Hausse de la pauvreté en France en 2018

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Modérateurs : superuser, Yves

Boxcar

Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

Un haut fonctionnaire m'expliquait encore il y a un mois, qu'il était faux de parler d'une hausse des inégalités de revenus en France depuis ces 30 dernières années...comment ces gens se gaussent de vérité pré-établie sans même se baser sur des données sérieuses....Son discours visait en réalité à gommer l'image du président de la République dont l'essentielle des politiques publiques sont mises au service des plus riches. Les chiffres de l'Insee 2018 sur la hausse du taux de pauvreté sont là pour le démontrer ...Et dans le sillage la "Stratégie pauvreté" pilotée par le secrétaire d’État à la prévention et à la lutte contre la pauvreté vaut peanuts...Celle-ci a notamment conduit à un flicage sans précédent des bénéficiaires des minimas sociaux par les départements....avec l'imposition du Contrat d'Engagement Réciproque" signée soi disant par les deux parties mais qui, en réalité, est un dispositif visant à faire sortir les pauvres du RSA par tous les moyens....Et quid des portefeuilles (bien supérieurs à 450 € par mois) accordés aux ministres qui ne sont soumis à aucun contrôle public eux; Et comme le précisait Pierre Lascoumes (Sciences PO/CNRS) dans les pages du Monde "L'emprisonnement de Patrick Balkany reste une exception..."; Ce qui fait plaisir c'est que la côte de popularité du pouvoir en place est de seulement 8,7% de satisfaction, et d'ici 2022, il y a de fortes chances que celle-ci continue sa pente descendante....au vue des politiques publiques menées.

En 2018, les pauvres ont été plus nombreux en France, 16 octobre 2019, Le Monde, extraits

« Pauvre politique pour les pauvres »
L’Insee a donc recalculé l’indice de pauvreté « neutralisé de cet effet APL » et parvient à un taux de 14,3 %, soit 0,2 point de plus qu’en 2017, atténuant donc sérieusement cette montée de la pauvreté. « Il faut rester prudent. Cette hausse est ténue, estime Louis Maurin, fondateur de l’Observatoire des inégalités. Ce qui est plus inquiétant, c’est le nombre d’allocataires du RSA qui ne faiblit pas, à 1,83 million en mars 2019, comme si l’amélioration de l’emploi et la baisse du chômage ne leur profitaient pas. »

Cet indicateur est donc plutôt décevant, compte tenu des coups de pouce de plusieurs minima sociaux, comme l’allocation adulte handicapé, qui bénéficie à 1,1 million de personnes et qui a augmenté de 50 euros en 2018, puis à nouveau de 40 euros au 1er novembre 2019, portant son montant mensuel à 900 euros. De même, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (autrefois appelé minimum vieillesse) destinée aux retraités modestes a été revalorisée de 30 euros au 1er avril 2018… Mais ces hausses ne compensent pas les coups de rabot appliqués aux allocations familiales, aux aides au logement, aux retraites… « Avec 2 milliards mobilisés par an, la stratégie de lutte contre la pauvreté n’est pas à la hauteur des enjeux sociaux, c’est deux fois moins que les cadeaux fiscaux aux plus riches… Nous avons une pauvre politique pour les pauvres », commente M. Maurin.
Lire aussi Comprendre les chiffres sur les seuils de pauvreté en France

D’autres mesures ont profité aux ménages actifs, comme la suppression de la taxe d’habitation ou la bascule des cotisations maladie vers la hausse de la CSG… Les grands gagnants du pouvoir d’achat sont les ménages aisés, avec la transformation de l’impôt sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière, procurant un gain de 6 700 euros à 340 000 contribuables. L’assujettissement des revenus mobiliers à un taux de prélèvement forfaitaire unique de 30 %, soit moins que les impôts pesant sur les revenus du travail, a aussi procuré un gain de 1 000 euros aux 5 % des ménages les plus aisés, avec des dividendes perçus par les actionnaires qui ont, en 2018, bondi de 60 %, selon le rapport de France Stratégie publié le 15 octobre. Résultat : les inégalités s’accentuent, tirées par les hauts revenus. L’indice de Gini, qui mesure la distribution des richesses, a augmenté de 0,289 à 0,293, entre 2017 et 2018, une évolution qui inverse la tendance à la réduction des inégalités observée depuis quatre ans.
Zorro22

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Zorro22 »

@Boxcar : merci, en fait, on le sait déjà, sauf :
[AAH] --> 1er novembre 2019, portant son montant mensuel à 900 euros.
Je n'étais même pas au courant, la CAF 22 ne respectant pas, comme d'ordinaire, son obligation d'informer.
Je l'avais lu l'an dernier, puis j'ai oublié.

