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L'Expansion minimise cette nouvelle...
Le gouvernement a annoncé mardi la hausse de 3,4% des tarifs de l'électricité. En pleine crise du pouvoir d'achat, les associations de consommateurs protestent. Eclairage.
Qui est concerné par la hausse ?
Tout le monde sans exception. Les particuliers déjà vont voir leurs tarifs augmenter de 3%. En moyenne, cette hausse devrait alourdir la facture de 0,5 euro à 4 euros par mois (en cas de chauffage électrique). Les particuliers ne sont pas les seuls concernés. Les artisans et professions libérales verront leur note progresser de 4%. Celle des entreprises dépendra de la taille de ces dernières. Pour les petites entreprises, les quelque 300.000 PME et PMI assujetties au tarif jaune, la hausse sera de 4,5% quand, pour les grands industriels, elle atteindra 5,5%. Pour les sociétés bénéficiant du "Tartam", le fameux tarif transitoire permettant à ceux qui ont choisi le marché de revenir aux tarifs régulés, la hausse sera de 0,6%.
Comment expliquer cette hausse ?
Officiellement, la raison est assez simple. Pendant plus de 20 ans, les Français ont bénéficié de tarifs de l'électricité relativement bas. Et ce grâce à l'énergie nucléaire, beaucoup moins chère à produire. Cela ne posait pas de problème tant que les centrales fonctionnaient sans d'importants besoins en investissements. Mais depuis quelques années, le parc nucléaire français est en train de dépérir. Les centrales notamment ne produisent désormais qu'à 75% de leurs facultés. Cela fait donc un certain temps qu'EDF plaide pour une augmentation des tarifs. Selon le fournisseur historique, les prix pratiqués aujourd'hui en France seraient insuffisants pour payer ses investissements. Un avis partagé d'ailleurs par la plupart des économistes qui estiment que "le prix de détail en France est aujourd'hui bien inférieur au coût de développement mais surtout au coût économique complet," expliquait récemment Elie Cohen, du CNRS, à
L'Expansion.com. EDF estime ainsi que pour prolonger la durée de vie des centrales il aura besoin de 24 milliards d'euros dans les prochaines années. Rien que cette année, le groupe prévoit de dépenser 8 milliards pour ses centrales, soit une augmentation de 15% par rapport à l'année dernière.
Est-elle vraiment plus importante que d'habitude ?
Cela dépend du point de vue ! Chaque année durant l'été, le gouvernement, qui décide en dernier ressort des tarifs régulés, annonce une hausse des prix de l'électricité. Cette année, l'augmentation est importante, mais pas non plus excessive par rapport aux années passées :
Hausse des tarifs
2007 => +1,1%
2008 => +2%
2009 => +2,2%
2010 => +3,4%
Surtout quand on la compare aux attentes d'EDF. L'été dernier, Pierre Gadonneix, alors patron du groupe français, avait demandé une hausse de 20% des tarifs. Récemment, la CRE (Commission de régulation de l'énergie), chargée de rendre de rapports consultatifs sur les prix de l'électricité, prévoyait une hausse de 7 à 11% des tarifs pour les particuliers pour financer les investissements futurs et permettre la libéralisation du marché électrique français.
Car en réalité, le vrai problème est là. Parallèlement à cette hausse annuelle, le gouvernement est en train de mettre en place les conditions d'une libéralisation du marché de l'électricité français, chose que demande Bruxelles depuis des années. Pour ce faire, il a élaboré le projet de loi NOME, qui prévoit qu'EDF revende à ses concurrents une partie de son électricité produite à bas coût. Seulement aujourd'hui, les différents acteurs ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le prix de revente qui déterminera par la suite le prix de l'électricité en France.
Selon les associations de consommateurs, le risque de cette hausse estivale serait en fait qu'elle en annonce de nouvelles. L'UFC que choisir redoute "une flambée des prix". Un avis que partagent les analystes de Goldman Sachs pour qui cette nouvelle hausse est "une bonne indication que le gouvernement est prêt à envisager des hausses graduelles de tarifs, comme le suggère le projet de loi réformant le marché de l'électricité".
EDF ne fait-il pas déjà des bénéfices ?
En effet, ses résultats sont très satisfaisants. En 2009, il a réalisé 3,92 milliards de bénéfices. Et aurait donc les moyens, selon certains observateurs, de financer ses investissements futurs. Seulement la plupart des bénéfices du groupe sont actuellement réalisés à l'international, et ont vocation à financer la croissance externe du groupe. Pour la plupart des économistes, il n'est donc pas choquant, voire même logique, que les tarifs de l'électricité augmentent, même si l'entreprise affiche des bénéfices.
Quoi qu'il en soit, cette mesure devrait permettre à EDF d'améliorer son bénéfice opérationnel de 950 millions d'euros, selon les estimations de la Société Générale. De quoi électriser le titre à la Bourse de Paris. A 13H32, l'action EDF grimpait de 4,49% à 34,80 euros, et était de loin le leader de l'indice boursier parisien, qui abandonnait à la même heure 0,33%.
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