Détérioration de l'emploi américain...

Vous pouvez poster ici vos articles de presse, communiqués, bons plans, etc... et réagir à ceux des autres.

Modérateurs : superuser, Yves

victorine83

Détérioration de l'emploi américain...

Message par victorine83 »

Pour démontrer que le NAIRU n'est pas un simple fantasme d'illuminés qui sombrent dans la théorie du complot, voici un article qui démontre parfaitement ce dont il s'agit :
La détérioration de l'emploi américain confirme le ralentissement économique
04/08/2006 15h23

WASHINGTON (AFP) - Le marché de l'emploi s'est détérioré en juillet aux Etats-Unis, confirmant le ralentissement de la croissance qui devrait inciter la banque centrale au statu quo sur ses taux directeurs.

L'économie a créé 113.000 emplois seulement en juillet après 124.000 en juin et le chômage s'est aggravé à 4,8% contre 4,6% le mois précédent, a indiqué le ministère du Travail.

C'est une double déception pour les analystes qui tablaient sur 145.000 nouveaux postes et un taux de chômage stable.

"Le rapport sur l'emploi de juillet, qui donne les premières informations solides sur le troisième trimestre, confirme le ralentissement de la croissance que nous avons vu au deuxième trimestre", souligne Nigel Gault de Global Insight.

"La grosse surprise vient de la hausse du chômage. La croissance devrait tourner autour de 3%, soit en dessous du potentiel, au troisième trimestre", ajoute l'analyste.

Pour la première fois depuis novembre dernier, le chômage a augmenté aux Etats-Unis. Et le rapport révèle une tendance de fond au ralentissement des embauches nettes (112.000 seulement au deuxième trimestre en moyenne).

"Plus qu'une grosse faiblesse dans un secteur, la morosité de l'emploi au deuxième trimestre s'explique par un manque d'embauches généralisé", estime Stephen Gallagher de la Société Générale.

En juillet ainsi, le commerce de détail a gardé ses effectifs stables. Il faut remonter à mars pour retrouver des créations d'emplois dans le secteur, un mauvais signe pour la croissance là aussi car les dépenses de consommation sont le principal moteur de l'expansion américaine.

Le tertiaire est le secteur qui a le plus créé d'emplois en juillet (115.000), surtout dans les services aux professionnels (43.000) et le secteur des loisirs (42.000). L'industrie a supprimé 15.000 emplois en juillet et le bâtiment en a créé 6.000.

Pour la Réserve fédérale (Fed) ce rapport a le mérite de rendre les choses claires. Une écrasante majorité d'analystes prédit désormais qu'elle gardera ses taux inchangés lors de sa prochaine réunion, mardi.

Son principal taux directeur est fixé à 5,25% et jusqu'à présent les analystes étaient partagés sur l'opportunité d'un nouveau relèvement, tant les risques pour la croissance et l'inflation semblaient partagés.

Le rapport sur l'emploi contient certes des nouvelles inquiétantes pour l'inflation, puisque les salaires ont plus augmenté que prévu (+0,4% sur un mois et +3,8% sur un an).

Mais, outre que le président de la Fed Ben Bernanke a récemment dit être peu inquiet d'un effet de second tour via les salaires, la hausse du chômage joue contre l'inflation.

"Les entreprises auront moins à augmenter les salaires pour retenir les salariés", résume John Lonski de Moody's Investors Service.

Pour l'économiste, "le principal taux de la Fed va rester à 5,25% et à moins que le taux de chômage ne baisse vers 4,5%, elle ne les relèvera pas".

Ce qui ouvre de nouvelles possibilités. Si la faiblesse de l'économie persiste, et si le chômage passe au dessus de 5% de la population active, la banque centrale pourrait réfléchir à une baisse de ses taux d'intérêt d'ici quelques mois.

"Le rapport sur l'emploi soulève la possibilité que la prochaine modification des taux de la Fed sera une baisse, et non une hausse, en fin d'année ou en début d'année prochaine. Rien n'est sûr, mais les surcapacités inattendues du marché du travail rendent cela possible", selon M. Lonski.

Source
Donc, je lis bien que la hausse du chômage joue contre l'inflation et permet aux entreprises de maintenir les salaires.

