étrange consensus autour du service civique obligatoire

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superuser
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étrange consensus autour du service civique obligatoire

Message par superuser »

Un message de Myriam Alderton, présidente de l'A.E.D.V.C. (l'Association pour l'étude et le développement du volontariat civil) :
Droite et gauche : un étrange consensus autours du "service civique obligatoire"

Dans les tuyaux du Sénat et de l'Assemblée nationale depuis 2003, ce projet de service civique obligatoire (SCO) est revenu sur l'avant-scène nationale en novembre 2005, comme en écho à la crise des banlieues. Quand la révolte atteint son paroxysme, l'exaltation patriotique et la menace d'un redressement citoyen ne sont pas loin derrière…

Largement soutenus par une certaine presse chrétienne au travers du magazine "La Vie", 443 parlementaires, près de 52% des députés, plus de 10.000 citoyens avaient signé l'appel pour le SCO (1) deux mois et demi après son lancement. Ainsi le journal télévisé de 20 heures sur la 2, ce 18 avril, nous annonçait que 9 jeunes sur 10 seraient favorables à l'instauration d'un service civique obligatoire (2).

Depuis, cette idée, qui relève de l'orthopédagogie à visée normative, poursuit son chemin, les prises de position pour un tel service se multiplient, la presse en fait écho sans qu'aucune controverse publique soit réellement amorcée. Certains pensent qu'il est trop tôt, qu'il ne s'agit là que d'un vague projet, totalement irréalisable de surcroît, qui retournera dans son carton comme il en était sorti…

Vague projet ? Irréalisable ? Rien n'est moins sûr. La volonté de ses partisans (droite et gauche confondues) est farouche si l'on en croit leur ténacité : pas moins de 9 projets de loi (3) ont été déposés entre 2003 et 2006, et ce n'est probablement pas fini.

Pire que le CPE parce que plus sournois, ce projet joue sur la corde délicate du délitement social et du désir d'engagement des jeunes dans des causes qui les sensibilisent. Plus dangereux, car si le CPE était rejeté massivement par l'opposition, le SCO à l'inverse fait plutôt consensus.
Le magazine La Vie poursuit sa campagne publicitaire et envisage durant l'été 2006 une large consultation des jeunes : l'objectif est de passer le relais aux politiques le moment venu.
Et si le moment venu était après les élections présidentielles ? Plusieurs candidats de droite et de gauche l'annoncent comme une priorité de leur programme s'ils passent au pouvoir en 2007. Parmi les plus connus de ses partisans, nous trouvons : Ségolène Royal, François Hollande, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard, Laurent Fabius, Christine Boutin…

A quoi devons nous ce large consensus autour du SCO, entre partis opposés qui nous ont plutôt habitués à s'entre-déchirer ? Un miracle se serait-il produit sans qu'on s'en aperçoive ? Le magazine La Vie serait-il porteur de la "Bonne Nouvelle" ? Même si ses rédacteurs semblent très «inspirés», la réalité est toute autre. Ce projet fait l'unanimité car il représente l'ultime tentative de la 'France d'en haut' pour reprendre le contrôle sur la 'France d'en bas', qui lui échappe de plus en plus... Cette coalition autour du SCO a pour nom : pouvoir politique.

Face au délitement social et à l'abstentionnisme chronique, les politiques ont compris qu'un tel service représente, de par son caractère obligatoire, un possible retour à l'autorité et à l'ordre. En deux mots, à la légitimation de la toute puissance de l'Etat, qui se présente à nous sous l'apparence d'un père de famille qui sait de quoi ses enfants ont besoin pour retrouver le bon sens civique.

