Misère et galère

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Labelle25

Misère et galère

Message par Labelle25 »

Salut tout le monde,

Je me décide enfin à poster ici parce que je suis dans une situation catastrophique et j’ai besoin d’en parler. Peut-être que certains d’entre vous sont passés par là et sauront me donner des conseils, ou au moins me comprendre…

Il y a quelques mois, j’ai été licencié. Pas pour faute, juste un de ces licenciements économiques où on te fait comprendre que tu coûtes trop cher, que l’entreprise doit « restructurer » et que tu es le maillon faible. Bref, après des années à bosser pour eux, du jour au lendemain, dehors. Et bien sûr, aucun soutien de leur part, pas un remerciement, rien. Juste une lettre froide et impersonnelle qui t’annonce que tu es de trop et que c’est comme ça, circulez, y a rien à voir.

Évidemment, j’ai fait ce qu’il fallait : inscription à France Travail (anciennement Pôle emploi), mise à jour du CV, candidatures à tout-va. Sauf que voilà, le marché de l’emploi est un champ de ruines et, à chaque entretien (quand j’ai la chance d’en décrocher un), c’est toujours la même histoire : « votre profil est intéressant mais nous avons préféré un autre candidat », ou pire, pas de réponse du tout. Et ce silence, ce vide, c’est insupportable. On te dit de relancer les recruteurs, mais combien de fois avant de passer pour un désespéré ?

Et France Travail, parlons-en… Une vraie galère ! Déjà, leur site est une usine à gaz et plante une fois sur deux. Ensuite, mon conseiller change tous les quatre matins, et chaque fois, il faut réexpliquer toute ma situation comme si c’était la première fois. Les ateliers bidons où on t’apprend à refaire un CV (comme si c’était ça le problème !) et les offres d’emploi qui n’ont rien à voir avec mon profil… je commence à en avoir sérieusement marre. Sans parler des courriers automatisés qui t’expliquent que tu dois prouver que tu cherches activement du travail, sinon sanctions. Comme si on avait besoin de ça en plus de la pression quotidienne.

Et niveau finances, c’est pas mieux. L’ARE me permet de tenir pour le moment, mais clairement, ça va pas durer éternellement. Entre le loyer, les factures et les courses qui coûtent de plus en plus cher, je vois bien que mon compte en banque fond comme neige au soleil. Et plus le temps passe, plus la pression monte… Qu’est-ce que je vais faire si je retrouve rien ? C’est une angoisse permanente. On nous parle de reconversion, de formations, mais qui peut se permettre de passer des mois sans revenu supplémentaire pour un hypothétique nouveau départ ?

Je me demande même si ça vaut le coup de continuer à chercher dans mon domaine ou si je dois me résoudre à prendre n’importe quoi… Mais même ça, c’est compliqué : trop qualifié pour certains postes, pas assez pour d’autres… C’est le serpent qui se mord la queue. J’en viens à me demander si je vais finir par accepter n’importe quoi juste pour éviter de sombrer complètement. Mais franchement, après des années à se tuer à la tâche, finir à accepter des petits boulots précaires, c’est une sacrée claque.

Les nuits sont de plus en plus courtes, les angoisses de plus en plus lourdes, et l’impression d’être piégé dans une spirale infernale devient oppressante. Certains jours, j’ai envie de tout envoyer balader et de ne plus penser à rien, mais on n’a pas le choix, il faut continuer, encore et encore, même si l’horizon semble bouché.

Et puis il y a le regard des autres… Les amis qui, petit à petit, prennent leurs distances, ne sachant pas quoi dire. La famille qui te dit de rester positif, alors que toi, tu te bats juste pour ne pas sombrer. Et les réflexions du genre « t’as qu’à prendre n’importe quel boulot », comme si c’était aussi simple que ça. Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que ce n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi une question de dignité, de motivation, de santé mentale. Travailler pour un salaire de misère dans des conditions précaires, c’est pas une solution viable sur le long terme, c’est juste survivre en attendant pire.

