L'entreprise : une zone de non-droit

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Modérateurs : superuser, Yves

maguy

L'entreprise : une zone de non-droit

Message par maguy »

Extrait :
Nombreuses sont les formes de violence illicites qui sont tolérées dans l’entreprise, comme l’imposition d’horaires dépassant les limites légales, le harcèlement moral, le non-respect des conditions d’hygiène et de sécurité, et l’imposition de conditions et de cadences de travail intenables. Cette délinquance patronale se développe d’autant plus que les inspections dans les entreprises sont de plus en plus rares :

- en 1974, 30% des entreprises ont été contrôlées, tandis qu’en 1993, seules 14% l’ont été ;

- seuls 1250 inspecteurs et contrôleurs couvrent l’ensemble des entreprises privées du territoire français (qui emploient quatorze millions de salariés) ;

- ils ne sont assistés que par trente-cinq médecins et treize ingénieurs en hygiène et sécurité [1].
article complet et source sur imsi
superuser
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Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par superuser »

Oui, il est excellent, ce billet !

Lire aussi celui sur L'insécurité dont on ne parle pas

Extraits :

Dans les cités comme ailleurs, et sans doute plus qu’ailleurs, il existe bien d’autres formes de violence ou d’insécurité dont les autorités se scandalisent beaucoup moins : la discrimination à l’embauche ou dans l’accès au logement par exemple, les plans de licenciement, notamment dans des entreprises bénéficiaires.

Ce dernier point mérite qu’on s’y arrête. Car en se «réconciliant avec l’entreprise», la gauche s’est aussi réconciliée avec toute une série de violences qui s’y exercent. Outre la menace permanente du licenciement, il y a aussi la précarité : aujourd’hui, un salarié sur dix travaille en contrat à durée déterminée, en intérim, en stages ou en contrats aidés. Et la proportion ne cesse d’augmenter : CDD et intérim représentent 90% des recrutements dans les secteurs privé et semi-public. Ne s’agit-il pas de violence et d’insécurité ? L’angoisse d’être licencié, de ne pas voir son contrat renouvelé, n’est-ce pas l’insécurité la plus radicale et la plus répandue ? Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’un sentiment d’insécurité, puisque le travail précaire s’accompagne d’une série de violences physiques et morales bien réelles : (…)

Et même lorsque ces «difficultés» ne sont pas identifiées comme violences, elles n’en sont que plus redoutables, car ce qu’on ne conscientise pas ou qu’on ne verbalise pas, on somatise. (…)

Parlons aussi d’incivilité puisque, dans l’agenda gouvernemental, c’est devenu une priorité. (…) Ceux qui sont privés de travail subissent de véritable et innombrables violences et incivilités, quotidiennement et à peu près partout, jusque dans leur plus proche entourage. Sophie Badreau l’a très bien décrit :

« La recherche d’un emploi recèle une quantité insoupçonnée de petites violences, dont l’accumulation finit par fatiguer les organismes les plus résistants et par épuiser les volontés les plus affûtées. Cette usure psychologique est en grande partie générée par le fait que vous êtes sans cesse confronté plus ou moins directement à des personnes qui s’autorisent à porter des jugements sur vous, à vous expliquer pourquoi vous ne trouvez pas d’emploi, à critiquer vos choix et surtout à vous donner des conseils alors que, de toute évidence, elles sont totalement coupées des réalités du chômage en général, et totalement ignorantes de votre situation en particulier. Ces personnes expriment des opinions qui, pour la plupart, peuvent être rangées dans les catégories "tout le monde peut s’en sortir", "il y a du travail pour tout le monde", "vous ne savez pas vous y prendre". Inutile d’insister sur les effets dévastateurs que ce genre de théorie peut avoir sur le moral et sur la confiance en soi de ceux qui ne s’en sortent pas. »

Cette violence sournoise et dévastatrice, non seulement nos dirigeants politiques ne la combattent pas, mais ils l’exercent : n’est-il pas violent, quand on cherche en vain un emploi depuis des mois ou des années, d’entendre un Président de droite déclarer qu’«il y a du travail pour ceux qui veulent se bouger», ou un Premier Ministre de gauche ne concéder qu’une «prime de Noël» dérisoire aux chômeurs en lutte en leur expliquant qu’il est «impossible d’en demander plus à la France qui travaille» – sans parler des actuels discours décomplexés opposant «la France qui se lève tôt» à celle qui se lève tard ? Ces discours culpabilisateurs ne sont-ils pas des incivilités caractérisées ? Ne font-ils pas au moins autant de ravages que le "parler cru" de certains jeunes ?
tristesir

Le capitalisme est du terrorisme

Message par tristesir »

La violence exercée dans le monde de l'entreprise est un des piliers du terrorisme qu'exerce le capitalisme sur le monde (aidé par les gouvernants des Etats qui sont généralement des serviteurs zélés de l'entreprise et des patrons)

