Par Linda Zenati-Leforestier | Journaliste | 03/11/2010 | 17H23
lire la suite sur Eco89« Gérante d'agence immobilière, CDI, salaire 20 000 à 40 000 euros par an. » Quand Maryse, alors au RMI, découvre cette annonce sur le site de Pôle emploi, elle n'hésite pas à postuler. L'entretien est prometteur mais on lui annonce qu'elle ne signera pas un CDI immédiatement, et débutera sous un contrat AFPR, pour « aide de formation préalable au recrutement ».
Ce type de contrat est destiné aux demandeurs d'emploi à qui il manque certaines compétences pour occuper un poste diffusé par Pôle emploi. Durant trois mois, Maryse sera rémunérée, par Pôle emploi, pour le travail effectué dans l'entreprise, et c'est seulement au bout de cette période qu'elle pourrait signer un CDI.
« Je ne pensais pas avoir besoin d'être formée puisque j'avais géré ma propre agence deux ans auparavant. Malgré tout, j'ai immédiatement accepté l'AFPR, car le directeur m'a garanti oralement qu'il m'engagerait à l'issue de ces trois mois.
En attendant, Pôle emploi me rémunérait 650 euros par mois pour environ quarante heures de travail par semaine. »
« J'ai dépensé environ 2 000 euros en frais »
Après une formation de 48 heures avec un commercial, Maryse se retrouve vite aux commandes d'une agence avec la pression de vendre. Elle s'investit au point de l'assumer seule durant deux mois et demi. Pourtant, une semaine avant la fin du contrat AFPR, elle est convoquée par son supérieur :
« Il m'a annoncé qu'il ne me garderait pas car je n'avais pas fait de ventes. Je ne m'y attendais pas car en AFPR, nous sommes des stagiaires en formation, pas des employés avec des objectifs à atteindre.
J'ai dépensé environ 2 000 euros durant ces trois mois en frais de déplacement, téléphone, ordinateur… et si je l'ai fait, c'est parce que jamais l'entreprise ni Pôle emploi ne m'a parlé de l'éventualité de ne pas être embauchée.
J'ai été utilisée par cette entreprise qui a vu en l'AFPR un moyen de bénéficier de main d'œuvre gratuite, et par Pôle emploi qui incite les chômeurs à accepter ces contrats afin de faire baisser les chiffres du chômage ! »
Maryse, justifiant de trois mois de travail, ne pourra pas percevoir le RMI durant le trimestre suivant… Elle se retrouve sans aucune ressource.
« Seule avec ma fille, ma mère a dû m'envoyer de l'argent pour m'aider. J'ai écrit au ministre du Travail, à l'époque Xavier Darcos, au Pôle emploi de Martigues et à l'Inspection du travail pour dénoncer l'AFPR et le manque de contrôle des entreprises qui abusent des stagiaires, mais je n'ai eu aucune réponse. »
Un contrat qui ne prolonge pas les indemnités chômage