La Machine infernale, racontez moi Pôle emploi

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carl

La Machine infernale, racontez moi Pôle emploi

Message par carl »

La Machine infernale : l‘enquête à charge d'une rescapée de Pôle emploi

Ancienne chroniqueuse sur RMC, la journaliste Cécile Hautefeuille a vécu personnellement le passage par la «case» Pôle emploi. Elle publie ce mois-ci aux éditions du Rocher un témoignage accablant sur les nombreux disfonctionnements du système français de prise en charge des demandeurs d'emploi.


La «machine». C'est ainsi que Cécile Hautefeuille, ancienne journaliste et créatrice du blog Minisphère du chômage, a décidé de surnommer Pôle Emploi dans l'enquête qu'elle lui consacre: La machine infernale,Racontez-moi Pôle emploi, qui vient de paraître *. Après s'être frottée pendant deux ans à sa mécanique implacable, l'ancienne chroniqueuse de RMC se livre à un réquisitoire en règles contre l'établissement public né de la fusion, en 2008, de l'ANPE et des Assédic. Nourrie de son expérience personnelle et de témoignages recueillis sur place, Cécile Hautefeuille dessine ainsi par petites touches la figure d'un monstre administratif à bout de souffle, dépassé par l'ampleur de sa tâche et totalement miné par ses multiples dysfonctionnements.

Première cible de sa critique, la réglementation qui fixe les mécanismes d'attribution des allocations d'aide au retour à l'emploi (les fameuses ARE). «Incompréhensible», «contradictoire», elle entretiendrait les demandeurs d'emploi dans la méconnaissance totale de leurs droits, voire pire, dans des situations d'illégalité non volontaires. La journaliste multiplie ainsi les exemples de demandeurs d'emploi qui, faute de maîtriser les règles opaques de régularisation administrative, auraient continué à bénéficier de certaines allocations, se mettant en situation de «fraude» avant d'être acculés au cul-de-sac du remboursement groupé d'indemnités perçues parfois sur plusieurs mois.

Scénarios kafkaïens

Cécile Hautefeuille pointe également l'incapacité de l'organisme à cerner les besoins des demandeurs d'emploi, dénonce les catégories figées apposées sur la singularité des parcours et des individualités. «Jeunes, seniors, licenciés, fins de contrat, intérimaires, longue durée. Chacun avec son histoire mais tous dans le même panier, celui des DE», déplore-t-elle. «La case qui correspond à ma situation, je ne l'ai jamais trouvée.» La gestion au cas par cas promis par les dirigeants successifs de Pôle emploi? Un vœu pieu, jamais réalisé dans la réalité. «La machine ne peut pas avancer si on ne coche pas une case. La machine n'est n'est pas programmée pour faire du cas par cas.»

Pour l'ancienne chroniqueuse radio de RMC, la dématérialisation massive des services n'aurait fait qu'accentuer cette tendance à la déshumanisation de la gestion des demandeurs d'emploi. Synonyme de progrès pour certains, elle aurait surtout été vécue pour beaucoup comme un véritable abandon des pouvoirs publics. D'autant que, souvent, les rouages de la «machine» s'enrayent, donnant lieu à des scénarios plus kafkaïens les uns que les autres.

Là aussi, les exemples abondent. Ainsi de ce demandeur d'emploi recevant son courrier de convocation trois heures après l'heure à laquelle le rendez-vous avec son conseiller aurait dû avoir lieu. Ou de cet autre affirmant avoir reçu le compte rendu d'entretiens auxquels il ne s'était pourtant jamais rendu. Avec souvent, comme conséquence des dysfonctionnements de la «machine», des radiations abusives.

