Sarko : Un avenir pour tous dans une société plus juste

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Yves
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Sarko : Un avenir pour tous dans une société plus juste

Message par Yves »

De Yves - un animateur du site.

Pour celles et ceux que ça intéresse (et par soucis de pluralisme) :

Discours de Nicolas Sarkozy Président de l'Union pour un Mouvement Populaire - Mercredi 30 novembre 2005 – Paris –

Convention UMP sur les injustices

…/…

Un avenir pour tous dans une société plus juste

Mesdames et Messieurs, chers amis,

1. Pour parler des injustices, ce n’est pas la peine d’utiliser de grands concepts, de faire de belles phrases. Ce qu’il faut, c’est parler avec le cœur. Nous avons eu aujourd’hui beaucoup de paroles de cœur.

Les Français pensent que notre société est plus injuste qu’autrefois. Ils ont raison.

C’est injuste quand des ouvrières ont travaillé pendant des années pour une entreprise et que celle-ci est délocalisée parce que c’est moins cher ailleurs, laissant sur le carreau des femmes de 45 ans sans aucune perspective.

C’est injuste quand un garçon ou une fille a réussi des études supérieures, mais qu’il ne trouve pas d’emploi.

C’est injuste quand un adulte qui n’a pas eu de chance dans sa jeunesse veut essayer de reprendre des études et que, partout où il s’adresse, on lui répond que c’est trop tard, qu’il fallait y penser avant, qu’en France on ne peut pas revenir en arrière quand on n’a pas pris la bonne direction au bon moment.

C’est injuste aussi, lorsqu’un RMIste fait l’effort de reprendre un emploi, parce qu’il pense que c’est digne pour lui-même et pour sa famille, et qu’au bout du compte il gagne moins de son travail que de l’assistance.

Ces exemples ne sont pas des cas isolés. Ce sont des milliers de Français qui vivent ces situations au quotidien et qui les ressentent comme des injustices profondes.

La mondialisation crée un climat de grande inquiétude. Tout n’est pas rationnel dans celle-ci. Mais les Français sont lucides. Ils voient bien que des pays importants sont en train d’émerger et que la France va avoir du mal à rester compétitive avec ses charges sociales, ses
35 heures, ses finances publiques dégradées.

Et pourtant est-ce que les Français vivent bien ? Est-ce qu’on vit bien en France avec un salaire inférieur à 1 400 euros, ce qui est le cas de la moitié des salariés ? Est-ce qu’on peut se projeter dans l’avenir quand on vit sous la menace du chômage et du déclassement social ? Est-ce qu’on peut avoir de l’espoir quand on vit dans un quartier sensible et qu’on voit que rien n’a changé depuis 25 ans, et même que les choses se sont aggravées ? 25 ans, ce n’est pas rien, c’est un quart de siècle.

Trop peu de choses changent en France. Alors que tout change à l’extérieur de la France. Comment les Français pourraient-ils ne pas penser que nous allons vers une société de plus en plus injuste ? Une société où les classes moyennes vont s’uniformiser et se paupériser tandis qu’une élite ultra minoritaire profitera d’une mondialisation dont elle détient seule les clés. Une société anglo-saxonne, en somme, qui tolère de grandes inégalités entre les personnes.

Je veux dire ici ce que je pense de la société américaine. J’en ai un peu assez qu’on le fasse à ma place !

Ce que j’apprécie dans la société américaine, c’est sa mobilité sociale. On peut partir de rien et avoir une réussite exceptionnelle. On peut échouer et avoir droit à une seconde chance. Il y a beaucoup moins de codes sociaux. On ne vous juge pas sur votre manière de dire bonjour.

Mais il y a aussi, dans la société américaine, des réalités sociales que je rejette. La protection sociale y est insuffisante et inégalitaire, en particulier dans le domaine de la santé. J’ai été choqué par l’homogénéité sociale et même ethnique des personnes qui se sont retrouvées en situation de détresse pendant la catastrophe de Katrina. Je ne propose pas cette société individualiste où l’Etat doit en faire le moins possible.

Mais qui ne voit que cette société s’instille déjà chez nous ?

Qui ne voit que la réussite en France repose de moins en moins sur l’école républicaine, de plus en plus sur des stratégies individuelles et l’appartenance aux bons réseaux ?

Qui ne voit que le chômage de masse a précarisé le salariat, écrasé la grille des salaires, pendant que des chefs d’entreprise, certes très compétents, ont vu leurs salaires exploser dans des propositions inenvisageables il y a quelques années ?

Qui ne voit que la situation des banlieues, avec ses trafics de drogue, sa loi de la peur, son communautarisme, est la conséquence de la démission de l’Etat ? Quand l’Etat n’assume plus son rôle, alors le communautarisme se substitue.

Ce que je propose, c’est exactement l’inverse. Je propose que l’Etat reprenne toute sa place pour que la réussite sur tout le territoire dépende de l’environnement familial, de l’école républicaine, de la sécurité dans le quartier, de l’effort personnel, pas de la communauté.

Je pense surtout que la France n’est pas les Etats-Unis et que les Etats-Unis ne sont pas la France.