Le titre "Et pourquoi pas un S.C.O. pour répondre à la violence des jeunes ?" de l'émission diffusée sur RFI le 2 février 2006 est à ce titre très révélateur de cette volonté de tirer profit de la situation.
Dans la panique générale provoquée par l'embrasement des banlieues, il était facile d'obtenir l'unanimité sur un projet pétri de morale sociale et d'autoritarisme. C'est sur ce point que les partisans d'un tel projet s'allient une bonne partie de l'opinion publique, les nostalgiques du service militaire et ceux qui pensent qu'un bon coup de pied au derrière de cette jeunesse qui ne respecte plus rien ne peut pas lui faire de mal. Raisonnement à l'emporte-pièce, basé sur de fausses évidences, conclusions hâtives et recette miracle…

Encore une fois, les politiques n'ont rien compris à la demande de reconnaissance des jeunes et encore une fois, ils vont répondre à côté de la question. Sauf que cette fois, la réponse va un peu trop loin.
«Faux !», défendent ses partisans, «Nous voulons rendre le service civil obligatoire par souci d'égalité : personne ne doit y échapper !» Ah bon ? Mais qui veut y échapper ? Les sondages le prouvent : 9 jeunes sur 10 sont partants pour effectuer un service civique, il existe la loi sur le volontariat civil de cohésion sociale et de solidarité (V.C.C.S.S.) (4) qui découle de la réforme du service national : il suffirait de lui donner les moyens d'être vraiment mise en place et nous verrions la majorité des jeunes investir un tel service. Aussi, pourquoi cet entêtement à vouloir le rendre obligatoire ?

Que veut-on nous prouver à travers un tel sondage ? Que les jeunes sont plus en demande d'obligation que de citoyenneté ? Bien sûr que non. Un malentendu est entretenu, une confusion intrinsèque au terme même de "service civique obligatoire".
Le succès de ce sondage relève avant tout de la méconnaissance du grand public en France vis-à-vis du volontariat. Méconnaissance perpétrée par les gouvernements successifs qui n'ont rien fait pour que la loi qui devait en favoriser le développement soit reconnue et appliquée.
Pourquoi ? A mon avis, la raison principale est que le développement du volontariat (et encore, pas n'importe lequel) ne peut reposer que sur une politique soucieuse d'émancipation des jeunes. Or, l'objectif poursuivi par les partisans du SCO n'est pas le développement d'une démocratie participative, mais le contrôle et le pouvoir, d'où l'obligation, présentée aux jeunes comme une impérieuse nécessité, en leur disant : «Vous voyez bien, le volontariat en France, ça ne peut pas marcher, il ne fait pas partie de notre culture ! Ça ne prend pas !» (5)…

Bien sûr que ça ne prend pas, rien n'a jamais été fait pour que la loi sur le V.C.C.S.S. soit appliquée ! La vérité comme toujours est à chercher ailleurs. Elle est aussi dans cette volonté de vouloir nous faire croire que le service civique obligatoire n'est pas un travail mais un service rendu à la collectivité, nuance ! Et ce, même quand plusieurs responsables politiques nous disent que ce service permettrait de faire face au manque de main d'œuvre dans les secteurs de l'aide aux personnes !

Mais à quoi bon jouer sur les mots quand on sait que ce sont entre 750.000 et 800.000 jeunes par an qui rendraient ainsi «service» à la collectivité ? Pas un travail, juste un service, même quand Monsieur Jacques Attali nous dit dans un article intitulé "Etre français, cela se mérite" publié dans l'Express du 13 décembre 2004, je cite : «Il serait essentiel de rendre à tous les jeunes en âge de voter une raison concrète d'éprouver un sentiment d'appartenance ; et pour cela, de les amener à payer un tribu en nature à la collectivité. Plus de la moitié des Français ne payant pas l'impôt sur le revenu, il est désormais possible de traverser la vie sans jamais ressentir le prix à payer pour faire partie d'un ensemble aussi bien organisé et protecteur que la nation française. Ne seront scandalisés par cette proposition que ceux qui ne veulent pas admettre qu'être Français est un formidable privilège, qui doit se mériter à chaque génération.»

Ainsi, plus de la moitié du peuple de France, parce qu'il ne gagne pas suffisamment d'argent pour payer l'impôt sur le revenu, ne pourrait pas avoir de sens civique ??? Vous savez, Monsieur Attali, il paraît même que cette catégorie de français se reproduit : 2 millions d'enfants vivent aujourd'hui en France au dessous du seuil de pauvreté !