C'est ce terrorisme qui fait que dans une entreprise des gens acceptent de perdre une partie de leur salaire et leur repos en croyant faire perdurer leur emploi.
Car ils ont peur, de cette peur qui est distillée incessamment par les média, l'entreprise et les politiques.
m-c83

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par m-c83 »

L'entreprise une zone de non droit ! ?
Oui, mais la faute à qui, les politiques de l'emploi des divers gouvernements depuis une dizaine d'années sont de plus en plus régressives pour les chercheurs d'emplois et les salariés en place (encore).
Alors évidemment les patrons des P.M.E et maintenant depuis peu les T.P.E , les grands groupes il y a longtemps que ce genre de politique du harcèlement en tout genre s'est installé et on a laissé faire, ça a fait tâche d'huile.

Une chose que j'ai remarqué ce dernier mois, des offres d'emplois passées par pôle emploi.fr où il faut postuler par télécandidature, disparaissent très vite, puis reviennent sur le site pôle emploi.fr avec les coordonnées de l'employeur, après contacts téléphoniques pris avec le recruteur qui vous demande de postuler par mail, vous fait "poireauter" (patienter) pendant au moins 3 semaines, un mois, pendant ce temps là cette offre est toujours sur le site de pôle emploi.fr au bout d'un mois pile poil, et après le nième coup de fil on vous répond que vous ne correspondez pas au profil, et le comble du comble votre boite mail vous envoie un message "comme quoi votre mail envoyé un mois plus tôt n'a pas été lu".

De là j'en conclue que l'employeur, avec la complicité de pôle emploi, pratique une forme de violence et de chantage à l'embauche, sous-entendu, je laisse l'offre d'emploi pendant la période d'essai de la personne recrutée par télécandidature et si celle-ci est concluante, l'offre disparaît toujours avec la complicité de pôle emploi.

Et peut être qu'en plus ces offres sont des E.M.T. (évaluations en milieu travail)
Sur les offres de pôle emploi, en tout cas dans le secteur tertiaire de ma région, il n'est jamais mentionné des E.M.T., ce sont les agences qui sélectionnent les éventuels candidats à positionner sur ce type d'offres.
Lors de l'un de mes entretiens avec un de mes nombreux conseillers (4 à ce jour depuis le 01/01/2008) on m'avait demandé si j'acceptais une E.M.T. bien sûr, j'ai refusé catégoriquement, et depuis on ne m'en a plus reparlé .

Vous voyez la violence, et la discrimination, est à tous les étages, pour les salariés ça doit être très dur à vivre, souvenez-vous des suicides à France télécom, et cette semaine on en appris 5 supplémentaires. :shock:
tristesir

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par tristesir »

Oui, mais la faute à qui, les politiques de l'emploi des divers gouvernements depuis une dizaine d'années sont de plus en plus régressives pour les chercheurs d'emplois et les salariés en place (encore).
On voit bien ce que sont les politiques de l'emploi: des cadeaux en allègement ou exonération de cotisations pour les employeurs qui créent les déficits de la sécurité sociale et des caisses de retraites (pour le plus grand plaisir des assureurs qui piaffent d'impatience en attendant de voir ces deux institutions être détruites) et la suppression de l'autorisation administrative de licenciement.

Pour les chômeurs: Pointage tous les mois à Pôle emploi comme des délinquants. Le chômeur est considéré comme un délinquant qu'il faut surveiller et punir.
yannick

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par yannick »

Pour les chômeurs: Pointage tous les mois à Pôle emploi comme des délinquants. Le chômeur est considéré comme un délinquant qu'il faut surveiller et punir.
... tandis que le salarié est considéré, lui comme un chômeur en sursis !
Pas étonnant dès lors qu'il soit prêt à accepter n'importe quoi, pour garder son boulot. (cf : récemment les Contis)
Kariboo

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par Kariboo »

Dans la boite qui m'a licencié, les signalements à l'inspection du travail étaient récurrents et nombreux, sans jamais susciter une quelconque intervention. Trop d'emplois en jeu.

Ces conditions de travail "limites" et difficiles sont devenus la norme.
Il est donc normal que de plus en plus de personnes aillent travailler à reculons.

Il est donc tout aussi logique de mettre la pression sur les chômeurs, car si les seuls à travailler étaient ceux qui le veulent, on aurait un taux de chômage de 50%.
Et dans ce cas, plus de cotisations pour payer les salaires du public, plus de retraite, plus de RSA, plus d'allocations chômage. Le système s'écroulerait.

Tout est lié.
tristesir

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par tristesir »

car si les seuls à travailler étaient ceux qui le veulent, on aurait un taux de chômage de 50%.