Je n’ai pas de réserves à m’inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs. Mais cela n’aurait aucun sens de vouloir copier un modèle. Restons fidèles au contraire à l'inspiration même qui a conduit à la création de notre République. La République est née de la volonté de donner à tous les mêmes chances, c'est à dire de permettre à ceux qui ont plus de difficultés à s'en sortir, mais qui ont la détermination de les surmonter, de réussir à l'égal de ceux qui ont au départ plus de chances. Cela ne veut pas dire qu'il faut faire la même chose pour tous. C'est ce qu' ont fait les socialistes. Cela aboutit au nivellement, à l'assistanat. Au contraire il faut faire des priorités, et cela d'autant plus d'ailleurs que –nous en sommes tous conscients- nos moyens financiers ne sont pas sans limites. Faire des priorités c'est aider ceux qui en ont le plus besoin.

Nous avons un idéal de justice sociale et d’intégration républicaine. La France ne réussira pas si elle renonce à ce qu’elle est au plus profond d’elle-même. Et ce que je veux avant tout, c’est la réussite de la France.

Mais ce qui est exaspérant pour les Français, ce qui crée de l’absentéisme électoral et du vote extrême, c’est ce discours lénifiant qui tente de faire croire, alors que notre système est en miettes, que c’est en ne changeant rien qu’on restera nous-mêmes.

Ce qui crée du désespoir, de l’individualisme, ce qui délite le lien social, c’est l’absence de projet collectif pour expliquer comment nous allons faire pour affronter la mondialisation et garder notre cohésion sociale.

La France se dérobe, le monde change et la classe politique ne devrait rien dire, rien proposer, rien faire ?

La sincérité de ceux qui veulent réellement sauvegarder notre idéal de justice sociale, elle se mesure à leur capacité à proposer le chemin pour y parvenir.

Je ne sais pas si nous détenons la pierre philosophale. Mais au moins nous avons le courage de proposer et d'innover. Je veux que nous soyons jugés sur des actes. Pas sur des procès d' intentions.

2. Si nous voulons une société juste, il faut d’abord un Etat fort. Le sentiment d’abandon par l’Etat, la crainte que l’Etat ne soit plus en mesure d’empêcher les riches de devenir très riches et les pauvres très pauvres, est un des ressorts profonds du mal-être français.

Seulement il ne suffit pas d’avoir le mot Etat à la bouche toutes les deux minutes pour rétablir la cohésion sociale. Notre Etat est trop souvent perçu comme un colosse de papier. Jamais notre administration n’a été aussi compliquée, rigide, cloisonnée, engoncée dans des procédures. L’impuissance de l’Etat va devenir celle des collectivités locales si celles-ci ne peuvent pas s’appuyer, à leur niveau, sur un Etat déconcentré, capable de décider. On ne peut pas avoir, d’un côté, des collectivités qui ont l’envie, l’énergie, les moyens de prendre des initiatives, de l’autre, un Etat paralysé par son processus de décision centralisé.

Ceux qui pensent que l’Etat est déterminant pour garantir la justice sociale doivent être jugés sur leur courage à proposer et réussir des réformes.

Commençons par exemple par réformer le service public de l’emploi, fusionner l’ANPE et les Assedic, concevoir des politiques ciblées en fonction des différentes catégories de chômeurs, instaurer la culture du résultat, comme l’ont fait tous nos partenaires européens.

Il y a une nouvelle forme d’inégalité dans notre pays : c’est celle qui sépare les salariés du secteur public, protégés dans leur emploi, des salariés du secteur privé, menacés par le chômage, les délocalisations, la tertiarisation de l’économie qui exige plus de mobilité.

Je ne souhaite pas qu’on restaure l’égalité en affaiblissant la situation de tout le monde. Ça c’est le socialisme. Mais il faut qu’il y ait de la justice.

La justice, c’est l’exigence d’efficacité et d’adaptation de la part des fonctionnaires. La sécurité de l’emploi est nécessaire au principe de neutralité de l’administration. Mais si on a la garantie de l’emploi, alors on a un devoir de réforme et de résultat.

Nous aurons fait un grand pas dans le rétablissement de la cohésion sociale si nous sommes capables de prouver à nos concitoyens que l’Etat se réforme et se met au diapason des nouvelles formes de l’injustice.

3. Une société plus juste, c’est ensuite une société qui valorise le mérite. Les classes moyennes doivent cesser d’être les oubliées de la politique sociale, toujours assez riches pour payer des impôts, jamais assez pauvres pour bénéficier de prestations. C’est important si nous voulons réhabiliter le travail et créer de la cohésion. La structure centrale d’un pays, ce sont ses classes moyennes, ses entreprises moyennes, ses espaces urbains et péri-urbains traditionnels.

La France qui travaille, elle a d’abord besoin d’être protégée contre l’insécurité professionnelle. Il n’est pas possible de se projeter dans l’avenir si l’on vit sous la menace permanente du chômage

Au siècle dernier, l’urgence était de généraliser l’assurance vieillesse et l’assurance maladie. Aujourd’hui, c’est d’inventer un nouveau rapport au chômage dans une économie où l’emploi à vie dans la même entreprise n’existe plus. Dans cette économie, les entreprises doivent s’adapter plus vite qu’autrefois et les compétences des salariés rencontrer plus vite les besoins des entreprises. Chercher un emploi doit devenir une activité comme une autre, dont l’utilité pour la collectivité est reconnue.

