Google donne ses fesses à la dictature chinoise

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Google donne ses fesses à la dictature chinoise

Message par superuser »

Google tartufe
Édito • LE MONDE | 26.01.06 | 13h58

"Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà", disait Pascal. Google, qui a longtemps mis en avant sa différence, voire son côté "rebelle", a-t-elle transposé à sa manière sur les sites du Net cette maxime en la transformant en "défense des libertés aux Etats-Unis, acceptation de la censure au-delà" ?

En une semaine, la société américaine, qui, comme premier moteur de recherche mondial en ligne, a affiché une volonté d'expansion qui allait de pair avec de remarquables performances, a joué sur deux registres différents.

Aux Etats-Unis, Google a fait de la résistance à l'administration Bush. A la différence de ses concurrents, MSN de Microsoft, AOL et Yahoo!, elle a refusé, à deux reprises, de céder aux injonctions du département de la justice. Les autorités américaines voulaient faire appliquer une loi de 1998 destinée à protéger les enfants des contenus pornographiques accessibles en ligne, en obligeant les adultes à s'enregistrer préalablement pour y avoir accès. En 2004, la Cour suprême avait considéré cette loi contraire au premier amendement de la Constitution garantissant la liberté d'expression.
Alors que l'administration Bush est l'objet de critiques croissantes sur sa mise en cause des libertés civiles, Google, en refusant de fournir au département de la justice des données sur les recherches lancées par les internautes sur son site, jouait sur du velours. Google la "rebelle" se faisait la championne des libertés.

Il a suffi de quelques jours pour que Google brouille cette image qui lui avait pourtant procuré dans le monde entier une extraordinaire publicité gratuite. Pour conquérir le marché chinois, qui compte 111 millions d'internautes, avec le lancement d'un site Google.cn en langue chinoise, Google a accepté de s'autocensurer. Au diapason, cette fois, de ses concurrents, la société s'est pliée à la volonté du gouvernement de Pékin. C'est ainsi que les recherches sur des mots-clés comme "Falungong", la secte interdite, "indépendance de Taïwan" et "droits de l'homme", renvoient directement aux positions officielles du gouvernement chinois. Reporters sans frontières parle d'un "jour noir pour la liberté d'expression en Chine" et l'émotion est grande dans le monde des internautes.

Google, dont la devise est "Don't be evil" (Ne pas faire le mal), se défend maladroitement en assurant qu'il vaut mieux ouvrir la Chine à certaines informations que la boycotter totalement. Elle ajoute que, dans chaque pays, elle se soumet aux réglementations locales, certains gouvernements imposant "des restrictions à l'accès à l'information". En d'autres termes, Google respecte les réglementations locales à la carte : elle résiste aux Etats-Unis, elle plie en Chine. Il y a là une tartuferie alors qu'il ne saurait y avoir de frontières dans la défense des droits de l'homme.
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