C'est effectivement la guerre aux pauvres dans plusieurs départements, en France. Donc forcément, rien ne va dans les indicateurs, qui s'affolent...

Je suis encore tombé sur une possible nouvelle magouille hier : après insistance auprès de la CPAM 22 (4 messages),
celle-ci me confirme que les 2 ou 3 euros que mon pharmacien me demande de payer en part "non remboursable" sur certains médicaments ne seraient pas légaux...
Affaire à suivre...
Je l'ai contacté aujourd'hui et j'ai entendu un grand blabla qui me semble sorti tout droit d'un lobby. J'en saurais plus dans quelques jours.
A mon avis, je vais vite récupérer les 200 ou 300 euros de surfacturation en 3 ans de CMU-C.
C'est hallucinant (sauf disposition légale d'exception, je ne doute pas que mon pharmacien va travailler dur pour essayer d'en trouver une).
C'est d'autant plus pénible qu'il était plutôt sympa, celui-là (en comparaison aux deux nouveaux médecins que j'ai vu en mini-réunion aujourd'hui, et lorsqu'ils m'ont demandé
depuis quand je ne travaillais plus, et que j'ai répondu "fin 2014"... j'aurais répondu que j'étais mercenaire en Tchétchénie, que j'aurais eu droit aux mêmes regards
surpris et vaguement outrés... enfin, jusqu'à ce que je détaille certains de mes problèmes de santé, et là, les regards étaient plutôt en biais, au final.
Que j'aime bien leur faire manger leurs chapeaux, à ceux-là... Les pauvres ne devraient jamais perdre une occasion de se faire respecter.
rsarnaque

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par rsarnaque »

https://www.rtl.fr/actu/conso/la-pauvre ... 7799269993
Je mets une copie de l'article de rtl ici , au cas ou ça disparaitrait de leur site :

Marie Zafimehy et AFP
publié le 17/10/2019 à 18:14


"Au total, ce sont 9.3 millions de personnes qui vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018, selon des données provisoires publiées mercredi par l'Insee. Soit 14,7% de la population française. Un chiffre en augmentation de 0,6 points par rapport à 2017. Les chiffres de l'institut statistique, qui ont été obtenus grâce à l'analyse d'un échantillon représentatif des ménages, montrent également une progression des inégalités de niveau de vie.

En 2017, le taux de pauvreté était stable, précédé d'un recul de 0,2 point du taux de pauvreté en 2016, après deux années de hausse en 2015 et 2014. Cette hausse de la part des personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté - fixé par convention à 60% du revenu médian - s'explique "notamment par la baisse des allocations logement dans le parc HLM", précise l'Insee. Mais l'institut ne tient pas compte de la baisse équivalente des loyers. En l'incluant, la hausse du taux de pauvreté "serait plus modérée", autour de 0,2 point, calcule-t-il.

En outre, en 2018, l'Insee met en lumière des "indicateurs d'inégalités" de niveau de vie en augmentation, "principalement en lien avec une hausse des revenus financiers" des capitaux mobiliers, désormais soumis au prélèvement forfaitaire unique, ou "flat tax", abaissant la fiscalité dans ce domaine.

"La hausse de ces revenus financiers concerne davantage les ménages les plus aisés"
INSEE


"Ces revenus sont très concentrés en haut de l'échelle des niveaux de vie. La hausse de ces revenus financiers concerne donc davantage les ménages les plus aisés que les autres", explique l'Insee auprès de l'AFP. Les inégalités de niveau de vie connaissent leur "plus forte hausse depuis 2010" mais restent toutefois "en dessous du pic atteint en 2011", estime l'institut.

Ces données provisoires n'intègrent pas la réforme de l'ISF, qui "aurait eu un effet à la hausse sur les indicateurs d'inégalités", ni le chèque énergie qui aurait eu l'effet inverse.
"


Après les chiffes du chômage douteux , les chiffres de la pauvreté ne sont ils pas eux aussi bidons ... ?
Boxcar

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

Comprendre les chiffres sur les seuils de pauvreté en France, 08 septembre 2016, Le Monde
Comment détermine-t-on le seuil à partir duquel une personne est considérée en état de pauvreté ? En France – et en Europe – ce seuil représente 60 % du revenu médian ; et le revenu médian est celui qui partage la population en deux, une moitié gagne plus, l’autre moins. En 2014, ce revenu médian s’établissait à 1 679 euros mensuels pour une personne seule.