La sécurité sociale professionnelle, c’est l’addition de quatre facteurs : des entreprises qui embauchent plus vite parce que le code du travail n’est plus dissuasif ; un service public de l’emploi efficace qui prend en charge les chômeurs et les aide à retrouver un emploi ; une meilleure indemnisation du chômage pour éviter le déclassement social ; des droits et des devoirs plus équilibrés afin que les abus de quelques uns n’hypothèquent pas le sort de tous.

La France qui travaille, il faut ensuite lui proposer une réponse face à la mondialisation. Cette réponse est bien sûr structurelle. Elle passe par une économie plus compétitive, de l’innovation et de la recherche. Mais cette réponse doit également être personnalisée. Chacun doit être assuré qu’il ne fera pas les frais de la mondialisation. Il faut créer une solidarité entre les perdants et les gagnants de la mondialisation.

La mondialisation exige une plus grande mobilité de la part des salariés. Les entreprises sont en droit de l’exiger si nous voulons qu’elles soient à même de réussir dans ce nouveau contexte. Mais il faut que les salariés en soient récompensés, notamment par une garantie de formation professionnelle permanente. C’est l’une des clés de la réussite danoise.

Enfin, à la France qui travaille, il faut donner un espoir de promotion sociale et la garantie d’un avenir pour ses enfants. Je ne peux pas me résoudre à ce que tant de jeunes se disent « je dois partir à l’étranger pour réussir ».

Il faut bien sûr une politique économique générale, travailler plus pour créer plus de croissance, avoir des entreprises de taille moyenne, pour redonner des perspectives d’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat fondées sur de l’économie réelle, pas sur du mécano fiscal.

Il faut supprimer les cloisonnements du marché du travail, en particulier pour les jeunes. Nos jeunes attendent l’âge moyen de 33 ans pour avoir un CDI. La suppression des CDD au profit d’un contrat unique à durée indéterminée serait déjà un progrès considérable pour eux, parce qu’elle supprimerait ce sas de CDD et de stages pendant lequel les jeunes ne peuvent pas fonder une famille, louer un logement, faire un emprunt.

Et puis il faut permettre à tous les Français qui font des efforts de réussir à la hauteur de leurs capacités. C’est à mes yeux une injustice profonde quand un enfant est dirigé vers une formation inférieure à ses potentialités. Il faut supprimer ces clivages invisibles de la société française, qui font que les enfants d’enseignants et de cadres supérieurs sont dans les meilleurs collèges et dans les grandes écoles, pas les autres. Cela suppose un devoir de vérité. Toutes les formations ne se valent pas, même à l’université. Ayons le courage de le dire. Ayons le courage de changer la pratique de ces 50% de lycées qui n’envoient jamais un dossier d’élève en classe préparatoire. Ayons le courage de supprimer les formations professionnelles dont on sait qu’elles ne mènent à rien. Ayons le courage de réformer l’enseignement supérieur pour que tous les étudiants aient une chance égale de trouver un emploi et que cesse ce gâchis de 50% d’échec au DEUG. Créons un vrai système de bourses universitaires ou de caution publique pour les prêts étudiants.

Je souhaite aussi que nous ayons une approche beaucoup plus positive du bénévolat et de la vie associative. La société est brutale parce que nous manquons de lien social. Nous avons pourtant des milliers de jeunes, d’étudiants, de bénévoles, de seniors, qui se consacrent aux autres. Ils ne le font pas pour en tirer un avantage particulier. Est-ce qu’on doit pour autant l’ignorer, voire leur mettre des bâtons dans les roues ? Je suis pour qu’on valorise le bénévolat par tous les moyens possibles, en points de retraite, par la validation des acquis de l’expérience, voire en exonération de l’impôt sur le revenu. On le fait bien pour les dons d’argent, pourquoi pas pour ceux qui donnent de leur temps ?

On a beaucoup parlé, ces dernières semaines, de mixité sociale. Je suis tout à fait favorable à la mixité sociale dans le logement.

Mais il ne faut pas se tromper de débat. Compte tenu des plafonds de ressources du logement social, 64% des ménages sont en droit de demander à s’y loger. On peut exiger 20% de logement sociaux dans les communes, on n’obtiendra pas pour autant de la mixité sociale. Ce seront toujours les moins privilégiés qui vivront dans les quartiers les plus dégradés.

La priorité, c’est de s’attaquer aux vraies causes de la ségrégation urbaine :

- d’abord la carte scolaire, qui fait que les familles veulent habiter près des établissements les plus cotés. Tant qu’on ne sera pas capable de garantir que tous les établissements sont d’une qualité égale, on aura ce phénomène de ségrégation. Parce qu’il n’y a rien de plus important que l’avenir de ses enfants ;

- la seconde cause de la ségrégation urbaine, c’est la peur de se mélanger, c’est la crainte du déclassement. Restaurons l’ascenseur social par une politique du travail, de l’initiative individuelle, de la responsabilité, une politique qui valorise le mérite et permet la réussite. Et nous aurons de nouveau de la mixité sociale.

Et puis engageons une politique d’accès à la propriété pour tous. Le socialisme, c’est la construction perpétuelle de HLM. Notre projet, c’est l’accession sociale et populaire à la propriété par la réforme du crédit hypothécaire, par la distinction entre le foncier et le bâti, par la vente de logements HLM à leurs locataires.

4. Une société plus juste, c’est enfin une société qui n’accepte plus que des territoires ou des populations concentrent toutes les difficultés.

La question des banlieues n’est pas un sujet facile. Si elle l’était, ça fait longtemps que le problème aurait été réglé.