D'où sort ce nombre?

Le travail n'a aucun sens tant que les moyens de production ne sont pas aux mains des travailleurs.

On ne nous consulte pas pour savoir ce qui doit être produit ce serait la moindre des choses. Aucune réflexion écologique, sociale, hormis pour maximiser les profits, avant de produire quelque chose , que la publicité se fait fort de nous imposer.

Le terrorisme du capitalisme (entretenu par les média, l'école, les politiques...) fait que les gens sont effrayés et n'osent pas dire non au travail aux conditions des exploiteurs, et essentiellement pour le seul profit de ces derniers.

PS:
En outre, pour être chômeur au sens du BIT il ne suffit pas de ne pas avoir d'emploi, il faut avoir accompli des actes positifs de recherche d'emploi.
superuser
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Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par superuser »

Tu chipotes. Kariboo veut dire que s'ils le pouvaient, la moitié des salariés n'iraient plus travailler. Ce qui est certainement vrai.
tristesir

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par tristesir »

Ce qui est certainement vrai.
Dans les conditions actuelles sans doute. De plus en plus de gens sont conscients que travailler est mauvais pour leur santé et jusqu'à preuve du contraire nous n'avons qu'une seule vie...Qui veut crever prématurément pour que des gens comme Bettencourt amassent des milliards d'euros?
Kariboo

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par Kariboo »

Personnellement j'arrêterai tout de suite de travailler si j'avais la garantie de toucher 500 euros mensuels sans être emmerdé.
Invité

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par Invité »

Personnellement j'arrêterai tout de suite de travailler si j'avais la garantie de toucher 500 euros mensuels sans être emmerdé.
???
Vous ne voulez pas dire que 500€ par mois vous suffiraient pour payer logement, taxe d'habitation, taxe d'ordures ménagères, assurances et mutuelle, nourriture, vêtements, déplacements et eau, gaz, électricité ? Si ?
Ou alors en Chine rurale ?
Invité

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par Invité »

Qui veut crever prématurément pour que des gens comme Bettencourt amassent des milliards d'euros?
Les ouvriers de l'agro-alimentaire breton !
Se faire exploiter à l'usine jusqu'à avoir des plaques métalliques dans le dos et des prothèses de genou, pour eux ça n'a aucun rapport avec la mère Bettencourt. Même des filles jeunes, intérimaires, répètent à qui veut l'entendre que "çui qui veut vraiment travailler, i trouve ; çui qui dit qu'i trouve pas, c'est un feignant".
Le droit s'applique dans ces usines, ça n'empêche que je vois des gens qui boitent, des femmes bossues ; il y en a même un qui a la maladie de Parkinson.
L'atmosphère ambiante tient lieu de schlague. Et faut éviter de causer : "ah ben si on commence à se poser des questions, on n'a pas fini".
Kariboo

Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par Kariboo »

serabeth a écrit :Vous ne voulez pas dire que 500€ par mois vous suffiraient pour payer logement, taxe d'habitation, taxe d'ordures ménagères, assurances et mutuelle, nourriture, vêtements, déplacements et eau, gaz, électricité ? Si ?
Ou alors en Chine rurale ?
Si tout à fait, j'affirme qu'en faisant abstraction du superflu on peut facilement se contenter de 500 euros par personne, c'est d'ailleurs ce que j'ai en dépenses contraintes en excluant l'impôt sur le revenu.

Evidemment il faut prendre un peu de distance avec la société de consommation mais on y arrive très bien, demandez à Sophie.

- acheter les produits alimentaires bruts et les cuisiner au lieu d'acheter du tout fait industriel bourré d'huile de palme. C'est moins cher tout en étant plus sain, il faut juste avoir du temps pour faire son marché comme Sophie.

- faire les soldes 1 fois par an pour renouveler la penderie.

- privilégier les déplacements à vélo. On met plus de temps mais c'est plus agréable et le sport c'est bon pour la santé.

- je cultive fraises, framboises, herbes aromatiques,.... ça fait un petit plus.

- chauffage: j'évite de surchauffer, ce qui est d'ailleurs mauvais. Et je coupe le chauffage la nuit (de toute façon la coupure se fait automatiquement par minuterie électronique). J'ai bouché les aérations aux fenêtres et j'ouvre en journée.

- chauffe eau électrique: j'ai diminué le thermostat, l'eau ne brûle plus et c'est tout à fait suffisant.

- pas d’impôts sur le revenu, taxe d'habitation en conséquence.

- assurance habitation 150 euros par an.

- les restaurants j'ai quasiment arrêté depuis la baisse de TVA dont je n'ai pas vu la couleur.
superuser
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Re: L'entreprise : une zone de non-droit

Message par superuser »

Vivre avec 500 € à Paris, c'est archi-raide. Mais en province, ça reste jouable.
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