Et le pire, c’est que cette situation te bouffe de l’intérieur. Tu te lèves chaque matin avec cette boule au ventre, cette peur de regarder tes mails, de voir encore des refus, encore du silence. Tu essaies de te changer les idées, mais même là, impossible de vraiment décrocher. L’incertitude est omniprésente, et elle devient presque une compagne de route, une présence oppressante qui t’empêche d’aller de l’avant.

Bref, je sais pas où je vais, et c’est vraiment dur à vivre. Si certains ont des conseils, des retours d’expérience ou juste des mots de soutien, je prends…

Courage à tous ceux qui galèrent. On n’est pas seuls, même si parfois, on a l’impression du contraire.
Yves
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Re: Misère et galère

Message par Yves »

Votre témoignage (rédigé d'une orthographe irréprochable - mes félicitations - malheureusement écrire en "bon français" n'est plus une valeur reconnue) est très "classique". Vous avez juste omis de nous préciser votre âge et votre profession. Ça manque.

Ce que vous décrivez est - a été - vécu par quasiment tout demandeur d'emploi confronté à un vrai licenciement (pas une rupture arrangée) et en recherche active d'emploi.

Absence de réponses, ateliers bidons, regards et réflexions de l'entourage… une majorité des personnes qui vous ont lu s'y retrouvent. Je suis passé par-là aussi. (Aujourd'hui à la retraite ENFIN LIBÉRÉ de cette pression).

Après, tout dépend du tempérament de chacun. Pour ma part, je préconise une reprise d'activité la plus rapide possible afin de rester dans l'action quitte à accepter un "boulot alimentaire". Car le risque est de "s'installer dans le chômage" (même si on cherche à y échapper activement). C'est la vraie menace, celle de tourner en rond et finir par se faire du mal. Et que ce malaise finisse par transparaître et faire du tort (lors d'entretiens d'embauche par exemple).

Vous faites malheureusement partie des "traumatisés" du chômage, des personnes qui ont vécu leur licenciement comme une injustice et qui s'estiment (à juste titre le plus souvent) "infantilisés" dans leur recherche et leur suivi.

Il y en a qui sont épargnés par ces ressentis et réalités. Des gens qui se satisfont d'être mis à la porte d'un boulot qui ne les enthousiasmait pas (ou plus) mais qu'ils redoutaient de lâcher. Il y a ceux aussi que ça rassure d'être "materné", "accompagné", même "surveillé" parce qu'ils n'ont jamais été très "autonomes" dans leur vie (familiale, affective, professionnelle). Je n'apprends rien à personne ici : Il y en a pour tous les goûts et tous les profils.

Dites-nous-en un peu plus sur vous. Nous tenterons alors d'approfondir… 
Labelle25

Re: Misère et galère

Message par Labelle25 »

Merci pour votre réponse détaillée et votre retour d’expérience.
Effectivement, ce que je vis n’a rien d’exceptionnel, et c’est peut-être ce qui le rend encore plus pesant : voir que tant de gens passent par là sans que rien ne change.

Pour répondre à votre question, j’ai 45 ans et je travaillais dans la logistique, un secteur où tout va très vite, où on vous demande d’être toujours plus performant, mais où, paradoxalement, on peut être mis sur la touche du jour au lendemain. J’aimais mon métier et j’y avais investi beaucoup de temps et d’énergie, ce qui rend le licenciement d’autant plus amer.
Aujourd’hui, je me pose la question d’une reconversion, mais ce n’est pas évident à envisager, surtout avec l’incertitude financière qui plane au-dessus de ma tête.

Je comprends votre point sur la nécessité de reprendre une activité rapidement pour éviter de « s’installer dans le chômage ». C’est un risque que j’ai bien en tête, mais ce n’est pas facile de se résoudre à accepter un emploi alimentaire quand on a passé des années à se construire une expertise. D’un autre côté, comme vous le dites, rester dans cette situation ne fait qu’accentuer le malaise et compliquer les entretiens.
Yves
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Re: Misère et galère

Message par Yves »

Oui, c'est exactement cela. Il ne faut pas que votre "condition de chômeur", vos "inquiétudes", voire vos "angoisses" finissent par transparaître. Quand je cherchais du boulot, j'étais souvent confronté à cet écueil. Je n'arrivais pas gérer mes émotions donc mes entretiens. J'avais le sentiment que mes interrogations, mes doutes, mon malaise, mon urgence… transpiraient et me portaient préjudice. C'était le cas.

