
L’autre plus vieux métier du monde
Tout a commencé lorsque Homo sapiens a voulu se débarrasser de sa peau de mammouth parce que son beau-frère venait de lui offrir la même. Alors, il l’a passé à son voisin de grotte, en échange d’un silex super affûté. Après, ça s’est emballé, forcément. Il y eut Marco Polo, s’en allant négocier des nouilles chinoises, et Christophe Colomb, s’imaginant faire des emplettes de poivre et de clous de girofle et revenant vers sa (très) gracieuse majesté avec de vagues promesses de nouveautés. Depuis ? Rien n’a changé, ou si peu. L’un s’en va vendre ses Airbus aux antipodes, l’autre ses Chantiers de l’Atlantique en Norvège. L’un revient avec des commandes qu’il risque d’honorer hors délai, l’autre rentre à Saint-Nazaire avec des paquebots à fabriquer fissa. Ainsi va la vie depuis que l’homme se tient debout et que chaque matin, il doit quitter sa caverne pour affronter les bouchons jusqu’au bureau. Car c’est bien le commerce qui rythme la vie sociale depuis plusieurs millénaires.
Cet autre plus vieux métier du monde trimballe pourtant une bien curieuse réputation depuis lors. Il y eut l’épisode malencontreux et évangélique des marchands du Temple, puis les décrets moyenâgeux interdisant aux Juifs l’exercice de métiers nobles et les cantonnant aux sales besognes de l’achat et de la vente. Tout cela est terminé, enterré. Quoique. Les enfants rêvent d’être infirmières, volcanologues ou pompiers. Pas commerçants, ni commerciaux, ni vendeurs. Pas des métiers ça, tout juste des occupations rémunérées. Bien sûr, les grandes écoles sont des écoles de commerce, mais on n’en sort rarement commercial. Alors quoi, c’est un job honteux ? Un boulot qui se situe entre l’équarisseur et l’huissier sur l’échelle de Richter de la respectabilité ? L’inconscient collectif est plutôt lent à évoluer et il conserve toujours un vieux fond de méfiance envers tout ceux qu’il considère au mieux comme d’aimables camelots. Aujourd’hui la moitié des embauches de cadres se fait dans cette fonction et une majorité de commerciaux ont un niveau d’études supérieures. Mais rien n’y fait. Il flotte toujours comme un léger fumet de mépris, lorsqu’un vendeur s’affirme comme tel et ne se voile pas derrière un paravent de titres de meilleur aloi : « ingénieur d’affaires », « conseiller clientèle » ou « attaché de délégation itinérant ».
Heureusement, de temps en temps, l’inconscient se prend des gifles qui lui font retrouver un peu de conscience. Pour s’en convaincre, il suffit d’interroger les 3000 salariés des chantiers navals de Saint-Nazaire et les quelques autres milliers travaillant pour les 450 entreprises sous-traitantes. Ils viennent de rempiler pour quatre ans et deux paquebots. Il y a fort à parier qu’ils considèrent que les « commerciaux » qui ont négocié avec le client armateur ont fait du bon boulot. Qu’ils ont exercé un vrai métier. Et qu’ils leur permettent de continuer à exercer le leur.
Sylvia Di Pasquale (septembre 2006)
ah ,si c'etait vrai tout ca



mais non , il suffit de se promener sur les offres d'emploi de "viaduc " ,interessant parce qu'il ya un compteur des reponses par annonce

pour voir que la fameuse denrée rare ,l'emploi maudit suscite quand meme en general une centaine de reponses pour une offre serieuse

on est loin de l'embellie ou alors c'est le mouton a cinq pattes qui prevaut la encore

et puis rien que le mot commercial devrait declencher une haine ou un mepris bien vivace lors des futures reponses a cet edito