Les politiques libéraux s'intéressent eux aussi de très près aux différentes formes de services civils. Sur un blog pro-SCO dédié aux services civils (7), on peut lire dans un article : «Sans répondre immédiatement à la question relative à la formation professionnelle, constatons ainsi qu'il (le service civil) permettrait tout d'abord de compléter les dotations en moyens humains des associations et de certains domaines essentiels de l'action publique que sont la santé, la justice, la police ou encore l'éducation. Le service civil a en effet, vocation à intervenir, pour une partie dans le champ d'action dévolu à la puissance publique et à ses agents. De ce fait, il permettrait de s'y substituer pour un coût inférieur. Les gains budgétaires entraînés par cette substitution du service civil à certains postes de la Fonction publique pourraient être affectés à des dépenses d'avenir, c'est à dire des dépenses d'investissement. Dans une économie ouverte et mondialisée, dont le moteur est l'innovation, ces économies pourraient être affectées en priorité à l'éducation supérieure.» Et plus loin : «Engagement qui serait une source de disponibilité budgétaire directe pour l'Etat en permettant de se substituer à des tâches assurées à un coût supérieur par la Fonction publique»…

Curieuse logique de solidarité qui consiste à utiliser la générosité des jeunes, à des fins économiques pour l'Etat ! On peut voir à travers l'ensemble de ces réflexions combien les motivations profondes des partisans de ce service sont loin d'être aussi sympathiques et fraternelles qu'on veut bien nous le dire et nous le montrer.

Une nécessaire alternative

Nous proposons de mauvaises solutions car nous posons mal le problème du délitement social. C'est la représentation de la société qui se délite, pas le lien social, enfin l'ancienne représentation car une nouvelle est en train de voir le jour…

Les mentalités ont évolué vite peut être trop vite, cette évolution fait peur car étant mieux informé et plus autonome, le peuple devient plus critique et moins facilement gouvernable.

Les Français ne sont pas individualistes, sinon notre pays ne connaîtrait pas un tel essor de sa composante associative, faisant de lui le premier de l'Union européenne dans ce domaine. Ce serait même le contraire qui est en train de se produire, le seul problème c'est que cet essor trouve ses racines dans la société civile (du bas), ce qui n'est pas sans questionner et déranger le pouvoir, c'est à dire (le haut) de la pyramide.

Dans un tel contexte, le SCO représente le dernier rempart que nos gouvernants ont trouvé, à la fois pour canaliser la révolte des jeunes, faire face à la dérive citoyenne voire à une nouvelle canicule ou autre catastrophe naturelle…

Quand bien même une telle réflexion serait légitime (ce qui est loin d'être le cas), elle n'en demeurerait pas moins légère face à la profondeur de la crise que traverse notre société. Un tel raisonnement n'est pas à la hauteur des réponses attendues sur la question de l'éthique citoyenne, confondue ici (innocemment ?) avec la moralisation sociale.

Les domaines des services civils/civiques et des volontariats doivent rester des lieux d'initiative citoyenne individuelle et collective. Ils représentent des espaces de liberté et de solidarité que de nombreux citoyens s'attachent à promouvoir et valoriser, tant sur le plan de la représentation que du droit.
Le projet de service civique obligatoire, loin de le servir, menace directement l'esprit de la loi 1901, dans ses valeurs et ses principes qui reposent sur la libre association spontanée des citoyens. Cet esprit qui est à l'origine de toutes les luttes pour la défense et le respect des droits de l'Homme est aujourd'hui mis en danger par différentes tentatives de retour à l'ordre, l'obligation et la discipline, le service civique obligatoire rejoint cette tendance, malgré les bonnes intentions mises en avant par ses partisans.

Affirmer qu'il faut laisser le choix aux jeunes, ce n'est pas faire de la citoyenneté une option, c'est mettre en place des moyens et des méthodes éducatives qui favorisent la réappropriation par les citoyens eux-mêmes d'une certaine capacité de réflexion, d'initiative et d'innovation collective. Encore faut-il une volonté politique de développer ces méthodes.
Les bénévoles et les volontaires du monde et de tous les temps n'ont pas attendu l'obligation pour s'engager auprès des peuples en souffrance. Ce projet d'obligation est une insulte à la démocratie ainsi qu'à la capacité des jeunes à investir l'espace public pour défendre des causes qui les sensibilisent.