Jusqu’au début des années 2000, l’Insee privilégiait un taux à 50 % du revenu médian pour établir le seuil de pauvreté, indique l’Insee, contacté par Le Monde, suivant les indicateurs de Laeken. Mais, depuis, l’institut a suivi Eurostat, l’organisme européen des statistiques, et s’est calé sur les 60 % de ses voisins européens, tout en publiant toujours les statistiques avec son ancien taux.

Autrement dit, peu importe que l’on choisisse comme indicateur 50 % ou 60 % – l’Observatoire des inégalités calcule aussi sur la base de 40 % –, le constat est le même : la proportion du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté augmente en France (sans qu’il s’agisse forcément des mêmes, le taux de « renouvellement »

La dimensions relative de la pauvreté, extraits d'article non paru
"Lorsque qu’il est apparu que les conditions économiques ne pouvaient expliquer à elles seules la pauvreté et qu’il fallait l’appréhender en considérant sa dimension relative, celle-ci a été abordée sous l’angle de l’assistance. La pauvreté peut conduire à un état de dénuement matériel et d'isolement social, éloigne l’accès aux modes de vie habituels d'une société, mais aussi suscite une réaction sociale en son sein qui pèse, à travers l’assistanat social, sur les individus. Relation sociale d’inégalité, l’analyse porte sur les processus économiques, politiques, sociaux et culturels qui la produise et la régule de manière symbolique et pratique. Dès lors la littérature sociologique s’attarde sur l’étude des systèmes de protection sociale que les sociétés se dotent tout en se posant la question du sens social de ces mesures. Ce dernier point est crucial car il tente de répondre, notamment par des politiques publiques d’aide sociale, aux menaces de désintégrations sociales et politiques générées par les inégalités. Mais comme cela a déjà été souligné, dans un contexte néolibéral les interventions publiques sont imparfaites à les corriger et s’avèrent bien incapables de les éliminer. Du côté des États-Unis, il a été mis en avant que la fonction principale de l’assistance est de réguler les manifestations de révolte occasionnées par les phases de récession et de chômage de masse. Dans les phases de croissance économique et de stabilité politique, cette fonction est remplacée par une incitation à intégrer le marché du travail et par la réduction des aides octroyées aux plus désavantagés. Et en ce sens, les expériences américaine avec le glissement du welfare vers le workfare en 1996 (sous Clinton) et française avec celui du Revenu Minimum d’Insertion (RMI) au Revenu de Solidarité Active (RSA)en 2008 (sous Sarkozy) et de l’assuré vers l’assisté qui exacerbe plus qu'il n’atténue la concurrence entre les individus, le montrent bien. La question majeure qui se pose dès lors est quel est l’avenir de la solidarité au sens durkheimien?

Des éléments de réponse à cette question ont été apportés en France dans l’observation du parcours qui conduit à l'érosion du « lien social » avec notamment les concepts de « disqualification sociale » et de « désaffiliation » (voir les travaux de Castel, Paugam) pour mieux saisir les mécanismes qui aboutissent aux formes de fragilisation sociale et de dépendance, que ne l’a fait la sociologie de l’exclusion sociale. "
Boxcar

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

et enfin

« Avec des expériences de terrain d’ampleur limitée, on risque d’étudier les conséquences de la pauvreté et non ses causes »
Tribune, Publié le 17 octobre 2019, Arthur Jatteau, économiste et sociologue

Les méthodes de terrain d’Esther Duflo et de ses collègues, Prix Nobel d’économie 2019, doivent s’accompagner d’une approche d’économie politique et prendre en compte le caractère structurel de la misère, affirme l’économiste et sociologue Arthur Jatteau dans une tribune au « Monde ».

L’obtention du Nobel d’économie par Esther Duflo et ses collègues, Abhijit Banerjee et Michael Kremer, est un fait remarquable. Non seulement par le jeune âge de la lauréate (46 ans) pour une telle distinction et parce qu’elle est une femme – seulement la deuxième, après Elinor Ostrom –, mais aussi parce qu’il acte le tournant empirique pris par la recherche économique depuis une vingtaine d’années, bien incarné, dans un autre style et un autre domaine, par Thomas Piketty. Ce tournant fut salutaire, tant l’économie des années 1980 et 1990 a pu se fourvoyer dans la quête effrénée de raffinements mathématiques de modèles dont l’utilité n’était guère évidente. Avec des chercheurs comme Esther Duflo, l’économie a effectué un retour aux données bienvenu. Il faut également souligner que son laboratoire, The Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL), a contribué à remettre sur le devant de la scène la lutte contre la pauvreté, là où les actions de la Banque mondiale se sont révélées décevantes.

