Il y eut le Remède de Cheval du Chômage, il y aura...

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GdB

Il y eut le Remède de Cheval du Chômage, il y aura...

Message par GdB »

Il y eut le Remède de Cheval du chômage, il y aura l’Homéopathie par la précarité diffuse et généralisée…

En cette période où le gouvernement n’hésite pas à présenter les CNE-CPE comme des moyens de faire baisser le chômage, il convient de décrypter les tenants et aboutissants de cette supposée lutte contre le chômage. Et en fait d’ennemi, ce fameux chômage apparaît bien comme un alibi pour faire passer de nouvelles mesures favorables au MEDEF notamment. Il me semble également opportun, dans le même ordre d’idées, de clarifier quelque peu les risques de malentendus concernant une future baisse des NAIRU pour différents pays (comme cela fut par exemple le cas ces dernières années pour l’Espagne)…

Pour rappel à destination de celles et ceux qui ne le connaîtraient pas encore, le NAIRU est le taux de chômage minimum nécessaire au dessus duquel il faudrait rester pour stabiliser l’inflation. Or, ces NAIRU s’expriment selon une échelle de mesure similaire à celle utilisée pour les « chiffres officiels du chômage », qui on le sait, ont été bidouillés et manipulés depuis des décennies pour des raisons politiques évidentes. Ces statistiques ont ainsi progressivement éliminé du tableau médiatique les catégories se situant entre « emploi » et « non-emploi », à savoir ceux qui sont en « sous-emploi » (non choisi) et en « mal-emploi ». Certains (Robert Castel notamment) ont désigné cette zone de mélange intermédiaire par le terme de « HALO autour du chômage », halo qui n’a cessé de s’accroître au fur et à mesure que les CDD, intérims et stages bidons se développaient (et les CNE-CPE vont bien sûr dans le même sens).

Or, cette culture binaire du chômage (en noir et blanc) instillée dans nos esprits depuis de longues années a forgé un véritable mythe qui pourrait se résumer par la question essentielle : en avoir ou pas ! Il y aurait en effet dans cette mythologie deux tribus bien distinctes et sans contact : les « Quiontunemploi » et les « Quinenonpas » ! Cette dialectique, qui s’inscrit dans la longue lignée rassurante du Bien et du Mal, du Bon et du Mauvais, et désormais (et selon la Nouvelle Méritocratie Sarkozienne) du « bon bosseur » et du « mauvais bulleur », reste étonnamment efficace dans les esprits de nombreux salariés et cadres (en poste, encore et pour l’instant…). Cette représentation est fondée sur des considérations qui avaient cours avant le début des années 70 (en période de plein emploi donc) : il y avait d’un côté « ceux qui en voulaient et donc avaient un boulot » et de l’autre les « bulleurs ». Point. Depuis, le tableau a pas mal changé, mais le retour des discours sur la morale du travail vise à ranimer le mythe en question. Il masque bien évidemment le fait que depuis vingt ans, les formes d’emploi atypiques ont proliféré et modifié la donne, permettant progressivement l’obtention d’une docilité contrainte par l’instauration d’une précarité plus diffuse et généralisée, instillée en micro-doses permanentes. Là encore, les logiques du CNE-CPE en sont l’illustration parfaite : « docilité » ou « dehors ! et sans aucun motif à avancer » = docilité « librement » consentie !

Le chômage fut instrumentalisé comme un remède de cheval à la baisse de la part revenant au capital dans le partage de la valeur ajoutée après 1968 (voir encore une fois le documentaire de Gille Balbastre « Le chômage a une histoire » : http://lbsjs.free.fr/Balbastre/Balbastre_chomage.htm). Mais le remède de cheval a eu des effets secondaires ravageurs et gênants sur le long terme : la crise des banlieues et de la crédibilité du politique en sont des exemples. Or, en phase préélectorale, le chômage utile implique le défaut de son mérite : même maquillés jusqu’à la corde, les chiffres du chômage font tâche comme le nez au milieu de la figure ! Ils sont ainsi susceptibles de faire perdre bien des élections et le remède de cheval finit parfois par tuer le… cavalier ! Heureusement, la précarité généralisée, moins mesurable statistiquement, sera le remède homéopathique de l’avenir ! Ainsi les économystiques libéraux de l’OCDE ne sont pas « chiens », et ils sont prêts à troquer des points de chômage NAIRUesque contre une « flexibilité accrue et la levée des freins et des rigidités des marchés du travail », pour reprendre leur vocable. Alors, et alors seulement, le NAIRU pourra baisser. Car pas de dogme chez eux : ce qui compte avant tout, c’est la PRESSION exercée sur les salariés. Que la docilité soit obtenue par la Peur du chômage ou par la Soumission « librement » consentie dans la précarité, peu importe ! Ainsi, les NAIRU sont-ils en quelque sorte une mesure de la « libéralité » d’une économie. En Espagne, l’afflux de travailleurs immigrés sans minima sociaux (SMIC notamment) a permis à l’OCDE de revoir optimistement à la baisse le NAIRU de 20% à près de 10% (tout de même !). Si les CPE-CNE passent, la prochaine mouture des NAIRU pour la France ira dans le même sens, et cela ne devra tromper personne…