Si un tel débat public est mis en place avant les élections, les candidats peuvent reculer face à la montée de l'opposition. S'il a lieu après les élections, nous risquons encore une fois l'affrontement. Les climats de tension ne sont favorables ni à la réflexion, ni à l'anticipation, encore moins à l'élaboration d'alternatives, sans compter qu'ils sont dangereux et qu'ils épuisent tout le monde, à commencer par les forces vives de la société civile.
C'est pourquoi l'Association pour l'étude et le développement du volontariat civil (8 ) souhaite constituer un collectif et diffuser une pétition "Pour une alternative au SCO" demandant :
• Le retrait de tous les projets de loi visant à une obligation dans les domaines des services civils/civiques ;
• La mise en œuvre effective à l'échelon national de la loi sur le volontariat de cohésion sociale et de solidarité (V.C.C.S.S) ; enrichi par la mise en place d'un programme ambitieux de formation citoyenne en matière de droits de l'Homme, pour chaque jeune désireux d'effectuer un volontariat.
Nous invitons toutes les personnes désireuses de soutenir cette initiative, à nous contacter (8 ).

Myriam Alderton, présidente de l'A.E.D.V.C.

(1) Appel et liste des signataires, en ligne sur le site www.les-amis-de-lavie.org
(2) Sondage en ligne sur www.politique-jeunesse.net
(3) Projets de loi : n°1138 (du 15.10.03), n°1199 (du 5.11.03), n°1803 (du 22.09.04), n°2316 (du 11.05.05), n°2693 (du 23.11.05), n°2817 du 25.01.06, n°2818 (du 25.01.06), n°2912 (du 28.02.06).
(4) Lois du 28 octobre 1997 et du 14 mars 2000.
(5) Extrait de la soirée débat organisée par "La Vie" le 15.03.2006 à Marseille.
(7) reflets.typepad.com
(8 ) Contacts : email : myriam.alderton@wanadoo.fr
Adresse postale : A.E.D.V.C Route du Thoronet- d17- 83340 - Le Cannet des Maures (Var)
chris

Message par chris »

tout a fait d'accord avec cette excellente analyse pleine de lucidité !

dommage qu'elle ne puisse etre plus relayée car c'est encore de la bombe ,decidement en ce moment !

pendant que les seniors se dechirent dans la phraseologie intellectuello-militante ,on s'occupe plutot de la jeunesse par les temps qui courent !!

probleme de dangerosité ,faut croire ,le pouvoir est aux abois !

je suis personnellement ..halluciné par l'existence meme de l'idée ,ces relents de services militaires qui nous reviennent d'une epoque que l'on croyait revolue depuis la fin des guerres aux frontieres .

a une epoque ou la jeunesse anglaise ..deserte plutot que d'aller en irack !!!!

sans oublier que la majorité des jeunes qui s'engagent aujourd'hui dans l'armée professionnelle ne le font que contraint et forcé par le ..chomage et l'exclusion du systeme scolaire !!

l'armée et le mythe de la deuxieme chance !!!
9 jeunes sur 10 sont partants pour effectuer un service civique, il existe la loi sur le volontariat civil de cohésion sociale et de solidarité (V.C.C.S.S.) (4) qui découle de la réforme du service national : il suffirait de lui donner les moyens d'être vraiment mise en place et nous verrions la majorité des jeunes investir un tel service. Aussi, pourquoi cet entêtement à vouloir le rendre obligatoire ?
la ,je demande a voir ,un jeune interrogé dans la rue ,y veut tout mais une fois devant le bureau de recrutement ,humh !!!

et je parle pas ,s'il s'agit de service citoyen genre debroussaillage ou pompier gratos !!

on a des generations qui dorment encore en pyjama a 18 piges et je parle pas des tanguy !!!

ouai ,c'est un vaste debat que je n'aurai jamais imaginé a la veille de 2007 !

c'est peut etre ca ,le fin du fin de la strategie ,sortir un truc tellement a coté de la plaque ,histoire de bien prendre a contre pied .
St-Dumortier

Message par St-Dumortier »

Bonjour,

Oui cette analyse m'a convaincu et c'est un dossier à suivre.

