Les flics grecs sont peut-être moins bien équipés qu'en France, mais ce sont surtout les "anars" qui sont déterminés.
Parce que les "voltigeurs" (c'est comme ça qu'on appelait la brigade de flics à moto en France avant la mort de Malik Oussekine) quand ils déboulaient dans une manif, tout le monde se dispersait, de crainte de se prendre des coups mais, plus encore, de se faire rouler dessus par une moto.
C'est la grande différence des manifs en Grèce (et même en Angleterre) avec la France.
En France, les "casseurs" sont là pour casser des vitrines, piller des magasins et brûler des voitures.
En Grèce, les "casseurs" sont là pour se fritter avec les flics.
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Je fais partie d'une génération qui a bien connu pareilles échauffourées en France fin des années 70 début des années 80.
J'ai vu à maintes reprises des cordons de CRS se sauver devant les charges de ce qu'on appelait à l'époque les "Autonomes".
Les "Autonomes" n'étaient pas des "casseurs" (dans le sens "pilleurs"). Quand ils cassaient, c'était pour constituer des barricades, trouver des projectiles…
Jamais ils n'auraient pillé une librairie ou un épicier arabe, comme on peut le voir aujourd'hui dans les manifs.
Fin 70, lors de la manifestation contre l'extradition vers l'Allemagne de Klaus Croissant (l'avocat de la Bande à Baader), 2.000 Autonomes avaient assiégé le Commissariat de Police du Ve arrondissement de Paris (à côté de Maubert-Mutualité).
Pendant plus de 3 heures, les forces de l'ordre ne pouvaient plus rien faire, plus rien entreprendre.
Et cet épisode fit la Une de
Libé (que j'ai gardée). On y voyait un punk marcher vers 2 policiers en civil, coincés dans une porte-cochère, qui n'ont rien pu faire d'autre que de le tenir en joue avec leurs flingues, tellement ils étaient terrorisés.
Dans ces années, j'ai vu souvent des CRS décamper à toute allure devant une horde de mecs casqués, armés de gourdins… des mecs qui voulaient en découdre et qui n'avaient pas peur de prendre des coups.
C'était pas des gamins de 15/16 ans. C'était des mecs de 20/25 ans très motivés… politiquement.
Mais il s'agit d'une autre époque !
Tout ça pour dire que, quand on voit ce qui se passe en Grèce ou même parfois en Grande-Bretagne, les cortèges syndicaux français sont bon-enfant.
On manifeste gentillement, puis on se disperse gentillement.
Et après, on l'a gentillement dans le…
Mais, attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit !
La violence n'est pas une solution en soi. Disons que quand on s'intéresse à l'Histoire des Mouvements sociaux, on se rend compte
qu'ils aboutissent vraiment quand ça pète VRAIMENT.
Le dernier exemple en date est le CPE. Outre une mobilisation de masse, les fins de manifs tournaient à l'émeute urbaine.
Et
les gouvernements redoutent plus que tout les émeutes (avec les risques de bavures, voire de décès, comme dans le cas de Malik Oussekine).