Des projets «sans issue»

Sans surprise, Cécile Hautefeuille dresse également un panorama très pessimiste de la situation de l'emploi en France. «La réalité du marché, écrit-elle, ce sont des projets sans issue». On cherche en vain dans son livre les exemples de reconversion réussie, de projet professionnel mené à son terme... La détresse psychologique, elle, est présente à chaque page. Une détresse qui mène parfois à la violence verbale, voire physique. Et le lecteur de se demander, avec l'auteur, s'il existe des «jours sans colère» à Pôle emploi...Elle qui a cherché un emploi pendant deux ans sans succès via Pôle Emploi et qui finalement s'est mise à son compte comme blogueuse.

L'auteur reconnait tout de même certaines améliorations récentes dans la gestion de l'organisme. Aujourd'hui, les demandeurs d'emploi peuvent désormais contacter directement leur conseiller Pôle Emploi par courriel. Une mesure qui, selon elle, permet de réintroduire un peu d'humain dans la «machine.» En 2016 ont également été testées des rencontres entre demandeurs d'emploi et psychologues du travail. Une manière de résoudre le problème du manque de formation des conseillers pourtant bien souvent confrontés à des personnes en situation de détresse morale et psychologique.

Source : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017 ... emploi.php
paulactu

Re: La Machine infernale, racontez moi Pôle emploi

Message par paulactu »

Je vais le lire, au moins ce bouquin n'est pas écrit par une conseillère CDD 6 mois (dont j'ai oublié les Noms, à un moment tout cdd se croyait obligé de pondre sa prose)
libellule

Re: La Machine infernale, racontez moi Pôle emploi

Message par libellule »

carl a écrit :Là aussi, les exemples abondent. Ainsi de ce demandeur d'emploi recevant son courrier de convocation trois heures après l'heure à laquelle le rendez-vous avec son conseiller aurait dû avoir lieu. Ou de cet autre affirmant avoir reçu le compte rendu d'entretiens auxquels il ne s'était pourtant jamais rendu. Avec souvent, comme conséquence des dysfonctionnements de la «machine», des radiations abusives.
comme moi, 2 courriers papier reçus de compte rendu d'échanges imaginaires, j'ai contesté ces faux échanges, je suis convoqué pour faire le point sur ma situation et à mon incompréhension des messages adressés par mon conseiller !!!
Vegan

Re: La Machine infernale, racontez moi Pôle emploi

Message par Vegan »

Bien que n'ayant pas lu ce livre, il semble intéressant dans ce compte rendu...

TOUTEFOIS, je déplore que cette journaliste (et ses confrères) n'ait pas fait son boulot en tant que journaliste. Car son pouvoir était alors de PREVENIR, plutôt que de SUBIR pour témoigner. Cela eut été possible, car les victimes de Pôle-Emploi sont nombreuses et probablement très disposées à critiquer l'institution.

Il aura fallu que cette journaliste sombre dans le chômage pour s'intéresser en profondeur à la question. Pourtant, c'est le boulot de journaliste que de rendre compte de la réalité de l'expérience humaine (du moins en théorie)...

Faut-il qu'un journaliste soit personnellement cambriolé pour évoquer les cambriolages?
Faut-il qu'une journaliste soit personnellement violée pour évoquer le viol?
Faut-il qu'une journaliste soit personnellement harcelée au travail pour évoquer ce problème?
Faut-il qu'un journaliste soit personnellement agressé pour évoquer les violences?

Cela montre que les journalistes (et a fortiori les politiques, les décideurs administratifs, les médecins etc...) ne se préoccupent pas des problèmes réellement rencontrés par le peuple. Ou en tout cas, ne font pas leur boulot au maximum.

Comme le dit très élégamment Alain Soral: "Un journaliste, c'est soit un chômeur, soit une pute". Sauf que Soral présentait le journaliste chômeur comme la victime de son propre zèle (le boulot honnête et bien fait étant puni par le système).

L'ironie est que de nos jours, (je suspecte que) un journaliste bien que faisant la "pute" pour le système, se retrouve néanmoins "chômeur" pour un rien. Peut-être parce qu'il y aura toujours "à pute, pute et demi"... Karma? :wink:
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