clesel a écrit :pour autant est-ce que le rôle des assoces doit uniquement se cantonner à dupliquer le discours politique ?
Je ne sais pas quelle signification tu mets dans le verbe "dupliquer".
Est-ce reprendre, si besoin est, ce discours point par point pour le décrypter à notre sauce, en fonction de notre vécu ? Dans ce cas oui, et c'est notre rôle : dénoncer, en gros, les impostures relayées par les JT. Donc informer vraiment, au moins injecter un soupçon d'esprit critique et de réflexion.
Sinon, en tant que rédac’chef d'Actuchomage qui sélectionne les articles publiés dans nos différentes rubriques, qu'ils soient repris d'autres sites ("institutionnels" ou indés) ou bien rédigés par moi-même ou par Yves, le message — même s'il peut s'apparenter à certaines tendances, plutôt de gauche il est vrai — n'est pas une bête resucée. D'ailleurs, depuis que nous existons, ce message évolue en fonction des réflexions et découvertes intellectuelles que nous faisons, au gré de notre expérience.
clesel a écrit :Une autre question qui en découle serait de savoir plus précisément quel discours politique est relayé. Pour qui roule ce forum par exemple ?
La gauche, la vraie. Et au delà : perso, je me sens de plus en plus anar...
Je ne peux plus parler de "discours politique" mais de philosophie de vie.
Certes, tout est lié : chaque politique véhicule une philosophie. Seulement, il s'agit de savoir ce qu'on veut et mettre les bœufs devant la charrue et non l'inverse, où on oublie les bœufs et on ne parle plus que de la charrue.
clesel a écrit :enfin, la principale critique que je formule en boucle, c'est que ça manque cruellement de propositions concrètes
Je ne vais pas te contredire.
Parce que, depuis six ans que je fais ça, je suis à sec. Et je crois (peut-être à tort) qu'on est dans un cul-de-sac pour le moment, voire longtemps. Pour avoir consacré en vain bcp d'énergie (peut-être pas assez? Peut-être mal? je n'en sais rien…) à la cause des chômeurs (militance de terrain), j'ai pris du recul et préfère contribuer à faire réfléchir ceux qui, uns par uns, tombent là-dedans, s'interrogent et viennent sur Actuchomage.
Réfléchir, analyser, c'est aussi agir. Ou, tout du moins, se préparer à l'action.
Et pour cette dernière, le sang neuf est le bienvenu. Même si je persiste à croire que les temps actuels n'y sont pas propices... Ce n'est que mon opinion et ça se discute.
clesel a écrit :superuser a écrit :La véritable réponse au sentiment d'insécurité des gens, c'est la création d'emplois dignes pour tous
ce genre de programme ressemble plus à un voeu de la nouvelle année (auquel il manquerait d'ailleurs la santé pour tous, c'est important aussi la santé

...), comment voulez vous que des adultes qui ne croient plus au père noël accrochent sérieusement à ce genre de propositions ?
L'intention est louable , mais même dans ce cas, ce n' est pas en occupant les Pôles que ça peut fonctionner, c'est aussi inutile que mettre à sac une boulangerie vide pour avoir du pain pour tous.
Je suis 100% d'accord. Personnellement, je ne crois pas aux bienfaits du travail (pardon, de l'emploi…) dans sa configuration traditionnelle, et surtout actuelle. J'ose le dire : je suis contre l'emploi tel qu'il est aujourd'hui et pour moi, le travail doit être un acte personnel et volontaire.
Après ce que j'ai vécu depuis 30 ans, avec ou sans emploi, j'ai pris mes distances (pour rester feutrée) et fait mon choix : je me retire. Comme je le dis à chaque occasion, je préfère être pauvre et dans la merde parce que je n'ai pas d'emploi que d'être pauvre et dans la merde en bossant.
Pardonne ces allégation nuancées (la création d'emplois dignes pour tous) mais je répondais à Kariboo qui, comme une majorité de personnes — ceux que j'appelle des "travaillistes", à gauche comme à droite —, croit à la "valeur travail". Et il est vrai que, même s'il diminue en volume, la fin de l'emploi n'est pas encore programmée.
J'ai surtout mis l'accent sur
le besoin de protection sociale : s'il n'y a pas d'emplois pour tout le monde, d'immenses richesses continuent d'être produites avec ou sans lui; richesses qui sont de moins en moins bien réparties. Les chômeurs contribuent à l'enrichissement général, des actionnaires aux sous-traitants de Pôle Emploi. S'il n'y a pas assez d'emplois dignes pour tous et que certains continuent de s'enrichir grâce à cela, qu'on soit clair : ou on euthanasie franchement ceux qui sont "en trop" (au lieu de leur faire subir un déclassement/une mort sociale déshonorants parce qu'ils ne sont pas rentiers), ou on leur permet de rester en vie et de participer, à leur façon, à la société. Car le temps libre du chômeur est aussi une richesse. Les gens qui ne "travaillent" pas œuvrent quand même à quelque chose, ne serait-ce qu'à leur entourage (ex: les "femmes au foyer" qui élèvent leurs gosses, ou les retraités bénévoles) et contribuent à la "demande intérieure" (ils paient leur loyer, vont faire leur courses et parfois chez le coiffeur). Ils polluent moins, et ils font moins chier.
Sur ce point, tu vois, je ne me reconnais dans aucun parti politique et
Paul Lafargue is dead.
clesel a écrit :Si c'est politique, ce sont les permanences des élus qu'il faut occuper, obtenir des engagements et des propositions précises,
tant qu'on se contentera de vagues prières, on continuera de se faire balader.

Perdre du temps à les contacter, prendre rdv pour aller les voir, c'est AUSSI se contenter de vagues prières et continuer à se faire balader.
Désolée pour mon défaitisme, que je considère comme du réalisme. "Si c'est politique" — et ça l'est —, c'est verrouillé : à droite, tu pisses dans un violon parce que le chômage est voulu (il contribue à la bonne marche du capitalisme). A gauche, parce que c'est étriqué : d'un côté ça fleure bon le libéralisme économique (PS, Europe Ecologie) qui ne changera rien non plus; de l'autre, ça fleure bon le productivisme ou l'incontournable réalisation de soi par le travail.
Ce n'est pas ce qui se passe dans la tête de nos élus qui m'intéresse, mais dans celle des gens qui ne comprennent pas ce qui leur arrivent.
C'est à eux qu'Actuchomage s'adresse. On pourrait appeler ça de "l'éducation populaire", et du travail de fond pour les années à venir.
C'est "en bas" que ça se passe. En haut, c'est cuit (à mon avis).
C'est d'en bas que les changements viendront. Et pas collectivement, mais plutôt individuellement (une lente prise de conscience) puis en masse, donc collectivement aussi, mais pas par les voies habituelles, c'est-à-dire les récupérations syndicales ou politiques. Et quelque chose de neuf en sortira peut-être. Peut-être serai-je encore en vie pour avoir la joie (illusoire ?) d'y assister.