À tel point que j'ai généralement retrouvé du boulot quand j'étais dans de rares phases de j-m'en-foutisme. :wink:

Je me souviens par exemple avoir passé avec succès un entretien téléphonique avec un employeur que je ne connaissais pas. Je lui avais adressé une candidature spontanée. Plusieurs jours après, vers 14h00/15h00 j'ai eu une grosse envie de faire une sieste (ce qui m'arrivait quasiment jamais). Je me suis couché et endormi rapidement. Mon téléphone a sonné. Généralement, dans ce genre de situations, JE NE RÉPONDS JAMAIS. Là, exceptionnellement, je ne sais pas pourquoi, j'ai décroché alors que je somnolais. J'étais en slibard, à moitié dans les vapes, à mille lieues d'imaginer qu'un employeur potentiel m'appellerait. ET ÇA S'EST SUPER BIEN PASSÉ ! J'ai fini par décrocher le job.

En d'autres circonstances, je croyais être super bien préparé, opérationnel, et ça a tourné au fiasco parce que la pression était trop forte.

Il est certain que la meilleure façon de trouver un boulot est de ne pas en chercher ou d'en avoir déjà un. Là, pas de pression. On n'a rien à perdre. C'est d'ailleurs comme ça que certains font de super carrières. Ils ne cherchent jamais. On vient les chercher. Malheureusement, c'est rare ! :roll:
Labelle25

Re: Misère et galère

Message par Labelle25 »

Merci pour ce retour d’expérience, ça me parle énormément.
Je crois que l’un des pires pièges du chômage, c’est justement cet effet pervers où plus on est dans l’urgence, plus on transpire la détresse… et moins on est crédible aux yeux des employeurs.
C’est un cercle vicieux terrible : on nous demande d’être confiants, sûrs de nous, presque détachés, alors qu’on joue notre avenir à chaque entretien.

Votre anecdote est parlante : on performe souvent mieux quand on n’a pas cette pression sur les épaules. Mais c’est justement ça qui est difficile à maîtriser. Comment adopter ce fameux état d’esprit du « je-m’en-foutisme contrôlé » quand on sait que derrière, il y a un loyer à payer, des factures qui s’accumulent, et un compte en banque qui fond à vue d’œil ?

Je vois bien la différence entre les candidats qui postulent en étant encore en poste et ceux qui, comme moi, cherchent à sortir de la galère. Les premiers ont cette posture détendue qui plaît tant aux recruteurs : ils peuvent se permettre d’être exigeants, de refuser des offres, de négocier à la hausse. Alors que moi, je suis en mode survie, et ça se ressent sûrement, même si j’essaie de le masquer.

J’imagine que votre histoire de sieste et d’entretien réussi, c’est un mélange de hasard et d’état d’esprit. Sans cette pression habituelle, vous avez pu répondre naturellement, sans forcer, sans trop vouloir bien faire. Et c’est probablement ce qui a fait la différence.
Mais alors, comment reproduire ça volontairement ? Comment réussir à être détendu sans être dans une situation aussi improbable que la vôtre ? C’est ça qui me manque : un moyen concret de ne plus être parasité par la peur de l’échec.

Je me dis aussi qu’il y a peut-être un lien avec la confiance qu’on projette. Quand on est dans l’incertitude totale, dans cette angoisse constante, on envoie des signaux faibles qui trahissent notre état. Un regard fuyant, un ton hésitant, une réponse trop prudente… Et le recruteur, qui capte ces signaux, se dit inconsciemment qu’il y a un problème, même si objectivement on a les compétences.