Je suppose que le Président de la FED, Ben Bernanke et John Lonski de Moody's Investors Service ne sont pas des abrutis divaguant devant un comptoir de bistrot et que l'on peut porter crédit à ce qu'ils disent (ça, c'est pour Riboul qui malheureusement n'est plus parmi nous :cry: )
St-Dumortier

Message par St-Dumortier »

Bonjour,
Je suppose que le Président de la FED, Ben Bernanke et John Lonski de Moody's Investors Service ne sont pas des abrutis divaguant devant un comptoir de bistrot et que l'on peut porter crédit à ce qu'ils disent .../...
:D Le contraire n'est peut-être pas faux non plus ! :lol:
victorine83

Message par victorine83 »

Rhoooooo... St Dumortier ! :x

C'est parce que nous avons été traités, en particulier Tristesir et moi-même, de niais croyant à la théorie du complot.

Donc, j'amène de l'info qui nous conforte dans nos convictions.

Disons que j'alimente mon argumentation par des sources qui ne sortent pas du bistrot du coin. :D
tristesir

Message par tristesir »

Ce qui ouvre de nouvelles possibilités. Si la faiblesse de l'économie persiste, et si le chômage passe au dessus de 5% de la population active, la banque centrale pourrait réfléchir à une baisse de ses taux d'intérêt d'ici quelques mois.
Traduction: Lorsque le chomage augmentera, le risque d'inflation s'éloignera et il n'y aura plus de risque d'aggraver celle-ci en baissant les taux d'intérêts.

Vous avez dit NAIRU? 8)
tristesir

Message par tristesir »

Quand j'entends le mot NAIRU...

30 juin 2006
Aujourd'hui, c'est théâtre!

Eh oui, journée chargée aujourd'hui. Sur la scène, les pantins s'agitent devant la foule en liesse. Que voulez-vous, ce doit être un effet Coupe du Monde. La France s'est qualifiée pour le tour suivant et la chômage baisse de "manière historique" selon Borloo. Oui oui. Et en coulisses?

SUR LA SCENE...

Acte I: Jeudi, conférence de presse de notre premier ministre. A la question "quand considèrerez vous que la France sortira du chômage de masse?" posée par un journaliste (question fort pertinente il est vrai), Dominique de Villepin fournit une réponse fort intéressante elle aussi:

Villepin: la France sera sortie du chômage de masse quand le taux sera à 7%

Dominique de Villepin a estimé que la France sera sortie du chômage de masse quand le taux de demandeurs d'emplois se situera "autour de 7%" de la population active, mercredi lors de sa conférence de presse mensuelle.
Avec "un taux de chômage qui se situe autour de 7%, nous sommes assez proches d'une société qui crée de l'emploi et qui peut permettre, très rapidement compte-tenu de la rotation des emplois, de répondre aux exigences de chacun", a estimé le Premier ministre, en réponse à une question sur le niveau qui marquerait la fin du chômage de masse.
"Nous serons sortis du chômage de masse et du chômage de longue durée" lorsque le taux de chômage atteindra "5%" quand la conjoncture économique est bonne et "8%" quand elle est mauvaise, a complété le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo.

Source

En gros, notre premier ministre considère que 7% de chômage constitue la limite au delà de laquelle on pourrait parler de chômage de masse! En dessous ce serait donc du chômage... normal? Jean-Louis Borloo quant à lui nuance et fait varier la limite entre 5 et 8% selon la conjoncture. Vous avouerez que ça reste encore élevé! Quand on pense que lorsque j'étais jeune voire gamin, j'entendais que le chômage incompressible c'était à peu près celui que connaissait le Japon à l'époque, soit 2 ou 3 %...