J'aime bien ce passage:
Les Français ne sont pas individualistes, sinon notre pays ne connaîtrait pas un tel essor de sa composante associative, faisant de lui le premier de l'Union européenne dans ce domaine. Ce serait même le contraire qui est en train de se produire, le seul problème c'est que cet essor trouve ses racines dans la société civile (du bas), ce qui n'est pas sans questionner et déranger le pouvoir, c'est à dire (le haut) de la pyramide
:D
Hardi ! les gars, au plus nous remuons, au plus ça tremble en haut.
myriade

service civique obligatoire

Message par myriade »

Loin de moi l'idée de faire dans la démagogie, mon allusion était ironique, je sais qu'on ne peut pas grand chose pour les 'Tanguys' mais ce ne sont pas eux qui nous intéressent! Le danger de l'obligation est dans le processus de normalisation qu'elle engendre, au lieu de faire émerger le désir citoyen, tu casses son élan (c'est peut être le but recherché ?)... Imposer cette loi ne sucitera pas forcément l'adhésion et la mise en application citoyenne de ses bons principes au delà du temps du service, le renouveau citoyen ne peut pas s'imposer, il relève de la création, de la spontanéité et de l'invention de projets qui font société, ces projets ne peuvent voir le jour que dans la libre association et appuyés par une volonté politique, à moins que le mot d'ordre du pacte républicain adressé aux jeunes à travers le S.C.O ressemble à : "Sois fraternel et tais toi !" :( Question encore d'éthique, pas de moralisation...Notre collectif est toujours en voie de constitution, n'hésitez pas à diffuser l'article si le coeur vous en dit ! :wink: Myriam.
tensai

Message par tensai »

Personellement je suis largement en faveur de cette mesure. J'ai 16 ans et donc je pourrais peut-être faire parti des premiers participants au SCO. Vous dites que ce n'est pas ce que les jeunes veulent mais 91% sont favorables... Pourquoi ont-ils répondu favorablement?

Oui, les jeunes aiment le volontariat. Vous demandez alors pourquoi le rendre obligatoire. Mais je n'ai pas l'impression que 100% de la population ait fait du bénevolat (je n'ai par contre pas de chiffre). J'aimerais bien faire du bénevolat plus tard, mais il y a des obstacles:
-L'argent. N'étant pas autonome, une année de bénevolat c'est une année de plus à vivre au crochet de mes parents. Ce que mes parents n'apprécierait pas forcément. Ici, (je n'ai lu qu'un texte de loi) il est possible que à l'instar du service militaire, on soit logé et nourri. Donc, on ne gagne pas d'argent sur ces trois mois/cette année mais on n'en perd pas non plus.

-La nonchalance: le "oui je veux bien faire ça mais plus trad...". On peut se dire pendant toute sa vie "je ferai bien du volontariat un jour, quand j'aurai le temps".

-Les étude/la carrière: Aux alentours de la majorité, certains jeunes travaillent déjà en apprentissage. Le fait d'aller faire du volontariat pendant un an peut passer comme un manque de motivation pour le travail. Mais ce n'est pas le cas si c'est obligatoire. Il en va de même avec les études.

De plus, le rendre obligatoire permet la mixité sociale recherchée. Personellement, je suis issu de la classe aisée, dans une ville (Laval) où le chomage ne sévit pas beaucoup. Même si j'ai donc de nombreux amis fils de smicard, je n'ai pas de contact (du moins à ma connaissance) avec des fils de RMistes. Très peu avec des fils d'immigrés (la plupart des immigrés en Mayenne sont des anglais retraités...), ni avec des jeunes issus des Dom-tom, ni de régions où la culture peut être différente (pays basque, Paris, Est,...). Aujourd'hui, si je vais en bénevolat, il y ait des chances que ce soit encore en Mayenne (sinon le logement devient vite plus compliqué) avec des fils de cadres ou de fermies. Le service civique obligatoire changerait beaucoup cela. Ca peut faire changer des mentalités. J'ai par exemple un copain, fils de patron, SDF d'après sa définition (Sans Difficultés Financières) qui a des idées asse... tranchées sur ces "fainéant de chomeurs". C'est vrai qu'il n'a jamais été en contact avec la pauvreté.