Mais alors, comment font ceux qui galèrent aussi, mais qui arrivent à garder la tête haute et décrocher des postes ? Est-ce que c’est une question de mental ? De technique ? D’expérience ? Ou est-ce que certains sont simplement meilleurs pour cacher ce qu’ils ressentent ?

Votre retour me fait réfléchir sur cette notion d’attitude et de perception. Si vous avez des astuces ou des méthodes qui vous ont aidé à mieux gérer cette pression et à adopter cette posture plus détachée, ça m’intéresse. Parce que clairement, je sais que mon stress et ma situation transparaissent, et que ça me pénalise.

Et puis, vous qui êtes maintenant sorti de tout ça, avec le recul, est-ce qu’il y a des choses que vous auriez faites différemment pour éviter certaines erreurs ? Des approches qui vous ont permis de mieux gérer cette période ?

Merci encore pour l’échange, ça fait du bien d’en parler avec quelqu’un qui est passé par là.
Yves
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Re: Misère et galère

Message par Yves »

Labelle25 a écrit : 28 févr. 2025 Si vous avez des astuces ou des méthodes qui vous ont aidé à mieux gérer cette pression et à adopter cette posture plus détachée, ça m’intéresse. Parce que clairement, je sais que mon stress et ma situation transparaissent, et que ça me pénalise.

Et puis, vous qui êtes maintenant sorti de tout ça, avec le recul, est-ce qu’il y a des choses que vous auriez faites différemment pour éviter certaines erreurs ? Des approches qui vous ont permis de mieux gérer cette période ?
Je suis mal placé pour prodiguer le moindre conseil. Parce que je n'ai jamais eu la posture, la "légèreté", la "décontraction" qui m'auraient permis de gérer "paisiblement" ma carrière. C'est aussi - pour beaucoup - une question de nature profonde, d'hormones, de flux intérieurs, d'émotivité, de positionnement existentiel global.

Peut-être me suis-je tout simplement fourvoyé dans mon orientation professionnelle ? Mais je ne vais pas réécrire l'histoire de ma vie. Ça ne sert plus à rien. :wink:

Pour parler concrètement. Dans certains corps de métier, dans la finance dit-on par exemple, beaucoup de candidats sont "chargés", "dopés" par médicaments ou substances illicites qui leur assurent un aplomb, une confiance en eux lors d'entretiens d'embauche ou de démarches commerciales déterminantes. Ce n'est pas une légende. C'est très répandu dans certains milieux même si le phénomène reste marginal dans l'ensemble du monde professionnel.

Incontestablement, il existe des "remèdes" médicamenteux et des techniques (comme le yoga, l'acuponcture, certaines activités sportives…) pour gérer au mieux notre émotivité, notre "réserve" ou au contraire notre stress. Je ne les ai pas expérimentés et je vous avoue ne rien y connaître.

Mais surtout, il y a le mental, la "cogitation". Moi, je me raconte trop d'histoires. Je me projette alors que je n'ai même pas franchi la première étape. Je suis fait comme ça ET ÇA NE FONCTIONNE PAS. Enfin ça fonctionne mal.

Donc je suis désolé de ne pouvoir dispenser quelques recettes miracles. Je fus un piètre candidat en de nombreuses circonstances. Je l'ai su très tôt mais je n'ai jamais eu l'énergie de changer d'orientation. J'ai toujours été un "amateur". C'était mon destin qui parfois m'a fait beaucoup souffrir… m'apportant quelques satisfactions néanmoins. Quand même ! :wink:

Quand je regarde du côté de mon frère, de mes cousins et de certains de mes amis, il est clair qu'une vie de famille épanouissante (avec femme et enfants) est un facteur d'équilibre (de sérieux) essentiel qui apporte beaucoup d'assurance et de détermination. Mais ce n'est pas donné à tout le monde.

Mon parcours fut beaucoup plus chaotique. Il transparaît dans ce que je suis et ce que j'inspire. Donc, parfois, une certaine méfiance (sauf quand je tombais sur des employeurs eux-mêmes un peu "à la marge").