Mais face à ces élans médiatiques, je ne peux pas ne pas vous rappeler quelques petits points qu'il ne faudrait surtout pas oublier. Surtout pas. Rappelons que ces statistiques sur le chômage sont incomplètes et bidouillées depuis des années à un point tel qu'une reconstitution sérieuse des données est nécessaire pour evaluer correctement ce qu'on entend par chômage de masse. Ca tombe bien, ce boulot là il a été fait et c'est disponible ici:
http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm
et plus précisément sur cette page: ICI

Pour 2,4 millions de chômeurs apparaissant dans les statistiques officielles médiatisées, on arrive à 5,8 millions chômeurs équivalent temps plein! Soit 20% de la population active! Car bien sûr, c'est facile de créer des "emplois", mais c'est quoi un emploi? Est-ce que travailler 20h par semaine au smic permet de vivre décemment? Actuellement, ceux qui travaillent à temps complet travaillent en moyenne 39h par semaine (pour une durée légale de 35 heures...), donc une personne qui travaille 23h01/semaine comme la moyenne des 4,3 millions de personnes travaillant à temps partiel (pour la plupart subi) est en quelque sort une "moitié" de chômeur (en arrondissant). Creusez les chiffres et vous verrez, ces statistiques sont du théâtre de Grand Guignol.
Du coup, 7% de chômeurs en statistique bidouillée, ça fait nettement nettement plus en situations réelles vécues! D'autant plus que la tendance est à la prolifération des contrats bidons, aidés, super courts et payés au lance-pierre. Et le taux de précarité de masse, Monsieur de Villepin, vous le situez à quel niveau?

Acte II: ce vendredi, Jean-Louis Borloo exulte: les chiffres bidouillés du chômage ont baissé de 2,16% sur le dernier mois. Les disparitions (évaporations) pour non présence à une convocation de l'ANPE sont elles en hausse de 10%, les radiations administratives de 8%... Qu'importe si le malade meurt, son électro-cardiogramme dit qu'il est en pleine forme. Alors...

DERRIERE LA SCENE, EN COULISSES...

Là, c'est pour les initiés, ceux qui y pigent quelque chose en économie, en finance, en bourse. C'est pas pour le pékin moyen. C'est un peu morne à écouter, bien moins coloré que la Coupe du Monde du Peuple, c'est rempli de gens qui parlent de milliards dans leurs beaux costards-cravates gris ou noirs, bref c'est sur la chaine financière Bloomberg TV (qui appartient à Michael Bloomberg, riche homme d'affaires, maire de new York également pour la petite histoire).
Et aujourd'hui Vendredi 29 Juin 2006, pendant que la scène bruissait des clameurs de la victoire prochaine (je parle de la disparition du "chômage de masse" bien sûr!), j'ai entendu des chuchotements bien différents en coulisses:

1) la stratégiste en chef de la Société Générale (Valérie Riches Flores) nous a expliqué que le taux de chômage aux USA était tombé trop bas et que ceci, couplé à des hausses salariales qui tendaient à se relever depuis un an, devait naturellement "pousser la FED (la Banque Centrale américaine) à augmenter ses taux pour faire remonter le taux de chômage et ainsi limiter les tensions inflationistes" (oui ce fut dit comme cela, promis juré!). Je rappelle que le taux de chômage officiel est d'environ 4,7% aux US actuellement, mais attention comptabilisation "version US": la couverture chômage est très faible -incite donc certains à ne pas s'inscrire-, 2 millions de personnes sont sorties de la population active car en prison (!), et surtout le "moins de chômage" s'accompagne d'une pression sur les salariés par le biais de la population des "travailleurs pauvres" qui ne sont pas des chômeurs mais dont l'effet de contrôle social par pression sur les salaires est bien réel...

2) le responsable de Lazard Frères Gestion (société de gestion fiancière) pour sa part a ensuite parlé -texto- du NAIRU en expliquant qu'en Europe cette fois, "la BCE était inquiète sur les menaces d'inflation car le taux de chômage en Europe (au sens du BIT) était désormais assez en dessous du NAIRU, le taux de chômage en dessous duquel les menaces d'inflation se manisfestent"... Ceci étant à relier à mon article sur le décryptage des préconisations de l'OCDE (voir mon billet du 28 Mai 2006)

Encore une fois, il suffit d'écouter les bons médias (entre autres ceux de la sphère financière) pour se rendre compte des évidences invisibles pour le grand public! Et ces exemples sont loin d'être isolés, il y en a des tonnes... Alors fantaisiste le NAIRU qu'il disait ce bon Edwy Plenel?
Ah les coulisses, comme c'est déprimant. Allez, rideau, "the show must go on". C'est tellement mieux d'y croire... ou de faire semblant?