Si l’on peut comprendre l’enthousiasme que ses travaux suscitent, il convient néanmoins de ne pas en oublier les limites.

Evaluation par échantillonnage aléatoire
Rappelons en quelques mots la méthode sur laquelle s’appuient aussi bien Esther Duflo qu’Abhijit Banerjee et Michael Kremer. Nommée « expérimentation aléatoire » en français, elle consiste, sur le modèle des essais cliniques randomisés en médecine, à diviser aléatoirement un groupe de bénéficiaires d’un « traitement » en deux groupes : l’un recevra le traitement, l’autre n’en recevra pas. Le deuxième est ainsi le groupe « témoin ». La clé de la méthode réside dans le tirage au sort, qui assure la comparabilité des groupes. Au bout d’un certain temps, on compare les deux groupes suivant certains indicateurs : l’écart entre les deux sera réputé provenir uniquement du « traitement ».

Ainsi a-t-on réalisé plusieurs expérimentations : la distribution de manuels scolaires et de vaccins, des primes de présence pour les instituteurs, des prêts bancaires, etc. Cette méthode est présentée par ses promoteurs comme le « gold standard » (« l’étalon-or ») en matière d’évaluation. De fait, à travers les trois lauréats du Nobel, c’est bien leur méthode qui est récompensée.

« Une expérimentation ayant eu un impact positif donnerait-elle des résultats similaires dans une autre région du pays ? Dans un pays voisin ? A une autre époque ? Rien ne permet de l’affirmer »
Un premier problème méthodologique qui, s’il n’est pas spécifique aux expérimentations aléatoires, doit être mentionné : la généralisation des résultats. Dans quelle mesure la distribution gratuite d’uniformes scolaires, dont une expérimentation dans l’ouest kényan portant sur quelques centaines d’enfants a montré qu’elle avait un impact positif, donnerait des résultats similaires dans une autre région du pays ? Dans un pays voisin ? A une autre époque ? Rien ne permet de l’affirmer.

Certains chercheurs ont tenté de répliquer des expérimentations dans des contextes différents, mais les résultats sont généralement difficiles à interpréter, et ne disent rien sur ce qui se passerait dans un nouvel environnement. Se pose ainsi la question de ce que l’on peut tirer, en termes de connaissances, de ces expérimentations aléatoires, dont le nombre approche les mille pour le seul laboratoire d’Esther Duflo. La question de la généralisation est pourtant cruciale dès lors qu’on prétend fonder des politiques publiques sur de telles preuves.

Sur le plan méthodologique, comme le notait il y a plusieurs années l’économiste Angus Deaton (Nobel d’économie en 2015), les expérimentations aléatoires permettent éventuellement de montrer si un « traitement » marche (ou non), mais non pourquoi il marche (ou non). Il s’agit en effet d’avoir à l’esprit la différence entre les preuves d’efficacité (est-ce que quelque chose marche ?) et celles de causalité (pourquoi ça marche ?). Cette distinction est bien établie en médecine, mais elle semble relativement peu prise en compte par les économistes s’inscrivant dans la démarche d’Esther Duflo. Or, il est fondamental, pour les femmes et les hommes politiques à qui les résultats de ces expériences sont destinés, de connaître les mécanismes causaux des politiques qu’ils entendent appliquer.

Questionnements éthiques
La méthode des expérimentations aléatoires, parce qu’elle suppose de priver sciemment une partie de potentiels bénéficiaires du « traitement », et plus généralement parce qu’elle implique l’intervention directe sur des individus, pose aussi des questionnements éthiques profonds. Prenons l’exemple d’une expérience menée en Inde par Esther Duflo. Elle visait à réduire l’absentéisme des instituteurs en testant des primes de présence. Mais comment contrôler cette dernière ? Les chercheurs de l’étude ont jugé délicat de s’en tenir au directeur de l’école du fait des risques de connivence avec les instituteurs. Ils ont donc opté pour une idée originale, en distribuant des appareils photo aux instituteurs, et en leur demandant de se prendre en photo avec leur classe le matin et l’après-midi, de manière à être sûr qu’ils soient bien restés toute la journée. Pour ingénieux qu’il soit, ce « traitement » mérite d’être interrogé sur le plan éthique. Envisagerait-on, en France comme aux Etats-Unis, un tel dispositif de contrôle des fonctionnaires ?