ATTENTION CEPENDANT ! Ne prenez pas au pied de la lettre ma laborieuse démonstration. Je porte une grande responsabilité dans mes travers. Je me suis laissé (mal) vivre. Je n'ai pas fait assez d'efforts. J'ai un peu trop picolé, un peu trop tiré sur le pétard (par périodes). Je suis d'un tempérament tout à la fois instable et nostagique d'une stabilité qui me manque. C'est très paradoxal.

Bref, j'ai eu un parcours de vie (professionnelle et affective) atypique. Je ne suis certainement pas une référence et un exemple à suivre. :wink:
Kiki 35
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Re: Misère et galère

Message par Kiki 35 »

Pour être détendu à un entretein d'embauche: en passer beaucoup! Mais ce n'est pas vous qui choisissez. Quand on a peu d'entretiens, on est stressé parce que qu'on ce dit que c'est celui-là qui va être vital. Quel cercle vicieux! A une époque j'ai passé des entretiens jusqu'à 3 par jour, je passais ma vie dans le métro et les bus, et j'ai accepté le premier qui m'a dit oui pour ne plus courir. Pas une bonne boite du tout.
Je suis restée relativement détendue aux entretiens après ça, mais maintenant que je n'en ai à peine un ar an (j'ai 59 ans, je suis développeuse Web), je suis de nouveau stressée. Au point de ne candidater que pour avoir un stock de réponses négatives à présenter, et de paniquer si on m'appelle!
D'ailleurs, j'ai perdu le goût de coder, je n'arrive plus à m'y remettre. Je ne vois plus travailler dans ma branche (c'est récent), et je ne sais pas quoi faire d'autre.
Pour ce qui est de se projeter, c'est ce que nous demandent FT et les employeurs, au point que dans les tests d'embauche il y a parfois "décrivez une journée type". J'ai vraiment envie de leur répondre "connard, c'est toi qui sait comment ça se passe dans ta boite! Moi, je suis adaptable..."
Labelle25

Re: Misère et galère

Message par Labelle25 »

Merci Kiki35 pour votre message, il résonne énormément avec ce que je ressens.
Vous mettez parfaitement le doigt sur ce cercle vicieux : plus on a d’entretiens, plus on s’habitue et moins on stresse… sauf que quand on en a peu, chaque opportunité devient une question de vie ou de mort, et ça nous plombe complètement.

Je vois bien ce que vous voulez dire sur l’accumulation d’entretiens. À une époque, quand j’étais encore en poste et que je postulais ailleurs "par curiosité", j’avais ce détachement qui change tout. Mais aujourd’hui, chaque candidature devient un enjeu énorme, et ça joue clairement sur ma façon d’aborder les choses. On est censé être détendu, mais comment l’être quand chaque échange peut potentiellement être le seul du mois ?

Votre parcours me parle aussi sur un autre point : la désillusion. Ce sentiment d’accepter le premier job venu juste pour arrêter de courir, quitte à regretter après… C’est un piège que j’essaie d’éviter, mais est-ce qu’on a vraiment le choix ? On nous répète de ne pas accepter n’importe quoi, de viser la bonne boîte, mais en attendant, il faut bien payer le loyer. D’un autre côté, comme vous l’avez vécu, se retrouver dans une mauvaise boîte peut vite devenir un cauchemar aussi… Ça me fait peur, cette impression de devoir choisir entre la peste et le choléra.

Et ce que vous dites sur le fait de perdre le goût de son métier… ça me fait un peu flipper. Parce que j’aime ce que je fais, mais avec le temps qui passe, les refus qui s’accumulent, je me demande si je vais finir par en arriver là aussi. Vous dites que c’est récent pour vous, qu’est-ce qui a déclenché cette perte d’envie ? La fatigue des recherches ? Le manque de perspectives ? Ou est-ce que c’est plus profond, une lassitude générale du métier ?

