas coupables.
superuser
Messages : 13116
Inscription : 29 juin 2004
Localisation : Paris

Re: les chomeurs heureux

Message par superuser »

Moi aussi, 6 mois avant de basculer à l'ASS, je me voyais à la rue : c'est normal. J'ai même emprunté un ou deux bouquins à la bibliothèque sur les SDF, question de m'acclimater...
Et pourtant, avec 7 ans d'ASS dans les pattes, j'ai toujours un toit.

@FARA : quand on est à l'ASS, on a droit à un forfait de 298 € d'allocation logement, à la CMU, au tarif social de l'énergie, autant de petites aides qui permettent de tenir.
C'est dur, mais on peut y arriver. Se débarrasser des choses inutiles, à tout point de vue, est très constructif.
elusive_reclusive

Re: les chomeurs heureux

Message par elusive_reclusive »

@Superuser: Je précise juste que les 298€ d'allocation logement c'est juste pour les personnes résidant à Paris (et peut-être la banlieue? J'ai un doutage). En province, quel que soit le montant du loyer l'ALS ou l'APL plafonnent à 246,97€ pour une personne seule à l'ASS.

Après bientôt 2 ans 1/2 d'ASS je flippe toujours un peu au moins une fois par an, quand arrive le moment du nouvel indice Insee pour l'augmentation annuelle de mon loyer. Le hic c'est que chaque année le gouffre se creuse un peu plus entre le loyer qui augmente et l'ALS qui stagne, et je me dis qu'un jour je ne vais plus y arriver... C'est pour moi la plus grosse angoisse car le plus important est de garder un toit. Le reste, on s'adapte, il faut bien! :wink:
Allez courage! :)
FARA

Re: les chomeurs heureux

Message par FARA »

Bonsoir Maguy
Aucune indiscrétion j'ai un loyer de 710 euros depuis octobre 2010 APL de 168 euros.
Effectivement j'aime ta phrase la bataille est dans sa tête je me sens tellement coupable je venais de perdre mon travail en 2008.
C'était pas la grande forme et en 2009 blessure de mon fils au combat AFGA.
Oui la peur de ne pas pouvoir payer les factures d'avoir un huissier.
Dans le fond tu as raison je vais me battre dans ma tête essayer de mieux vivre cette situation qui arrive la peur n'arrête pas le danger en écrivant j'ai la peur au ventre.
Merci maguy.
FARA

Re: les chomeurs heureux

Message par FARA »

Bonsoir
Cela fait du bien de pouvoir écrire, de savoir que je ne suis pas seule ce message me fait rire bouquins sur les SDF :lol: et bien si nous pouvons vivre avec l'ASS espérons que je puisse payer les études de ma fille.
Que Dieu me laisse un toit ou une toile de tente..
Et bien je vais attendre l'aide et ensuite voir..
Concernant les choses inutules le travail est déja fait et les souvenirs sont dans ma tête.
Encore merci pour votre message.
Au faite qui gère le site je raconte ma live!!!
superuser a écrit :Moi aussi, 6 mois avant de basculer à l'ASS, je me voyais à la rue : c'est normal. J'ai même emprunté un ou deux bouquins à la bibliothèque sur les SDF, question de m'acclimater...
Et pourtant, avec 7 ans d'ASS dans les pattes, j'ai toujours un toit.

@FARA : quand on est à l'ASS, on a droit à un forfait de 298 € d'allocation logement, à la CMU, au tarif social de l'énergie, autant de petites aides qui permettent de tenir.
C'est dur, mais on peut y arriver. Se débarrasser des choses inutiles, à tout point de vue, est très constructif.
Invité

Re: les chomeurs heureux

Message par Invité »

Une étudiante dont les parents ne peuvent payer les études a droit à une bourse, une APL et elle peut demander un logement au CROUS. En région parisienne je ne sais pas, mais à Rennes les étudiants sont bien logés.
Je connais une étudiante qui a fait toutes ses études avec une bourse, l'APL pour sa chambre, puis son studio du CROUS, et quelques sous qu'elle se faisait en travaillant le samedi. Elle a toujours eu des super notes, elle fait son doctorat et elle est maintenant salariée.
Il faut se renseigner au maximum et demander ce à quoi vous avez droit. Faites-vous aider, organisez-vous le mieux possible pour vous, afin de ne pas donner d'inquiétudes à votre fille.
On doit essayer de ne pas faire porter nos soucis de quinquas aux jeunes, qui sont au début de leur vie. :wink:
Répondre