La place hégémonique qu’a prise la méthode des expérimentations aléatoires dans les institutions de développement comme dans le milieu académique doit être interrogée sur un plan plus politique. En effet, en cherchant à lutter contre la pauvreté par l’intermédiaire d’expériences de terrain d’ampleur limitée, le risque est de n’étudier que les conséquences de la pauvreté, au détriment de ses causes. Il ne faut pas omettre son caractère structurel, seule une approche d’économie politique apparaît pleinement pertinente, en considérant les rapports de domination entre les pays du Nord et du Sud, la montée généralisée des inégalités depuis les années 1980, et le fonctionnement du système capitaliste mondialisé, pour ne citer que quelques pistes. Pour ces grandes questions, il n’est guère de petites expériences qui tiennent.
Boxcar

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

et j'allais oublié. Et si on en profitait de leur pseudo participation démocratique pour les inonder de nos remarques..du type "les 480€ (le RSa a été revalorisé il y a peu) de cash misère; c'est juste pour participer à la société de consommation..sans ça, la saincro sainte croissance serait grippée...:wink:

RUA: de la concertation à la consultation publique Le gouvernement
a lancé, le 9 octobre, la consultation citoyenne sur la création d’un revenu universel d’activité (ruA).

Après le lancement de la concertation institutionnelle en juin (PSI
n° 1173), voici venu le temps de la consultation citoyenne sur le RUA,
une formule qu’affectionne le gouvernement depuis la crise des Gilets
jaunes ! Elle se déclinera sous trois formes : 1/en ligne, sur la plateforme
consultation-rua.gouv.fr ; 2/en région, lors de six ateliers citoyens, dont le
premier a eu lieu à Bordeaux, le 14 octobre ; 3/sous forme d’un jury citoyen
composé de 15 personnes représentatives de la population française, qui
rédigera un avis sur un sujet controversé de la réforme, en conclusion de
l’ensemble de la concertation prévue en janvier.
Ouverte jusqu’au 20 novembre, la consultation publique en ligne s’articule
autour de trois questions : pourquoi le RUA? À qui devra-t-il s’adresser ?
Comment devra-t-il fonctionner ? Chacun peut poster ses contributions,
ou voter pour ou contre celles des autres, en argumentant au besoin. À
l’issue de la consultation, une synthèse des expressions, réalisée par le
cabinet d’étude OpinionWay, sera publiée sur le site. Le délégué interministériel,
Olivier Noblecourt, s’est engagé à répondre «de manière nominative,
argumentée et publique» aux 20 propositions les plus soutenues
et recevra les dix contributeurs les plus actifs. Enfin, les données anonymisées
seront disponibles en open data sur le site Etalab.gouv.fr.
Ce 9 octobre, le gouvernement a aussi clos le deuxième cycle de la concertation
institutionnelle consacré aux principes et objectifs de la réforme. Les
groupes de travail ont creusé la notion de «revenu décent», avant de s’interroger
sur la pertinence de construire une prestation de solidarité individualisée
ou familialisée, en fonction des buts recherchés (efficacité redistributive,
gain au travail, égalité de genre, etc.). Autres aspects abordés :
quels droits et devoirs doivent être attachés au RUA? Quel degré d’automaticité
faut-il prévoir à l’attribution et au versement de la prestation ?
Zorro22

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Zorro22 »

@Boxcar : merci pour vos retours ! Est-ce que tout s'arrange pour vous ? :D
Du côté des États-Unis, il a été mis en avant que la fonction principale de l’assistance est de réguler les manifestations de révolte occasionnées par les phases de récession et de chômage de masse.
Je ne cesse en effet d'écrire que le RSA, bien que la loi dise que c'est un dispositif d'aide, est avant tout un dispositif de contrôle. Une sorte de bracelet électronique pour pauvre.
Cela colle bien au crédo ultra-libéral américain.
Dans les phases de croissance économique et de stabilité politique, cette fonction est remplacée par une incitation à intégrer le marché du travail et par la réduction des aides octroyées aux plus désavantagés.
Exactement comme en France. Sauf que les aides ne sont pas, pour le moment, réduites en phase de croissance économique.
On n'a pas encore touché le fonds. :mrgreen:

