Fanette, tu prends le problème à l'envers.
Il est clair que notre population, de + en + vieillissante, coûtera de + en + cher à la collectivité.
Je te rappelle qu'encore aujourd'hui ce sont ceux qui ont les salaires les plus bas qui ont le moins de chance de profiter de leur retraite (chez les ouvriers, on meurt toujours bien plus jeune que chez les cadres). Il est évident que la durée de vie est largement tributaire d'un rythme adéquoit, assorti d'un certain confort économique qui permet de bien manger et de pouvoir bien se soigner.
Or, au nom de la solidarité avec nos petits vieux (qui ne sont pas forcément les plus pauvres pour en être arrivés là), on veut faire travailler exclusivement la même catégorie de population : les salariés, et ce seront les plus "privilégiés" d'entre eux qui pourront s'en arranger (bidouillage RTT). Je te rappelle que les professions libérales, artisans, commerçants et rentiers sont, eux,
exemptés de solidarité en ce lundi de Pentecôte : trouves-tu cela normal ??? Qui est "nombriliste" ou "égoïste" ?
La bonne question est :
de quelle solidarité s'agit-il ?
Quand on parle de solidarité, il doit s'agir de toutes les personnes valides, en âge de travailler, ayant un emploi (salarié) ou une activité qui leur rapporte (patron), ou un revenu conséquent non issu de la solidarité nationale (dividendes, rentes, etc…). Pourquoi ne pas exiger cet effort de tous ? Et particulièrement de ceux qui en palpent le plus sans lever le petit doigt, et donc auront toutes les chances de vivre très, très vieux ?
De la même façon que notre système de protection sociale par répartition repose essentiellement sur les revenus du travail (qu'on est en train de faire disparaître), alors que des richesses considérables issues de la mort des emplois et de la spéculation ne profitent qu'à une poignée d'individus qui vivront certainement longtemps, on demande à seulement 15 millions d'individus (dont 16% sont des smicards) de faire un effort pour tout le monde !?!
C'est tellement injuste et surtout parfaitement insuffisant que je ne peux qu'être d'accord avec ceux qui refusent "d'offrir" cette journée. Il y a d'autres financements à envisager, beaucoup plus égalitaires et lucratifs.
Pour nourrir ta réflexion, quelques paradoxes :
• à quoi cela sert-il de vivre de plus en plus vieux si c'est pour devenir à ce point dépendant ? Tout cela côute bien cher et ne nous rend pas plus heureux, il me semble.
Je rappelle qu'en Afrique la durée de vie moyenne est de 47 ans. Ils ont plus besoin d'hôpitaux que d'hospices de vieux...
• Jusqu'où irons-nous dans cette contradiction sociétale, qui va du jeunisme qui met au chômage des salariés dès 40 ans (alors qu'il faudra bientôt bosser jusqu'à 70 ans) et pollue gravement nos cerveaux, à la bonne conscience qui se targue de s'occuper de ses petits vieux dont elle a en réalité si peur de ressembler ?
• comment se fait-il que nos sociétés (ultra)libérales, obsédées par la rentabilité, ne décrètent pas une limite d'âge à la vie humaine ?
Selon les courbes de démographes (dont Lotka), d'enfant à l'entrée dans la vie active on est dans l'improductivité, et on coûte à la société. C'est vers 35 ans qu'en ayant travaillé et cotisé on a à peu près remboursé ce qu'on a coûté à la société depuis sa naissance. Ensuite, jusqu'à l'âge de la retraite, on est rentable puisqu'"excédentaire". Mais cette excédent sera dilapidé dès 80 ans, où le bilan redevient négatif... (Source :
Albert Jacquard, page 160)
Lire également :
La valeur de la vie humaine.