Pour ce qui est des tests d’embauche… alors là, je suis 100 % d’accord avec vous. « Décrivez une journée type », mais quelle blague ! Comme si on pouvait deviner l’organisation interne d’une boîte qu’on ne connaît pas encore… Moi aussi, j’ai envie de leur répondre qu’ils feraient mieux de me l’expliquer eux-mêmes. Et puis, cette obsession du « projet professionnel »... C’est bien beau en théorie, mais quand on est dans le flou total, à essayer juste de s’en sortir, ça sonne creux.

Honnêtement, vous avez des pistes pour sortir de cette impasse ? Est-ce que vous envisagez une reconversion, ou c’est juste que le découragement vous empêche de vous projeter ? J’ai l’impression que beaucoup de gens en arrivent là, surtout dans des domaines qui évoluent vite comme le vôtre. Mais comment rebondir quand on ne sait même plus vers quoi se tourner ?

En tout cas, merci pour votre message, ça fait du bien de lire des témoignages honnêtes et sans langue de bois.
Labelle25

Re: Misère et galère

Message par Labelle25 »

Sincèrement, je suis sidéré.

Un forum national ouvert à tous avec inscription, un post lu plus de 10 000 fois, dans un pays avec 6 millions de chômeurs, et au final… seulement deux personnes qui réagissent, dont l’administrateur du site...
Ça en dit long sur l’ambiance générale.

Ça me fait me poser des questions : soit tout le monde est tellement blasé qu’ils n’ont même plus l’énergie de répondre, soit ils se reconnaissent trop dans ce que je raconte mais préfèrent éviter d’y penser.
Dans les deux cas, c’est triste.

Je ne m’attendais pas à une avalanche de réponses, mais quand même…
Je pensais qu’un sujet comme celui-là ferait un peu plus réagir.
On parle d’un problème qui concerne des millions de personnes, qui broie des vies entières, et pourtant, c’est le silence.

Merci à vous d’avoir pris le temps d’échanger, en tout cas. J’espère qu’il y en aura d’autres, mais vu l’état d’apathie générale, je commence à en douter…
Lisa78
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Re: Misère et galère

Message par Lisa78 »

En dehors de votre recherche d’emploi, vous faites d’autres activités (sportives, associatives, jardins, bénévolat….)
Cela aide à sortir de la spirale de chercheuse d’emplois,
Retrouver le côté social.
Le fait d’aller dans des association style «  petits frères des pauvres «  permet d’entendre, de voir autre chose, de se sociabiliser…et cela aide pour les entretiens, on est plus ouvert, plus dans le dialogue que dans le stress.
Yves
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Re: Misère et galère

Message par Yves »

Lisa78 a écrit : 02 mars 2025 Cela aide à sortir de la spirale de chercheuse d’emplois,
J'ai le sentiment que Labelle25 est UN CHERCHEUR d'emploi. :wink:

Un signe :
Labelle25 a écrit : 02 mars 2025 Sincèrement, je suis sidéré.
Yves
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Re: Misère et galère

Message par Yves »

Labelle25 a écrit : 02 mars 2025 Un forum national ouvert à tous avec inscription, un post lu plus de 10 000 fois, dans un pays avec 6 millions de chômeurs, et au final… seulement deux personnes qui réagissent, dont l’administrateur du site...
Ça en dit long sur l’ambiance générale.
Relativisons ! :wink:

Il n'y a pas beaucoup d'inscrits ici car les gens privilégient à présent les réseaux sociaux "plus tendance", "plus réactifs".

D'autant que nous avons reconfiguré nos forums il y a deux ans et demi. Nous avons alors perdu les 7.500 à 8.000 personnes qui y étaient inscrites. Nous sommes repartis de 0. Il n'était même pas certain qu'on réussisse à relancer la dynamique. :roll:

La procédure d'inscription n'est aujourd'hui plus immédiate. Nous prenons le temps de valider chaque nouvel intervenant pour éviter les trolls et les "inscriptions fictives IA" (des robots qui viennent déposer des messages sans rapport avec notre ligne éditoriale. Une plaie !).