Par contre, ces sociologues et la jeune économiste que vous citez, de mon point de vue, n'apportent que du marginal dans le débat sur la pauvreté.
Intellectuellement, tout bouge très peu, et c'est dommage.
RaoulPiconBière

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par RaoulPiconBière »

le RSA, bien que la loi dise que c'est un dispositif d'aide, est avant tout un dispositif de contrôle. Une sorte de bracelet électronique pour pauvre.
Certes c'est un moyen pour une catégorie socio-profesionnelle ; mais le vrai dispositif de contrôle de l'Etat c'est la Sécurité Sociale.
C'est au nom du code de la santé qu'ont été faites les lois sur les échanges de données.
Son bracelet électronique c'est le smartphone qui ne fait que remplacer la carte Vitale.
Les cartes à puces en étaient les premisces.
Et tout cela est obsolète puisque chaque un s'empresse de s'étaler sur facebook.


Dans un état quelconque, dès qu'il y a "bénéficiaire", il y a "condition", donc "règle", donc "limite".
La nécessité de "justice" engendre de devoir de contrôler.
Le problème, au final, tiens uniquement à la nature des usagers.
Ceux qui trichent et les "normaux".
Boxcar

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

Cher Zorro,

vous écrivez
"Par contre, ces sociologues et la jeune économiste que vous citez, de mon point de vue, n'apportent que du marginal dans le débat sur la pauvreté.
Intellectuellement, tout bouge très peu, et c'est dommage."

Attention les approches de Castel et Paugam et Dufflo, ne sont pas du tout les mêmes..en raison en premier lieu, de leur appartenance disciplinaire et la méthodologie employée. Et s'il est vrai que l'on peut parler d'une invisibilité des 1ères (hormis les cercles de spécialistes) et la trop visibilité des secondes (regarder aussi la place qu'occupe auj. la neuroscience au détriment de la sociologie dans la pensée d'Etat), ces dernières répondent à un choix idéologique dicté par le néo-libéralisme depuis les années 70; il y a aussi d'autres raisons structurelles: regarder l'état de la recherche en France, sans parler des sciences sociales..., c'est une catastrophe; il y a une loi en cours pour répondre aux besoins de la recherche, mais il est craindre que les réponses apportées ne soient pas satisfaisantes)

Il reste cependant à puiser dans ces réflexions, tout aussi peu visibles soient-elles, des éléments pour sortir du cadre mental qui guide les politiques d'aide sociale et qui ont eu pour conséquence de faire obstacle à la constitution d'une identité collective.
Zorro22

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Zorro22 »

@Boxcar : Pour moi, c'est toujours le dit "contrôle social" qui est essentiel à la compréhension du tout.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Contr%C3%B4le_social
En plus de la pensée libérale.

Auquel d'ajoute le panoptique de Bentham, repris dans 'Surveiller et Punir' du philosophe Michel Foucault,
pour éclairer, par extension, la sorte de tendance carcérale façon bracelet électronique du RSA (et maintenant, Pôle Emploi, aussi,
avec le journal de bord, nouveau bracelet électronique), et la mise en application.
Zorro22

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Zorro22 »

Pendant ce temps-là, les riches engrangent les impôts des français : CICE, plus de 20 milliards d'euros PAR AN (évalué plutôt à 40 milliards, parfois). Pour rien.
https://www.francetvinfo.fr/economie/co ... 79327.html

Et une ancienne publication (2004) sur la fin de l'assistance aux Etats-Unis, pour la remplacer par la criminalisation des pauvres, voie vers laquelle nous évoluons doucement
mais sûrement en France : https://agone.org/contrefeux/punirlespa ... index.html
C'est la fin de l'essai qui est la plus pertinente ("Le déploiement de l’État pénal").
En soi, rien de neuf. Que couper l'assistance coupe cher, vu la montée de la délinquance des populations acculées par la misère : le tout-répressif coûte une fortune.
Mais une fois que le lobbying politique conservateur a eu gain de cause, et que l'industrie carcérale possède une influence, la messe est dite.
Boxcar

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

Pour info, même si elle répond partiellement à l''insécurité des indépendants confrontés au modèle des emplois des plateformes dites collaboratives ou crowdworking...), la réforme de l’assurance-chômage entrant en vigueur le 1er Nov. risque d'accroitre le taux de pauvreté et la précarité

article en accès libre cette fois
https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html
https://www.lemonde.fr/politique/articl ... 23448.html
Zorro22

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Zorro22 »

@Boxcar : effectivement, la fabrique de nouveaux pauvres va tourner à plein régime.
La seule bonne nouvelle, c'est que comme nombre de cadres vont de retrouver au RSA (un crime de lèse-majesté, pour une population majoritairement "systémique"),
ça risque de chauffer dur pour les conseils départementaux pratiquant des illégalités flagrantes.