La société française est fragile parce qu’elle est sclérosée par 25 ans d’échecs économiques et sociaux. Les difficultés de l’insertion ne sont pas que d’un seul côté : notre société a elle aussi perdu sa capacité à s’ouvrir et à intégrer des populations nouvelles. Chacun doit faire un pas vers l’autre. C’est cela qui est difficile.

Je ne crois pas que ce soit pour des raisons culturelles que les Polonais et les Portugais se sont mieux intégrés que les Africains et les Maghrébins.

La culture facilite plus ou moins l’intégration. La polygamie a évidemment des conséquences dramatiques parce qu’il n’y a ni père, ni mère. La mère est atteinte dans sa dignité et donc discréditée dans son autorité. Le père a beaucoup trop d’enfants pour être présent pour chacun d'eux.

Mais je ne crois pas que la culture soit la raison centrale du problème. Si c’était le cas, cela voudrait dire qu’il y a des hommes et des femmes qui sont faits pour la culture occidentale, fondée sur la liberté, l’égalité des droits et la responsabilité, et d’autres qui ne le sont pas. Ce n’est pas ma conception de l’homme.

Ce qui a radicalement changé entre hier et aujourd’hui dans l’insertion des personnes issues de l’immigration, c’est la démission de l’Etat et la situation économique. Quand on a 5% de croissance, c’est plus facile que quand on en a 1,5.

Aujourd’hui, l’insertion professionnelle des jeunes qui vivent dans les quartiers sensibles doit être une priorité. Entendez-moi bien. Ce n'est pas l'unique question de la société française. Il faut faire plus pour l'insertion des jeunes qui vivent dans des bassins industriels sinistrés, dans des zones rurales qui connaissent des phénomènes de désertification. Mais dans le projet politique qui doit être le nôtre de faire en sorte que l'égalité devienne réelle, que notre République se mobilise au profit de ceux qui ont moins de chances que les autres de réussir, les banlieues doivent avoir leur place. Il faut du reste que notre politique d'aménagement du territoire, sans abandonner le monde rural, se tourne aussi vers la ville et vers les banlieues.

Je veux qu’on aborde les choses de manière pragmatique. Il y a trois problèmes : la petite enfance, les discriminations, l’échec scolaire.

Toutes les expériences montrent que l’égalité des chances se joue d’abord entre 18 mois et quatre ans, au moment des premières étapes de socialisation de l’enfant. Certains auront confiance en eux, d’autres non. Il faut créer un service de la petite enfance pour les enfants qui risquent d’être dans la seconde catégorie. Des expériences existent. Il faut les généraliser avec les collectivités locales.

Contre les discriminations, il faut créer rapidement dans ce pays une double rupture : d’une part, prouver aux jeunes que l’effort paie et que tous les enfants de la République peuvent accéder à des parcours d’excellence ; d’autre part, refléter la diversité et la richesse de la société française à tous les niveaux de responsabilité. C’est une condition pour briser les cloisonnements, redonner l’envie à tous les Français de partager un destin collectif.

Ma proposition n’est pas une politique de quotas ethniques. Ma proposition, c’est de permettre à tous les Français d’exprimer leurs talents. Quand il y a des obstacles particuliers, il faut les enlever en donnant plus à ceux qui ont moins.

C’est difficile d’étudier dans un appartement petit et sur-occupé ? Alors créons des internats de réussite éducative. C’est difficile de réussir un concours quand on vient d’une ZEP parce que les codes sociaux sont prohibitifs ? Alors créons des préparations spéciales.

J’ai été choqué par ce que m’a raconté Pierre Cardo au sujet de son collège de Chanteloup.

Il y a dans sa ville un collège qui ne marche pas bien. Les résultats sont très mauvais. Il demande à voir le préfet et l’inspecteur d’académie.

Première volet de la réunion : « ce n’est pas le problème du maire ». Bien sûr que si, c’est le problème du maire, de même que l’absentéisme scolaire et la prévention de la délinquance.

Deuxième volet de la réunion : « vous avez le meilleur collège du département ». Stupéfaction de Pierre Cardo. « Oui, nous avons calculé les chances de réussite des élèves en fonction de leur origine et des catégories socioprofessionnelles des parents. Les résultats du collège sont très supérieurs aux résultats escomptés ».

C’est ça l’égalité républicaine ? Des résultats escomptés ? 80% d’une classe d’âge au bac à Paris, mais 5% seulement chez Pierre Cardo parce qu’on part de plus bas ?

Cette politique, c’est l’ajustement par les objectifs. Moi, je veux l’ajustement par les moyens.

Les objectifs doivent être les mêmes dans tous les endroits de France. Mais les moyens doivent être donnés en fonction des difficultés de chacun. C’est plus difficile chez Pierre Cardo, alors donnons plus de moyens !

Voilà ce que c’est la discrimination positive, l’équité républicaine. C’est assez simple au fond. Mais c’est un changement radical de nos politiques. Cela vaut spécialement pour l’éducation parce que c’est le noyau dur de l’égalité des chances. Mais cela vaut pour bien d’autres sujets.