Je vous livre pour terminer un extrait d’un entretien téléphonique que j’ai eu récemment, dans le cadre de mes recherches, avec l’économiste en chef et Directeur de la Recherche de la première banque d’Europe. La retranscription écrite de cette conversation (de 40 minutes) est basée sur un enregistrement, et est donc fidèle…

Moi (évoquant le principe sous-jacent derrière le NAIRU et la courbe de Phillips) : Mais l’idée qui est derrière est toujours un peu la même…
XXX : Oh ben oui, oui…
Moi : C’est la pression sur les salaires. Ca peut-être par le chômage, ça peut être des contrats plus précaires, ça peut être de la délocalisation, ou de la menace de délocalisation, ça peut-être des tas de choses en fait ?
XXX : Oui, oui. Cela étant, quand il y a pénurie de main d’œuvre… Imaginez qu’il y ait pénurie de main d’œuvre demain matin, ici. Les employeurs n’arriveraient plus à embaucher sur des contrats précaires ! Plus personne n’en voudrait ! Ils pourraient dire « Non » parce qu’il y aurait de la pression dans l’autre sens…


Nul n’est besoin de commenter la clarté de ces propos. Et ceux, qui considèreraient comme naïve cette « thèse du NAIRU », feraient bien de réviser leur propre naïveté !

Mais que les amoureux du chômage se rassurent : dans la concurrence (libre et non faussée ?) entre « remède de cheval » -le Chômage- et « homéopathie » - la Précarité diffuse- cette dernière ne pourra jamais supplanter intégralement le premier. Car le mauvais a toujours besoin du pire pour être accepté…


Guillaume de Baskerville


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tristesir

Message par tristesir »

Gdb Je suis content de te revoir parmi nous ici :wink:

Il est beaucoup question d emploi mais ceux qui se gargarisent avec ce mot evitent soigneusement de preciser ce qu'ils entendent par là. Pour eux, travailler 3 heures par semaine ou 40h c'est du pareil au meme.

Mais pour celui qui travaille trois heures par semaine ce n'est pas la meme chose que 40h.

Vous vous demandez pourquoi je donne comme exemple 3h?

C'est le nombre d heures travaillees que j aurai effectué cette semaine ! Vous avez dit precarité et flexibilité?
GdB

A ce sujet...

Message par GdB »

... je profite de ta réponse pour faire remarquer l'incohérence incroyable (mais révélatrice) de la définition de la fameuse catégorie 1 de la classification ANPE. Je rappelle à tout hasard (et au cas où certains ne le sauraient pas encore) que pour avoir la grande chance de passer à la télé quand on est chômeur, il faut rentrer dans cette catégorie 1, et uniquement celle-ci puisque les 7 autres NE SONT PAS INCLUSES dans les statistiques médiatiquement communiquées (ce qu'on appelle couramment au JT de 20 heures les "chiffres du chômage"...).

Et force est de constater que pour être dans cette catégorie 1, il faut être un individu un peu particulier:

1) déclarer rechercher un emploi en CDI (alors que 70% des contrats signés chaque année sont des contrats précaires). Il faut donc être "ambitieux et "élitiste", en se positionnant sur cette "niche de marché presque hétéroclite" qu'est devenu le CDI. C'est presque suicidaire en fait...

2) chercher un emploi A TEMPS COMPLET (soit puisque c'est la durée légale du travail: 35 heures hebdomadaires minimum- encore paraît-il que ce serait bien trop peu, selon le MEDEF par exemple!)

MAIS, MAIS, MAIS

3) NE PAS AVOIR TRAVAILLE PLUS DE 78 HEURES LE MOIS PRECEDENT, SOIT PAS PLUS DE 19H30 PAR SEMAINE!!!!

Donc: on a l'étrange incohérence: travailler 35 heures par semaine serait à peine suffisant pour qu'on puisse parler d'emploi estampillé MEDEF ("la France ne travaille plus assez", vous savez...), mais cependant, travailler 19H31 par semaine est suffisant pour avoir un "emploi" permettant de dire au JT de 20 heures que l'on n'est plus OFFICIELLEMENT au chômage!!!

Ca sent un peu l'enfumade quand même, vous ne trouvez pas?

