http://www.regards.fr/archives/1998/199 ... eve02.html
Paul Boccara " Baisser les charges financières et non les charges salariales "
Un Français sur cinq choisit, en premier lieu, parmi les mesures proposées pour réduire le chômage, " des allégements généraux de charges sociales des employeurs ". Cela n'aura pas d'effet sur l'emploi, répondent deux économistes, Paul Boccara et Liêm Huang Ngoc. Explications.
extrait d'une conversation de l'émission des sous et des hommes :
Pascale Fourier :Vous vouliez me dire que « charges sociales »...
Christophe Ramaux :Eh bien, « charges », vous avez bien compris, c'est rentré dans le langage courant, quand on parle des cotisations sociales, on parle de « charges ». On n’a qu'une seule envie quand on a une charge, c'est de s'alléer de la charge !Donc la notion même de « charge sociale » introduit l'idée qu'il faut décidément alléger ce fardeau. Moi, je fais partie de ceux qui considèrent que les charges en question – et donc je me refuse d'utiliser ce terme si ce n'est pour vous répondre, par politesse… - ces charges sociales ne sont pas des « charges », ce sont des « cotisations sociales ». Pourquoi ce sont des « cotisations » ? C'est très important. C'est-à-dire qu'à la fin de chaque mois, il y a une partie de la masse salariale - une énorme partie de la masse salariale - qui est prélevée sous forme de cotisations. Mais ces cotisations ne partent pas dans un trou, dans un coffre de la Sécurité Sociale : ces cotisations sont immédiatement reversées sous forme de prestations sociales. C'est ce que j'ai dit tout à l'heure. Ces prestations sociales, c'est 40% du revenu disponible des ménages. Donc quand on parle de « charges sociales », ce qu'on oublie, c'est que si on allège ces « charges sociales », ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on va réduire les prestations. Et les prestations, c'est quoi ? Ce sont les prestations vieillesse, santé, chômage, famille... Tout ça, ça représente 40% du revenu disponible des ménages, sans capitalisation. C'est-à-dire qu'à la fin de chaque mois – c'est là
qu'il y a une différence entre le système dit « de répartition » et la capitalisation – il y a 40% du revenu disponible des ménages qui est en fait constitué de cotisations prélevées sur la masse salariale, du salaire qui est reversé sous la forme indirecte, du salaire indirect qui est reversé sous forme de prestations. Donc si on baisse les « charges », il faut dire à quelles prestations on touche et comment on va faire du point de vue de la consommation des ménages.