Réunion de la BCE: statu quo attendu sur les taux, avant une nouvelle hausse en mai
Un mois seulement après avoir remonté ses taux, la Banque centrale européenne (BCE) devrait s'abstenir ce jeudi de toucher de nouveau aux conditions du crédit de la zone euro, estiment des économistes qui misent en majorité sur une nouvelle hausse en mai.
Les trente économistes interrogés par l'AFP et sa filiale d'informations financières AFX prévoient le maintien du principal taux directeur à 2,50% ce jeudi, à l'issue de la réunion régulière du conseil des gouverneurs.
Foison de bonnes nouvelles pour l'économie, inquiétudes renouvelées concernant la stabilité des prix: le décor est planté pour un nouveau tour de vis monétaire.
Mais, comme la BCE n'a jamais modifié ses taux lors de deux réunions consécutives, un changement dès ce jeudi paraît peu probable, jugent les économistes.
La forte progression de l'indice des directeurs d'achats du secteur manufacturier dans la zone euro (PMI), publié lundi, a apporté une nouvelle preuve d'une relance de l'économie.
Le dynamisme des nouvelles commandes, alimenté par l'Allemagne, la légère progression de l'emploi et la forte augmentations des prix de vente dans l'industrie confortent les attentes d'un nouveau durcissement prochain de la politique monétaire.
"Ceci va certainement éveiller l'inquiétude de la BCE et lui donner de bonnes raisons d'augmenter une nouvelle fois les taux d'intérêt, probablement dès le mois de mai", estime Kevin Gaynor, chef économiste de Royal Bank of Scotland, partenaire de l'étude PMI publiée chaque mois.
La majorité des économistes interrogés parie sur mai pour une prochaine remontée de taux d'un quart de point, comme en décembre et en mars.
Le président de l'Institut, le Français Jean-Claude Trichet, ne cesse de mettre en garde contre des risques croissants d'emballement des prix induits surtout par le pétrole cher, mais aussi des hausses d'impôts indirects et de tarifs de services administratifs.
Il craint des effets "de second tour", en particulier une contagion sur les salaires qui entraînerait dans son sillage un dérapage généralisé des prix.
L'inflation dans la zone euro a certes de nouveau ralenti en mars, à 2,2% selon une estimation provisoire d'Eurostat, après 2,3% en février. Mais elle dépasse toujours la limite fixée par la BCE, pour qui elle doit être proche de 2%, mais rester en-dessous.
Aucun effet de "second tour" ne s'est cependant matérialisé pour le moment, soulignait récemment le ministre français des Finances, Thierry Breton, ce que la BCE reconnaît aussi. Mais son credo consiste à prévenir plutôt qu'à guérir. Si nous attendions que les risques se matérialisent, alors il serait trop tard, a maintes fois expliqué Jean-Claude Trichet.
Autre sujet d'inquiétude pour les banquiers centraux: les crédits au secteur privé continuent leur croissance quasi irrésistible. En février, ils ont bondi de 10,3% sur un an, selon des chiffres publiés récemment. Aussi bien les crédits immobiliers, surveillés de près par la BCE qui craint un dérapage incontrôlé des prix dans ce secteur, que les crédits à la consommation affichent de fortes progressions, semblant ainsi conforter les signes d'une reprise de la consommation dans la zone euro.
La BCE se montre également de plus en plus inquiète des retombées inflationnistes de la croissance de la masse monétaire.
En résumé, "la BCE est en train de dire qu'elle va tenter de mettre fin prochainement à sa politique accommodante et nous pensons donc qu'une hausse de taux en mai sera suivie d'une autre en juillet", souligne Steve Webster de 4CAST.
La plupart des économistes pensent que le taux directeur de la BCE sera à 3% ou 3,25% à la fin de l'année: 13 d'entre eux penchent pour la première option et 10 pour la deuxième.