Et votre second lien de fonctionne pas.
carl

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par carl »

Zorro22 a écrit :@Boxcar : effectivement, la fabrique de nouveaux pauvres va tourner à plein régime.
La seule bonne nouvelle, c'est que comme nombre de cadres vont de retrouver au RSA (un crime de lèse-majesté, pour une population majoritairement "systémique"),
ça risque de chauffer dur pour les conseils départementaux pratiquant des illégalités flagrantes.

Et votre second lien de fonctionne pas.
Nous allons vers un scénario à la "Moi Daniel Blake" de Ken Loach !
Boxcar

Re: Hausse de la pauvreté en France en 2018

Message par Boxcar »

le voici en intégral car accès payant


« Ça ne servira qu’à enfoncer les plus démunis » : des chômeurs s’inquiètent de la réforme de l’indemnisation

Attendue avec appréhension par les allocataires, la réforme de l’assurance-chômage est entrée en vigueur vendredi 1er novembre.
Par Bertrand Bissuel Publié le 31 octobre 2019 à 11h06 - Mis à jour le 01 novembre 2019 à 21h03

Ils font partie des quelque 6 millions d’individus inscrits à Pôle emploi, sans aucun travail ou avec une activité réduite. Chacun d’eux a évidemment entendu parler de la réforme de l’assurance-chômage, qui commence à entrer en vigueur à partir du vendredi 1er novembre. Contactés par le biais de l’association Solidarités nouvelles face au chômage ou après un appel à témoignages lancé sur Le Monde.fr, ils racontent, sous un prénom d’emprunt, leur parcours et expriment leur appréhension face à des règles nouvelles qu’ils trouvent injustes.

« C’est vraiment dégueulasse. Est-ce que l’on veut que les gens bossent à n’importe quel prix ? »
Marc était technicien en génie civil dans « l’industrie du BTP » lorsqu’il a perdu son emploi, en 2017. Depuis, ce trentenaire, domicilié au sud de l’Alsace, a décroché quelques CDD – dans un établissement hospitalier puis au sein d’une entreprise de tissage. Dans les dispositions appliquées à compter de vendredi, il y en a une qui le préoccupe beaucoup : celle sur l’augmentation du temps de travail requis pour reconstituer son capital de droits à l’assurance-chômage.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réforme de l’assurance-chômage : 850 000 personnes touchées par le durcissement des règles

A l’avenir, « il faudra que je trouve des contrats de plus de six mois » – ce qui n’a rien d’évident dans une économie où l’écrasante majorité des embauches s’effectue pour un mois ou moins. La dégressivité des allocations pour les personnes ayant des rémunérations élevées lorsqu’elles étaient en poste représente un autre changement qu’il désapprouve : « C’est vraiment dégueulasse. Ça va juste augmenter la précarité. Est-ce que l’on veut vraiment que les gens bossent à n’importe quel prix ? »

« Je suis anesthésiée »
Ce sentiment d’injustice, Laura, 45 ans, l’éprouve elle aussi, au plus profond d’elle-même. Employée par une société privée de garde d’enfants à domicile, dans la banlieue sud de Paris, elle va chercher un écolier à la sortie des cours et lui fait faire ses devoirs. Cette activité à temps partiel lui rapporte un tout petit salaire : un peu moins de 500 euros par mois. Elle touche par ailleurs l’aide personnalisée au logement (APL), qui couvre une large partie de son loyer, et sa mère lui apporte souvent une aide financière – jusqu’à 600 à 700 euros, certains mois.