Pour le nombre de VUES, il ne faut pas s'y fier dans le cas présent. Le titre de votre post "Misère et Galère" génère un "référencement naturel" qui attire tout plein de personnes curieuses qui, découvrant le contenu, ne vont pas plus loin (sans doute parce qu'elles s'attendaient à "autre chose").

"Misère et Galère" peut être interprété de 36.000 façons. :roll:

Enfin, en ce moment nos forums sont "la cible" de visites massives de bots (de robots) qui, pour je ne sais pour quelle raison, "consultent" en nombre certains sujets (dont le vôtre). En réalité, votre discussion a probablement été vue autour de 400/500 fois maximum.

Ici, on sait par expérience que pour une personne qui s'exprime dans une discussion, 20, 30 ou 40 autres s'y intéressent SANS POUR AUTANT Y PARTICIPER. Parce que de plus en plus de gens ne maîtrisent pas bien le français à l'écrit. Et moi, en qualité d'éditeur, JE NE SUPPORTE PAS LES POSTS MAL RÉDIGÉS ET TRUFFÉS DE FAUTES D'ORTHOGRAPHE. :roll:

Je suis désolé mais je ne peux pas assurer la modération et l'animation de forums rédigés avec les pieds. :roll: Je bosse bénévolement. J'ai des exigences. Il est hors de question que je me fade des messages pourris à longueur de journée. Nos forums sont aussi appréciés pour leur bonne tenue et leur bon niveau orthographique. C'est (très) important pour moi !!!

Globalement, vous avez raison. Les thématiques "chômage" et "précarité" intéressent beaucoup moins. Elles ont été surclassées depuis 2018 par la révolte des Gilets Jaunes, le Covid, la Guerre en Ukraine, la Palestine, la dissolution, les élections… 

En dehors de la "réforme des retraites", les problématiques sociales sont reléguées dans les oubliettes de l'actualité.

Mais c'est "étudié pour". :wink: Nous l'avons expliqué en long et en large ailleurs. La Gauche aujourd'hui se focalise sur le sociétal (LGBT, diversité, antiracisme, antifascisme, wokisme…) aux dépens des questions sociales. Ça correspond à une stratégie sur laquelle je ne vais pas m'étendre ici.
Raspou
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Re: Misère et galère

Message par Raspou »

Yves a écrit : 02 mars 2025
Ici, on sait par expérience que pour une personne qui s'exprime dans une discussion, 20, 30 ou 40 autres s'y intéressent SANS POUR AUTANT Y PARTICIPER. Parce que de plus en plus de gens ne maîtrisent pas bien le français à l'écrit.
tu oublies un truc Yves. Ce n'est pas facile pour tout le monde d'écrire correctement. ET ça prend un temps fou. Il faut en avoir la possibilité temporelle et intellectuelle, ça rebute beaucoup de monde. On m'a déjà reproché un langage approximatif et des fautes de frappe. C vrai ! J'avoue que souvent je ne prends pas le temps de me relire. Mais je préfère encore intervenir ici approximativement que pas du tout. :mrgreen: Partout on assiste à l'effondrement de la maîtrise du français et un appauvrissement général de son vocabulaire et de ses subtilités. Pour une fois je me suis appliqué !!! :wink:

Pour répondre à Labelle25 ou Lebeau25 :wink: :wink: :wink: :wink: la problématique évoquée dans ton post impose de longs développements argumentés. C un sujet intéressant auquel je n'ai pas trop le temps de répondre.... et pas l'énergie non plus. Moi je fais partie des chômeurs qui travaillent. :wink: :wink: :wink: :wink: Y'en a d'autres qui ont tout le temps de répondre mais ils n'ont peut-être pas de conseils à donner puisque ce sont des chômeurs au chômage. Ils n'ont pas trouvé la solution. :roll:
Ambre
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Re: Misère et galère

Message par Ambre »

Je connais un homme d'une trentaine d'années qui travaille dans un resto le soir : la plonge. C'est un nocturne. Cela paie les factures pressantes en attendant de trouver mieux, dit-il, et cela réduit donc la tension nerveuse au niveau des finances. Il réserve donc ses recherches dans la journée.