Pour la petite histoire, cette scission en 8 catégories (en faisant la distinction supérieur ou inférieur à 78 heures) date de...1995 quand même! La multiplication des catégories fut une stratégie classique de "dissolution" du chômage dans les statistiques pour limiter la casse politique...

Guillaume de BASKERVILLE.
tristesir

Message par tristesir »

Est ce que pour mettre en concurrence tous les salaries, afin d avoir un <<vivier>> de main-d oeuvre qui permettra de ne pas payer correctement le travail à faire, est-il necessaire que les salaries soient tous à temps complet?

Si tu travailles au plus 19h30 par semaine tu es chomeur en categorie 1 par contre si c'est 20h tu n'es plus compté dans cette categorie.
20h c'est la moitié de 40h , c'est à dire ce qu'on nomme communément un "mi-temps".

Si les britanniques definissent le travail de la meme facon, on comprend mieux que malgré un chiffre officiel du taux de chomage relativement bas, il y ait autant de gens qui travaillent qui soient encore obliges de tendre la main.

Donc la question qui me tourmente depuis un certain temps est la suivante:

A quoi sert de travailler si ca ne te dispense pas de tendre la main et que ca ne donne aucune garantie de ne pas dormir dans la rue?
Le travail n'est il pas vanté par les syndicats,les religions,le patronat,les partis politiques comme la voie royale vers la dignité?
victorine83

Message par victorine83 »

A quoi sert de travailler si ca ne te dispense pas de tendre la main et que ca ne donne aucune garantie de ne pas dormir dans la rue?
Eh oui, ça fait longtemps qu'on me dit que je dois travailler et que je réponds inlassablement : "Travailler... oui, mais pour vivre comme tout le monde. Je n'ai pas les moyens de travailler à perte donc à temps partiel, je fonctionne comme une entreprise avec ressources et charges sinon c'est le dépôt de bilan." Ce qui m'exaspère le plus, c'est que ce qui me paraît une évidence ne convainc pas mes interlocuteurs, y compris ceux de l'anpe. :cry:
gérard
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Message par gérard »

Bravo, GdB, pour cette analyse !

Mon grain de sel :

Le chômage fait tache ; je parle bien sûr de l'image du chômage, celle qui risquerait de détourner les bulletins de vote des français moyens, tant convoités par tous.

Du coup, on ne m'enlèvera pas de l'idée que la présentation des chiffres du chômage (je devrais écrire "de" chiffres) est dèjà écrite pour toute la période qui courra jusqu'aux présidentielles. Faut rassurer...

Par contre (et c'est là ce qui me semble le plus important), une baisse significative du chômage serait perçue par les actionnaires comme une grave menace (voyez a contrario comme les annonces de restructurations dopent bien les cours des actions...). Il est essentiel pour les actionnaires que le chômage conserve sa pleine valeur de menace à l'égard des salariés trop tentés par la gourmandise.
Ce que le chômage perdrait dans sa dimension quantitative (réellement ou non, d'ailleurs, peu importe), la même logique commande donc qu'il le regagne qualitativement.

Autrement dit, plus on fera croire que le nombre de chômeurs baisse, plus les conditions de (sur)vie des chômeurs seront durcies. Plus l'épouvantail sera petit, plus il devra être horrible...
chris

Message par chris »

Le Medef plaide pour une réforme globale du marché du travail

D'ailleurs de parler du loup, de la surenchère en plein milieu des manifs anti CPE.
tristesir

Message par tristesir »

"Le contrat de travail, la remise à plat de l'assurance-chômage et le service public de l'emploi constituent un tout", a-t-elle fait valoir.

"Nous n'arriverons pas à faire baisser significativement et durablement le chômage" tant que la France n'aura pas "tous les éléments pour un marché du travail plus performant et plus fluide", a ajouté Laurence Parisot.
C'est sa facon de se plaindre que le cne/cpe ne soient pas appliques à tous les salaries sans doute et que l on ne privatise pas l anpe, qu on ne <<modernise>> pas l assurance chomage (c'est à dire: baisser les allocations chomages ce qui permettrait la baisse de la fiscalite des entreprises)
bref, rien de nouveau sous le soleil.
chris

Message par chris »

rien de nouveau certes ,mais toujours plus de nuages ultraliberaux :D
temps couvert quand meme :idea:
gérard
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Message par gérard »

"Le contrat de travail, la remise à plat de l'assurance-chômage et le service public de l'emploi constituent un tout", a-t-elle fait valoir (Laurence Parisot)
Quelle étourdie, cette Laurence ! :roll:

Elle oublie l'assurance vieillesse et l'assurance maladie !

