superuser a écrit :Des deux côtés, c'est dur !
Ou tu acceptes cette "servitude" plus que "volontaire" avec l'espoir - peut-être vain - de bouffer un jour autre chose que des plats de lentilles,
ou tu la refuses - ce sera TOUT (un vrai salaire, un vrai boulot) ou RIEN (l'ASS…) - et tu restes durablement au rencard...
Mon principe, c'est "Je préfère rester pauvre parce que je n'ai pas de travail plutôt que rester pauvre en travaillant". Un choix personnel qui n'engage que moi. Mais je sais que cette radicalité me marginalise un peu plus chaque année. Rester en accord avec moi-même est ma ligne de conduite : c'est un sacrifice qui en vaut un autre.
J'entends ton discours... je l'entends même avec honte parce que je suis une privilégiée... une chômeuse privilégiée qui a des indemnités bien largement supérieures à l'ASS... et peut être demain une salariée qui sera encore privilégiée avec un salaire plus élevé que le smic. Je ne serai pas une salariée pauvre avec ces 1400 euros net mensuels que l'on me propose aujourd'hui... quand pour tant d'autres c'est un salaire brut ! Mais ça fait 12 ans que je travaille. Je suis une autodidacte. J'ai tout appris de mon métier en travaillant dur, et voilà qu'aujourd'hui on me propose le salaire que j'avais il y a 12 ans quand j'ai commencé à travailler à Paris (aujourd'hui je vis en province)... Ce n'est pas tant l'aspect pécunière qui me met en colère... c'est ce sentiment d'humiliation, ce sentiment de se brader.
J'ai des convictions très proches des tiennes superuser, mais je n'ai pas ton courage...
Mais va dire ça à tes proches ! Ils ne comprennent pas évidemment et te marginalisent comme tu le dis si bien, parce qu'aujourd'hui le discours ambiant reste "le chômeur est un parasite qui vit sur le dos de la société... et que refuser un emploi est une folie tant il y en a peu"...
Le monde tourne à l'envers... le chômeur n'est pas un parasite, c'est une victime. Il ne vit pas sur le dos de la société, il survit avec les miettes qu'on veut bien lui jeter !
Est-ce que demain je peux être salariée et poursuivre mon combat ? Sans doute... hier je l'étais déjà salariée et je me battais déjà !
Ongles-noirs, tu as tellement raison ! Le salariat nous met face à nos contradictions, nous qui rêvons d'une autre société, et participons à celle-ci!