Il fait des étincelles en cuisine et son employeur veut l'embaucher ; "dans ses rêves" me déclare le bonhomme, mais il garde le boulot sous le coude au cas où.

Il lui est arrivé de garder des moutons... et les a même tondus ! :wink:

Il m'explique que sa génération et les suivantes ne connaitront pas la retraite. Cette noble institution aura disparu, me dit-il.

Pour en revenir à Labelle25, que je salue au passage : l'ennemi numéro 1 : la tension nerveuse qui entraine les insomnies, les ruminations et la débâcle psychique puis physique.. S'il y a une compagne, cela peut être un soutien. Mais en pointillé. Les inquiétudes trop partagées n'apportent rien de bon au couple.

Il existe des CMP : Centre médico-psychologiques (gratuit) : un psychologue pour vider régulièrement son sac. Dommage, les psychologues hommes sont rares. Il reste les psychiatres si on préfère un interlocuteur masculin. Les échanges sont peut-être plus fluides entre hommes et il ne sera pas question de traitements médicamenteux mais de soutien psychologique. Expliquer pourquoi on est là, les soucis qui tournent en boucle et le besoin de dénouer tout çà, en accompagnement.

Demander un rendez-vous MAINTENANT, les délais sont assez longs. Ne surtout pas attendre la "glissade" pour demander de l'aide extérieure.

Enfin, quelques éléments à intégrer le plus rapidement possible : Labelle25 est intelligent, possède des capacités réelles. Personne n'en doute. Mais les patrons s'en fichent et Labelle25 a 45 ans. C'est l'âge du fauteuil à catapulte et depuis 20 ans que ce site existe il est passé, ici, un régiment de chômeurs dans son cas...et le mien. J'ai commis l'erreur de ne pas chercher à être psychologiquement accompagnée, cela m'a coûté un cancer et une thyroïde qui part en sucette...sans compter le reste. Il vaut donc mieux éviter çà.

Nous vivons actuellement dans un asile de fous à ciel ouvert. Le dépeçage économique du pays s'accélère, les entrepreneurs prennent la fuite.
Le maître mot, tenter encore... mais viser tout de même l'adaptation (élargir les possibilités même moins brillantes). En accompagnement.

Et enfin, pour les nuits sans lune (insomnie) un bouquin d'un ex-chômeur en fin de droit qui a trouvé le salut dans la philosophie :

https://www.amazon.fr/philosophie-comme ... 2501087941

Demander à sa bibliothèque.
Labelle25

Re: Misère et galère

Message par Labelle25 »

Labelle25 vous salue bien bas ! 😃

Franchement, je suis bluffé par votre message.
Il est à la fois percutant, bienveillant et rempli de vérités qui frappent fort.
Je ne sais pas trop comment vous remercier pour ces mots qui sonnent juste et pour le temps que vous avez pris à me répondre.
Ça fait du bien de lire une analyse aussi fine et de sentir qu’on est compris sans condescendance ni fatalisme.

Vous avez raison sur toute la ligne.
L’ennemi numéro 1, c’est bien cette tension nerveuse qui nous plombe, nous empêche de dormir et finit par nous grignoter de l’intérieur.
On ne s’en rend pas compte sur le moment, mais à force, ça use, ça ronge, ça épuise.
Sur la nécessité d’un accompagnement psychologique, je dois avouer que ça me fait réfléchir.
Vais-je franchir le pas ? On me l'a déjà conseillé.
On croit toujours qu’on peut tout gérer seul, qu’on doit tenir, mais votre témoignage montre bien où ça peut mener si on ne fait pas gaffe…

Quant à l’adaptation, c’est sûrement la clé. Viser autre chose, élargir le champ, ne pas s’accrocher à un seul modèle qui ne fonctionne plus. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais si on veut survivre dans ce grand « asile à ciel ouvert » comme vous dites si bien, il faut bien trouver une autre approche.

En tout cas, un immense merci pour ce message.
Il y a parfois des paroles qui marquent plus que d’autres, et les vôtres en font partie.
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