Tant qu'à remettre à plat, autant tout crever une bonne fois, n'est-ce pas ? 8)
St-Dumortier

Amitiés à tous ceux qui pensent librement. :wink:

Message par St-Dumortier »

Bonjour,
Quelle étourdie, cette Laurence !
Hélas, ce n'est pas de l'étourderie si j'en juge par cette citation:
http://fr.wikipedia.org/wikCitations
« La liberté de penser s'arrête là où commence le code du travail », à l'Assemblée générale du MEDEF en janvier 2005.
i/Laurence_Parisot
:lol: Laurence, elle doit avoir beaucoup de travail.!!!!
Mais on peut lui pardonner aprés un si bel hommage aux chômeurs.
GdB

Message par GdB »

gérard a écrit : Autrement dit, plus on fera croire que le nombre de chômeurs baisse, plus les conditions de (sur)vie des chômeurs seront durcies. Plus l'épouvantail sera petit, plus il devra être horrible...
Ton image illustre parfaitement le mécanisme, Gérard. Je partage tout à fait cette analyse. Bien sûr, les médias, qui aiment l'émotionnel, le glauque, et le politiquement correct, pourront s'en donner à coeur joie pour assurer la "promotion de l'épouvantail" en question et faire "témoigner" ces gens... TF1 pourra même, après le Loft, lancer "Le Squat": "ils seront 12, ils seront sans ressources et ils devront survivre dans le Squat pendant deux mois..." Les tentes des SDF sur les trottoirs parisiens, ça a déjà un petit air de Koh Lanta, non?

Encore une fois, il est nécessaire de comprendre quel est le rôle joué par les chômeurs (et les exclus, les SDF...) dans une société comme la nôtre aux yeux du reste de la population. La compréhension fine de ce rôle est essentielle pour élaborer les "contre-rôles" et éviter d'être utilisé par l'ordre en place (et entre autres les médias) à des fins qui ne feraient "qu'accentuer le statu quo"...

Pour la petite histoire, je suis en train de mener une recherche sur le sens du sacrifice dans les sociétés traditionnelles (en particulier africaines). Or il y a derrière le NAIRU une forte odeur de sacrifice... Il y a quelques mois, cherchant de ce côté de la chose, j'ai trouvé la confirmation écrite de ce que je pressentais.

Dans un bouquin de "vulgarisation" à l'économie (à tendance libérale...), "L’économie sans tabou" (déjà tout un programme) Bernard Salanié écrit en 2004, page 88:

"[...]une baisse de l’inflation ne peut être obtenue qu’au prix de l’acceptation d’un taux de chômage supérieur au taux de chômage structurel pendant la période de désinflation.

Pour donner un ordre de grandeur on estime que la valeur du « taux de sacrifice » est entre 2 et 3% : pour réduire l’inflation de 1%, il faut tolérer une augmentation du taux de chômage de 2 ou 3% pendant un an, ou de 1% pendant 2 ou 3 ans. C’est la forme moderne de la courbe de Phillips, parfois évoquée dans les journaux, qui représente les variations de l’inflation en fonction du taux de chômage. Elle rend bien compte du processus de désinflation qu’a connu la France au milieu des années 80."


Eh ben, nous y voilà, c'est encore mieux quand ils l'écrivent: cela s'appelle tout simplement le taux de sacrifice ( pour une recherche en anglais: "sacrifice ratio"), et là c'est très clair. Et ça fait inévitablement penser à cette "novlangue" du troisième REICH qui désignait la barbarie nazie par de doux euphémismes ou une terminologie obsessionnellement gestionnaire... En passant, je conseille à ceux qui pourraient le visionner (il est téléchargeable je crois sur Internet par Emule) de méditer devant un film de propagande nazie de 1934, Erbkrank, montrant les handicapés mentaux, les délinquants, les juifs et les paresseux comme les causes de la misère sociale des ouvriers de l'époque et du chômage massif, et s'adressait donc à ces derniers (le chômage et cette crise furent une conséquence directe du Krach spéculatif de 29, rappelons le). Pour le coup, les rôles étaient décalés d'un cran... Le film dure 20 min, en noir et blanc et sans son. Il vaut mieux lire l'Allemand pour comprendre, bien que le "scénario" soit fort simple et d'une sobriété...glaciale; cependant les astuces liées à la manipulation de l'image ainsi que les amalgames progressifs sont des techniques intemporelles toujours bien en vigueur dans nos chers médias... sur les sujets que nous connaissons!

Bref, pour conclure, on ne peut comprendre le chômage moderne sans l'aborder sous l'angle du sacrifice sociétal:initié par certains mais cautionné par (presque) tous...
Le sacrifice existe toujours dans les sociétés dites civilisées, il a juste pris des formes moins sanglantes mais non moins violentes...


Guillaume de Baskerville

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