Construction, restauration… Le nombre d’entreprises en difficulté continue de croître en ce début d’année
Après une année 2024 marquée par un nombre record des défaillances, les difficultés persistent au 1er trimestre, avec une hausse de 4,2 % des sociétés qui ont ouvert des procédures.
Des enseignes du prêt-à-porter qui vacillent (Naf Naf, Jennyfer, Kaporal…), d’importants plans sociaux touchant ArcelorMittal ou Auchan… L’actualité des derniers mois le laissait pressentir. Les chiffres du Baromètre des entreprises, s’appuyant sur les données des tribunaux de commerce et l’analyse de Xerfi Spécific, le confirment. L’année 2025 a débuté sur une note morose dans plusieurs secteurs de l’économie française, ébranlés par des mois d’incertitude politique et économique.
Le premier trimestre est marqué par un nombre croissant d’entreprises en difficulté, notamment dans le secteur de la construction, de l’hébergement-restauration ou encore du conseil aux entreprises. Pour réduire leurs dettes, se restructurer, 16 611 d’entre elles ont été placées en redressement judiciaire, liquidation ou sauvegarde entre janvier et mars. C’est 4,2 % de plus qu’au premier trimestre 2024, même si la tendance varie d’une région à l’autre : elle est plutôt au reflux en Île-de-France (-2,7 %), et surtout en Provence-Alpes-Côte d’Azur (-14,9 %), Grand Est (-29,3 %), Centre-Val de Loire (-18,5 %), tandis que les Pays de la Loire accusent une nette détérioration (+ 19,7 %).
« Les grandes métropoles ont été les premières touchées par les difficultés l’an dernier. Il peut y avoir un effet de décalage pour d’autres régions », note Victor Geneste, président du Conseil national de l’ordre des greffiers des tribunaux de commerce, exerçant au Mans (Sarthe).
Le nombre de radiations explose
L’an dernier avait été marqué par une explosion des défaillances d’entreprises. C’est ce qui explique en partie l’autre phénomène notable du début 2025 : un bond spectaculaire des radiations. Le nombre de sociétés rayées des registres du commerce a plus que doublé (+ 118 %) par rapport à la même période en 2024. Ce pic s’explique en partie par le rattrapage d’un retard lié aux débuts laborieux du guichet unique des entreprises, lancé en 2023.
Mais plus de la moitié de ces radiations font suite à la liquidation judiciaire, entamée fin 2023 ou courant 2024, d’entreprises qui n’ont pas pu faire face à leurs difficultés. Parmi les secteurs les plus touchés : le transport et entreposage (+ 633,4 %) ainsi que le commerce (+ 121,5 %)…
Le secteur de l’immobilier a lui aussi été secoué (les radiations ont bondi de 70,1 %) mais le nombre de procédures collectives est désormais en recul. Les analystes du cabinet Xerfi, qui se sont penchés sur les données de ce baromètre, prévoient d’ailleurs un léger mieux pour les agences immobilières, « dont le chiffre d’affaires est attendu en hausse de 6 % », grâce à un redressement des transactions dans l’ancien. Toujours selon Xerfi, les secteurs de la restauration, du transport et de l’entreposage devraient aussi connaître une légère reprise d’activité.
Autre chiffre significatif : tandis que 168 353 sociétés disparaissaient des registres du commerce au premier trimestre, 163 361 nouvelles y étaient inscrites. Les créations d’entreprises ont progressé de 5,1 % en ce début 2025 par rapport à l’an dernier.
Un chiffre qui semble témoigner d’un certain dynamisme (notamment dans les secteurs de l’information-communication et du service aux entreprises). Même si Victor Geneste note le poids grandissant des autoentrepreneurs dans ces créations et radiations de sociétés : « Une autoentreprise ne coûte rien à créer ni à fermer. Les gens s’immatriculent comme ils iraient poster une lettre, pour tout type d’activité, et parfois simplement pour obtenir le statut.