Merci pour le lien Sophie, j'ai tout écouté (dès le matin je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée) mais j'ai tout compris.
Pourquoi Frédéric Lordon n'est pas invité plus souvent dans certaines émissions dites "économiques" ? Il dérange sans doute, pourtant c'est le langage de la raison et du bon sens.
J'ai aussi aimé sa phrase parlant de l'endormissement des masses à base de lexomil, de tf1 et de la flicaille. Il a très bien cerné la colère latente qui risque d'exploser...
<<La crise>> est, comme on le sait, due à un système économique et financier qui s'est appuyé depuis 30 ans sur un endettement généralisé et qui a engendré/favorisé des monceaux de "dettes pourries", très dangereuses.
On a eu d'abord le séisme des "subprimes" (ces crédits malhonnêtes accordés à des ménages insolvables, qui sont les plus grandes victimes du gel des salaires, de la précarisation/dérèglementation - qu'ils appellent "modernisation"… - du travail, et du "chômage non accélérateur d'inflation" instaurés parallèlement). Séisme qui a fait boule de neige sur toute la finance et l'économie mondiales.
Cette crise - 100% structurelle - en cache une prochaine. Car même si la finance a tout juste l'air de se ressaisir, s'engraissant à nouveau via la spéculation ("assistée" par de l'argent public versé par des états qui ne changent toujours rien au cadre et empochent même des intérêts !), les banques sont menacées par de nouvelles dettes financières à retardement : dettes privées des ménages dont les salaires sont trop bas et qui vont devenir à leur tour insolvables à cause du chômage, dettes des entreprises fragilisées par cette première crise dans un contexte de croissance molle et de sous-consommation durables.
Là-dessus, les états restent aveugles. Les relations incestueuses entre les politiques, les financiers, les grands chefs d'entreprises et les médias, cette interpénétration entre castes qui détiennent les pouvoirs et ont intérêts à ce que rien ne change, bloque toute possibilité de changement. On déniche des boucs-émissaires et on prône des mesurettes qui ne sont pas du tout à la hauteur du désastre.
On va donc vers une deuxième crise, qui nous promet une destruction sociale encore plus massive. Pour l'instant les syndicats (déjà pris dans la marmite de la grenouille depuis 30 ans…) n'ont rien compris et agissent en collabos du pouvoir tandis que les gens souffrent et retournent toute cette violence contre eux-mêmes. Pour les années qui viennent, on se retrouve dans un rouleau compresseur qui fera d'innombrables victimes.
Jusqu'à ce que ça pète vraiment et là, ça va saigner : il faudra couper la tête à tous ces nantis criminels qui scient la branche depuis 30 ans, comme on a coupé celles des nobles à la Révolution française.