Guillaume de Baskerville
Visitez aussi mes autres sites:
http://lenairu.free.fr
http://linflation.free.fr
victorine83

Message par victorine83 »

La Fed devrait opter sur le statu quo pour la première fois en 2 ans
AFP 08.08.2006 - 8:00


La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait décider mardi, pour la première fois en deux ans, de ne pas relever ses taux afin de donner un peu d'air à la croissance, selon une majorité d'analystes.

La banque centrale réunit son comité de politique monétaire (FOMC) mardi pour réexaminer le niveau de son principal taux directeur, fixé à 5,25% après 17 relèvements consécutifs.

"La décision sera beaucoup moins évidente à prendre cette fois que lors des précédentes réunions", avertissent les économistes de Goldman Sachs dans une note.

L'économie doit en effet affronter des risques contradictoires entre ralentissement de la croissance (ce qui plaide pour une pause) et accélération de l'inflation (ce qui incite à la hausse des taux).

Les responsables de la Fed eux-mêmes ont reconnu leur perplexité, l'un d'entre eux chiffrant à "50-50" les chances d'une hausse des taux, une semaine avant la tenue du FOMC.

Pour la banque centrale, l'élément déterminant devrait être l'affaiblissement du marché du travail révélé vendredi par le rapport sur l'emploi.

L'économie n'a créé que 113.000 emplois en juillet et le chômage a bondi de 4,6 à 4,8%, un signe incontestable de la décélération de la croissance amorcée au printemps.

"La faible croissance du deuxième trimestre et les créations d'emplois décevantes en juillet signifient que la Fed va sans doute faire une pause mardi", estime Nariman Behravesh de Global Insight.

Vendredi, les marchés à terme ne chiffraient plus qu'à 18% la probabilité d'une hausse de taux, contre 44% avant la publication du rapport sur l'emploi.

Ce serait la première fois depuis juin 2004 que la banque centrale n'augmente pas le loyer de l'argent.

Cela n'est pas sans risque dans un contexte d'accélération de l'inflation.


En juillet, les salaires ont plus progressé que prévu (+0,4% sur un mois et 3,8% sur un an), et l'ensemble des indices des prix sont désormais largement au dessus de la zone de tolérance de la Fed.

"Tous les indicateurs d'inflation sont passés à l'orange et risquent de virer au rouge d'ici peu", avertit M. Behravesh.

Pour la minorité d'économistes pariant sur une hausse mardi, c'est ce danger qui primera. "Pour ramener l'inflation dans la zone de confort, la croissance doit ralentir, et la Fed pourrait aider cela en resserrant encore un peu sa politique monétaire", avancent les analystes de Goldman Sachs.

Les autres estiment que la banque centrale va sans doute courir le risque inflationniste -- pour le moment du moins.

Du côté des salaires, le président de la Fed Ben Bernanke a récemment dit être peu inquiet d'un effet de second tour. Et il estime que le ralentissement de la croissance permettra de contenir la hausse des prix.

L'idée est que la banque centrale pourrait faire une pause mardi pour mieux repartir ensuite.

"L'inflation plaide fortement pour une nouvelle hausse de taux" après la réunion de mardi, estime Ethan Harris de Lehman Brothers.

M. Bernanke avait évoqué dès avril la "possibilité" que, "à un moment donné", la Fed fasse une pause le temps de glaner plus d'information, sans que cela signifie un arrêt définitif des hausses de taux.

Pour Lehman Brothers, le "Fed funds" va culminer à 5,75% avant de redescendre fin 2007.

Mais d'autres analystes prédisent la première baisse bien avant.

"Le rapport sur l'emploi soulève la possibilité que la prochaine modification des taux de la Fed sera une baisse, et non une hausse, en fin d'année ou en début d'année prochaine", estime John Lonski de Moody's Investors Service.

Source
Et voilà comment la haute-finance joue avec notre sort !

Il faut choisir entre "croissance, création d'emploi et inflation" ou "pas de croissance, pas de création d'emploi et pas d'inflation".

S'il est décidé de maintenir l'inflation, il faut ralentir la croissance en relevant les taux directeurs... alors que seule la croissance permet des créations d'emploi.

En même temps, l'affaiblissement du marché du travail, c'est-à-dire la hausse du chômage, permet de contenir les risques inflationnistes.

Ca, c'est pour la petite histoire du NAIRU ! :wink:
Répondre