Pour le chômage par exemple. L’égalité des chances devant le marché de l’emploi, c’est que chaque chômeur puisse retrouver le plus vite possible un travail et que, dans l’intervalle, il ne subisse pas de déclassement social. Alors, les meilleurs agences de placement, elles ne doivent pas être seulement pour les cadres. Elles doivent être pour ceux qui ont le plus de difficultés à retrouver un emploi. C’est pour cela que je souhaite la réforme du service public de l’emploi. Et la durée d’indemnisation, elle ne doit pas dépendre de la durée de cotisation, elles doit dépendre de la difficulté prévisible qu’aura la personne à retrouver un emploi.

Le troisième problème que nous avons dans les quartiers sensibles, c’est l’échec scolaire. Il faut des élèves des quartiers populaires à l’école Polytechnique et à HEC, parce que c’est important pour l’espoir, pour l’égalité, pour la mobilité sociale. Mais nos élus de terrain ont raison de dire qu’il y a aussi des centaines de jeunes qui ne trouvent pas d’emploi parce qu’ils sortent sans diplôme du système scolaire.

Il faut déposer le bilan des ZEP. Cette politique a échoué. L’effort spécifique en faveur des ZEP représente 1,2% du budget de l’Education nationale. Il se résume à deux élèves de moins par classe et une à prime dérisoire, qui est largement compensée, sur le plan budgétaire, par le fait que les enseignants sont en début de carrière et ne coûtent pas grand chose.

La réalité, c’est qu’il y a moins de moyens dans les ZEP qu’ailleurs. Les cours durent moins longtemps parce qu’il faut faire de la discipline. Les élèves font moins de sorties en dehors du collège, moins de voyages linguistiques.

Améliorer, renforcer la politique des ZEP, c’est très en deçà de nos besoins. Il faut donc changer les ZEP. Et prendre au mot la loi Jospin de 1989 : c’est-à-dire mettre effectivement les élèves au centre du dispositif.

Il faut passer de la politique des zones prioritaires à la politique des élèves prioritaires.

Une fois qu’on a fait cette révolution mentale, qui vaut d’ailleurs pour toute la politique de la ville - qui échoue depuis 20 ans parce qu’elle repose sur la seule logique du zonage -, on peut se donner toutes les marges de manœuvre pour que tous nos élèves réussissent :

- autoriser des expérimentations parce qu’il y a des élèves qui ont besoin d’autres méthodes pédagogiques que les méthodes habituelles ;
- dispatcher des élèves dans les autres établissements pour recréer de la mixité sociale ;
- donner réellement plus de moyens aux établissements qui accueillent des élèves qui ont plus de besoins ;
- fermer les établissements les plus dégradés parce qu’il n’est pas juste que la République accepte que des enfants soient scolarisés dans des établissements dont on sait qu’ils ne conduisent qu’à l’échec ;
- et, dans tous les cas, empêcher le décrochage, notamment au niveau du primaire, en apportant immédiatement le soutien nécessaire aux enfants en difficulté.

L’école de la deuxième chance, c’est bien. L’école de la première chance, c’est mieux.

Quant à ceux qui sont déjà sortis de l’école et qui sont sans emploi, il faut que nous engagions maintenant un effort spécifique. Proposer à tous un accompagnement vers l’emploi, une formation, une activité. Etre exigeant. Viser l’insertion par l’emploi marchand en fonction des possibilités réelles de chacun. Ne pas recréer le mirage des emplois jeunes. Mais n’en laisser aucun sur le bord de la route.

5. Mesdames, Messieurs, mes chers amis, il n’y aura pas de justice sociale s’il n’y a pas d’abord des réformes économiques. Nous devons faire le choix de la croissance.

Mais il n’y aura pas non plus de justice sociale, si nous pensons que la croissance suffit à la justice.

L’équilibre, ce n’est pas la moitié d’une idée forte. Ce sont deux idées fortes qui se complètent. Faisons le choix des deux. Faisons que ce soit l'ambition de l'Union pour un Mouvement Populaire. Notre mouvement ne peut se satisfaire du constat de la situation. La France connaît trop d'injustices. Pour réduire ces injustices qui sont tellement en contradiction avec notre idéal républicain, ce sera notre fierté d'être la parti du mouvement. Les socialistes sont devenus des conservateurs. Nous à l'UMP nous n'hésitons pas à changer ce qui doit l'être, pour que vivent les valeurs de la France.
Yves
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Pour compléter…

Message par Yves »

Sarkozy en tête, sauf face à Villepin

NOUVELOBS.COM | 02.12.05 | 11:51

D'après un sondage CSA, le président de l'UMP se place en tête de toutes les hypothèses de duel pour 2007, sauf face au Premier ministre.

Nicolas Sarkozy arrive en tête de différentes hypothèses de duel au second tour de la présidentielle, sauf celui qui l'opposerait à Dominique de Villepin.

L'hebdomadaire Marianne a publié vendredi 2 décembre un sondage CSA qui ne constitue pas un sondage d'intentions de vote.

Interrogés sur la personnalité qu'ils "préfèreraient voir élue président de la République", si l'élection présidentielle "avait lieu aujourd'hui", les Français citent Nicolas Sarkozy face à Jean-Marie Le Pen (78% contre 9%) et face à François Bayrou (33%).

Dans l'hypothèse d'un second tour droite-gauche, les personnes interrogées placent en tête le président de l'UMP, quel que soit le candidat socialiste: 54% face à François Hollande (35%), 52% face à Ségolène Royal (40%) et 50% face à Jack Lang (39%).

La différence avec 100% correspond aux sans opinion, a précisé l'institut.