En quoi ce serait un contrôle de la "France d'en haut" sur la "France d'en bas"? Ce serait plutôt un rapprochement de ces "deux Frances".

Ce serait aussi fait pour augmenter le sentiment de citoyenneté et le patriotisme. Peut-être effectivement que ça répondrait au problème des banlieues. Je ne vois pas où est le problème lorsque l'on essaye d'aider une population défavorisée à se sentir mieux. Mais ça augmenterait aussi le sentiment de citoyenneté et de patriotisme chez les futurs patrons. Des patrons qui verrait leurs employés non comme des pions, mais comme des hommes à l'instar de leurs anciens copains du SCO. Des patrons qui ne délocaliserait pas même si cela bénefierait à leur entreprise, car rester béneficierait à cette France qu'ils aiment.

Humblement,

Matthieu
Monolecte

Message par Monolecte »

Merci Matthieu pour ton témoignage qui révèle plutôt une grande maturité pour ton âge.
Ceci dit, je ne suis pas sûre que ton cas soit une généralité. Je crois, comme toi, qu'il est bon de connaître l'autre, de vivre un peu avec, cela évite bien des préjugés et des malentendus. Je suis aussi pour la mixité sociale, et pas seulement pendant quelques mois, mais je crains que beaucoup de fils à papa n'aient pas ton intelligence sociale et cherchent plutôt à échapper à la corvée par tous les moyens... qu'ils ont!
:wink:
chris

Message par chris »

Humblement,

Matthieu
pourquoi humble ,ya pas de raisons , ton temoignage est excellent et je le trouve presque normal lorsqu'on a ..16 ans et un peu d'ideal ,d'autant plus que tu vis dans une ville qui est loin du contexe actuel ou sont placé beaucoup de jeunes

mais les jeunes de banlieues s'engagent aussi beaucoup avec ,il est vrai plus de lucidité parce que d'autres raisons .

c'est bien la ,le probleme des engagements militaires ,le civil etant a definir dans la mesure ou dans le miltaire au moins ,c'est tres formateur ,surtout aujourd'hui .

les prepas sont la pour faire miroiter l'aventure ,depister les talents , les temperaments !

car c'est de ca qu'il s'agit ,faire du profit sur l'employabilité de jeunes gens en quete d'ideal .

on le voit avec le "bizness "de l'humanitaire ,meme les ex ONU revienent souvent de missions avec le gout amer que quelque chose leur a echappé .

connais tu cette maxime celebre ,on pensait se battre pour defendre la democratie mais on ne defendait que les interets des complexes militaro-industriel !!!

l'humanitaire a souvent le meme gout et la meme odeur !

mefiance sur ses motivations profondes ,car on peut etre vite deçu a ce jeu la .

en toute connaissance de cause du pendant de la medaille ,pourquoi pas ;

j'ai une relation qui bosse au recrutement de la gendarmerie ,un vieux de la vieille qui a bourlingué pour l'onu partout ,il me cite souvent le turn over important inherent a la difficulté de ce style de vie .

quant au reget du service obligatoire ,faut regarder la realité en face sur ce que c'etait ...ridicule ,me suis presque engagé pour y echapper ce qui est paradoxal .

a ma premiere prepa qui ressemblait hormis les sauts ,aux trois jours officiels ,ca m" a degouté carrement :wink:

des gosses de riches qu'on avait collé officier d'office ,soi disant le niveau scolaire et quia defaut de relles competences
s'occupaient a distribuer des corvées de balayage de cour ;

j'avais prevenu le colonel que si c'etait pour me retrouver devant de pareilles tarlouzes ,pouvait me preparer un cachot a mon nom ,il a parfaitement compris et m'a dirigé vers la ..legion :wink:

non ,le service obligado ,c'etait un an de perdu de la vie des gamins ;le balayage ,on peut le faire dans une entreprise avec un salaire .

penser a ca aussi lorqu'ona 16 ans ,je sais bien que ...,le temps perdu ne se rattrrape pas et dans un monde ou les retraites apparaissent bien incertaines !

