Bonsoir Prune,'ai choisis ce thème car pour moi l'emploi des seniors est une question qui préoccupe de plus en plus et qui pourtant reste compliqué. Les 50 ans et plus apparaissent comme une tranche d'âge un peu "oublié" puisque proche de la retraite... De plus, je suis intéressée de savoir si oui ou non il y a des conséquences sur les liens sociaux, puisque ces liens sont pour moi primordiaux dans la vie d'un individu.
Déjà, tu sembles avoir conquis la sympathie des gens d'ici, ce qui est plutôt rare concernant ceux qui arrivent avec leur questionnaire. Je vais donc te conter moi aussi mon parcours. Sors ton mouchoir.
A cinquante trois ans bientôt, je suis au chômage depuis presque cinq ans. Ce fut une véritable descente aux enfers. Déjà, mon chien est mort, brisé par le déclassement social qu'a représenté pour lui les croquettes premier prix du super U à la place de ses Royal Machin habituels.
J'ai dû renoncer à ma Renault Scénic de fonction, pour ressortir ma Jaguar, et j'ai quitté ma copine, pour m'acoquiner avec une Anglaise, indiscutablement mieux assortie à la bagnole, surtout quand elle bronze... (la bagnole est rouge...)
Je suis complètement désocialisé, irrémédiablement fâché avec mes voisins, ces cuistres prétendant continuer à travailler et à se lever tôt le matin, mettant en péril mon premier sommeil, qui est sacré. Chaque jour je me lève en me demandant ce que je vais faire, bien forcé d'adapter mes activités à la météo -ne t'offusque pas, je suis un rural- ainsi en ce moment il est hors de question de buller sur le bord de la piscine, avec ce temps pourri...
Parfois, je me risque à un peu de jardinage, à un rythme qui me tient à l'abri de la crise cardiaque, ou à un peu de bricolage, les plombiers même polonais étant devenus totalement hors budget. J'ai arrêté de chercher un emploi le jour où j'ai arrêté de toucher une allocation, ce qui fut pour moi un réel soulagement.
Mais rassure-toi, j'ai encore, malgré cette existence insupportable pour quelqu'un d'un âge aussi avancé, bien du ressort. Et je te livre mon projet professionnel : pour le prix d'une facture de chauffage d'une famille Française moyenne, je me verrais bien passer une partie de l'hiver prochain au Maroc ou en Tunisie, ma carcasse étant tout ce que j'ai à délocaliser. J'ai des potes qui y vont tous les hivers, ils en reviennent enchantés.
Ma chère Prune, tu es jeune et encore aux études, il faut que tu travailles bien si tu ne veux pas finir comme moi à mon âge, puissent ces quelques confidences sur la dureté de ma vie de chômeur te donner l'envie de réussir.