"Changer de modèle social"

Mais si le second tour de la présidentielle opposait le président de l'UMP au Premier ministre, les Français préfèreraient voir élu Dominique de Villepin et non plus le ministre de l'Intérieur (46% contre 40%).

Interrogé sur le modèle social français, 51% des personnes interrogées pensent que "la France devrait préserver et renforcer le modèle social existant actuellement". 46% considèrent à l'inverse qu'il faudrait "changer de modèle social".
Les Français sont très partagés sur la mondialisation: 45% d'entre eux pensent qu'il faut "s'adapter à la mondialisation néo-libérale", 46% pensent au contraire qu'il faut y "résister".
Une majorité de Français (51% et 59% chez les moins de 30 ans) juge que Nicolas Sarkozy a eu "tort d'employer l'expression 'racaille' en parlant de certains jeunes de banlieues". 46% des personnes interrogées lui donnent "raison", 38% chez les moins de 30 ans.

Ce sondage a été réalisé par téléphone le 23 novembre auprès d'un échantillon de 971 personnes majeures (méthode des quotas).
Yves
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Duel Sarkozy/de Villepin, les dessous d'une mystification !

Message par Yves »

Un article publié sur Actuchomage en septembre 2005 :

Duel Sarkozy/de Villepin, les dessous d'une mystification !

Sous couvert d’un duel fratricide (mais factice) savamment mis en scène entre Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa (de son vrai nom) et Dominique Galouzeau de Villepin, la «minorité» UMP, ses commanditaires patronaux et ses suppôts médiatiques, remettent la France au pas. Tout se passe aujourd’hui comme si rien ne s’était produit. Oubliés le 29 mai et la réappropriation du débat démocratique par une majorité de Français ! L’opposition politique et syndicale est reléguée au rang de faire-valoir, et l’opposition citoyenne est muselée. Retour sur cette vaste manipulation politico médiatique !

Au mois de mai 2005, un vent de désobéissance civique et de défiance républicaine a balayé la France. Alors que l’establishment politique, économique et médiatique appelait dans sa grande majorité à voter «OUI» au référendum sur le projet de Constitution européenne, un vrai sursaut populaire fit entendre sa différence en votant «NON» à 55%. Ainsi, les Français exprimèrent leur refus de confier à «d’autres» le soin de conduire une politique engageant leur avenir. Les causes de ce rejet furent multiples, souvent contradictoires, parfois même infondées. S’y retrouvèrent pêle-mêle : l’adhésion de la Turquie à l’UE, les dérives ultralibérales du volet économique de la Constitution, la peur du «plombier polonais», la crainte des délocalisations…

LE SÉISME DU 29 MAI N'A PAS ÉBRANLÉ LES VAINCUS

Mais ce «NON», puissant, massif, scella avant tout la défiance qu’inspirent à un nombre croissant d’entre nous les partis et les hommes qui se succèdent depuis des décennies à la tête du pays. Il sanctionna leur incapacité à répondre aux préoccupations des Français (chômage endémique, accroissement des inégalités, collusions politiques, promesses non tenues…) ainsi que le matraquage médiatique qui tenta, dès l’ouverture du débat référendaire, à marginaliser coûte que coûte les partisans du «NON».

Il s’en suivit une sorte de séisme qui – de l’avis des analystes – devait ébranler durablement les fondements du paysage politique national. Tout concordait effectivement à le croire, tant le camp des «vaincus» rassemblait tous ceux, ou presque, qui comptent (entendez par-là qui ont le pouvoir).
Le premier d’entre eux, le chef de l’État, se retrouvait mis en minorité sur une question qu’il avait lui-même posée et soutenue ardemment (mais maladroitement). Suivaient, dans le désordre, le Président de l’UMP, pourtant présenté par des médias complaisants sous les traits de l’homme «providentiel», puis le PS, premier parti d’opposition, l’UDF, et plus de 90% des «représentants du peuple» à l’Assemblée nationale. Quel désaveu ! Tous mordirent la poussière ce 29 mai, jour de débâcle pour les uns, jour de renouveau pour les autres… du moins, le croyions-nous alors !

L'OPINION PUBLIQUE EST REPRISE EN MAINS, L'OPPOSITION CITOYENNE BÂILLONNÉE !

Quatre mois après ce coup de semonce qui appelait une recomposition du paysage politique, on assiste impuissant à une reprise en mains de l’opinion publique par cet establishment désavoué. Pourtant, ce ne sont pas les «répliques» qui manquèrent de rappeler que ce séisme du 29 mai n’était pas qu’un épiphénomène, un ras-le-bol passager ou épidermique. Au mois de juillet, un sondage BVA commandé par Le Figaro (que l’on ne peut pas soupçonner d’activisme subversif) nous annonçait que 78% des Français estiment que l’Assemblée nationale ne les représente pas. Un mois plus tard, Franck Borotra, un proche de Jacques Chirac, ancien ministre sous Juppé, ex-numéro 2 du RPR, ex-Président du Conseil général des Yvelines, martelait dans le Nouvel Observateur du 11 août : «La fracture sociale s’est élargie. De plus en plus de gens entrent dans le champ de la précarité (…). Notre démocratie est en danger car le contrat de confiance entre électeurs et élus a été rompu : Nous n’avons plus aucune légitimité».

