Après la CGT, puis le PCF et le Parti de Gauche, les principales fédérations syndicales du monde éducatif ont décidé de boycotter, mercredi 19 janvier, les vœux de Nicolas Sarkozy, ceux-ci leur paraissant "hypocrites" quand des dizaines de milliers de postes sont supprimés. La fédération CGT du spectacle a annoncé qu'elle ne serait pas non plus présente à la cérémonie pour protester contre les "mesures régressives" prises par le gouvernement dans le secteur.
La FSU, l'Unsa Education et le Sgen-CFDT, qui pèsent plus de deux tiers des voix aux élections professionnelles dans l'Education nationale, ont annoncé mardi leur intention de ne pas se rendre au Grand Palais aux "voeux au monde de la connaissance et de la culture".
"Les mesures prises sous la responsabilité du chef de l'Etat sont par leur ampleur et leurs conséquences d'une telle gravité pour la très grande majorité des citoyennes et citoyens et pour l'avenir de notre pays que la présence de la FSU à ces voeux paraît impossible", a expliqué la principale fédération.
"L'Unsa Education ne se rendra pas à une cérémonie teintée d'hypocrisie alors que des réductions budgétaires massives portent atteinte aux établissements et aux services", a ajouté la deuxième.
Une situation très tendue
Ce boycott n'est pas une première : en janvier 2009, tous les syndicats avaient déjà décliné l'invitation de se rendre à Saint-Lô (Manche), où le chef de l'Etat avait pourtant choisi de présenter pour la première fois des voeux spécifiques au monde éducatif. Dans une période de tensions dans l'Education nationale, peu après le retrait en décembre 2008 de la première version de la réforme du lycée à la suite de mobilisations lycéennes, la venue de Nicolas Sarkozy à Saint-Lô avait d'ailleurs été émaillée de multiples incidents.
Deux ans après, et alors que le ministre Luc Chatel avait ramené pendant l'année scolaire 2009/2010 un certain calme dans l'Education nationale, ce boycott révèle à nouveau une situation très tendue, selon les syndicats.
Le boycott "exprime le ras-le-bol et l'amertume"
Premier motif de colère : la poursuite en 2011 (et au-delà) des suppressions de postes, dans un contexte d'inégalités scolaires croissantes en France, soulignées par l'enquête internationale "Pisa 2009" de l'OCDE. Après 50.000 postes d'enseignants supprimés entre 2007 et 2010, le budget 2011 en prévoit 16.000 autres, concentrées dans les écoles et les collèges.
Le boycott "exprime le ras-le-bol et l'amertume face aux suppressions de postes et à ce qu'elles produisent dans le système éducatif. Les bonnes paroles ne suffisent pas, il faut des actes dans le budget", a commenté à l'AFP Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT, syndicat réformiste qui s'est finalement rallié à la position des autres organisations.
Alors que les établissements découvrent en ce moment au compte-gouttes les postes qui seront supprimés, ce qui provoque de la colère dans les plus grandes académies comme Versailles, Créteil ou Rennes, le monde éducatif prévoit une journée de protestations samedi 22 janvier à ce sujet.
Le SNUipp-FSU, principal syndicat des écoles, a en outre proposé aux autres organisations une journée de grève unitaire en février.
La réforme de la formation des enseignants, unanimement jugée "calamiteuse", et la "dégradation" du dialogue social depuis quelques mois sont les deux autres raisons du boycott des voeux, auxquels ne se rendra d'ailleurs pas non plus le premier syndicat des universitaires (Snesup-FSU).
Ce boycott "est motivé par des mesures régressives"
La fédération CGT du spectacle boycottera également la cérémonie des voeux de Nicolas Sarkozy, a-t-elle annoncé dans un communiqué. La Fédération nationale des syndicats du spectacle, de l'audiovisuel et de l'action cultuelle CGT a pris sa décision en cohérence avec celle de sa confédération, qui avait pour la première fois de son histoire refusé de se rendre aux voeux de Nicolas Sarkozy aux partenaires sociaux le 6 janvier.
Ce boycott "est motivé par les mesures régressives prises à l'égard du service public de la culture et du service public de l'audiovisuel et l'absence de toutes réponses à nos propositions de réformes et nos revendications", précise-t-elle.
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