Arnaud Montebourg justifie son ralliement à Ségolène Royal
Reuters 21.08.2006 - 7:33
par Laure Bretton
FRANGY-EN-BRESSE (Saône-et-Loire) - Arnaud Montebourg a redoublé d'efforts pour justifier son ralliement à Ségolène Royal en vue de la présidentielle face aux militants circonspects de son courant au sein du Parti socialiste, Rénover maintenant (RM).
Le député de Saône-et-Loire avait expliqué fin juillet dans une lettre à ses partisans les raisons de cette alliance, "choix difficile" mais préférable à "l'idéalisme solitaire ayant raison contre tous".
Dimanche, lors de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, le "quadra" a estimé que seule une "nouvelle donne générationnelle" pouvait changer la donne politique en France.
"Notre espérance c'est que, comme François Mitterrand le fit, tu organises la conjugaison de nos idées", a lancé l'ancien adversaire de la Constitution européenne à l'invitée vedette du meeting, qui avait défendu le "oui" au référendum de mai 2005.
Avec Ségolène Royal, se matérialise "l'espérance concrète qu'un autre monde, une autre France s'organise sous nos yeux", a-t-il estimé. Avant de conclure, lyrique: "Frangy, Ségolène, t'attend, Frangy t'écoute, Frangy, je crois, t'aime déjà".
Sur les bancs installés dans le stade de football du petit village bourguignon, certains partisans d'Arnaud Montebourg regimbent. Surtout une fois le discours de Ségolène Royal terminé.
"Je ne vois pas ce que cela va apporter au courant d'Arnaud sur le fond", explique un militant de RM. "Je pense que lui-même doit se poser des questions ce soir".
"ROULEAU COMPRESSEUR"
De façon habile pourtant, la "présidentiable" a cité la VIe République, dont Arnaud Montebourg s'est fait le héraut depuis 2001 et que lui-même n'a pas évoqué nommément.
"Faisons d'abord les choses et nommons les ensuite", a-t-elle déclaré, prônant une "réforme démocratique profonde". "Lorsque nous aurons tenu parole, alors nous saurons si oui ou non nous avons su créer la VIe République".
"Il fallait conquérir Frangy et je pense que le pari est gagné", reconnaît Vincent qui explique avoir poussé un "ouf" de soulagement en l'entendant faire la liste des réformes institutionnelles. "On se rallie à la raison", ajoute-t-il.
Pour beaucoup, le "choix naturel" de Rénover maintenant, une fois Arnaud Montebourg sorti de la course, aurait dû être Laurent Fabius.
Avant Frangy, Nathanaël Uhl, membre de RM et concepteur du blog "Rénover dans la fidélité", a même demandé à l'ancien Premier ministre de répondre à "quelques questions". "Il nous semble, à de nombreux camarades et à moi, que tu puisses représenter nos idées dans l'investiture présidentielle", estime le jeune militant.
Tenant la tribune pendant une trentaine de minutes, Arnaud Montebourg a donc sonné le rappel, demandant à tous les militants d'organiser ensemble la victoire.
"Nous avons besoin plus que jamais de faire travailler nos forces (...) de marcher d'un seul bloc comme un rouleau compresseur face au danger des ultras qui ont pris la droite", a-t-il expliqué.
Il a enjoint les socialistes à "remettre les mains dans le cambouis de la machine économique", réclamé la suppression des stock-options, dénoncé les délocalisations et les "retraites-chapeau" et prôné le "réarmement de la politique".
Son discours, très applaudi, visait tout particulièrement Nicolas Sarkozy, que le député a comparé à Fouché, "sinistre ministre de la police" de Bonaparte.
"N'oubliez jamais qu'un homme qui piétine ainsi l'Etat de droit ne peut jamais en devenir le garant", a-t-il lancé à ses partisans, comme pour rappeler les socialistes à leur devoir avant le printemps prochain.
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