55 à 60% DES FRANÇAIS NE SONT PAS REPRÉSENTÉS À L'ASSEMBLÉE

Tous ces indicateurs renforcent le diagnostique d’une situation cataclysmique héritée d’un autre séisme, celui de 2002. On a tous encore en mémoire les résultats du premier tour des élections présidentielles, pas seulement ceux qui propulsèrent Jean-Marie Le Pen dans la course finale, mais surtout le score récolté par le candidat Chirac. 19% des votants s’exprimèrent en sa faveur, soit moins de 12% des Français en âge de voter, si l’on prend en compte les abstentionnistes et autres non-inscrits sur les listes électorales. Nous n’évoquerons pas ici le résultat de cette élection présidentielle qui ne correspond à rien d’autre qu’au rejet du FN.

Aux législatives qui suivirent, l’UMP s’adjugea une majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale, lui permettant de légiférer sans le soutien de son allié historique l’UDF. Ces mêmes législatives se traduisirent par l’éviction de la représentation nationale de près de 55 à 60% des Français : les 30 à 35% d’abstentionnistes (composés pour l’essentiel de «déçus» et de «dégoûtés» de la politique), les 16% d’électeurs du FN, les 10% d’électeurs de LO-LCR, les 3 à 4% d’électeurs des petites listes marginales.

Aujourd’hui 15 à 18% des Français (militants et sympathisants UMP) disposent d’une majorité absolue à l’Assemblée ! Même Les Verts et les Communistes ne doivent leur présence dans les travées de l’Hémicycle qu’aux accords électoraux (compromis) passés avec leur «grand frère» de l’ex-majorité plurielle : le PS. Si, comme le FN, ces deux formations n’avaient du compter que sur leurs seuls électeurs, elles n’auraient pas un seul député à l’Assemblée. Voilà à quoi ressemble aujourd’hui cette «représentation nationale» !

LE DÉBAT DE 2007 EST D'ORES ET DÉJÀ FAUSSÉ

C’est dans ce contexte entaché de dénis de démocratie institutionnalisés (notamment l’absence d’une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin interdisant à certaines formations d’être représentées) qu’on nous prépare aux échéances des présidentielles et législatives de 2007. C’est dans ce contexte déconnecté des réalités et des diversités politiques et sociales de la France contemporaine qu’on organise le débat dans le seul but d’en déposséder, une fois encore, une majorité de Français.

Deux candidats – avec le soutien de la connivence médiatique – semblent avoir quelques chances de l’emporter. Sarkozy, le favori du parti minoritaire UMP, dans le rôle de l’homme de la «rupture», entendons par-là celui qui va s’inspirer des recettes du thatchérisme et du reaganisme pour remettre «la France sur les rails». Et à sa «gauche» – le chouchou de notre Président – Galouzeau de Villepin, le socio libéral gaulliste, l’homme de la «croissance sociale».
Face à ces deux poids lourds, une armada de prétendants aiguise ses couteaux : Bayrou, de Villiers, Le Pen, Lang, Strauss-Kahn, Fabius, Buffet, Besancenot (?), Bové (?), Laguilliers (?)… Mais le débat est déjà faussé. Il est cannibalisé par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur qui se livrent une guéguerre factice savamment entretenue par les médias pour mieux étouffer leurs adversaires potentiels. Même Ségolène Royal (PS) est déjà tombée dans ce piège tendu par les deux compères, en jugeant Dominique de Villepin «plus social» que son concurrent.

Voilà le choix qui s’offre à nous en cette fin d’année 2005 qu’il convient d’élargir quand même à quelques outsiders comme Strauss-Kahn et Fabius. Voilà sur quoi débouche le séisme de 2002, le tremblement de terre du 29 mai et toutes les «répliques» révélatrices du malaise et du déclin démocratiques de notre pays : un statu quo, un retour à la case départ !

LA FRANCE EST RUINÉE, ET LES RESPONSABLES SERONT CANDIDATS EN 2007

Mais la France est malade de ces politiques qui se succèdent aux affaires depuis des décennies (Jacques Chirac n’était-il pas Premier ministre en 1974, sous Giscard d’Estaing, il y a plus de 30 ans ?).
Et la France est malade d’une gestion économique et sociale désastreuse, menée depuis des décennies par ceux qui veulent, à gauche comme à droite, incarner le «changement», la «rupture» ou «l’alternance» ; une gestion des affaires qui s’est traduite par un accroissement constant des inégalités, de la précarité et de la grande pauvreté.

La France est ruinée : 1.063 milliards d’euros de dettes publiques, 13 milliards de déficit de la Sécurité sociale, 14 milliards de déficit cumulé de l’Unedic (qui gère l’assurance-chômage), 2,4 millions de chômeurs (de catégorie 1), 1,25 million de Rmistes, un déficit historique de notre balance commerciale annoncé pour 2005… et des records tout aussi historiques des bénéfices pour les entreprises cotées au Cac 40 en 2004 et certainement en 2005 !

Et à qui devons-nous cette situation déplorable et profondément inégalitaire ? À monsieur Sarkozy, ministre du Budget sous Balladur et ministre de l’Économie sous Raffarin. À monsieur Strauss-Kahn, ministre de l’Économie sous Jospin, et à monsieur Fabius, ministre de l’Économie et Premier ministre sous Mitterrand.