penser a gagner un peu de sous n'est pas idiot , c'est ce que font les ..vieux qui veulent vous envoyer bosser gratis :idea:
tristesir

Message par tristesir »

De plus, le rendre obligatoire permet la mixité sociale recherchée. Personellement, je suis issu de la classe aisée, dans une ville (Laval) où le chomage ne sévit pas beaucoup.
Il sera obligatoire seulement pour les jeunes des banlieues defavorisees ! A mon époque le service militaire était <<obligatoire>> mais pendant mes 12 mois de service je n ai jamais rencontre de fils de pdg, de ministre, de depute,etc.
Le cote obligatoire etait de la blague ! Si tu avais des relations tu ne le faisais pas , si tu etais moins pistonné tu le faisais à cote de chez toi (tu rentrais donc tous les soirs)

Si ce système est mis en place, un tas d emplois payés mi-smic qui remplacent deja des emplois de fonctionnaires à plein temps, vont etre remplaces par de la main d oeuvre issu du SCO rétribuée miserablement. (la solde d un <<appelé était misérable lorsque j étais <<militaire>>)

Pourquoi vouloir rendre obligatoire cette fiction de <<citoyenneté fraternelle>>?

Est ce qu un employeur du cac 40 dont le siege social est domicilié en france place la morale citoyenne avant tout lorsqu il s agit de mettre à la porte des milliers de ses concitoyens?

Est ce qu un jeune sera plus solidaire et citoyen lorsqu il ira travailler presque gratuitement dans une administration publique pour que l'Etat puisse supprimer des emplois publics et utiliser les jeunes pour combler leur sacro sainte dette publique?

Plutot que de commencer par rendre obligatoire autoritairement quelquechose qui va etre vite detournee de son idee initiale (qui est suspecte à mes yeux).
, on pourrait commencer par donner aux jeunes à l ecole une education qui ne soit pas l education dont a besoin le patronat: la competition entre les jeunes, l individualisme, gagner à tout prix, ...en leur substituant les valeurs d entre aide, de solidarite etc. Peut etre qu on n en viendrait pas à decreter un truc aussi ridicule que le SCO.

Ce qui n empeche pas dans l immediat de faire la promotion du volontariat et de le developper.
superuser
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Message par superuser »

Bonjour, et bienvenue !
Matthieu a écrit :Mais je n'ai pas l'impression que 100% de la population ait fait du bénevolat (je n'ai par contre pas de chiffre).
Au dernier recensement, il y aurait tout de même 13 millions de bénévoles en France, dont 5 millions de réguliers. Cela concerne dont 27% des Français de plus de 15 ans : une majorité de femmes, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, beaucoup plus chez les actifs que chez les retraités. Effectivement, on en trouve moins chez les jeunes.

Mais le bénévolat doit rester un choix, et pas une obligation.


Surtout, ce que j'aimerais que tu comprennes, c'est que le SCO, c'est un peu comme les stages en entreprises : ça supprime des emplois véritables, et c'est tout bénef pour les employeurs qui en usent et abusent. J'imagine que tu as entendu parler de la révolte et de la lutte des stagiaires ? Le SCO, c'est le même principe. On prend des jeunes pour les faire travailler gratuitement à la place de chômeurs qui mériteraient un emploi. C'est tout bénef pour l'Etat qui, au lieu de renforcer son service public, orchestre à son tour une forme de dumping social.
myriade

étrange consensus autours du service civique obligatoire

Message par myriade »

C'est bien ça le problème :le manque d'information sur le bénévolat et le volontariat. Je crois que le témoignage édifiant de Jean Alécian de l'institut Montaigne qui est favorable au S.C.O ne devrait pas tarder à être dans la revue de presse du site. J'invite tout le monde à aller le lire et à revenir en discuter, en effet, il ne fait pas miroiter n'importe quoi aux jeunes, c'est du concret: les jeunes balaieront les collectivités ! Comment on rentabilise le S.C.O ? Mais avec une main d'oeuvre bon marché pardi ! L'article de la convention européenne qui interdit le travail forcé ? Bagatelle ! S'il nous gêne, on le fait sauter ! Moi, j'aime ce franc parler ! Au moins on commence à savoir où on va ! :wink:
St-Dumortier