La réforme ? « Ça ne changera rien. Ça ne servira qu’à enfoncer les plus démunis, à appauvrir les plus pauvres. » Elle aimerait faire plus d’heures mais le prestataire pour lequel elle travaille « n’en trouve pas » pour elle. Et les propositions que Pôle emploi lui envoie ne correspondent pas à ce qu’elle recherche. « Je suis anesthésiée », lâche-t-elle. Il lui arrive parfois de ne pas mettre à jour son dossier de demandeuse d’emploi : « Un conseiller m’a dit que je risquais d’être radiée, j’ai répondu que ce n’était pas grave car je ne perçois pas d’allocation. »

Fabien, 50 ans, a connu des hauts et des bas dans sa vie professionnelle. Gérant d’une entreprise de négoce dans le secteur de la chaudronnerie industrielle, il a dû mettre la clé sous la porte en 2015. De retour dans son Finistère natal, et sans ressources, il a basculé au RSA, avant de reprendre pied, de façon discontinue : un CDD de six mois – non renouvelé – dans une société de climatisation industrielle ; un autre contrat un peu plus court au sein d’une entreprise spécialisée dans l’énergie marine…

« Je ne me vois pas survivre avec une telle somme »
Mais « depuis la fin juin », plus rien. Pôle emploi le considère « comme une personne indépendante, qui n’a pas besoin de l’appui d’un conseiller » : « Du coup, je ne reçois quasiment aucune annonce de leur part. Le seul problème, c’est qu’il est compliqué, à 50 ans, de trouver du boulot. Dans le secteur de l’industrie, les entreprises préfèrent recruter des jeunes diplômés sans expérience. Alors je n’ai plus trop d’espoir de décrocher un CDI à mon âge. Et les périodes où je suis en activité ont tendance à se réduire au fil du temps. »

Pas étonnant, dans ce contexte, qu’il s’inquiète du durcissement des règles pour se maintenir dans l’assurance-chômage. A l’heure actuelle, son indemnisation atteint environ 1 500 euros par mois lorsqu’il ne travaille pas du tout. S’il épuise tous ses droits, elle sera remplacée par l’allocation de solidarité spécifique (ASS). Soit 500 euros pour un individu seul : « Même si j’ai hérité de la maison où je réside, je ne me vois pas survivre avec une telle somme. »

« Entre deux CDD »
Depuis qu’elle s’est installée sur l’agglomération lyonnaise, en 1990, Yvonne, 51 ans, affirme n’avoir été embauchée qu’une seule fois pour une durée indéterminée. C’était dans un cabinet de commissaires aux comptes. « J’ai signé d’autres CDI, mais on ne m’a pas gardée à l’issue de la période d’essai. Ça m’est arrivé trois fois. » Malgré sa longue expérience en secrétariat, les opportunités qui se présentent sont rarement consistantes : « Ma conseillère de Pôle emploi m’a appelée il y a quelques jours en disant : “J’ai du travail pour vous.” C’était un mi-temps pour deux mois. J’ai refusé. » Quand elle fait acte de candidature, nombreuses sont les entreprises à ne pas donner suite. « Entre deux CDD », elle attend tantôt quelques semaines, tantôt jusqu’à un an.

« Ils tapent sur les petits »
« J’en ai vraiment marre de chercher : c’est usant et désespérant quand on le fait activement. Je me bouge, mais suis face à un mur. On ne veut plus de vous à partir de 45 ou 50 ans, alors même qu’il va falloir travailler plus longtemps avec la réforme des retraites. » Petit à petit, son capital de droits à l’assurance-chômage – qui lui permet de percevoir environ 1 000 euros par mois – s’amenuise et elle craint de ne pouvoir le reconstituer à l’avenir : « Cette réforme va nous pénaliser, financièrement, et fabriquer des pauvres. »

Etablie dans le sud de la Bretagne, Marie, 60 ans, intervient ponctuellement dans des entreprises pour dispenser des formations en techniques de relaxation. Une activité avec des creux fréquents en termes de charge horaire. Inscrite à Pôle emploi depuis plusieurs années, elle a effectué de nombreux allers-retours entre l’indemnisation de droit commun et l’ASS. « La précarité, ce n’est pas un choix », confie-t-elle.

Avec la réforme, « il va falloir travailler davantage sur des laps de temps plus courts » : « Or, ce n’est pas toujours possible, dans certains domaines, par manque de nouveaux clients. » Elle redoute de ne plus pouvoir bénéficier d’allocation en complément du revenu tiré des sessions qu’elle anime. « Vais-je continuer à pouvoir vivre de mon activité ? Ça va être compliqué, il faut que je trouve autre chose. Ou que je fasse pas mal de black, ce qui ne m’intéresse guère à quelques années de la retraite. » Elle se considère comme n’étant « pas trop à plaindre ». Sans enfant à charge, elle est par ailleurs propriétaire d’un logement, qu’elle pourra toujours vendre, en cas de nécessité. Mais « c’est un peu dur, ce qu’ils nous font », estime-t-elle : « Ils tapent sur les petits. »
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