Nous enfonçons ici une porte ouverte en affirmant haut et fort que l’opinion française est manipulée par un establishment politique qui s’appuie sur des médias détenus, pour les plus puissants d’entre eux, par le grand capital. Les quotidiens d’information générale (Le Figaro, Libération passé récemment sous la coupe du milliardaire Rothschild…), les news magazines (Paris-Match, Le Point, L’Express…), les chaînes de télévision (TF1, M6…) et de radio (Europe1…), les fleurons de la presse magazine, nombre d'entre eux sont entre les mains des Bouygues, Pinault, Lagardère, Dassault… autant de multinationales de l’industrie du luxe, du BTP… et de l’armement (ne l’oublions surtout pas !), qui tirent des profits énormes de la mondialisation ultralibérale des flux économiques et de la déréglementation généralisée des protections sociales. Et certains de ces médias s’activent actuellement à fixer le cadre d’un débat dont – comme ils s’apprêtaient à le faire en mai 2005 – ils veulent exclure une majorité de Français.

Il s’agit bien de cela. L’establishment politique, médiatique et économique n’a qu’un objectif : accroître ses pouvoirs et bâillonner toute pensée dissidente, toute expression d’opposition véritable.

LE CHÔMAGE ET L'EMPLOI AU CŒUR DE LA MANIPULATION

Il est temps pour nous de revenir à notre sujet favori : l’emploi, le chômage et la précarité. Nos dirigeants savent bien que c’est LE sujet sensible du moment (qui fut la première motivation du «NON» au référendum du 29 mai, selon les sondages effectués à la sortie des urnes). De Villepin s’est donné 100 jours pour «redonner confiance aux Français». Il a fait du chômage la priorité gouvernementale. À peine était-il nommé à Matignon que le chômage – comme par enchantement – amorçait une décrue… très statistique, largement relayée et amplifiée par les médias. Et alors que les Français étaient en vacances, de Villepin légiféra par ordonnances pour imposer comme principe de recrutement la précarité institutionnalisée au travers du CNE (contrat de "nouvelles embauches" et sa période d’essai de 2 ans). Parallèlement, Nicolas Sarkozy s’attelait à mener une campagne de dénigrement des chômeurs, des précaires et RMIstes qui, selon lui, bénéficient de prestations sociales «avantageuses», presque «indécentes», subventionnées par celles et ceux qui travaillent (omettant bien évidemment de rappeler qu’un chômeur sur deux n’est pas indemnisé et que tout travailleur peut basculer du jour au lendemain dans la spirale du chômage).

Et ces deux «rivaux», main dans la main, avec l’assentiment du chef de l’État, vont parvenir à leurs fins. Incarner la «rupture» avec le système en place dont Nicolas Sarkozy fut pourtant, en maintes occasions, un ardent artisan. Incarner la «croissance sociale», notion fumeuse qui fleure bon la campagne électorale, pour un Dominique de Villepin qui va tenter d’accroître sa popularité sur ce thème, comme le fit naguère, il y a dix ans, un certain Jacques Chirac, élu à la Présidence de la République avec pour promesse solennelle de «réduire la fracture sociale».

Et nous serons une nouvelle fois les dindons de cette triste farce, de ce retentissant coup d’arnaque ! Contrôle accru des chômeurs et des RMIstes, sanctions "graduées", "profilages" et "dépistages" en tous genres, pour mieux avancer aux yeux de l'opinion publique que ce sont les victimes qui sont les coupables : précariser, nomadiser, liguer les salariés contre les chômeurs… DIVISER POUR MIEUX RÉGNER.

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superuser
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Message par superuser »

Arnaud Montebourg a écrit :Sarkozy/Villepin, c'est la même politique, ce sont les mêmes idées. Villepin emballe davantage son poisson, mais l'odeur est la même. Le style Villepin, c'est le plâtre et le stuc des faux plafonds de l'époque Bonaparte, mais derrière, ce sont les choix de Monsieur Sarkozy : ultralibéraux. Les quatre piliers de cette politique sont : l'individu d'abord, l'argent ensuite, la communauté comme lien solidaire, et la prison pour tout ce qui ne va pas. On n'a plus besoin d'État puisque l'individu se débrouille. S'il est doué, il est naturel qu'il s'enrichisse et qu'on ne le contraigne pas à partager ; s'il est pauvre, c'est bien sûr de sa responsabilité. Et s'il a des besoins, il se débrouillera dans cette communauté d’intérêt qu'on l'aidera à constituer. Et s'il se comporte mal, il finira en prison. Voilà le modèle social français vu par la famille Sarkozy/Villepin !
zzz
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Message par zzz »

En parlant du nabot aux dents longues, voici LA phrase qui tue :

« Que disait-on il y a deux ans quand je suis arrivé au ministère de l'Intérieur ? "Il va jouer au superflic. Les banlieues vont s'embraser." Résultat : il n'y a pas eu de révolte et la criminalité a baissé sensiblement. »
Nicolas Sarkozy, dans La République, les religions, l'espérance (2004)

Joli non ?
"tant que le lion ne saura pas écrire, les histoires de chasse glorifieront le chasseur"
superuser
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L'idiome du village

Message par superuser »

A lire également le Crépuscule du "parler vrai" par Patrick Savidan pour le site de l'Observatoire des Inégalités.

La flambée de violence qui frappe dans les banlieues jette aussi une lumière vive sur la formidable hypocrisie et les ambiguïtés du discours politique actuel.
Yves
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Joli !

Message par Yves »

Bien vu ZZZ… !

':D'
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