Message par St-Dumortier »

Bonjour,

:?: Pourquoi rendre Obligatoire,
ce que l'on peut faire Librement. ?

compagnons-batisseurs.org
europa.eu
rempart.com
jeunedev.com
google.fr/search?
:)

Sinon, vous pouvez être utilement citoyen, rien qu'en allant vous promener en vélo.
Image
Monsieur le Président, monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Président, vous avez déclaré le 5 janvier 2006 : « Nous devons apprendre à nous passer progressivement de pétrole. » Monsieur le Premier ministre, vous avez affirmé le 16 août 2005 : « Le pétrole est une ressource épuisable qui va se faire de plus en plus rare. » Déjà scandaleux hier, la tenue du Grand-Prix de formule 1 alors que s’engage la déplétion mondiale de l’extraction du pétrole est inadmissible. Comment pourriez-vous être crédibles en demandant à chacun d’entre nous de faire l'effort de réduire sa consommation d’énergie tout en laissant une vingtaine de jeunes milliardaires faire la promotion d’un comportement irresponsable. Le Grand-Prix de France de formule 1 constitue le paroxysme du gaspillage en alliant dans une même célébration compétition, argent, vitesse et pollution. Cette course et le message qu’elle véhicule sont à l’inverse des valeurs qui pourront nous permettre d’affronter démocratiquement et pacifiquement le temps de l’après-pétrole, qui s’ouvre maintenant. Aussi, monsieur le Président, monsieur le Premier ministre, nous vous demandons de supprimer aujourd’hui le Grand-Prix de France de formule 1.
Pas convaincu ???
Alors, vous êtes libre de choisir l'obligatoire et l'imposé.
victorine83

Message par victorine83 »

Info pêchée dans le magazine "Femme actuelle" de janvier 2006 et que je vous retranscris ici :
NOURRI, LOGE ET... FORME PAR L'ARMEE !

L'armée se mobilise pour les 18-21 ans en rupture de ban. Première étape vers le "service civil volontaire" qui devrait concerner 50 000 candidats dès 2007.

Permettre chaque année à 20 000 jeunes en situation d'échec scolaire ou en voie de marginalisation de se réinsérer... Tel est le pari de l'opération "Défense deuxième chance", qui offre une formation de douze à vingt-quatre mois, débouchant sur une qualification professionnelle.
Après avoir signé une contrat de "volontariat", les jeunes se retrouvent dans un internat civil où ils sont nourris, logés, habillés, formés et payés 300 € par mois.
En contrepartie, ils s'engagent à suivre les cours et un règlement strict, basé sur le respect des horaires, de l'autorité, etc. Ni maniements d'armes, ni parcours du combattant au programme, mais six mois de remise à niveau pour leur permettre d'atteindre le niveau de l'ex-certificat d'études. Ensuite, ils suivent une formation de six mois (avec stage en entreprise) dans des secteurs porteurs d'emplois : l'hôtellerie, les services à la personne ou aux entreprises (sécurité, entretien, nettoyage) et le bâtiment. Les plus motivés peuvent prolonger leur formation pour présenter un CAP avec, en prime, des cours d'anglais, d'informatique, et la préparation du permis de conduire.

M.J. Coutanceau
En commentaire sous une photo avec des militaires en uniforme :

"Le SCV", un bon tremplin vers le monde du travail ou une carrière dans l'armée.

Je vous laisse apprécier... :D
tristesir

Message par tristesir »

ils suivent une formation de six mois (avec stage en entreprise) dans des secteurs porteurs d'emplois : l'hôtellerie, les services à la personne ou aux entreprises (sécurité, entretien, nettoyage) et le bâtiment.
Y a t il besoin de tout ce <<cinema>> pour finalement arriver à ce resultat?
victorine83

Message par victorine83 »

Oui parce qu'auparavent, il faut les dresser (pardon... les éduquer) :
ils s'engagent à suivre les cours et un règlement strict, basé sur le respect des horaires, de l'autorité, etc.
victorine83

Message par victorine83 »

Et aussi les habituer à un petit salaire :
et payés 300 € par mois.
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